L'Exegèse 01

Cher Malcolm,
[…] Il y a une chose à propos de laquelle je voulais vous écrire (à moins que je ne l’aie déjà fait ?), c’est votre long article sur Coulez mes larmes, censé paraître dans le seul et unique magazine de science-fiction britannique. Malcolm, au risque de me répéter, vous y exprimez concernant mes livres certaines idées si cruciales, si lourdes de sens que j’en ai été frappé, voire ébranlé ; bref, il s’agit d’une des rares critiques qui ait su éclairer mon travail d’un jour fondamentalement nouveau pour moi, qui en suis pourtant l’auteur. Cette chronique explique des choses, des aspects, des connexions sous-jacents que moi-même je n’avais jamais proprement décelés, même si je m’y étais efforcé. Je pense en particulier à vos propos sur Ubik, qui m’ont plongé dans une effervescence mentale aussi furieuse que ravie. J’ai envoyé ce texte à une jeune femme qui fait sa thèse de doctorat sur moi, en soulignant à quel point il est, à mes yeux, éblouissant et d’une importance vitale. Quand vous dites que l’idios kosmos est envahi par ce que vous appelez je crois le "koïnos kosmos étrangement différent", cela éclaire un grand nombre de thèmes sur lesquels je reviens inlassablement dans mes écrits... (I, première partie, p. 130-131)

[14:12] Un jour, j'ai donné à Jamis la définition suivante de la réalité : " C'est ce qui ne disparaît pas quand on lui retire son assentiment." En février 74, j'ai temporairement retiré mon assentiment à la Californie de 1974 - et elle a disparu (un mois plus tard).