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EAN : 9782277217688
250 pages
J'ai lu (01/01/1990)
4.1/5   2930 notes
Résumé :
Le mouton n'était pas mal, avec sa laine et ses bêlements plus vrais que nature - les voisins n'y ont vu que du feu. Mais il arrive en fin de carrière : ses circuits fatigués ne maintiendront plus longtemps l'illusion de la vie. Il va falloir le remplacer. Pas par un autre simulacre, non, par un véritable animal. Deckard en rêve, seulement ce n'est pas avec ses maigres primes que lui rapporte la chasse aux androïdes qu'il parviendra à mettre assez de côté. Holden, c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (217) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 2930 notes
Autant déformé que mis en lumière par son adaptation cinématographique « Blade Runner », Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques est un court roman fabuleux de Philip K. Dick que, paradoxalement, il ne semblait pas apprécier.

Se lisant d'une traite, ce livre repose tout entier sur la question contenue dans le titre : les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Où se trouve alors la frontière entre les humains et les androïdes ? Quelle capacité avons-nous, ont-ils de rêver, de vivre ? Sur une Terre désertée au fur et à mesure par les humains pouvant la fuir, Rick Deckard va devoir affronter non seulement ses questionnements psychologiques et métaphysiques, mais aussi et surtout les quelques androïdes qui cherchent à se cacher parmi les humains restants. Ces nouveaux Nexus-6 semblent parfaits pour ressembler à leurs « modèles », mais le sont-ils vraiment ? Et surtout, quelles vont être les différences persistantes entre ces deux espèces ? Comme à son habitude, Philip K. Dick formule une intense réflexion sur le sens de la vie, les différences entre humains et androïdes et l'ironie de notre existence. Les questions fusent et les pistes métaphysiques foisonnent, pourtant en peu de mots.

Que l'on s'attache davantage à la course-poursuite entre les personnages ou bien aux aspects plus conceptuels de l'auteur, l'édition proposée par J'ai Lu a l'avantage de contenir des propos du spécialiste dickien, Étienne Barillier, qui aident largement à comprendre l'étendue de l'oeuvre du maître Philip K. Dick.

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Je me décide enfin à écrire un avis sur cette lecture, faite pour la simple raison que ce livre est à l'origine de ce qui est aujourd'hui encore mon film culte, vu trente ou quarante fois et dont je connais chaque réplique par coeur ou presque (non je n'exagère pas).
Ma surprise a été considérable de constater ce qu'il restait du texte original une fois adapté au cinéma, peut-être 10%, une belle expérience, tout est là, et pourtant tout est si... différent.
En fait, il y a bien un blade runner et des répliquants dans une société où les androïdes sont omniprésents, mais la comparaison s'arrête là, la transformation due au génie de Ridley Scott nous offre quelque chose de grandiose et de définitivement autre.
Le conseil que je pourrais donner est de ne pas aborder cette lecture comme je l'ai fait, c'est à dire avec des a priori et des certitudes, cela vous évitera un choc si vous êtes fan du film.
Par principe je n'aime pas dévoiler l'intrigue ou ce qui pourrait constituer une surprise pour le lecteur, par ailleurs, avec près de 200 avis déjà écrits vous en saurez plus si vous le souhaitez.
Ce qui est sûr cependant, c'est que Philip K. Dick nous propose un roman qui se laisse lire, et plutôt bien même, et que quel que soit la raison qui vous aura incité à lire cette histoire, vous devriez y trouver du plaisir.
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Androïde, trop androïde.


> loi Zéro : Un robot ne peut pas porter atteinte à l'humanité, ni, par son inaction, permettre que l'humanité soit exposée au danger ;
> première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger, sauf contradiction avec la Loi Zéro ;
> deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi ou la Loi Zéro ;
> troisième Loi : Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi ou la Loi Zéro.

