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Dombey et fils tome 0 sur 4
EAN : SIE228313_223
Marabout (30/11/-1)
3.96/5   14 notes
Résumé :
"Dombey et fils" raconte l'histoire d'une famille, les Dombey. Le père est un riche homme d'affaires, que l'orgueil étouffe et contraint à la rigidité en tous moments de sa vie; la mère décède en donnant la vie au petit Paul; ce dernier est destiné à occuper le "& fils" qui se transmet de génération en génération, aussi la soeur aînée, Florence, est-elle totalement ignorée. Paul meurt dramatiquement, le père se remarie avec une intrigante qui a des états d'âme, et F... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai découvert l'oeuvre de Charles Dickens assez tard, à l'âge adulte et il m'a fallu plusieurs années pour me laisser entièrement prendre au filet de ses charmes. Aujourd'hui, ayant lu un grand nombre de ses romans, je le considère comme un conteur génial, au verbe inégalable, et je suis bien décidée à lire son oeuvre romanesque dans son intégralité.

"Dombey et fils" n'est pas le roman le plus connu de Charles Dickens, loin s'en faut. Toutefois, ses mille pages renferment un très beau roman-fleuve familial et social que son contemporain Victor Hugo n'aura sans doute pas dédaigné. Ici se retrouvent tous les ingrédients qui font d'un roman de Dickens un univers extraordinaire entièrement constitué de destinées fracassées et de figures hautes en couleurs.

Roman de la vanité et de l'ambition, "Dombey et fils" dénonce l'avarice du coeur, la prétention de la classe, la manipulation des êtres et les rudesses d'une société qui n'épargne pas les nécessiteux. Avec un humour unique, Charles Dickens déploie ce talent qui n'appartient qu'à lui de donner vie à une immense galerie de personnages à croquer, dans les deux sens du terme.

Je ne connais aucun autre auteur de la période (et encore moins de notre époque) capable de mettre en scène autant de personnages principaux et secondaires, de les imbriquer avec agilité les uns aux autres et de leur donner à chacun - sans en oublier un seul - une personnalité propre, tour à tour attachante ou repoussante. Chaque acteur de ce beau drame est travaillé, fouillé et approfondi jusqu'à offrir au lecteur le meilleur de ses qualités ou de ses défauts. Il en résulte une telle proximité avec les héros et les héroïnes ordinaires du roman que nous nous sentons, nous, lecteurs, devenir concrètement l'un d'entre eux.

Charles Dickens n'a en rien usurpé son statut d'auteur chéri des Anglais, et je compte parmi ses grandes admiratrices.


Challenge PAVES 2019
Challenge SOLIDAIRE 2019
Challenge XIXème siècle 2019
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Paul Dombey est un riche homme d'affaires formaté dans le business de l'époque, cet utilitarisme déjà dénoncé dans Hard Times de Dickens. Il est marié et a une fille, Florence. Comme le roi Henry VIII qui avait grand désir d'héritier, sa femme lui donne un fils, Paul (comme lui) mais meurt en couches. Dès lors M. Dombey voue un culte particulier à ce petit garçon fragile, laissant sa fille aux soins de nounous qu'il emploie et qui ne doivent surtout pas se prendre d'affection pour la petite car de toute façon : « girls have nothing to do with Dombey and Son.» (Les filles n'ont rien à voir avec Dombey et fils)
Le petit Paul est éduqué chez les Blimber, pension qui n'est pas un modèle de pédagogie, mais il y rencontre M. Toots, un jeune aristocrate qui devient un ami sûr ainsi que l'éternel amoureux de Florence, Miss Dombey.
Tout au long de la courte vie du petit Paul, on note sa santé fragile et son esprit au raisonnement d'adulte :

