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EAN : 9780452008557
1374 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.15/5   58 notes
Résumé :
La petite Dorrit a vu le jour dans une prison où son père est enfermé, avec toute sa famille, après avoir fait faillite.
La petite Dorrit se dévoue pour les siens, notamment en travaillant pour Mme Clennam. C'est chez cette femme étrange qu'elle rencontrera Arthur... Mais des biens ignorés vont rendre les Dorrit subitement très riches. La petite Dorrit saura-t-elle garder sa modestie et son humilité? La vie sera-t-elle devenue si belle?

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Bien qu'ayant quelques romans de Dickens au compteur, et bien que connaissant déjà la trame de ce roman, je peux dire que "La petite Dorrit" est celui que j'ai préféré jusqu'à présent.

Cela tient sans doute moins au style excellent de l'auteur qui est bien sûr le dénominateur commun à tous ses écrits, qu'à l'incroyable humour qu'il déploie dans celui-ci. Un humour jaune qui a dû faire grincer bien des dents à l'époque de sa parution (moitié du XIXème siècle) et qui dénonce dans un flot d'ironie inextinguible l'immobilisme de l'administration ministérielle anglaise, le ci-devant "Ministère des Circonlocutions", placé sous la responsabilité des "Mollusques".

En marge de cette formidable diatribe qui m'a énormément amusée, se retrouve dans "La petite Dorrit" toute l'excellence de l'univers de Dickens : un verbe franc et attachant, des personnages nombreux mais parfaitement campés dans le terreau de leurs particularités, une intrigue un peu noueuse dans laquelle on pourrait s'égarer au fil des 1 050 pages que compte le roman, et une humanité représentée par un large échantillonnage de ce qu'elle peut offrir de pire comme de meilleur.

Bien moins noir que "Oliver Twist" et que "David Copperfield", bien qu'il y soit question de prison et de déchéance sociale pendant la moitié du roman, "La petite Dorrit" est un puzzle magique dont le lecteur veut à toute force voir s'assembler les pièces, tout en redoutant de le voir terminé.

Enfin, je vous conseille vivement la très bonne adaptation télé réalisée en 2008 par la BBC avec Claire Foy, Matthew Macfadyen et l'excellent Tom Courtenay en têtes d'affiche.


Challenge PAVES 2018
Challenge XIXème siècle 2018
Challenge des 50 Objets 2018 - 2019
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Peut-être beaucoup de personnages qui s'enchevêtrent mais l'histoire est intéressante. Amy Dorrit est née dans une prison, dans la pauvreté et lorsqu'elle devient riche, elle garde toujours son humilité.

Un livre qui fait réfléchir sur ce qu'apporte la richesse : l'argent est-il là pour faire le bonheur ? Il suffit de voir comment finit le très riche banquier véreux Merdle pour avoir une partie de la réponse.

Mais Amy n'est pas seule, elle aura l'appui d'Arthur Clennam et ils auront des sentiments amoureux réciproques.

Mais cela fait si longtemps que je ne l'ai pas lu ! Il faut que je le redécouvre car peut-être quelques éléments m'ont échappés.
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J'aime beaucoup les adaptations de la BBC, en général, mais celle de la Petite Dorrit ne m'avait pas laissé un souvenir suffisamment marquant pour me donner envie de lire le roman. C'est le challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" lancé par Gwen21 qui m'en a donné l'occasion et je ne regrette pas ma (re)découverte.

La Petite Dorrit raconte l'histoire d'Amy Dorrit, une jeune fille née dans une prison pour dettes où son père a été incarcéré plus de 20 ans auparavant. Dévouée et courageuse, elle fait vivre discrètement sa famille (son père, son frère et sa soeur) tout en essayant de ne pas froisser leurs aristocratiques préjugés. Chez une dame pour qui elle fait des travaux de couture, elle fait la connaissance d'Arthur Clennam, le fils de la dame. Celui-ci découvre ses conditions de vie et, touché par cette existence misérable, essaie de l'aider à sortir M. Dorrit de sa prison. Contre toute attente, les portes vont enfin s'ouvrir pour la famille Dorrit grâce à un héritage inattendu. Devenue une riche jeune lady, la petite Dorrit n'en a pas perdu sa simplicité et son bon coeur pour autant. Par contre, le snobisme de sa famille élève une barrière infranchissable entre elle et son ami Clennam. Cette barrière semble grandir encore lorsque la soeur d'Amy épouse le beau-fils d'un richissime banquier.