Tout lecteur de SF connait inévitablement les trois fameuses lois de la robotique - auxquelles il dû ajouter une loi Zéro, après avoir constaté au fur et à mesure de ses expériences et de mises en situation via l'écriture qu'elles étaient insuffisantes - inventées par le romancier et scientifique Isaac Asimov dans les années 50 et qui servent, même encore aujourd'hui, à bien des théoriciens et auteurs, relativement au développement présent ou futur des robots.

Et bien ces lois, aussi essentielles peuvent-elles être, sont totalement mises de côté par cet autre génie de la SF, de la prospective et du questionnement existentiel que fut cet autre monstre sacré, au destin par ailleurs si troublé, qu'était Philip K. Dick. En fait, les androïdes présents de ce livre au (vrai) titre très intrigant, "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques", vont contrevenir globalement à toutes ces règles définies une quinzaine d'années plus tôt par l'auteur américano-russe. de fait, très vite, Philip K. Dick se désintéresse totalement de ce point de vue théorique pour en aborder un autre, pour ainsi dire en miroir et aussi différent qu'il est absolument crucial : que reste-il de notre humanité, quelle différence fondamentale peut-il y avoir entre nous autres, êtres de chair, de sang, d'esprit et d'émotion dès lors que des machines reproductibles à l'infini nous égalent voire nous dépassent en certains domaines ?

Ainsi, sommes-nous en 1992. La terre a été dévastée par un conflit nucléaire dont nous ne saurons pas grand chose, sinon que les retombées sont terribles et que la majeure partie des survivants de cette apocalypse a fui la planète pour aller coloniser le sol pourtant ingrat de Mars (certains voyages en direction de Proxima ont aussi été tentés). Cette colonisation se fait avec l'aide d'androïdes de plus en plus technologiquement parfaits, à raison d'un par humain.
Mais tous n'ont pas eu cette chance ou cette envie de changer de vie du tout au tout, malgré les dangers inouïs de la vie sur terre. Les personnes trop âgées au moment du cataclysme n'ont pas eu leur billets, de même que certains humains déclassés, suites au dégâts psychologiques et intellectuels causés par les retombées. Ceux-ci sont techniquement qualifiés de personnes "spéciales" mais en réalité tout le monde les surnomme les "têtes de piaf"et sont considérés ni plus ni moins comme des sous-hommes, presque sans droit ni reconnaissance.

L'existence est devenue pour ainsi dire vide de sens mais ce vide ne saurait être laissé en suspens. Ainsi est-il partiellement comblé par l'écoute continue d'un présentateur vedette répondant au nom de "L'ami Buster" et qui, malgré l'accumulation invraisemblable d'heures d'antenne et de radio semble ne jamais se répéter, apportant son lot de fraîcheur, de divertissement et d'enquête à un monde qui manque tant de motif d'être heureux. Par ailleurs, ces survivant en quête d'empathie les uns envers les autres s'adonnent-il à une espèce de religion montante, promue par un certain Mercer, sorte de christ moderne accomplissant sans relâche la montée de son propre Golgotha au cours d'une Passion sans cesse revécue que ses adorateurs peuvent toucher pour ainsi dire physiquement et en continu via un bizarre appareil appelé "boite à empathie".

L'autre moyen de remplir un peu ce vide dans ce monde où il est devenu relativement pénible et dangereux de subsister, est de s'occuper d'un animal. En effet, ceux-ci ont presque entièrement disparus (à commencer par tous les oiseaux et la plupart des animaux sauvages), et ils font l'objet d'une véritable adoration privée, et d'une réelle jalousie entre voisins, selon le prix d'achat (induisant leur rareté) de ces malheureuses bêtes presque autant divinisée que chosifiées, bien que (ou parce que) choyées au-delà de l'imaginable.

D'ailleurs, à propos de jalousie, Rick Deckard, le personnage central et principal du roman, ne s'en cache qu'avec peine devant son voisin, heureux propriétaire d'une belle jument de trait. Lui n'a qu'un malheureux mouton. Comble de l'hypocrisie et de la déchéance, ce mouton est l'un de ces nombreux robots électriques reproduisant très convenablement les originaux pourvu qu'on ne s'en approche pas trop. Rick se le procura en douce après que son précédent mouton, un vrai celui-là, fut atteint d'un tétanos brutal et mortel. Depuis, son existence s'en va à vau l'eau, son couple est en crise, sa femme en dépression, et il désespère de pouvoir faire l'acquisition d'un animal véritable de même standing tant ceux-ci dépassent ses capacités financières dès qu'il consulte le "Sydney", référence mondiale des prix de ces trop rares compagnons encore vivants.