“Our darling is not altogether as stout as we could wish. The fact is, that his mind is too much for him. His soul is a great deal too large for his frame.”
(Notre cher petit n'est pas aussi robuste que nous pourrions le souhaiter. le fait est que son esprit le dépasse. Son âme est bien trop grande pour sa corpulence.)
Et, concernant la méthode Blimber représentée par l'acariâtre Mrs Pipchin, professeure de la pension :
“It being a part of Mrs Pipchin's system not to encourage a child's mind to develop and expand itself like a young flower, but to open it like an oyster…”
(Une partie du système de Mme Pipchin consistait à ne pas encourager l'esprit d'un enfant à se développer et s'épanouir comme une jeune fleur mais à l'ouvrir de force comme une huître…)
Paul apprend de son père la valeur de l'argent, le pouvoir que cela procure.
“And you see, Paul”, he added, dropping his voice, “ how powerful money is, and how anxious people are to get it.”
(Et vois-tu, Paul, ajouta-t-il en baissant la voix, comme l'argent est puissant et combien les gens sont impatients de l'obtenir.)
Chez Dickens il y a souvent une multitude de personnages, les personnages principaux autour desquels gravitent plusieurs personnages satellites dont l'importance croît plus ou moins au gré de la narration. Ainsi les personnages tels que Walter et Sol Gils du « Wooden Midshipman » (l'aspirant de bois), magasin de matériel marin, croisent un jour le chemin de Florence, encore enfant, égarée dans les rues de Londres comme un chaperon rouge et dépouillée de ses vêtements par « Good Mrs Brown » (tu parles !) une vieille chiffonnière, sorcière sortie tout droit d'un conte et qui l'habille en guenilles. Florence croise donc à cette occasion et pour la première fois la route de Walter, chevalier qui délivre la belle et la ramène à la maison.
Restent les autres personnages, les estropiés de la vie, comme le Capitaine Cuttle avec son crochet (Peter Pan n'était pas encore écrit à l'époque du roman mais il est fort à parier que John Barrie s'en soit souvenu.) A la différence du Crochet de Peter Pan, celui-ci est un homme à la grande bonté d'âme, à l'amitié inoxydable ayant ses pendants négatifs en la mère d'Edith, dite ‘Cleopatra', en chaise roulante ou le Major Bagstock, opportuniste vantard.
M. Dombey se remarie. le remariage est une sorte de transaction mais Dombey ne supporte pas l'entente chaleureuse de sa jeune femme Edith avec Florence qui se confie à elle en grandissant, cette fille qu'il continue d'ignorer et de délaisser, qu'il coupe de tout sentiment d'amour ou d'amitié en congédiant d'abord sa première nounou et , plus tard, en éloignant Walter en mer de telle sorte qu'on le croie mort dans un naufrage et que Florence l'oublie. Malgré tout on sait que Walter va revenir car Dickens a semé des indices y compris en faisant disparaître son oncle Sol qui part à sa recherche.
Ce que je n'ai pas bien compris en revanche, c'est le rôle que jouent les personnages des Carker, ces deux frères dont l'un « le manager » apparaît comme un chat du Cheshire avec les dents brillantes, figure typique de l'arriviste qui a « les dents qui rayent le parquet », et son cadet qui est l'honnêteté même.
Hormis peut-être dans le passage de la fugue d'Edith où le manager « aux dents longues » veut la mépriser et la soumettre mais c'est elle qui finalement le méprise et le déballonne comme une baudruche qu'il est.
Toutes ces voix vont résonner à l'unisson dans un final un peu attendu où seront passés d'autres personnages tels que Rob The Grinder (Rob le Broyeur), sorte de Gavroche Londonien, petit gars débrouillard et sournois.

(Florence). She imagined so often what her life would have been if her father could have loved her and she had been her favourite child, that sometimes, for the moment, she almost believed it was so, and, borne on by the current of that pensive fiction, seemed to remember how they had watched her brother in his grave together.
(Elle a si souvent imaginé ce qu'aurait été sa vie si son père avait pu l'aimer et qu'elle eût été sa préférée, que parfois, en cet instant, elle pouvait presque le croire, et, emportée par le courant de cette pensée fictive, semblait se souvenir de la façon dont ils avaient regardé ensemble son frère dans sa tombe.)

On retient aussi de ce roman, les descriptions de la solitude, des demeures vides et mornes, de la nuit qui vient au fond des chambres désertées où le personnage se débat dans une mélancolie qui le dépasse. du Dickens quoi !
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Les romans de Dickens se ressemblent un peu tous (pour le plus grand bonheur du lecteur) : il y a des méchants hauts en couleur, des gentils souvent un peu insipides, et une foison de personnages secondaires incroyables. Mais Dombey et Fils se distingue des autres romans par deux particularités.

La première, c'est que pour un lecteur d'aujourd'hui, ce roman sonne comme une dénonciation un peu inattendue du patriarcat. Au personnage de Dombey père que son obsession de de la domination finit par conduire à la dépression, Dickens oppose une autre vision de la masculinité : Walter Gay, courageux et responsable, mais qui n'est jamais dans l'affrontement ou le mépris. Les personnages féminins cherchent, chacune à leur manière, leur place dans une société qui les étouffe.

La deuxième originalité m'oblige à divulgâcher l'une des principales surprises du roman. C'est à ma connaissance le seul roman où l'un des personnages principaux (et éponyme puisqu'il s'agit du "fils" du titre) meurt au premier tiers du roman. Un sacré "coup médiatique" pour ce roman publié en feuilleton !

Miaou à tous.


