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Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution "successfull", j'ai tellement entendu tout et son contraire sur ce jeune auteur suisse que je savais qu'un jour, je devrais m'y coller et me forger ma propre opinion. C'est désormais chose faite après la lecture plus que laborieuse de "La disparition de Stephanie Mailer", roman dans lequel, je tiens à le préciser, je me suis pourtant plongée sans aucun préjugé négatif, en véritable poussin né de la veille.

Alors, ce qui m'a le plus frappée pour commencer, c'est le style, ou l'absence de style devrais-je dire. Comment vous dire ? J'ai d'abord cru à des erreurs éditoriales comme si l'éditeur avait oublié des mots ou une partie de la ponctuation, mais en fait, non, après cent pages, j'ai bien dû me rendre à l'évidence : c'était vraiment la plume de l'auteur et là, petit moment de solitude dans mon canapé, j'ai quand même flippé au regard du bloc de pages qui me restait entre les mains. Une digestion longue et inconfortable se profilait à l'horizon...

En fait, c'est tellement mal écrit qu'on en vient à douter de sa propre vue et de son propre jugement. Les phrases que je lis sont-elle bien écrites ? Ces adjectifs déjà lus cinquante fois en cinquante pages sont-ils vraiment imprimés ? A ce moment là, parvenue tant bien que mal au premier tiers du roman, je ne vous cache pas qu'il m'a fallu actionner un nouveau levier de motivation parce que franchement, à la sortie d'un polar de Lehane, tout ça me semblait juste impossible à avaler sans un petit coup de pouce. Délaissant le recours à l'alcool fort, j'ai plutôt opté pour une petite pause, le temps de me renseigner un peu sur l'auteur dont je n'avais jamais écouté d'interview, à peine savais-je à quoi il ressemblait. Hélas, première info que je récolte : Joël Dicker n'a pas voulu écrire un polar avec "La disparition de Stephanie Mailer". Alors, là, pas de bol, Mr Dicker, sincèrement désolée mais je fais partie des lecteurs qui aiment appeler un chat un chat et qui apprécient quand un auteur ne se fout pas de leur gueule avec des effets de manche à la con. Si "La disparition de Stephanie Mailer" n'est pas un polar, alors qu'est-ce que cela peut bien être ? Menons l'enquête...

Ok, ok, je veux bien respecter vos assertions, Mr Dicker, après tout, vous êtes censé mieux vous connaître que moi. Donc, je reprends ma lecture avec la ferme décision de ne pas voir dans ce roman un polar. En cela je respecte exactement ce que vous affirmez. Mais alors, que me reste-t-il comme carburant pour persévérer dans cette "enquête" qui n'en est pas une ? Dieu merci, une illumination bienvenue m'a soudain éclairée : j'ai réalisé que vous écriviez une parodie de roman policier, doublée d'une parodie de littérature facile à succès.

D'un seul coup, j'avais résolu votre énigme et tout le puzzle s'est mis en place naturellement : la pauvreté du style, les stéréotypes à gogo, l'action située à New York, les fausses pistes, l'absence abyssale de descriptions, la vulgarité dans la bouche des policiers (qui n'en sont peut-être pas ?), les retournements de situation gros comme des camions, tout cela tendait évidemment à parodier le genre du polar, genre de plus en plus galvaudé depuis qu'un chromosome "thriller" a été découvert sur le caryotype des Scandinaves.

A partir de là, la lecture de votre roman "La disparition de Stephanie Mailer" fut une vraie partie de plaisir, un festival du rire (à défaut de théâtre) haut en couleurs où j'ai retrouvé tous mes repères. Très subtil et bien dosé, cet équilibre entre "La cité de la peur" et "OSS117", je me suis tellement divertie à prendre place dans la tête de vos enquêteurs (qui n'en sont peut-être pas ?) que je ne résiste pas à l'envie de partager ici quelques beaux morceaux de cogitation policière :

"- [...] Et puis ces valises pleines de vêtements qu'on a trouvées dans la voiture. Je crois qu'ils étaient sur le point de partir."