Pourtant, ce rêve n'est pas hors de portée de Rick, son "métier" lui permettant parfois de gagner beaucoup en assez peu de temps. En effet, il est "Blade Runner", c'est à dire chasseur de prime pour le compte de l'état de Californie. Son rôle en tant que tel est assez simple : éliminer - dans sa branche, on dit "retirer" - ces androïdes qui, pour fuir leur condition d'esclaves robotiques et s'échapper de Mars n'ont d'autre moyen que de tuer leur maître humain. Une fois sur terre, ils font leur maximum pour s'intégrer sans se faire reconnaître par la population. Mais ces androïdes, développés par la firme Rosen, sont de plus en plus difficiles à détecter, malgré la mise en place d'un test pourtant très au point appelé Voigt-Kampff et qui s'apparente à nos détecteurs de mensonge à ceci près qu'il détecte le degré d'empathie (ou son absence) chez les personnes interrogées. Car là réside la faille de ces non-humains pourtant de plus en plus sophistiqués : ils n'éprouvent pas cette émotion tellement humaine, ne s'entraident jamais gratuitement, sont incapable de pitié et s'ils sont particulièrement intelligents, probablement plus que la plupart des humains en ce qui concerne le dernier modèle, les «Nexus 6», il n'en demeure pas moins que ce sentiment qui leur est étranger est aussi leur faille, tout n'étant pour eu que conjecture et jeu strictement intellectuel. Ce qui les rend potentiellement aussi dangereux qu'ils sont partiellement dénué d'humanité. La seule faille de ce test : il ne différencie pas les androïdes des psychopathes humains... (L'état de robot très avancé serait-il celui d'un aliéné qui s'ignore...?)

Dans le même temps, nous allons suivre le parcours d'un des ces humains déclassés, déconsidérés, parfois employés mais à des postes toujours subalternes, leur QI étant souvent déclinant et leurs aptitudes physiques et physiologiques s'étiolant peu à peu. Ce «spécial» se nomme John R. Isidore, vit dans un «conept» (un genre d'immeuble) en ruine d'une banlieue lointaine et totalement abandonné de ses anciens locataires (tous morts ou partis pour Mars). Il travaille comme chauffeur d'un pseudo-vétérinaire, qui n'est qu'une couverture à l'une de ces nombreuses petites entreprises de réparation de ces fameux animaux électriques (souvenons-nous que ceux qui les possèdent en ont généralement socialement honte). Par le plus grand des hasards, son destin va croiser celui d'une, puis de deux autres de ces androïdes en fuite, qui se savent traqués, mais déterminés à défendre chèrement leurs... circuits après que cinq de leurs compagnons d'infortune aient déjà été «retirés», trois d'entre eux par le seul Rick Deckard en une même journée, d'ailleurs. Ce qui va d'ailleurs permettre à ce dernier de faire l'acquisition d'une chèvre noire de Nubie, hors de prix, bien entendu.