Résumer La Petite Dorrit ne donne qu'une faible idée de la richesse de cette oeuvre fleuve qui délaisse parfois le cours de son histoire principale pour emprunter des canaux parallèles. Cela donne un roman très long, où on a parfois l'impression de se perdre un peu mais tous les canaux finissent par rejoindre le cours de l'histoire principale. L'impression de longueur peut aussi venir de l'univers sombre et glauque, assez typique de Dickens. Dickens n'était pas du genre à peindre le monde en rose, loin s'en faut. La Petite Dorrit ne fait pas exception. Déjà, une bonne partie de l'histoire se passe dans une prison, cela n'aide pas. Mais même les résidences des plus nobles et des plus riches sont souvent crasseuses, puantes, sombres et poisseuses. Les descriptions de Dickens laissent à penser qu'il devait plutôt être du genre dépressif (ou très lucide sur son époque). Heureusement, cet environnement tristoune est contrebalancé par l'humour inimitable de Dickens. Celui-ci se déploie tout particulièrement dans ses piques contre un certain "ministère des Circonlocutions", dont le seul office est de chercher à tout entraver. Il est tenu, depuis toujours, par l'indéboulonnable famille des "Mollusques". Grâce à son "Ministère des Circonlocutions", Dickens se livre à un joyeux jeu de massacre contre la glorieuse administration de son pays. Dickens apporte une autre bonne dose d'humour avec les travers de ses personnages secondaires, leurs tics de langage, leurs ridicules. À part ses deux héros et un ou deux personnages secondaires, personne n'est épargné : ni les veuves sentimentales alcooliques, ni les artistes ratés, ni les exploiteurs de pauvres gens, ni les cocottes à particules, ni les courtisans de la fortune... La plupart de ces personnages sont des caricatures ambulantes et, pourtant, ils pointent des travers on ne peut plus réels.
La Petite Dorrit et Arthur Clennam arrivent quand même à s'en tirer sains et saufs. Au milieu de cet univers sordide et grotesque, Dickens nous dépeint deux personnages touchants qui restent droits et bienveillants, malgré toutes leurs vicissitudes.

En résumé : L'histoire touchante de deux belles personnes qui surnagent vaillamment dans un monde sordide, couplée à une satire mordante de la société anglaise de l'époque et de l'humanité en général.

