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EAN : 9782729114466
75 pages
Editions de La Différence (08/01/2003)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Ombre gardienne a été le livre par lequel le poète Mohammed Dib s’est fait connaître. Il a été publié pour la première fois chez Gallimard en 1960.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ombre gardienne est le titre de quelques-uns des poèmes qui ouvrent le très beau recueil de l'écrivain algérien Mohammed Dib, publié en 1961.
Ombre gardienne est celle d'une voix étrange et enveloppante, celle d'un regard soucieux et bienveillant qui s'adresse aux femmes, à celles du pays lointain, à celles qui connaissent un " sommeil amer ".

Ces premiers poèmes sont l'esquisse d'une poésie tout en sensibles impressions, qui tracent l'aube, d'une errance sur la terre, qui font le coeur tenace et inquiet. le silence, les étoiles, le coeur, les oiseaux , l'eau, le sang, la ville,... sont comme les éléments d'une poésie qui s'empare du peu pour en composer un tout.

Parole à contre-jour, au revers de la lumière, elle parle d'une terre d'ombre, d'un chemin d'exil, d'un port d'accueil et d'asile, des soirs tendres à Paris, du ciel gris et rose au-dessus de la Seine, et d'ailleurs... comme un mauvais rêve qui peu à peu disparaît :

« J'ai devant les yeux une image
De lumière aux mouvements doux ;
Elle attise l'air autour d'elle.

Il fait un temps dont on ne sait
Quel secret patiemment transmue
Le limon d'amertume en miel.

On croit entendre l'avenir ;
Le fond bleu du ciel bat : rues, arbres
Hommes, toute la vie écoute.

La vive paix du monde afflue,
La braise tendre du soleil
S'allonge sur tous les chemins.

Et ce beau jour calme un peu froid
Mais qui brille longtemps allège
Le coeur assourdi de l'homme. »


La ville, la nuit et l'exil imprègnent la poésie de Mohammed Dib. le thème du déracinement inspire et interroge toute son écriture, accroît une obstination à croire qui va jusqu'à l'égarement, avec lui la possibilité d'un retour à la terre, d'un paysage jamais oublié.

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Ombre Gardienne. le "je" dans ce recueil de poèmes est bien une ombre qui voit, ressent, s'exprime dans de courts poèmes oniriques. Ces textes nimbés d'une vague de chaleur et de lumière, quand il est question d'une Algérie également en proie à la guerre, ces textes donc prennent une teinte plus obscure lorsque l'auteur s'exile en Europe. L'absence, le vide, le sentiment d'inappartenance à Paris ou à Anvers mais également les couleurs fragiles et lumineuses des forêts, la dure géométrie des ports et des rues, contre la mort, le sang et la douceur des fruits et des fleurs en Algérie, l'amour, la femme.
Le narrateur est à peine une silhouette, une âme sensible dans un monde transformé.
Il y a, aussi, Chant Pour Elsa, de prose plus surréaliste, tout en sensualité, le corps et la terre.
Et enfin, en préface, un texte d'Aragon auquel Mohammed Dib s'était lié et qui l'a défendu lorsque l'Algérie a commencé à se soulever contre la colonisation.

Une très belle découverte, merci ma bibliothèque de quartier.

Lu dans le cadre du Challenge Poésie
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Je suis toujours sensible à l'écriture d'un auteur qui écrit dans un français qui n'est pas sa langue maternelle. Quand, de surcroit, nous sommes en poésie (en Polésie, aurait-dit la petite fille de Pierre Desproges), cela ajoute à mon rêve. Je m'essaie parfois moi-même à écrire des poèmes dans d'autres langues que la mienne, en italien bien souvent, et j'avoue que paradoxalement cela me décomplexe un peu, car je sais dès le départ que mon vocabulaire et ma syntaxe sont limités, et que j'atteindrai aisément une simplicité qui souvent me fait défaut en français.Est-ce la même démarche qu'a suivie Mohammed Dib dans ce premier recueil de poèmes écrit en français et publié en 1960 ? Quoi qu'il en soit, ses vers sont empreints d'images directes, accessibles.
Le charme de ce recueil est de concilier la rationalité de la langue française et l'évocation poétique arabe : célébration de la nature et ses parfums, sensualité pudique mais explicite... On rencontre également au fil des pages les thèmes de l'exil, de la solitude de l'étranger. Il est difficile de juger la poésie. Ca nous parle ou pas. Ca résonne ou pas.Ca fait écho ou pas. "Ombre gardienne" a résonné plus ou moins en moi, et sans demi-mesure : j'ai adoré certains poèmes quand d'autres m'ont laissée totalement indifférente. Mais c'est le jeu du genre, son mystère aussi, et c'est bien ainsi. Pour moi, ne serait-ce que pour un ou deux poèmes, le recueil entier vaut le détour.
La littérature comme l'amour est une histoire de rencontre et de hasard, de mektoub... J'ai choisi ce recueil dans ma bibliothèque de quartier, dont le rayonnage "poésie" est plus que réduit, pour son titre. Je ne connaissais pas l'auteur. Après avoir lu les poèmes, j'ai cherché des informations sur Mohammed Dib, et j'ai découvert qu'il avait fait la connaissance dans sa jeunesse d'Albert Camus dont il est devenu l'ami, une amitié qui a perduré lorsque Mohammed Dib a quitté l'Algérie pour venir en France. Comment dit-on déjà ? Ah oui, les amis de mes amis sont mes amis...
Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Complainte