"Anna et moi avions la conviction que l'argent retrouvé chez Stephanie était une des pistes de notre enquête. D'où provenaient ces 10 000 dollars en liquide retrouvés chez elle ? Stephanie gagnait 1 500 dollars par mois : une fois payés son loyer, sa voiture, ses courses et ses assurances, il ne devait pas rester grand-chose. S'il s'agissait d'économies personnelles, cette somme aurait plutôt été sur un compte en banque." #auteursuisse

"Pour découvrir qui avait tué le maire et sa famille, nous avions besoin de savoir qui avait une bonne raison de le faire."

"La personne qui avait mis le feu à l'appartement n'avait qu'un but : tout faire brûler."

"- Eh bien, tout laisse à penser que ce que cette personne cherchait ne se trouvait pas dans l'ordinateur de la rédaction [...]."

"[...] les mains liées par un collier de serrage en plastique de type Serflex." {tut tut pas de marque !}

Et encore, Mr Dicker je me rends compte que ces maigres extraits ne rendent pas suffisamment justice, et à votre ingéniosité d'auteur, et à la sagacité de vos enquêteurs au charisme véritablement poignant...

Ah... attendez... on me susurre dans l'oreillette que je fais fausse route, que contrairement à toutes les apparences, il ne s'agit pas ici d'une parodie mais bien d'un vrai et inédit polar-qui-n'en-est-pas-un ! Oh, alors, toutes mes excuses, Mr Dicker, j'ai dû m'embrouiller dans mes fiches car, oui, je vois là, sous mon buvard, ma note sur ma seconde hypothèse qui va à un scénario pré-mâché pour HBO ; c'est les abonnés de Netflix qui vont être contents ! J'ai déjoué votre fausse piste, c'est bien vers ce succès programmé qu'on se dirige. Vous aviez pourtant laissé derrière vous bien des indices, à commencer par ces effets "roulement de tambour" ou "haleine retenue avant une catastrophe" au début et à la fin de chaque court chapitre ? séquence ? épisode ? Effets qui doivent bien avoir un joli petit nom anglophone que je ne connais pas hélas, n'étant pas abonnée à Netflix, sorry.

Allez, Mr Dicker, je m'arrête là, car il n'y a vraiment pas grand chose à sauver dans tout ça et on ne va pas y passer la journée non plus. Laissons le mot de la fin à Meta Ostrovski, le "critique littéraire" de votre roman, qui affirme : "Ce qui n'a pas de succès est forcément très bon". L'inverse serait-il tout aussi vrai ?


Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge PAVES 2018
Challenge des 50 OBJETS 2018 - 2019
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Un jour, j'ai vu un film avant que tous les effets spéciaux ne soient terminés. On pouvait voir les filins des acteurs, les modélisations des décors, parfois même le fond vert. le film n'avait pas grand intérêt, de voir les coulisses était presque le plus intéressant.

Le dernier Dicker c'est un peu pareil. Non seulement l'histoire n'a pas grand intérêt mais en sus, on voit toutes les (énormes) ficelles, la grosse mécanique qui ronronne à chaque phrase ; ce n'est pas du travail suisse ça, c'est de l'ordre du gros sabot (suisse, il reste un fabricant, j'ai vérifié).

Chaque chapitre alterne temps présent et temps passé, et à intervalles (très) réguliers, un personnage devient le narrateur. Tous les rouages sont apparents, réglés comme un coucou (suisse).

Sur la première moitié, chaque chapitre se termine sur un cliffhanger genre « et c'est ainsi que tout allait foirer » ; sur la seconde moitié, chaque chapitre se termine sur « et c'est ainsi que tout foira ».
À l'identique de la Vérité sur l'affaire Harry Québert donc.

Chaque personnage est un stéréotype, les flics, Ken et Barbie qui mènent l'enquête, l'éditeur infidèle, le journaliste local un peu benêt, le gentil libraire, l'ado dépressive, le critique littéraire hystérique, etc ; tous ont leurs démons du passé (évidemment) et leurs (lourds) secrets.

Enfin, on arrive au coeur du décor, mon chat de combat, mon bâton de pèlerin, mon fils, ma bataille. Pourquoi diable planter un décor dans un autre endroit que son pays d'origine s'il n'est jamais utilisé ? Sans refuser la délocalisation (pas que je sois mélanchoniste hein mais ça me turlupine quand même), pourquoi aux États-Unis dans 99(,99) % des cas ? Pour faire ″comme″ ? ″Ils″ le font mieux que nous et c'est fait, refait et re-refait ad nauseam.