Challenge solidaire 2019 "Des classiques contre l'illettrisme"
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Charles Dickens est un auteur que je lis de temps en temps, une fois tous les deux ans. Ce livre, pris après quelques déceptions dans la littérature contemporaine, m'a fait retrouver toute la joie que procure la lecture. Voilà pourquoi j'aime ce loisir : pour le dépaysement que cela m'apporte, pour découvrir et vivre avec des personnages hors de mon quotidien, pour le talent d'un auteur qui sait me transporter au XIXème siècle et me faire sourire à chaque ligne !
Cette histoire est celle de la famille Dorrit, dont le père est en prison depuis plusieurs années pour dettes. La famille peine à survivre dans ce lieu lugubre. Seule Amy Dorrit est leur rayon de soleil. Née dans cet endroit, elle aurait pu mal tourné mais son caractère altruiste, généreux et plein d'abnégation embellit leur quotidien et adoucit leurs malheurs. Je ne peux pas vous en dire plus pour ne pas dévoiler toute l'intrigue mais sachez juste qu'ils vont vivre une succession d'aventures et de retournements de situation.
Les personnages sont nombreux mais uniques à leur manière, inoubliables dans leurs défauts et terriblement attachants dans leur maladresse. Voici que je les cite pêle-mêle : Mr Dorrit et ses enfants Fanny, Edouard et Amy, Arthur Clenman, Pancks, la famille Meagles, Henry Gowan, les Merdle, Flora et la tante Finching, les Mollusques etc.
Mais au-delà de cette histoire, ce livre est juste merveilleux lorsqu'il s'agit de disséquer les comportements sociaux de l'époque (qui ne sont pas si éloignés du nôtre). L'auteur se moque de ses contemporains qui placent leur dignité et leur « haute position sociale » au-dessus de tout : l'essentiel est de fréquenter les personnages en vue, d'être invité dans leurs dîners mondains, d'obtenir une marque de considération de leur part, de convoiter un titre nobiliaire. Sont-ils véreux, ennuyeux à mourir ou tout simplement antipathiques, peu importe du moment qu'il s'agit d'un Lord machin chose ou de Monsieur l'Evêque ou de tel membre du bureau du Ministère !
Il critique vertement l'administration anglaise, personnifiée ici par le ministère des Circonlocutions et dirigée par les Mollusques, qui s'ingénie à tout entraver et compliquer les choses. Il souligne l'aveuglement de la société devant le capitalisme spéculatif, qui à cette époque, à ruiner plusieurs personnes sans aucune garantie.
Le style d'écriture est juste riche, éblouissant, coloré, vif et plein d'ironie et de sarcasme. J'ai aimé chaque paragraphe, chaque ligne. J'ai versé quelques larmes à la fin, rigolé devant les pitreries de cette comédie sociale mondaine ! J'ai eu un pincement au coeur à la fin de ce roman, comme si je quittais pour toujours des amis de longue date !
J'ai adoré ce Dickens et je le recommande à tous les fans des classiques littéraires anglaise! That was really AWESOME !! Thank you Charlie !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Une intrigue un peu compliquée à mon goût, des personnages multiples, des bons, des méchants, des riches, des pauvres, des revers de fortune etc etc.. Pour moi il manquait ce fil rouge qui m'aurait permis de suivre Amy, (la petite Doritt ) et Arthur Clennam, deux personnages au grand coeur.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Nous n’apprendrons rien à personne en disant que le ministère des Circonlocutions est le plus important des ministères. Tout le monde sait cela. Nulle affaire publique, de quelque nature qu’elle soit, ne peut, sous aucun prétexte, faire un pas sans le consentement du ministère des Circonlocutions. Il faut toujours qu’il mette la main à la pâte dans les affaires publiques, soit qu’il s’agisse d’une énorme brioche ou d’un petit gâteau. Il est également impossible de faire l’acte le plus légal ou de redresser le tort le plus évident sans la permission expresse du ministère des Circonlocutions. Si on découvre jamais une seconde conspiration des poudres, trente minutes avant l’heure fixée pour mettre le feu à la mèche, personne ne se croira autorisé à empêcher le parlement de sauter, avant que le ministère des Circonlocutions ait nommé une vingtaine de commissions, expédié un boisseau de notes, plusieurs sacs de rapports officiels, et une correspondance peu grammaticale, mais assez volumineuse pour remplir un tombeau de famille.