Bien entendu, ceci n'est que la trame, le déroulement du roman. Rédigé dans un style d'une efficacité exemplaire, il permet en réalité au lecteur à suivre d'une part une succession de rencontres et d'action de la manière aussi limpide possible car, en réalité, ce qui importe - et qui fait de ce texte de Science-Fiction l'un des modèles du genre - c'est toute la réflexion intellectuelle, laquelle progresse au fur et à mesure de l'intrigue, de notre chasseur de prime et, moindrement, celle du «spécial» qui ne cessent de se poser des questions sur leur humanité, mise en abîme par l'entremise de la présence de ces androïdes surdoués qui, s'il manquent absolument d'empathie, ne sont pourtant pas dénués de désirs, d'envies, de sentiments et, c'est la question même posée par le titre de l'ouvrage, de rêves. Or, à partir de ce questionnement sur des êtres fabriqués de toute pièce mais devenus si semblables aux hommes, que d'autres humains (via cette fameuse entreprise commerciale) n'ont de cesse de perfectionner, Philip K. Dick se demande ce qui, à partir d'un tel point de non retour technologique, fonde notre essence ainsi que notre supériorité, devenue fondamentalement relative dès lors qu'une autre espèce d'êtres est à même de nous imiter, de nous égaler, voire de nous dépasser. C'est d'ailleurs l'un des plus importants distinguo d'avec le film qu'en tira Ridley Scott en 1982, qui met le doute quant à la propre humanité du chasseur, mais seulement celle-ci : L'auteur du fameux Ubik met ici l'ensemble de la qualification de la nature humaine en question et s'il n'apporte pas de réponse définitive, il en précise tout de même en partie les bornes éventuelles.

On pourrait aussi longuement épiloguer sur ces rapports très ambigus de ces hommes de demain (du moins, à l'époque de la rédaction du livre), d'un demain volontairement proche - encore une différence d'avec le film qui situait, symboliquement, son action après l'an 2000, en 2019 pour être précis -, un avenir presque tangible même dans les années 60, avec ce qu'il reste de nature encore vivante après qu'ils aient à peu près tout détruit par leur folie, leur irresponsabilité. Bien entendu, notre technologie est bien éloignée d'en être au niveau de ce que Philip K. Dick prévoyait. Pire : dans les années 90, c'est tout juste si l'informatique entrait enfin massivement dans les foyers. Quant à la robotique, elle ressemblait plus à ces bras articulés capables de gestes répétitifs en atmosphère confinée (par exemple) qu'à ces androïdes presque parfait que sont les «Nexus-6», pas même plus à des animaux crédibles, serait-ce de loin. C'est que Philip K. Dick ne s'encombre guère de cette dimension-là de la faisabilité proche de ses inventions (dont on pressent qu'elles sont pourtant sur le point de voir le jour). Car c'est très clairement sur le terrain de l'existentialisme, de l'humanisme et de la métaphysique qu'il situe son oeuvre (et d'ailleurs pas que celle-ci), dans une vision pour le moins inquiète, tragique même, de cet avenir que l'homme est sur le point de se créer sans l'aide de personne d'autre que son irraisonnable goût de la connaissance et de la surpuissance.

N'en sommes-nous d'ailleurs pas rendus à l'idée folle mais pourtant en vogue de la trans-humanité ? Ne nous promettons-nous pas des hommes-machines, réparés ici et là comme ces vulgaires robots de la SF de papa ? Nos "anciens", quasiment mis au rebut dans ces machines à déshumaniser que sont certaines - si bien nommées - maisons de retraite ? le "véganisme", dans ses attentes les plus politiques et parfois extrémistes ne préfigure-t-il pas cet amour parfaitement inconsidéré, gênant, jaloux pour les quelques malheureuses bestioles qui subsistent encore sur cette terre imaginaire, saturée de poussières dangereuses et de pollutions diverses - que l'auteur dénomme d'ailleurs du qualificatif génial de "tropismes" -, de même que nous semblons aujourd'hui, collectivement ou individuellement, éprouver parfois plus de rage, de colère, d'empathie (nous y revenons) pour des animaux maltraités ou supposés tel - quand ils ne sont tout simplement pas destinés à notre consommation - que pour nos semblables miséreux ou lointains, tandis que tous les signes concordent pour dire que nous sommes en train de provoquer, exactement au même moment, l'une des plus grandes disparitions massive d'êtres vivants, que ce soient des végétaux ou des animaux, au point que de plus en plus de chercheurs qualifient cette ère très particulière du nom d'anthropocène ? Il en est encore de même au sujet de la réflexion de K. Dick, prévoyant le regain de la spiritualité, mais un genre de regain kitsch et techno-maniaque à travers de Mercerisme et sa boite à empathie, quoi qu'il ne s'agisse en réalité que de faire une nouvelle marmelade avec de vieilles recettes, en l'occurrence christique, mais cela aurait pu être n'importe quelle autre.

