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Citations sur La petite Dorrit - Un conte de deux villes (16)

La Crème de l’Épiscopat fit son entrée d’un air modeste mais d’un pas ferme et rapide, comme s’il prenait ses bottes de sept lieues afin de faire le tour du monde, pour aller s’assurer que la statistique universelle de l’état des âmes ne présentait que des résultats satisfaisants.
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Il avait un faux air de bel homme, qu’il n’était pas, et un faux air d’homme bien élevé, qu’il n’était pas non plus. Tout cela n’était que jactance impudente ; mais dans ce cas, comme dans bien d’autres, il y a la moitié du monde qui prend volontiers une assurance fanfaronne pour argent comptant.
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Il n’est guère de jour où le passant ne rencontre, dans les rues encombrées de notre métropole, un de ces vieillards ridés, maigres et jaunes, qu’on pourrait croire tombés des nues, si les nues ne se respectaient pas trop pour exporter de tels produits, qui se traînent à pas lents et d’un air effaré, comme troublés et effrayés par le bruit et le remue-ménage de la rue. Ce vieillard-là, quand on en rencontre un, est toujours un petit vieillard. Il a pu, jadis, être un grand vieillard, mais il s’est rétréci et transformé en petit vieillard ; si, par hasard, il était déjà d’avance petit, il est devenu plus petit encore. Son habit est d’une couleur et d’une coupe qui n’ont jamais été de mode à aucune époque, dans aucun pays.
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Arthur entreprit donc la tâche longue et ingrate d’obtenir quelque chose du ministère des Circonlocutions.
Bientôt on ne vit plus que lui dans les antichambres de ce ministère, où les garçons de bureau le recevaient presque toujours comme un filou dans le greffe d’un commissaire de police ; la principale différence qu’il y avait entre ce magistrat et les employés du ministère, c’est que l’un tenait à garder le filou, tandis que les autres faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour se débarrasser de Clennam.
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Tout y sentait la prison. L’atmosphère emprisonnée, le jour emprisonné, l’humidité emprisonnée, les hommes emprisonnés ; tout enfin était détérioré par la captivité. De même que les prisonniers semblaient flétris et hagards, de même le fer était rouillé, les pierres étaient visqueuses, le bois pourri, l’air raréfié et le jour incertain. Pareille à un puits, à un caveau, à une tombe, la prison ne se doutait seulement pas de l’éclat extérieur ; au milieu même d’une des îles à épices de l’océan Indien, elle aurait conservé intacte son atmosphère corrompue.
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Son imagination se représentait toujours la maison maternelle colère, mystérieuse et triste, et son imagination était assez profondément émue pour prêter à tout le voisinage un peu de cette ombre sinistre. Tandis qu’il s’avançait donc par une triste soirée, les rues mal éclairées qu’il traversait lui paraissaient accablées sous le poids de quelques lourds secrets. Les comptoirs de commerce déserts, avec leur secret grimoire de registres et de papiers dans des coffres-forts ; les maisons de banque avec leurs caisses secrètes bardées de fer et leurs caveaux secrets, dont la clef se trouvait dans un petit nombre de poches secrètes et dans quelques poitrines non moins secrètes ; les secrets de tous les travailleurs dispersés de ce vaste chantier commercial (parmi lesquels il y avait sans doute des voleurs, des faussaires et des abus de confiance de toute espèce), que l’aube du lendemain pouvait mettre au jour ; il y avait là bien assez de secrets pour se figurer que l’atmosphère en était surchargée. Mais ce n’était pas tout. Les ombres devenaient de plus en plus épaisses à mesure qu’il se rapprochait de leur source, il songeait aux secrets enfermés sous les voûtes du cimetière isolé, où ceux qui avaient entassé leurs richesses secrètes dans des coffres-forts étaient eux-mêmes entassés à leur tour, sans cesser pour cela de faire du mal, puisqu’ils contribuaient à empester l’air environnant ; puis aux secrets que la rivière roulait dans son onde boueuse, entre deux déserts peuplés de secrets le long de ses rives, pendant bien des lieues, tenant à distance l’air pur de la campagne traversé par les vents et l’aile des oiseaux.
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- Pardon ; mais comment obtiendrai-je cette première indication ?
