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Critique de Fauvine


Ce roman est le dernier de Charles Dickens, laissé inachevé puisque l'auteur est mort avant de pouvoir le terminer. À la suite de quoi plusieurs écrivains ont tenté de trouver le fin mot de l' « énigme » et d'imaginer ce qu'aurait pu être la suite, donnant ainsi naissance à la « littérature droodienne » comme l'indique le préfacier. Ici, Paul Kinnet propose une fin selon ce qui lui paraît le plus probable. Mais par pitié, ne lisez pas cette préface avant le roman (heureusement que j'ai eu l'intuition de ne pas le faire!) car tout le roman est résumé dans cette dernière ! Quelle débilité que ces préfaces qui nous font un résumé complet des romans avant leur lecture sous prétexte que ce sont des classiques ! Ils n'ont qu'à écrire des postfaces !
Alors que dire sur ce roman ? Je m'attendais à un roman policier, et j'y ai trouvé tout autre chose, en vérité. le préfacier indique d'ailleurs que c'était alors la mode des romans « à sensation », que l'on n'appelait pas encore « romans policiers ». Mais perso, je me dis que si on ne les appelait pas ainsi, c'était peut-être à juste titre… parce qu'ils n'en étaient pas vraiment. Pour moi, ce roman donne bien des « sensations », quelques frissons (et je ne doute pas qu'il en ait donné encore bien plus à l'époque où il n'existait pas encore toute la littérature horrifique ni les romans particulièrement noirs d'aujourd'hui). Mais quant au suspense, comment dire ? Je ne trouve pas qu'il y en ait vraiment. Et je n'ai pas l'impression que c'est ce que Charles Dickens cherchait non plus. En effet, très vite, une sorte de connivence s'établit entre le narrateur et le lecteur, le narrateur ne cherche pas à déjouer ses prévisions mais lui donne au contraire des indices, distille de petits commentaires éloquents sur l'attitude éminemment louche d'un certain personnage. le « mystère » repose plus sur la question « Edwin Drood est-t-il vraiment mort ? » que sur l'identité du coupable l'ayant tué ou ayant tenté de le faire !
Je n'y ai donc pas trouvé le suspense attendu, toutefois ce roman n'en est pas « raté » pour autant, loin de là. En lisant, je me suis dit à plusieurs reprises, moi qui n'avais pas lu de roman de Dickens depuis mon adolescence, « mais quel maître dans l'art de composer un personnage, de le rendre si réel ! Dans l'art d'observer et de savoir saisir les moindres nuances de la personnalité des gens et de savoir les croquer avec autant de vérité ! » Car vraiment, dans ses personnages, on reconnaît tellement bien certaines personnes, c'est si bien transcrit ! S'il avait été humoriste à notre époque, Dickens aurait pu faire un one man show avec tous ces protagonistes, s'il avait joué aussi bien qu'il écrit, il aurait pu les faire vivre sur scène en nous faisant rire aux éclats ! Son récit est en effet drôle, très souvent. Et parfois sa critique acerbe, sous un humour à l'ironie acérée. le personnage du philanthrope par exemple, qui donne des leçons à tout le monde, se lance sans cesse dans des polémiques contre les pensées qu'il prête aux autres et qu'ils n'ont jamais eues, qui fait des procès d'intention à chacun, déforme leurs propos, qui se voit comme un pourfendeur de l'intolérance et de la violence tout en étant lui-même le type le plus intolérant et violent qui soit, ou le personnage de Mme Billikin, qui met tous les professeurs dans le même sac parce qu'elle en a eu de mauvais... quelle peinture de certaines personnes, quelle que soit l'époque…
Malgré cela, j'ai aussi trouvé certaines longueurs dans le roman sans quoi il m'aurait plu beaucoup plus. Et une partie de la fin ne me paraît pas crédible. C'est pourquoi, avec le manque de suspense, je ne mets « que » 3,5.
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