Dicker a dit dans une interview récemment, interrogé à ce sujet (comme quoi il n'y a pas que bibi qui rouspète), qu'il avait besoin de distance. Qu'il ne pouvait pas parler du parc où lui-même fait son jogging, ni du bled dans lequel il vit. Argument audible et compréhensible mais sans bien connaître la Suisse, je pense qu'il y a plusieurs bleds et parcs qui auraient très bien convenu (et cela aurait donné du style à un texte sans envergure). Si un décor n'est pas utilisé, aucune raison même de mentionner la localisation géographique. On s'en passe largement. D'autant qu'on se voit infliger des phrases qui n'ont aucune raison d'être (NDR : on aime alaindeloniser) :

« Anna, si tu me permets de te tutoyer, puis-je t'offrir un café ? Je vais tout te raconter. »

Certains parlent de « convention » mais objection Votre Honneur : soit c'est ″comme″ et cette phrase n'a aucune chance d'être écrite (je ne vous explique pas, vous savez), soit la scène est décrite autrement, comme un traducteur le ferait, exempli gratia (j'aime bien les latinismes, ça claque) : « Ils s'étaient rapidement mis à se tutoyer » ou « Ils s'étaient rapprochés », enfin un truc du genre, je ne suis pas écrivaine. Mais je suis prête à admettre que je pinaille et que je suis de mauvaise foi… en fait non ça me saoule épicétou.

Sinon on se coltine tout du long des petites vannes sur la littérature et la création littéraire par le truchement de son personnage convenu jusque dans son nom, Meta Ostrovski, e.g. :

« Je n'ai jamais, et je dis bien jamais, rencontré un critique qui rêvait d'écrire. Les critiques sont au-dessus de cela. Écrire est un art mineur. Écrire, c'est mettre des mots ensemble qui forment ensuite des phrases. Même une guenon un peu dressée peut faire cela. »
« […] dans l'ordre du respect accordé aux genres, il y a en tête de gondole le roman incompréhensible, puis le roman intellectuel, puis le roman historique, puis le roman tout-court, et seulement après, en bon avant-dernier, juste avant le roman à l'eau de rose, il y a le roman policier. »

Pourtant, j'avoue bien volontiers que même si c'est à moindre échelle que La Vérité sur l'affaire truc, j'ai absolument voulu savoir si mon hypothèse formulée à la page 30 était juste (elle ne l'était pas mais pas loin) et connaître la fin, page 630. Raison pour laquelle j'ai lu ce roman jusqu'à très tard dans la nuit (ou très tôt le matin c'est vous qui voyez).

C'est un mauvais page-turner mais un page-turner quand même.
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♫ je vais dire des trucs simples
Parce que vous êtes trop cons
Ok, simple, basique, basique
Ok !?
les gens les plus intelligents sont pas toujours ceux qui parlent le mieux (simple)
Les hommes politiques doivent mentir sinon tu voterais pas pour eux (basique)
Si tu dis souvent qu't'as pas d'problème avec l'alcool, c'est qu't'en as un (simple)
Faut pas faire un enfant avec les personnes que tu connais pas bien (basique) [...]
Entre avoir des principes et être un sale con, la ligne est très fine (basique)

Basique, simple, simple, basique
Basique, simple, simple, basique
Vous n'avez pas les bases, vous n'avez pas les bases♫
Basique- Orelsan-2017 Clip ci-dessous.
https://www.youtube.com/watch?v=2bjk26RwjyU

Primo - simple -
Mesdames Messieurs écoutez-moi
Si je suis là c'est que j'y crois
Ils vous le diront eux que j'ai du talent
Qu'ce soit mes potes ou mes parents
Qualificatifs à mon endroit dithyrambiques
Vous le savez je suis un Eminent critique
Aussi,
j'ai ouï dire :
"Stéréotypes, personnages bâclés
L'intrigue est tellement ficelée
Sans style, sans idée.
je n'ai pas pu aller au bout
un manque de style fou
y'en a eu pas bon pour mes sous....."

