AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 167 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Charles Dickens utilise le conte et la satire pour évoquer les problèmes que pose le début de la révolution industrielle au XIXe siècle. L'action se déroule à Coketown (la ville du charbon) qui n'est autre que Manchester.

Ce roman me semble moins connu que les autres oeuvres de Dickens comme David Copperfield, Oliver Twist, de Grandes espérances ou Un chant de Noël mais il pose des questions essentielles, en résonance avec notre époque, à travers l'histoire de personnages dont le nom est choisi avec humour : M. Bounderby (plastronneur), Mrs Sparsit (avarice) ou encore M. Gradgrind (moudre), pour faire rire et réfléchir à la fois.

Josiah Bounderby est un riche industriel qui prétend être parti de rien et avoir construit son empire seul, à la force du poignet qui l'a sorti du ruisseau où une mère indigne l'avait abandonné.

M. Gradgrind tient une école où il forme les élèves à avoir l'esprit pratique, à ne se soucier que des « FAITS », à être rationnels et à bannir l'imagination et les distractions qui vont avec.

Ses enfants, Louisa et Tom, sont élevés ainsi, suivant les doctrines utilitaristes et matérialistes car M. Gradgrind est persuadé que ce choix les rendra heureux. Aussi les punit-il quand il les surprend en train de regarder en cachette un cirque itinérant. Qui les a pervertis ?

Sissy, la fille d'un de ces saltimbanques. Son père vient de l'abandonner. Il ne réussissait plus aucun de ses numéros. Sissy croit qu'il l'aimait, voulait son bonheur et ne voulait pas l'entraîner dans sa chute. Thomas Gradgrind va se charger de son éducation et Sissy accepte, pensant que son père désirait un avenir meilleur pour sa fille.

Qui sera heureux, malheureux ? le pragmatisme et la raison mènent-ils forcément à réussir sa vie et donc au bonheur ? Épouser un homme qu'on n'aime pas parce que c'est un bon parti, qu'on n'a reçu aucune autre demande et qu'il peut placer ton frère à la banque est un choix logique, raisonnable. Est-ce pour autant le chemin de la réussite de son mariage et du bonheur ? Un emploi à la Banque, dans les affaires, la statistique et les chiffres, est-ce forcément l'accomplissement d'une vie ?

Je trouve qu'il y a beaucoup de modernité dans cette oeuvre de Dickens et des questions qui sont encore valables aujourd'hui sur l'idéologie et le sectarisme. le pragmatisme et la raison sont un système de pensée. M. Gradgrind a construit toute son existence et l'éducation de ses enfants sur ce système. Il ne voulait pas faire le malheur de Louisa et Tom. Sissy aura-t-elle un meilleur destin ?

J'ai apprécié passer quelque temps en leur compagnie. Leur histoire m'a émue et fait réfléchir. Ce roman est, pour moi, d'une grande profondeur dans les questions qu'il amène le lecteur à se poser, notamment celle de la place de la liberté à travers le personnage, entre autres, de Stephen Blackpool, un ouvrier accusé de vol qui paie cher son insoumission puisqu'il est obligé de fuir et est en butte à l'hostilité à la fois des patrons et des ouvriers, après avoir refusé de participer à leur syndicat.
Commenter  J’apprécie          793
La vie n'est guère amusante dans l'Angleterre de la Révolution industrielle.
D'un côté, le monde ouvrier est représenté par Stephen Blackpool et Rachael, que leur honnêteté et leur courage au travail ne sauveront pas d'une existence d'infortunes, illuminée seulement par la conscience de leur amour réciproque - mais impossible. Marié à une grande alcoolique, écarté de son usine pour avoir refusé de rejoindre le mouvement syndicat, accusé d'un vol à la Banque, il ne connaîtra jamais le bonheur avec la femme qu'il aime.
De l'autre côté, le monde bourgeois ne se porte pas mieux. Louisa et Thomas, éduqués dans le système prétendu infaillible de leur père, exclusivement basé sur les faits et méprisant les sentiments, ne seront eux non plus jamais heureux. Désespoir pour l'une, déshonneur pour l'autre, aucun d'eux ne s'en tirera comme l"aurait souhaité leur père.