Il ne s'agit pas de faire de cet ouvrage, ni de l'oeuvre de K. Dick, seulement une sorte de grande oeuvre d'anticipation. Si c'est en partie le cas, cela serait par trop réducteur tant il explore une diversité de champs de réflexions sur notre humanité moderne, de celle dont le destin est lié, inexorablement, à celui de la machine et aux conséquences que leur présence implique dans une telle société. Ainsi a-t-on raisonnablement pu estimer que c'est ce romancier américain à l'existence si troublée que l'on doit les premières pierres de ce genre aujourd'hui qualifié de "cuberpunk", mais là encore, c'est une mise en case par trop réductrice à qui souhaite rendre hommage à sa perspicacité et à son intelligence. de la même manière, le cinéma de Ridley Scott, pourtant brillant, ne comprend-il et n'entreprend-il pas toutes les répercussions et conséquences de la réflexion Dickienne, là où une excellente série suédoise contemporaine, intitulée «real-human», en déplie de manière très astucieuse et inquiétante, un pan difficilement exploitable dans un cinéma américain par trop féru d'effets spéciaux et de décors époustouflants pour toujours savoir creuser suffisamment ses sujets. La série suédoise est pour ainsi dire débarrassée de toutes les scories technologiques ce qui, par bien des aspects, en fait une digne héritière de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, qui demeurent, plus que jamais, un très grand classique de la littérature de Science Fiction à découvrir et à redécouvrir. Ajoutons, pour tous ceux que ce genre rebute - et il peut s'en trouver d'excellentes raisons, au-delà de seules histoires de goûts - que ce titre est une excellente porte d'entrée à ce genre littéraire, tant le monde qui s'y trouve décrit pourrait passer pour un futur proche en tout point plausible.
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Et bien chose rare chez moi…. j'ai détesté un roman.
Je suis grande fan du film Blade Runner depuis… bhen qu'il est sorti. Je connais toutes les scènes par coeur… je n'ai pas tenu les comptes mais je l'ai sans doute vu plus de 500 fois.

Cela faisait un moment que je cherchais donc le roman qui avait inspiré ce film culte…. mais même si j'ai beaucoup aimé Philip K Dick sur d'autres romans, ici rien n'y fait.
Je pense que cela fait bien 6 mois que je suis sur ce roman de 210 pages.

D'habitude je déteste les films tirés des romans ( a de rares exceptions près) et là le film m'a tellement marqué que c'est le roman que je déteste. Je n'y ai rien retrouvé de ce que j'attendais et c'est sans doute pour cela que je ne l'ai pas apprécié.

L'écriture de K Dick a son habitude est froide et distante. Mais j'ai persisté mais sans grande réussite , sauf peut être quand même celui d'être arrivé au bout.
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Sur une Terre devenue une plaie radioactive depuis la précédente guerre mondiale, la vie s'est réorganisée entre les hommes, les androïdes et les animaux… mais pas nécessairement avec plus de bon sens.

Ce livre ressemble de prime abord à un livre d'action : il se présente sous la forme d'une course poursuite entre un homme, Rick Deckard et des androïdes d'une nouvelle génération, toujours plus difficilement décelables. Rick Deckard est Blade Runner. Sa mission comme tout bon Blade Runner qui se respecte : traquer et exterminer (pardon « réformer » !) les androïdes en liberté , ceux qui se sont émancipés du joug humain et qui tentent de vivre incognito en usurpant une identité humaine. Mais c'est aussi et surtout un livre riche en interrogations sur le sens de la vie, sur la cohabitation entre espèces (et dans la même espèce d'ailleurs… autre époque, autres formes de ségrégation !), sur les différences et les ressemblances entre le créateur et sa créature, et leurs rêves....