Soirs tendres de Paris, que vous m'êtes amers;
pour l'exilé, Paris obscur c'est un enfer,
Quand le ciel gris et rose au-dessus de la Seine
Se repose en tremblant tout son coeur crie et saigne.

Quel étranger ici ne se sent pas chez lui?
Mais ça vous prend ainsi dès que tombe la nuit.
Sa place, on ne l'a pas dans cette ville immense,
Croit-on; c'est le mauvais rêve qui recommence.

Je n'y peux rien, cette heure aiguise ma folie;
-Et comme un déporté qui maudit son châlit,
Paris, tout Paris qu'il est, je le voue au diable;
Bonnes gens, pardonnez ma peine irrémédiable.

Marche encore pendant que le jour meurt... Rue
Bonaparte puis quai Malaquais, et les grues
D'un chantier, Pont-des-Arts, dressent d'inquiètes ombres,
Et le Louvre après dort d'un sommeil lourd et sombre.

Ils vont, les peupliers, narrant en frémissant
Tout bas on ne sait quel apologue au passant,
L'homme est mis à l'encan, grand-pitié de notre âge,
les peupliers noirs vont, des voix plein le feuillage...

Place de la Concorde, oubli soudain de soi.
La scène est vide mais la lumière de soie,
A la fois rêve ardent et pensée essentielle,
refait la paix en moi sous le chant nu du ciel.
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   Sur la terre, errante
   extrait 3


Moi qui parle, Algérie,
Peut-être ne suis-je
Que la plus banale de tes femmes
Mais ma voix ne s’arrêtera pas
De héler plaines et montagnes ;

Je descends de l’Aurès,
Ouvrez vos portes
Épouses fraternelles,
Donnez-moi de l’eau fraîche,
Du miel et du pain d’orge ;

Je suis venue vous voir,
Vous apporter le bonheur,
A vous et vos enfants ;
Que vos petits nouveaux-nés
Grandissent,
Que votre blé pousse,
Que votre pain lève aussi
Et que rien ne vous fasse défaut,
Le bonheur soit avec vous.
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Étranger

Si ce n'est pas ce froid, qu'est-ce qui me signale ?
Le rêve mal dissous, l'ombre noire et la voix
Qui font pleurer l'enfant, ou la brume hivernale ?
C'est moi... moi, l'importun qui vous barre la voie.

Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine.
L'enfer du ferrailleur est moins que moi rongé,
Moins diffus le retour inquiet d'une âme en peine ;
Le regard qu'on lui jette éloigne l'étranger.

Il est une pâleur, il est une couleur
Et sombre et claire, un jour vague entre chien et loup :
Le croirez-vous, je suis fait de cette douleur.

Je viens d'ailleurs, que vaut l'objet qu'on porte au clou ?
Et voici que grandit en moi l'incertitude,
Que s'approfondit plus encor ma solitude.

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Ce matin entrouvre ses yeux
Dans la brume, la solitude
Et les quelques fleurs de la steppe.

Là-bas des herbes sèches brûlent,
Tout là-bas palpite une voile
-Ou est-ce une femme qui marche?

Je regarde ces terres rouges
Et pense: c'est peut-être tout
Ce qui me fait un coeur tenace.

Une voix
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Ombre gardienne, 1

Fermez vos portes
Femmes, le sommeil amer
Remplira vos nerfs,
L'eau, le sable ont usé
La trace de vos pas,
Rien ne vous appartient.

Lointains les quelques
Scintillements d'étoiles,
Opaque la terre alentour,
Les demeures sont noires
Qui abritent votre repos.

Fermez vos portes,
Je suis la gardienne:
Rien ne vous appartient.
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Mohammed Dib est sans doute le plus grand écrivain algérien d'expression française. Mais connaissez-vous son grand roman ?
« La danse du roi », de Mohammed Dib, c'est à lire en poche chez Points.
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Mohammed Dib est originaire de :

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Tlemcen
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