Depuis longtemps j'envisageais de lire du Dickens, que je n'avais pas eu l'occasion jusque là de découvrir, autrement que dans des adaptations pour enfants très résumées.
J'avoue que j'hésitais tout de même, pensant que ça devait être assez ennuyeux et "long".
Le fait de pouvoir à présent se procurer gratuitement les textes tombés dans le domaine public m'a décidée, et ayant devant moi une triste journée à occuper en lecture, je me suis lancée.
Et surprise, un régal de lecture, ça a éclairé la journée qui devait être bien grise.
Un texte facile à lire, beaucoup d'humour, un personnage qu'on a envie de suivre tout au long de son enfance et au-delà.
Des personnages secondaires intéressants, surprenants, bien campés. Et la découverte de la vie à l'époque victorienne. Au-delà de ce qu'on en connaît, on la voit ici de l'intérieur, c'est surprenant, parfois cocasse, parfois bien triste, mais jamais lassant.
Si je n'ai mis que quatre étoiles, c'est je l'avoue parce que ce David m'a agacée !!
Je pensais que les enfants élevés aussi durement, devant se débrouiller seul ou presque dans la vie, devenaient rapidement débrouillards voire rusés.
Et David est d'une naïveté désarmante, aussi bien face à ses camarades que quand il doit négocier la vente de quelque bien pour survivre, ou faire confiance à de faux amis.
Sans doute ce qui ajoute du sel à ce texte, mais j'ai eu souvent envie de le secouer !!
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On attribuait les manières distraites du docteur aux recherches constantes auxquelles il se livrait sur les racines grecques. Dans mon innocence, ou plutôt dans mon ignorance, je supposai que c’était chez le docteur une espèce de folie botanique, d’autant mieux qu’il regardait toujours par terre en marchant ; ce ne fut que plus tard que je vins à savoir qu’il s’agissait des racines des mots dont il avait l’intention de faire un nouveau dictionnaire.
[…] et prenant dans ses bras ma petite tête frisée, elle la serra de toutes ses forces. Je dis de toutes ses forces, parce que comme elle était très-grasse, une ou deux des agrafes de sa robe sautaient chaque fois qu’elle se livrait à un exercice un peu violent. Or, je me rappelle qu’au moment où elle me serra dans ses bras, j’entendis deux agrafes craquer et s’élancer à l’autre bout de la chambre.
Il demanda à ma mère de lui donner une fleur de son géranium. Elle le pria de la choisir lui-même, mais il refusa je ne sais pourquoi, et ma mère cueillit une branche qu’elle lui donna. Il dit que jamais il ne s’en séparerait, et moi, je le trouvais bien bête de ne pas savoir que dans deux jours ce brin de fleur serait tout flétri.
Il m’annonça aussi que nous avions pour camarade un jeune garçon qu’il appelait du nom extraordinaire de « Fécule de pommes de terre. » Je découvris bientôt que ce n’était pas le vrai nom de cet être intéressant, mais qu’il lui avait été donné dans le magasin à cause de la ressemblance de son teint avec celui d’une pomme de terre.
J’aime à me rappeler que lorsque la carriole était devant la porte, et que ma mère m’embrassait, je me mis à pleurer en songeant, avec une tendresse reconnaissante, à elle et à ce lieu que je n’avais encore jamais quitté. J’aime à me rappeler que ma mère pleurait aussi, et que je sentais son cœur battre contre le mien.
"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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