Si ce roman laisse la sensation que tout le monde finit malheureux, il n'en reste pas moins extrêmement intéressant. Avec une pointe d'humour et d'ironie, Charles Dickens met en scène les conflits sociaux du XIXème siècle d'une main de maître.
Mention spéciale pour l'équipe Josiah Bounderby de Coketown, le prétendu self-made man, et Mrs Sparsit, qui est assurément d'une bouffonnerie extraordinaire.
La lecture en version originale a été rendue ardue par l'emploi fréquent de l'anglais populaire ancien là où cela était opportun. Cela reste néanmoins faisable et je ne doute pas que la version française soit très agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          200
Voici un roman assez court de Dickens mais fortement engagé. Plein d'ironie, d'humour et de sarcasme, l'auteur va dénoncer les conditions sociales de la classe ouvrière. Ses critiques, bien qu'ils datent du XIXème siècle, sont toujours d'actualité dans certaines parties du globe. Il montre du doigt les conditions de travail innommables, l'exploitation des masses, la pollution qui gangrène la santé des travailleurs et qui s'insinue dans l'atmosphère quotidienne de la ville.
Charles Dickens fait également une sévère critique des classes sociales notamment de la bourgeoisie. Il les reproche leur mépris des classes ouvrières ainsi que leur crainte des soulèvements. Il se moque de leur attachement excessif à leurs biens.
Enfin, l'auteur s'attaque au système éducatif positiviste, mode et dada de l'époque. Il démontre les conséquences néfastes de cette éducation matérialiste, froide et dénuée de sentiments sur l'avenir des enfants. Soit ils deviennent de fieffés égoïstes, uniquement tournés vers la satisfaction immédiate de leurs besoins au détriment des autres ; soit ce sont des personnes froides, distantes et renfermées comme Louise.
Comme tous ses romans, il y a une abondance de personnages mais ils sont moins attachants que dans ces autres ouvrages, peut-être parce que le livre est trop court pour leur donner de l'ampleur. Je vais faire court : les gentils le sont depuis le début jusqu'à la fin, et les méchants, ils deviennent encore pire à la fin du roman. La personnalité la plus intéressante est celle de Cecile Jupe, mais dommage, elle n'intervient que sporadiquement.
Son ton est incisif, tranchant et sarcastique. le style d'écriture est riche et dynamique, avec le brin de pathos et de moral qui le caractérise vers la fin du récit. Ça fait longtemps que je n'ai pas lu Dickens et ça fait du bien de se replonger dans un classique ! To be read ? Of course !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
Commenter  J’apprécie          110
J'aime Dickens. Voilà.
Lire Dickens fait de son lecteur un meilleur humain.
Et je crois que si le monde avait lu un peu plus ou réellement Dickens, on n'en serait pas là. On serait là, en mieux, en plus lucide, en plus ouvert, en plus gentil, sans mièvrerie, sans ridicule, sans faux-semblants...
Ce livre-ci n'est pas le plus touchant, n'est pas le plus drôle, n'est pas le plus lourd-fort que j'ai lu de cet auteur, mais -il est comme il est- si simple, si juste.
Lisez Dickens.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce roman très engagé, mais aussi profondément émouvant (de mon point de vue, en tout cas), Charles Dickens dénonce, au-delà des conditions de vie des ouvriers des premières filatures mécanisées du Nord de l'Angleterre, la révolution industrielle dans son ensemble. Ce processus historique ne s'est pas contenté de modifier les paysages, les échelles et les manières de vivre, de penser et de produire, il leur en a tout simplement substitué d'autres, sans ressemblances ni communes mesures avec les paysages, les échelles et les manières de vivre, de penser et de produire de l'âge agraire et artisanal qui précéda. En cela, la révolution industrielle fut un véritable changement de civilisation. Un changement de civilisation d'une brutalité telle que le ciel adopta une autre couleur, que la terre n'eut plus la même consistance ni le même relief, que l'un et l'autre ne se rejoignirent plus sur la même ligne qu'auparavant, que l'air changea d'odeur et de densité et qu'hommes et femmes, déboussolés, éprouvèrent les plus grandes difficultés à s'adapter au monde furieusement utilitariste, follement matérialiste, hideusement défiguré, qu'ils avaient créé. En cela, Temps difficiles compte assurément parmi les tous premiers romans à décrire l'Anthropocène.
Ces prolétaires et ces bourgeois qui virent le jour en l'espace d'une poignée d'années furent tous des individus projetés dans l'inconnu à la vitesse de cailloux que l'on jette. Ils ne retombèrent bien sûr pas tous au même endroit mais, quel que fut leur point de chute, tous furent contraints de concevoir des façons inédites de vivre ou de survivre dans ce monde nouveau, tous durent se réinventer en tant qu'êtres humains dans cette société vouée au machinisme, au mouvement perpétuel et à la rentabilité, tous durent trouver des justifications ou des explications à leurs existences de riches ou de pauvres. Ce sont les histoires de quelques-uns de ces hommes et de ces femmes que Dickens nous conte dans ce sombre roman social qui, au-delà de son ironie mordante et de sa virulente critique d'une bourgeoisie avide, méprisante et sûre de son bon droit (mais aussi d'une classe ouvrière trop crédule et influençable), est également une plaidoirie en faveur de l'imagination et de la fantaisie.