L'auteur s'amuse à nous balader dans des réalités à géométrie variable : humains et androïdes, changent constamment de visages. Un miroir aux alouettes… à ne plus savoir qui sont les hommes et qui sont les androïdes. Eux-mêmes doutent parfois de leur propre réalité. le Mercerisme (sorte de nouvelle religion mystique basée sur la communion et l'empathie) est certainement l'un des éléments le plus obscure. Est-ce un moyen pour les hommes de transcender la solitude de leurs existences et de se prouver qu'ils sont encore humains et supérieurs aux androïdes ? P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non… eh oui, beaucoup de questions sous-jacentes à différents niveaux, et beaucoup d'interprétations possibles aussi. Car l'auteur va à l'essentiel, et reste suffisamment dans le flou (un peu trop parfois !) pour que chacun interprète les comportements et les évènements à sa convenance.

Pourtant, à trop chercher à nous égarer, il prend aussi des raccourcis qui m'ont laissé dubitative, en particulier avec les personnages. Selon les besoins de l'intrigue, Ils font montre d'un manque de clairvoyance atterrant ou d'une extra-clairvoyance qui tombe à point nommé. Ils manquent également d'épaisseur, sont parfois à peine survolés, quand ils ne sont pas carrément oubliés sur le bord de la route. Bref, toutes ces petites choses mises bout à bout m'ont laissé une impression diffuse d'inachevé, qui en ce qui me concerne réduit grandement la portée des messages.

Bien que ce billet arrive bien tard, un grand merci à Nadou38 de m'avoir entrainé dans cette LC quelque peu « spéciale » et riche en échanges ;) Evidemment en terminant par les aspects négatifs c'est moins flagrant, mais cette lecture n'en demeure pas moins intéressante. L'homme et l'IA n'ont pas fini de faire parler d'eux. Là où Philip K. Dick m'a impressionné, c'est d'avoir anticipé dès 1968 (date de parution du livre) les dérives de l'absence d'empathie. Et malheureusement on y arrive, tout doucement mais surement…
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Citations et extraits (138) Voir plus Ajouter une citation
Vous croyez que les androides ont une âme ?
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Quelques citations/extraits du livre Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (Blade Runner) (1968) de Phillip K. Dick (Édition J’ai lu, 2012), traduit de l’anglais par Sebastien Guillot :

• « De plus, plus personne à présent ne se rappelait pourquoi la guerre avait éclaté, ni même qui l’avait gagnée — pour peu qu’il y ait un gagnant. » p. 27.

• « Et pourtant, ici et là, il y en avait encore pour refuser d’émigrer ; ce qui, même pour les individus concernés, représentait quelque chose de fondamentalement irrationnel. En tout logique, la moindre personne normale aurait déjà dû émigrer. Peut-être la Terre demeurait-elle un lieu familier à leurs yeux, en dépit de ses cicatrices. À moins que les réfractaires ne s’imaginent que le linceul de poussière recouvrant ce monde auquel ils s’accrochaient allait finir par se lever. » p. 27-28.

• « Debout devant son récepteur de télé inerte, le pauvre hère avait l’impression que le silence était devenu visible, et à sa manière vivant. Vivant ! Ce n’était pas le première fois, loin de là, qu’il ressentait son austère approche ; quand il arrivait, le silence entrait en trombe sans la moindre subtilité, manifestement incapable d’attendre. Le silence du monde ne pouvait retenir son appétit. Plus maintenant. Pas alors qu’il avait pratiquement gagné. » (en parlant d’Isidore) p. 32.

• « L’empathie, avait-il un jour décidé, devait être réservée aux herbivores, ainsi qu’aux omnivores capables de départir d’un régime carné. Parce que, en fin de compte, le don d’empathie brouillait les frontières entre chasseur et chassé, entre vainqueur et vaincu. […] Il suffisait qu’une seule créature éprouve de la joie pour que toutes les autres en reçoivent un fragment. Mais le souffrance d’un seul être suffisait aussi à en faire planer l’ombre sur tous les autres. Un animal grégaire tel que l’homme en tirait un surplus de chance de survie ; une chouette ou un cobra n’y aurait pas survécu. Le robot humanoïdes était manifestement un prédateur solitaire. » p. 45.