- Ma foi, vous… vous le demanderez jusqu’à ce qu’on vous réponde. Lorsqu’on vous aura répondu, vous adresserez une lettre à ce bureau (d’après le modèle que vous tâcherez de vous faire indiquer) pour obtenir la permission d’envoyer une requête au secrétariat. Il sera pris acte de votre demande dans ce bureau, qui devra la renvoyer pour être enregistrée au secrétariat, qui devra la transmettre à un autre bureau qui, après l’avoir apostillée, devra la renvoyer pour être contre-signée par un autre bureau, et alors votre demande se trouvera régularisée. Vous saurez la marche qu’aura suivie votre requête en demandant à chaque bureau jusqu’à ce qu’on vous réponde.
Arthur Clennam ne put s’empêcher de remarquer que c’était un drôle de moyen d’avancer les affaires.
Cette observation amusa beaucoup le gracieux petit Mollusque, qui ne pouvait pas se figurer qu’on fût assez naïf pour conserver le moindre doute à cet égard. Cet actif petit Mollusque savait fort bien qu’on aurait dû suivre une tout autre marche. Ce léger petit Mollusque avait étudié l’engrenage des Circonlocutions en qualité de secrétaire particulier, afin d’être préparé à sauter sur le premier emploi lucratif qui pourrait se présenter, et il comprenait parfaitement que ce ministère était une jonglerie politico-diplomatique, qui avait pour but d’aider les bureaucrates à tenir le vulgaire à distance. Bref, cet élégant petit Mollusque ne pouvait manquer de devenir un homme d’État et de se distinguer dans cette carrière.
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Le célèbre M. Merdle devenait chaque jour de plus en plus célèbre. Personne ne pouvait affirmer que ce fameux Merdle eût jamais fait le moindre bien à un de ses semblables, vivant ou mort. Personne ne pouvait affirmer qu’il possédât la moindre faculté d’émettre, au profit de qui que ce fût, le plus petit rayon de lumière pour l’éclairer sur la route du devoir ou du plaisir, de la douleur ou de la joie, du travail ou des délassements, de la réalité ou de l’imagination, en un mot sur aucun des innombrables sentiers de ce dédale que foulent aux pieds les fils d’Adam. Personne n’avait le moindre motif de supposer que l’argile dont était pétri ce moderne veau d’or ne fût pas l’argile la plus grossière du monde, éclairée par la mèche la plus fameuse qui ait jamais empêché une lampe humaine de s’éteindre. Mais on savait (ou l’on croyait savoir) qu’il avait amassé d’immenses richesses ; et il n’en fallait pas davantage pour se prosterner à ses pieds avec une servilité plus dégradante et moins exécrable que celle du sauvage abruti qui sort à quatre pattes de son trou pour offrir un sacrifice propitiatoire à la divinité que son âme ignorante adore sous la forme d’une bûche ou d’un reptile.
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Nous n’apprendrons rien à personne en disant que le ministère des Circonlocutions est le plus important des ministères. Tout le monde sait cela. Nulle affaire publique, de quelque nature qu’elle soit, ne peut, sous aucun prétexte, faire un pas sans le consentement du ministère des Circonlocutions. Il faut toujours qu’il mette la main à la pâte dans les affaires publiques, soit qu’il s’agisse d’une énorme brioche ou d’un petit gâteau. Il est également impossible de faire l’acte le plus légal ou de redresser le tort le plus évident sans la permission expresse du ministère des Circonlocutions. Si on découvre jamais une seconde conspiration des poudres, trente minutes avant l’heure fixée pour mettre le feu à la mèche, personne ne se croira autorisé à empêcher le parlement de sauter, avant que le ministère des Circonlocutions ait nommé une vingtaine de commissions, expédié un boisseau de notes, plusieurs sacs de rapports officiels, et une correspondance peu grammaticale, mais assez volumineuse pour remplir un tombeau de famille.
Cette glorieuse administration a commencé à fonctionner dès que l’unique et sublime principe qui renferme, pour ainsi dire, tout l’art de gouverner un peuple, a été clairement révélé aux hommes d’État. Elle a été la première à étudier cette brillante révélation et à en appliquer la salutaire influence à tout l’engrenage des procédés officiels. S’agit-il de faire quelque chose, le ministère des Circonlocutions l’emporte sur toutes les administrations publiques dans l’art de reconnaître comment il faut s’y prendre… pour ne pas la faire.