Il semblerait que Temps difficiles ait fait l'objet, pour diverses raisons, de nombreuses critiques négatives, que ce soit à l'époque de sa publication ou plus récemment. Il est vrai qu'il est profondément différent des grands romans précédents de l'auteur, ne serait-ce que parce qu'il est ou paraît plus austère, plus désespéré, et qu'on n'y trouve pas autant de personnages truculents que d'habitude, mais je l'ai adoré. D'autant plus adoré qu'il se pourrait que les questions qu'il pose sur la soif de pouvoir, le goût du lucre, l'aliénation économique ou l'éducation n'aient rien perdu de leur pertinence depuis l'année 1854.
Commenter  J’apprécie          40
Pour Dickens, et d'une manière généralement admise aujourd'hui après les efforts déployés par Françoise Dolto, tout se joue dans l'enfance. Ses héros, Oliver Twist, David Copperfield ou Nicolas Nickleby, devenus de véritables connaissances au fil de leurs pérégrinations, en sont la preuve par quatre.
Dans les Temps Difficiles, l'auteur s'arrête moins sur des gamins difficiles ou maltraités que sur cette part d'enfance que chacun porte en soi.
La part d'imagination, de fantaisie qui est l'apanage de la jeunesse et que certains, trop nombreux pour ne pas dire quasiment tous, perdent avec l'accumulation des années, des responsabilités, une respectabilité…
(Ce ne sont pas les vieux que je n'aime pas mais ce qui les fait vieillir).
Thomas Gradgrind est un homme cartésien. L'incarnation humaine des faits et des chiffres. Pas de place pour les sentiments ou autres fredaines trop originales pour son esprit aussi sec et implacable qu'une table de multiplication. Mr Gradgrind a trois enfants (pourquoi trois d'ailleurs puisque la puinée est quasiment inexistante dans le roman?) et on va assister aux résultats d'une éducation dialectique. de ses méfaits indélébiles. le garçon finira mal, tandis que la fille prendra sur elle, cachant si bien ses sentiments qu'ils s'étioleront, notamment au contact de son époux, un industriel pour qui, une fois de plus, deux et deux font quatre et pas une virgule de trop.
On y rencontre aussi deux personnages à l'opposé de cette rigueur des sentiments. Une fille de cirque, abandonnée par son père mais à la façon dont quelqu'un qui se noie lâcherait la main afin qu'elle ne sombre pas avec lui. Et un ouvrier plein de bonté et d'une fierté, d'une droiture qu'on ne rencontre guère dans les hautes sphères de la société anglaise du XIXème. Tout ce petit monde s'entrechoque dans une ville minière dépeinte à la perfection comme la bouche de l'enfer. On n'a aucune peine à se projeter dans cet univers, le talent de Dickens faisant mouche à chaque fois. On en ressort avec un coeur meilleur. Voilà la magie de la lecture.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (567) Voir plus



Quiz Voir plus

Oliver Twist

Que signifie le Nom d'Oliver : Twist ?

Le danseur
Le fluet
Le tordu
L'Orphelin

20 questions
502 lecteurs ont répondu
Thème : Oliver Twist de Charles DickensCréer un quiz sur ce livre

{* *}