• « Ceux qui sont morts ne pouvaient rien emporter, et ceux qui ont émigré ne voulaient rien emporter. » (Isidore à Pris) p. 82.

• « (en italique) Ça vient peut-être de moi, se dit Isidore en son for intérieur. (en italique) Peut-être que quand on se détériore, on redégringole l’échelle de l’évolution — comme je l’ai fait moi-même, quand on sombre dans l’abîme du monde du tombeau, du fait d’être un spécial. » p. 90.

• « (en italique) Cette répétition, puis le spectacle, vont prendre fin, les chanteurs vont mourir, et en fin de compte la dernière partition de sa musique sera détruite d’une manière ou d’une autre. Un jour, le nom même de Mozart aura été oublié, la poussière aura gagné. Sinon sur cette planète, du moins sur une autre. On peut y échapper quelque temps. Tout comme les andros peuvent m’échapper et s’accorder un court répit. Mais on finit toujours par les avoir, moi ou un autre chasseur de primes. D’une certaine façon, comprit-il, je fais partie du processus entropie de destruction de la matière. » p. 116. (Rick avant de tuer l’androïde Luba)

• « Apparement, nous sommes privés d’un talent spécifiquement humain — on appelle ça l’empathie, si je ne m’abuse. » (L’androïde Garland à Rick) p. 143.

• « — Quand le chasseur de primes n’est pas là, fit Resch sur un ton sans humour, les androïdes dansent. » p. 145.

• « Je commence à comprendre ce que ressentent les androïdes. Je crois que tu comprends ce que ça signifie. Tu l’as dit toi-même ce matin — « Ces pauvres andros ». Donc tu sais de quoi je parle. C’est pour ça que j’ai acheté la chèvre. Je n’avais rien ressenti de tel. C’est peut-être juste une dépression, comme celle que tu as. Je comprends maintenant à quel point tu dois souffrir quand tu es déprimée. J’ai toujours cru que tu aimais ça, que tu aurais pu te secouer à n’importe quel moment, sinon seule du moins avec l’orgue d’humeur. Mais plus rien ne vous importe quand on est à ce point déprimé. On devient apathique, on a l’impression que plus rien ne vaut la peine. On se désintéresse de son propre état, puisque plus rien n’a d’importance… » (Rick à sa femme) p. 195-196.

• « — On exigera de toi que tu fasses le mal où que tu ailles. C’est le fondement même de l’existence, d’être forcé à aller à l’encontre de sa nature. Chaque créature vivant doit le faire un jour ou l’autre. C’est l’ombre ultime, la défaite de la création. C’est la malédiction à l’œuvre, la malédiction qui se nourrit de toute vie. Partout dans l’univers. » (Mercer à Rick pendant qu’il est dans la boîte à empathie) p. 200.

• « (en italique) La marche du temps. Le cycle de la vie. Qui se termine ici, au dernier crépuscule. Avant le silence de la mort. Il percevait dans tout cela un univers en miniature, complet. » (Rick avant d’aller tuer les trois androïdes restants) p. 206.

• « Est-ce une perte ? répéta-t-elle. Je l’ignore. Je n’ai aucun moyen de le savoir. Qu’est-ce que ça fait d’avoir un enfant ? Et qu’est-ce que ça fait de naître, d’ailleurs ? Nous ne naissons pas, nous ne grandissons pas… Au lieu de mourir de vieillesse ou de maladie, nous nous usons comme des fourmis. Des fourmis… voilà ce que nous sommes. Pas vous, moi, je veux dire. Des machines réflexe chitineuses qui ne sont pas vraiment vivantes. » p. 215.
« Je n’arrive pas à supporter cette façon dont vous autres, les androïdes, parvenez à accepter votre sort. » (Rick à Rachael qu’il ne tue pas finalement) p. 221.