Grâce à sa délicate intuition, grâce au tact avec lequel il met cette intuition à profit, grâce au génie qu’il déploie dans la pratique, le ministère des Circonlocutions est arrivé à éclipser toutes les autres administrations publiques ; et la situation publique s’est élevée jusqu’à… mais vous n’avez qu’à voir ce qu’elle est.
Il est vrai que l’art de ne pas faire les choses semble la principale étude et la grande affaire de toutes nos administrations publiques et de tous les hommes d’État qui entourent le ministère des Circonlocutions. Il est vrai que chaque nouveau président du conseil et chaque nouveau gouvernement qui arrivent au pouvoir, parce qu’ils ont soutenu qu’on aurait dû faire telle ou telle chose, ne sont pas plus tôt au pouvoir, qu’ils s’appliquent avec une vigueur incroyable à trouver le meilleur moyen de ne pas la faire. Il est vrai que les élections sont à peine terminées, que tous ces députés qui viennent de se démener comme des possédés sur les "hustings", parce qu’on n’a pas fait telle ou telle chose, et qui ont sommé les amis de leur honorable adversaire de dire pourquoi on ne l’a pas faite, et qui ont affirmé qu’on doit la faire et qui se sont engagés à la faire faire ; il est vrai, dis-je, que chacun d’eux, une fois colloqué, se dépêche de rechercher les moyens de ne pas la faire. Il est vrai que les débats de la chambre des communes et de la chambre des lords, depuis le commencement jusqu’à la fin de chaque session, aboutissent invariablement à une discussion prolongée sur les moyens de ne pas la faire. Il est vrai qu’à l’ouverture de chacune de ces sessions, le discours du trône dit virtuellement : "Milords et Messieurs, vous avez une bonne dose de besogne à faire, et vous voudrez bien vous retirer chacun dans vos chambres respectives et disserter sur les meilleurs moyens de… ne pas la faire." Il est vrai qu’à la fin de chacune de ces sessions, le discours du trône dit virtuellement : "Milords et Messieurs, vous venez de passer plusieurs mois pénibles à rechercher avec beaucoup de loyauté et de patriotisme les moyens de ne rien faire, et vous avez réussi ; et, après avoir demandé la bénédiction du ciel pour la prochaine récolte (naturelle et non politique, ne pas confondre), je vous invite à retourner dans vos foyers." Tout cela est très vrai, j’en conviens, mais le ministère des Circonlocutions va beaucoup plus loin.
Car le ministère des Circonlocutions poursuit chaque jour sa morale mécanique, imprimant un mouvement perpétuel à ce tout-puissant rouage gouvernemental, grâce auquel on parvient à ne rien faire, à ne rien laisser faire. Car, dès qu’un fonctionnaire public est assez malavisé pour vouloir faire quelque chose et paraît, grâce à quelque accident incroyable, avoir la moindre chance d’y réussir, le ministère des Circonlocutions ne manque jamais de lui tomber dessus avec une note ou un rapport, ou une circulaire qui extermine du coup l’audacieux employé. C’est cet esprit d’aptitude universelle qui, petit à petit, a conduit le ministère des Circonlocutions à se mêler de tout. Mécaniciens, chimistes et physiciens, soldats, marins, pétitionnaires, auteurs de mémoires, gens ayant des griefs, gens voulant empêcher des griefs, redresseurs de torts, fripons, dupes, gens dont on refuse de récompenser le mérite, gens dont on refuse de punir l’incapacité ; tous sont enfouis pêle-mêle dans le ministère des Circonlocutions, sous des rames de papier tellière.
Une foule de gens se perdent dans le ministère des Circonlocutions. Des malheureux envers lesquels on a commis des injustices, ou qui arrivent chargés de projets pour le bien-être général (et ils feraient mieux de commencer par apporter des griefs tout faits, que d’employer cette recette britannique infaillible pour se créer de nouveaux sujets de plainte) ; qui, à force de temps et d’angoisses, ont traversé sains et saufs les autres administrations ; qui, d’après les règlements établis, ont été bousculés dans ce bureau-ci, éludés dans celui-là et évincés par cet autre, se voient enfin renvoyés au ministère des Circonlocutions pour ne plus reparaître jamais. Les commissions se rassemblent pour examiner la question, les secrétaires rédigent des minutes, les rapporteurs bredouillent, les ministres enregistrent, prennent des notes, paraphent, et on s’en tient là. En un mot, toutes les affaires du pays traversent le ministère des Circonlocutions, excepté celles qui n’en sortent jamais, et celles-là sont innombrables.
