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Critique de Betty06


« Grande et vieille,Dar Sbitar était destinée à des locataires qu'un souci majeur d'économie dominait ; après une façade disproportionnée, donnant sur la ruelle, c'était la galerie d'entrée, large et sombre : elle s'enfonçait plus bas que la chaussée, et, faisant un coude qui préservait les femmes de la vue des passants, débouchait ensuite dans une cour à l'antique dont le centre était occupé par un bassin. A l'intérieur, on distinguait des ornements de grande taille sur les murs : des céramiques bleues à fond blanc. Une colonnade de pierre grise supportait, sur un côté de la cour, les larges galeries du premier étage."
Cette maison - dans un quartier ancien de Tlemcen - c'est celle où habite Omar, un petit garçon de dix ans.
Le thème de la grande maison est souvent utilisé comme en coupe illustrative d'une société donnée depuis les romans réalistes du XIXe siècle jusqu'à "La Ruche" de Camilo Jose Cela ou "La Vie. Mode d'emploi" de Georges Perec.
Ici, c'est dans le but de montrer l'extrême misère de cette société algérienne et provinciale à travers la famille d'une veuve, Aïni, de ses enfants, Omar et ses deux sœurs, et d'une grand-mère grabataire.
L'auteur explore le non-dit et les fissures psychologiques de ce monde clos et sans espoir.
Cependant, la sirène qui annonce la guerre,viendra remuer ce petit monde et le sortir de sa routine : Omar en oubliera d'aller chercher le pain alors qu'Attyka -une pauvre possédée - prédit la fin du monde dans quarante jours,s'effondre au milieu de la cour en criant : " Le quatorzième siècle ! Satan ! Satan! "
La misère extrême se traduit par l'omniprésence de la faim qui exerce sa dictature sur leur quotidien;et quand ce n'est pas la faim, c'est la chaleur estivale torride, qui jour et nuit, pèse sur ce petit monde.
On entend Attyka chanter : "Donnez-moi de l'eau fraîche / Du miel et du pain d'orge "...et plus loin, Aouïcha et Meriem, les deux sœurs d'Omar rêveront de couscous royal...
La situation coloniale est un thème présent dès le premier chapitre quand, à la surprise d'Omar, s'ouvre la parenthèse en arabe dans la leçon de morale de l'instituteur, M. Hassan, sur la patrie. C'est aussi l'arrestation d'Hamid qui tente d'organiser les ouvriers agricoles.
L'origine espagnole d'une partie des colons, tel Gonzales - le petit patron qui emploie Aïni,à coudre des empeignes d'espadrilles - fait que les gamins des rues savent comment interpeller le menuisier ivrogne dans la langue de Cervantès :"borracho" !
Mais toute "lingua franca" est exclue...
Ce roman est le premier volet d'une trilogie; suivront:
"L'incendie" et "Le métier à tisser".
M.Dib,c'est un peu Zola...

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