Cette glorieuse administration a commencé à fonctionner dès que l’unique et sublime principe qui renferme, pour ainsi dire, tout l’art de gouverner un peuple, a été clairement révélé aux hommes d’État. Elle a été la première à étudier cette brillante révélation et à en appliquer la salutaire influence à tout l’engrenage des procédés officiels. S’agit-il de faire quelque chose, le ministère des Circonlocutions l’emporte sur toutes les administrations publiques dans l’art de reconnaître comment il faut s’y prendre… pour ne pas la faire.
Grâce à sa délicate intuition, grâce au tact avec lequel il met cette intuition à profit, grâce au génie qu’il déploie dans la pratique, le ministère des Circonlocutions est arrivé à éclipser toutes les autres administrations publiques ; et la situation publique s’est élevée jusqu’à… mais vous n’avez qu’à voir ce qu’elle est.
Il est vrai que l’art de ne pas faire les choses semble la principale étude et la grande affaire de toutes nos administrations publiques et de tous les hommes d’État qui entourent le ministère des Circonlocutions. Il est vrai que chaque nouveau président du conseil et chaque nouveau gouvernement qui arrivent au pouvoir, parce qu’ils ont soutenu qu’on aurait dû faire telle ou telle chose, ne sont pas plus tôt au pouvoir, qu’ils s’appliquent avec une vigueur incroyable à trouver le meilleur moyen de ne pas la faire. Il est vrai que les élections sont à peine terminées, que tous ces députés qui viennent de se démener comme des possédés sur les "hustings", parce qu’on n’a pas fait telle ou telle chose, et qui ont sommé les amis de leur honorable adversaire de dire pourquoi on ne l’a pas faite, et qui ont affirmé qu’on doit la faire et qui se sont engagés à la faire faire ; il est vrai, dis-je, que chacun d’eux, une fois colloqué, se dépêche de rechercher les moyens de ne pas la faire. Il est vrai que les débats de la chambre des communes et de la chambre des lords, depuis le commencement jusqu’à la fin de chaque session, aboutissent invariablement à une discussion prolongée sur les moyens de ne pas la faire. Il est vrai qu’à l’ouverture de chacune de ces sessions, le discours du trône dit virtuellement : "Milords et Messieurs, vous avez une bonne dose de besogne à faire, et vous voudrez bien vous retirer chacun dans vos chambres respectives et disserter sur les meilleurs moyens de… ne pas la faire." Il est vrai qu’à la fin de chacune de ces sessions, le discours du trône dit virtuellement : "Milords et Messieurs, vous venez de passer plusieurs mois pénibles à rechercher avec beaucoup de loyauté et de patriotisme les moyens de ne rien faire, et vous avez réussi ; et, après avoir demandé la bénédiction du ciel pour la prochaine récolte (naturelle et non politique, ne pas confondre), je vous invite à retourner dans vos foyers." Tout cela est très vrai, j’en conviens, mais le ministère des Circonlocutions va beaucoup plus loin.
Car le ministère des Circonlocutions poursuit chaque jour sa morale mécanique, imprimant un mouvement perpétuel à ce tout-puissant rouage gouvernemental, grâce auquel on parvient à ne rien faire, à ne rien laisser faire. Car, dès qu’un fonctionnaire public est assez malavisé pour vouloir faire quelque chose et paraît, grâce à quelque accident incroyable, avoir la moindre chance d’y réussir, le ministère des Circonlocutions ne manque jamais de lui tomber dessus avec une note ou un rapport, ou une circulaire qui extermine du coup l’audacieux employé. C’est cet esprit d’aptitude universelle qui, petit à petit, a conduit le ministère des Circonlocutions à se mêler de tout. Mécaniciens, chimistes et physiciens, soldats, marins, pétitionnaires, auteurs de mémoires, gens ayant des griefs, gens voulant empêcher des griefs, redresseurs de torts, fripons, dupes, gens dont on refuse de récompenser le mérite, gens dont on refuse de punir l’incapacité ; tous sont enfouis pêle-mêle dans le ministère des Circonlocutions, sous des rames de papier tellière.
Une foule de gens se perdent dans le ministère des Circonlocutions. Des malheureux envers lesquels on a commis des injustices, ou qui arrivent chargés de projets pour le bien-être général (et ils feraient mieux de commencer par apporter des griefs tout faits, que d’employer cette recette britannique infaillible pour se créer de nouveaux sujets de plainte) ; qui, à force de temps et d’angoisses, ont traversé sains et saufs les autres administrations ; qui, d’après les règlements établis, ont été bousculés dans ce bureau-ci, éludés dans celui-là et évincés par cet autre, se voient enfin renvoyés au ministère des Circonlocutions pour ne plus reparaître jamais. Les commissions se rassemblent pour examiner la question, les secrétaires rédigent des minutes, les rapporteurs bredouillent, les ministres enregistrent, prennent des notes, paraphent, et on s’en tient là. En un mot, toutes les affaires du pays traversent le ministère des Circonlocutions, excepté celles qui n’en sortent jamais, et celles-là sont innombrables.