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
— La retraite et la contemplation sont mon… comment donc cela s'appelle-t-il ?
— Si c'est " Paradis " que vous voulez dire, Maman, dites-le, pour vous faire comprendre, précisa la jeune demoiselle.
— Ma chère Edith, repartit Mme Skewton, vous savez que je m'en rapporte entièrement à vous pour ces noms odieux. Je vous assure, monsieur Dombey, que la Nature voulait faire de moi une Arcadienne. C'est une absurdité que je vive dans la société. Ma passion, ce sont les vaches. J'ai toujours désiré me retirer dans un chalet suisse et y vivre entièrement entourée de vaches… et de porcelaines.
Cette curieuse association d'objets, suggérant l'image du célèbre taureau qui se fourvoya dans un magasin de porcelaines, fut accueillie avec une gravité parfaite par M. Dombey, qui déclara que sans aucun doute la Nature était une institution fort respectable.

Chapitre XXI : Visages nouveaux.
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- Vous savez, dit M. Toots, ce que je voulais dans une femme, c’était, en un mot, du bon sens. De l’argent, Feeder, j’en avais. Mais du bon sens, ce n’était pas mon fort !
- Oh ! pardon ! pardon ! vous en aviez, Toots, dit tout doucement Feeder.
Mais Toots repartit :
- Non, Feeder, je n’en avais pas ! Pourquoi le cacherais-je ? je n’en avais pas. Je savais qu’il y en avait là à revendre, dit M. Toots en tendant la main du côté de sa femme. Je n’avais pas de parent à compromettre ou à blesser sous le rapport de la condition sociale, car je n’avais pas de parents du tout. Le fait est que je n’avais personne qui me touchât de près, je n’avais que mon tuteur, et je vous dirai, Feeder, que je l’ai toujours considéré comme un pirate, comme un corsaire. Il n’était donc pas vraisemblable, comme bien vous pensez, que j’irais lui demander son avis.
- Certainement non, dit M. Feeder.
- En conséquence, j’ai agi à ma guise. Ce fut un beau jour pour moi, Feeder, que celui où je pris ce parti ! Il n’y a que moi qui puisse savoir tout ce qu’il y a de capacité dans cette femme-là. Si jamais les droits des femmes et… etc. etc., ont besoin d’un bon défenseur, on peut compter sur sa puissante intelligence, je vous le promets.
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- Maintenant, Carker, dit M. Dombey, je n’hésite pas à vous dire que je suis résolu à réussir. Je n’ai pas envie qu’on se moque de moi. Il faut que Mme Dombey apprenne que ma volonté fait loi et que je n’admettrai pas une seule exception à la règle de toute ma vie. Vous aurez la bonté de vous charger de cette mission. Comme elle vient de moi, vous pouvez l’accepter, je suppose, quel que soit le regret poli que vous en éprouvez, et dont je vous remercie pour Mme Dombey. J’espère que vous remplirez cette mission aussi fidèlement que toutes celles dont je vous ai chargé.
- Vous savez, dit M. Carker, que vous n’avez qu’à commander.
- Je sais, dit M. Dombey avec un majestueux signe d’assentiment, que je n’ai qu’à commander. Il est nécessaire que je m’explique. Mme Dombey est incontestablement douée de grandes qualités qui…
- Font honneur à votre choix, suggéra Carker, en étalant gracieusement ses dents.
- Oui, s’il vous plaît de parler ainsi, dit M. Dombey avec la même majesté, mais il ne me paraît pas que Mme Dombey, jusqu’à présent, fasse à mon choix l’honneur qu’il mérite. Il y a dans Mme Dombey un principe de résistance dont il faut absolument triompher, dont il faut venir à bout. Mme Dombey ne paraît pas comprendre, ajouta M. Dombey avec force, que vouloir me résister à moi c’est quelque chose de monstrueux et d’absurde.
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[...] Mme Pipchin, sur le midi, fit faire aux enfants des lectures ''enfantines'' qui, par parenthèse, ne l’étaient guère ; car c’était le système de Mme Pipchin de ne pas laisser l’intelligence des enfants se former et se développer comme une tendre fleur, mais de l’ouvrir de force comme une huître. La morale de ces leçons avait en général un caractère violent et saisissant. Il était rare que le héros du conte, méchant petit garçon, finit autrement que sous les dents d’un lion ou dans les griffes d’un ours.
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- [...] il disait et il répétait : Souvenez-vous de Walter ! Aussi maintenant qu’il n’est plus, que je n’ai plus de frère au monde, si vous voulez être le mien, Walter, je serai votre sœur toute ma vie ; et dans quelque endroit que nous soyons l’un et l’autre, je penserai toujours à vous comme à mon frère. Voilà ce que je voulais vous dire, cher Walter, mais je ne vous le dis pas comme je l’aurais voulu : mon cœur est trop plein.
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Vidéo de Charles Dickens
"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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