Parfois quelques esprits courroucés interpellent le ministre des Circonlocutions. Parfois des questions parlementaires, ou des motions ou des menaces de motions s’élèvent à ce sujet, émanées de démagogues assez vulgaires et assez ignorants pour soutenir que l’art de bien gouverner ne consiste pas à tout entraver. Alors quelque noble lord ou quelque très honorable gentleman, auquel est confié le soin de défendre le ministère des Circonlocutions, met dans sa poche une orange de discorde et transforme la chambre en un champ de bataille. Alors on le voit se lever en frappant la table d’une main indignée et combattre face à face l’honorable préopinant. Alors l’orateur ministériel se présente pour apprendre à l’honorable préopinant que l’administration des Circonlocutions, loin de mériter le plus léger blâme, est digne des plus grands éloges, et qu’on ne saurait lui en accorder assez ; que le ministère des Circonlocutions a toujours eu raison envers et contre tous, mais que jamais il n’a eu plus complétement raison qu’en cette occasion. Alors il affirme que l’honorable préopinant eût fait preuve de plus de goût, de plus de talent, de plus de raison, de plus de bons sens, de plus de… tous les lieux communs du dictionnaire… en laissant le ministère des Circonlocutions tranquille, et en n’ouvrant pas la bouche à ce sujet. Et enfin, l’œil fixé sur un souffleur diplomatique, appartenant au ministère des Circonlocutions et assis au-dessous de la barre de la chambre, il écrase l’honorable préopinant par le récit officiel de la manière dont les choses se sont passées. Il arrive toujours de deux choses l’une : ou bien le ministère n’a rien à dire pour sa défense et s’acquitte de cette tâche avec son habileté ordinaire, ou bien le noble orateur se trompe, pendant une moitié de son discours et oublie l’autre moitié ; mais cela n’empêche pas une majorité accommodante d’approuver la conduite du ministère des Circonlocutions.
Cette administration a fini par devenir une si admirable pépinière d’hommes d’État, que plusieurs lords, aux allures roides et imposantes, passent pour des prodiges surhumains dans la pratique des affaires, rien que pour avoir dirigé pendant quelque temps le ministère des Circonlocutions et s’y être exercés dans l’art de mettre partout et toujours des bâtons dans les roues. Quant aux prêtres et aux initiés inférieurs de ce temple politique, ledit système a eu pour résultat de les diviser en deux camps, jusqu’au dernier des garçons de bureau ; les uns regardent le ministère des Circonlocutions comme une institution divine qui a le droit absolu de tout entraver, tandis que les autres, affichant une incrédulité complète, le considèrent comme un abus flagrant.
Les Mollusques aident depuis longtemps à administrer le ministère des Circonlocutions, La branche Tenace Mollusque croit même avoir des droits acquis à tous les emplois de ce ministère, et elle se fâche tout rouge si quelque autre lignée fait mine de vouloir s’y installer. C’est une famille très distinguée que celle des Mollusques, et une famille très prolifique. Ses membres sont dispersés dans tous les bureaux publics et remplissent toutes sortes d’emplois officiels. Ou bien le pays est écrasé sous le poids des services rendus par les Mollusques, ou bien les Mollusques sont écrasés sous les bienfaits du pays ; on n’est pas tout à fait d’accord sur ce point. Les Mollusques ont leur opinion, le pays a la sienne.
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Ils montèrent d’étage en étage, à travers l’odeur croupie d’une vieille maison mal ventilée et à moitié inhabitée, pour s’arrêter dans une chambre à coucher en mansarde, aussi triste et nue que toutes les autres ; elle paraissait encore plus laide et plus lugubre, grâce aux meubles de rebut dont elle était le lieu d’exil. Son mobilier se composait d’abominables vieilles chaises avec des fonds usés, d’autres vilaines vieilles chaises sans fonds, d’un tapis dont le dessin effacé montrait la corde, d’une table invalide, d’une commode démantibulée, d’une garniture de foyer si amincie qu’on aurait dit des squelettes de pelles et de pincettes défuntes, d’un lavabo qui avait tout l’air d’avoir été exposé pendant des siècles à une sale averse d’eau de savon, et d’un lit sans rideaux, dont les quatre maigres colonnes, terminées en pointes, semblaient se dresser là dans le but sinistre de rendre service aux locataires qui aimeraient mieux s’empaler que de dormir dans une pareille chambre.
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