Parfois quelques esprits courroucés interpellent le ministre des Circonlocutions. Parfois des questions parlementaires, ou des motions ou des menaces de motions s’élèvent à ce sujet, émanées de démagogues assez vulgaires et assez ignorants pour soutenir que l’art de bien gouverner ne consiste pas à tout entraver. Alors quelque noble lord ou quelque très honorable gentleman, auquel est confié le soin de défendre le ministère des Circonlocutions, met dans sa poche une orange de discorde et transforme la chambre en un champ de bataille. Alors on le voit se lever en frappant la table d’une main indignée et combattre face à face l’honorable préopinant. Alors l’orateur ministériel se présente pour apprendre à l’honorable préopinant que l’administration des Circonlocutions, loin de mériter le plus léger blâme, est digne des plus grands éloges, et qu’on ne saurait lui en accorder assez ; que le ministère des Circonlocutions a toujours eu raison envers et contre tous, mais que jamais il n’a eu plus complétement raison qu’en cette occasion. Alors il affirme que l’honorable préopinant eût fait preuve de plus de goût, de plus de talent, de plus de raison, de plus de bons sens, de plus de… tous les lieux communs du dictionnaire… en laissant le ministère des Circonlocutions tranquille, et en n’ouvrant pas la bouche à ce sujet. Et enfin, l’œil fixé sur un souffleur diplomatique, appartenant au ministère des Circonlocutions et assis au-dessous de la barre de la chambre, il écrase l’honorable préopinant par le récit officiel de la manière dont les choses se sont passées. Il arrive toujours de deux choses l’une : ou bien le ministère n’a rien à dire pour sa défense et s’acquitte de cette tâche avec son habileté ordinaire, ou bien le noble orateur se trompe, pendant une moitié de son discours et oublie l’autre moitié ; mais cela n’empêche pas une majorité accommodante d’approuver la conduite du ministère des Circonlocutions.
Cette administration a fini par devenir une si admirable pépinière d’hommes d’État, que plusieurs lords, aux allures roides et imposantes, passent pour des prodiges surhumains dans la pratique des affaires, rien que pour avoir dirigé pendant quelque temps le ministère des Circonlocutions et s’y être exercés dans l’art de mettre partout et toujours des bâtons dans les roues. Quant aux prêtres et aux initiés inférieurs de ce temple politique, ledit système a eu pour résultat de les diviser en deux camps, jusqu’au dernier des garçons de bureau ; les uns regardent le ministère des Circonlocutions comme une institution divine qui a le droit absolu de tout entraver, tandis que les autres, affichant une incrédulité complète, le considèrent comme un abus flagrant.
Les Mollusques aident depuis longtemps à administrer le ministère des Circonlocutions, La branche Tenace Mollusque croit même avoir des droits acquis à tous les emplois de ce ministère, et elle se fâche tout rouge si quelque autre lignée fait mine de vouloir s’y installer. C’est une famille très distinguée que celle des Mollusques, et une famille très prolifique. Ses membres sont dispersés dans tous les bureaux publics et remplissent toutes sortes d’emplois officiels. Ou bien le pays est écrasé sous le poids des services rendus par les Mollusques, ou bien les Mollusques sont écrasés sous les bienfaits du pays ; on n’est pas tout à fait d’accord sur ce point. Les Mollusques ont leur opinion, le pays a la sienne.
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Son imagination se représentait toujours la maison maternelle colère, mystérieuse et triste, et son imagination était assez profondément émue pour prêter à tout le voisinage un peu de cette ombre sinistre. Tandis qu’il s’avançait donc par une triste soirée, les rues mal éclairées qu’il traversait lui paraissaient accablées sous le poids de quelques lourds secrets. Les comptoirs de commerce déserts, avec leur secret grimoire de registres et de papiers dans des coffres-forts ; les maisons de banque avec leurs caisses secrètes bardées de fer et leurs caveaux secrets, dont la clef se trouvait dans un petit nombre de poches secrètes et dans quelques poitrines non moins secrètes ; les secrets de tous les travailleurs dispersés de ce vaste chantier commercial (parmi lesquels il y avait sans