« Dans l’obscurité de l’habitacle, l’extrémité de sa cigarette rougeoyait comme l’abdomen de quelque luciole en mal d’amour ; un signe immobile, indéfectible, de la victoire de Rachael Rosen. De sa victoire sur lui. » p. 223.

• « Il referma la porte de l’habitacle, envoya un baiser à Iran de la main et s’envola dans la nuit. À une époque, j’aurais vu des étoiles. Mais maintenant, il ne reste plus que la poussière ; ça fait des années que personne n’a vu la moindre étoile, pas sur Terre en tout cas. Je vais peut-être aller là où on peut en voir, se dit-il tandis que son véhicule prenait de la vitesse et gagnait de l’altitude. Il s’éloignait de San Francisco, pour se diriger vers la désolation inhabitée du Nord. Là où aucun être ne se serait jamais rendu. À moins de sentir approcher la fin. » p. 251.

• « Je monte en roulant, songea-t-il. Comme les pierres. Je fais ce qu’elles font, sans volonté. Et sans que ça ait la moindre signification. » (Rick pendant son ascension de la colline) p. 256.

• « Mercer n’est pas un escroc. Ou alors c’est toute la réalité qui est une escroquerie. » (Rick) p. 259
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Paul Resch fit halte devant une peinture à l’huile, qu’il se mit à étudier attentivement. Le tableau représentait une créature oppressée, chauve, avec une tête en forme de poire inversée, les mains crispées d’horreur sur les oreilles, la bouche ouverte en un vaste cri silencieux. Le tourment de cet être, des échos de son cri, se répandait en vagues tortueuses dans l’air alentour. L’homme - ou la femme, quoi qu’il fût - se retrouvait comme enfermé à l’intérieur de son propre hurlement. Il s’était bouché les oreilles pour ne pas entendre sa voix. La créature se tenait sur un pont, sans personne autour d’elle ; elle criait sa solitude. Isolée par - ou malgré - son hurlement.
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Les deux Rosen l'étudiaient avec appréhension - il sentait avec quel manque de sincérité ils se comportaient. En venant les voir, il leur avait apporté la menace du vide, le silence oppressant de la mort économique.
"Ils ont entre leurs mains un pouvoir démesuré. Cette entreprise est considérée comme l'un des pivots industriels du système ; en fait, la fabrication des androïdes est devenue tellement intrinsèque à l'effort de colonisation que la chute de l'un entraînerait certainement celle de l'autre au bout du compte" (Rick Deckard, in petto)
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« — Mais songez un peu à ceci, poursuivait Buster. Demandez-vous à quoi sert le mercerisme. S’il faut en croire ses innombrables tenants, le mercerisme permet la fusion… »

— C’est cette empathie, que possèdent les humains, dit Irmgard Baty.

« — … des hommes et des femmes de tout le système solaire en une seule et unique entité globale. Mais une entité gouvernable à volonté par la soi-disant parole télépathique de « Mercer ». Remarquez bien cela, je vous prie. Maintenant, imaginons un dictateur en herbe, un type du genre de Hitler… »

— Non, c’est cette histoire d’empathie, répéta Irmgard avec conviction. (Les poings serrés, elle se jeta à la rencontre d’Isidore, dans la coulisse.) N’est-ce pas, n’est-ce pas ? N’est-ce pas que c’est pour prouver que vous, les humains, êtes capables de faire quelque chose dont nous sommes incapables ? Parce que, s’il n’y avait pas cette histoire de Mercer, votre empathie, il faudrait y croire sur parole, non ? »
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Vidéo de Philip K. Dick
Depuis Jules Verne, de Philip K. Dick au groupe Limite, la science-fiction n'a cessé d'évoluer jusque dans ses propres définitions. Ainsi, ses différentes déclinaisons se démarquent d'abord entre elles pour mieux se mêler ensuite. Quand le genre mille fois déclaré mort sort du cadre et rebat les cartes pour mieux se réinventer…
Avec : Serge Lehman, Olivier Paquet, Hervé de la Haye, Guilhem Modération : Caroline de Benedetti
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