doute des voleurs, des faussaires et des abus de confiance de toute espèce), que l’aube du lendemain pouvait mettre au jour ; il y avait là bien assez de secrets pour se figurer que l’atmosphère en était surchargée. Mais ce n’était pas tout. Les ombres devenaient de plus en plus épaisses à mesure qu’il se rapprochait de leur source, il songeait aux secrets enfermés sous les voûtes du cimetière isolé, où ceux qui avaient entassé leurs richesses secrètes dans des coffres-forts étaient eux-mêmes entassés à leur tour, sans cesser pour cela de faire du mal, puisqu’ils contribuaient à empester l’air environnant ; puis aux secrets que la rivière roulait dans son onde boueuse, entre deux déserts peuplés de secrets le long de ses rives, pendant bien des lieues, tenant à distance l’air pur de la campagne traversé par les vents et l’aile des oiseaux.
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- Pardon ; mais comment obtiendrai-je cette première indication ?
- Ma foi, vous… vous le demanderez jusqu’à ce qu’on vous réponde. Lorsqu’on vous aura répondu, vous adresserez une lettre à ce bureau (d’après le modèle que vous tâcherez de vous faire indiquer) pour obtenir la permission d’envoyer une requête au secrétariat. Il sera pris acte de votre demande dans ce bureau, qui devra la renvoyer pour être enregistrée au secrétariat, qui devra la transmettre à un autre bureau qui, après l’avoir apostillée, devra la renvoyer pour être contre-signée par un autre bureau, et alors votre demande se trouvera régularisée. Vous saurez la marche qu’aura suivie votre requête en demandant à chaque bureau jusqu’à ce qu’on vous réponde.
Arthur Clennam ne put s’empêcher de remarquer que c’était un drôle de moyen d’avancer les affaires.
Cette observation amusa beaucoup le gracieux petit Mollusque, qui ne pouvait pas se figurer qu’on fût assez naïf pour conserver le moindre doute à cet égard. Cet actif petit Mollusque savait fort bien qu’on aurait dû suivre une tout autre marche. Ce léger petit Mollusque avait étudié l’engrenage des Circonlocutions en qualité de secrétaire particulier, afin d’être préparé à sauter sur le premier emploi lucratif qui pourrait se présenter, et il comprenait parfaitement que ce ministère était une jonglerie politico-diplomatique, qui avait pour but d’aider les bureaucrates à tenir le vulgaire à distance. Bref, cet élégant petit Mollusque ne pouvait manquer de devenir un homme d’État et de se distinguer dans cette carrière.
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Il n’est guère de jour où le passant ne rencontre, dans les rues encombrées de notre métropole, un de ces vieillards ridés, maigres et jaunes, qu’on pourrait croire tombés des nues, si les nues ne se respectaient pas trop pour exporter de tels produits, qui se traînent à pas lents et d’un air effaré, comme troublés et effrayés par le bruit et le remue-ménage de la rue. Ce vieillard-là, quand on en rencontre un, est toujours un petit vieillard. Il a pu, jadis, être un grand vieillard, mais il s’est rétréci et transformé en petit vieillard ; si, par hasard, il était déjà d’avance petit, il est devenu plus petit encore. Son habit est d’une couleur et d’une coupe qui n’ont jamais été de mode à aucune époque, dans aucun pays.
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Le célèbre M. Merdle devenait chaque jour de plus en plus célèbre. Personne ne pouvait affirmer que ce fameux Merdle eût jamais fait le moindre bien à un de ses semblables, vivant ou mort. Personne ne pouvait affirmer qu’il possédât la moindre faculté d’émettre, au profit de qui que ce fût, le plus petit rayon de lumière pour l’éclairer sur la route du devoir ou du plaisir, de la douleur ou de la joie, du travail ou des délassements, de la réalité ou de l’imagination, en un mot sur aucun des innombrables sentiers de ce dédale que foulent aux pieds les fils d’Adam. Personne n’avait le moindre motif de supposer que l’argile dont était pétri ce moderne veau d’or ne fût pas l’argile la plus grossière du monde, éclairée par la mèche la plus fameuse qui ait jamais empêché une lampe humaine de s’éteindre. Mais on savait (ou l’on croyait savoir) qu’il avait amassé d’immenses richesses ; et il n’en fallait pas davantage pour se prosterner à ses pieds avec une servilité plus dégradante et moins exécrable que celle du sauvage abruti qui sort à quatre pattes de son trou pour offrir un sacrifice propitiatoire à la divinité que son âme ignorante adore sous la forme d’une bûche ou d’un reptile.
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