Vous savez seule une toute petite partie de la population peut comprendre d'elle même ce qui est vraiment bon !
Alors voilà, moi l'Eminent critique 😎
je suis là pour rétablir la Vérité publique
Permettre à la masse de trier
ce qui est bon et ce qui est mauvais
Je suis.... Dieu, mais .....en mieux (p 133)
Alors ce livre, comme j'arrive un peu tard
j'ai rajouté 1/2 point c'est ma part
pour con-penser toutes les méchancetés
que vous avez pu tancer de-ci de-là ..voilà tout. !
Simple ou basique !?

secondo - basique -
Les gens te jugent selon où tu vas et viens
Peu importe doux tu deviens !
Metteur en scène odieux, Spectacle affreux
les spectateurs en ont perdu les yeux
"La Nuit Noire" , didascalie ,murmure holosystolique
Poison, batracien, ramassis de bile gastrique
Marrant et tu apprends plein de nouveaux mots
Mai, Votre destin vous attend dans le caniveau
Allez je va mettre mon maillot...
Pile ou Facebook, Putain de Kétamine
Leyna, Tara, pouvoir interagir avec les copines
Ultime pied de nez à tous ceux qui ont humilié
Ceux qui ont mis en miette revoir Tara biscoter ...
Erreur ou Mauvais casting
les Acteurs Vrais finissent en string
Derek , téléréalité show, doc fol Mamour
Vs Cap'taine Hadock très traits lourds
L'Art est un concept inconcevable
victimes collatérales ou tous coupables
Preuves à l'appui, Assassin Malgré lui,
Je me sens comme l'oeil qui poursuit
--------------Caïn Caha------------------
---------DIES IRAE DIES ILLA -----
Chantage, échange et coupable de rien
tout est lié, rien ne colle, et bientôt la Fin...
Heureux, reposé, rasséréné...😀
Simple- Basique - ou Cliché !?
Lecture récréative que j'ai appréciée en temps que telle.
Comme pour L'affaire Harry, Decker c'est un ami que l'on connaît bien, et que l'on aime quand même .😘
Ceux qui ont trouvé ça Naze
Replay départ, retrouvez la Case
♪Vous n'avez pas les bases♪

(OFF : CLAP, 7em, allez c'est bon, on garde....)

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Depuis l'immense succès de son second livre, La Vérité Sur L'Affaire Harry Québert que j'avais bien apprécié, Joël Dicker a toujours eu un rapport conflictuel avec le polar pour lequel il réfute toute appartenance, ce qui se révèle, avec un roman comme le Livre Des Baltimore, plutôt salutaire pour la réputation d'un genre déjà bien malmené par une cohorte d'ouvrages ineptes. Et aujourd'hui encore, à l'occasion de la parution de son nouvel opus, intitulé La Disparition de Stéphanie Mailer, l'auteur affirme, dans une longue interview de trois pages dans le Matin Dimanche, qu'il ne s'agit pas d'un polar qui en aurait les apparences et les habits, mais qui ne répondrait pas particulièrement à ses codes. Et de rajouter, certainement avec le sourire charmeur qui fait vaciller tous ses interlocuteurs, qu'il n'aime pas particulièrement le genre qu'il ne lit d'ailleurs pas. Il faut dire que Joël Dicker peut débiter, sans ciller, n'importe quelles fadaises face à une journaliste conquise par l'oeuvre de ce jeune écrivain absolument adorable qui a eu l'élégance de lui préfacer son recueil des cent meilleures chroniques. Alors bien évidemment, dans de telles circonstances, il ne viendrait à l'esprit de personne de demander comment l'on peut aimer ou ne pas aimer un genre qu'on ne lit pas et plus encore, d'affirmer que son texte ne respecterait pas les codes dont on ignore, semblerait-il, absolument tout ? Mais tout cela importe peu puisque l'auteur n'en est pas à une contradiction ou à une élucubration près, lui permettant de décréter, dans la même interview, avoir construit avec La Disparition de Stéphanie Mailer « une sorte de roman russe » tout en se gardant bien de citer une quelconque référence en lien avec ce vaste pan de la littérature. Tolstoï, Dotoïevski, Soljenitsyne ou même l'oeuvre fantastique de Sergueï Loukianenko, à la lecture du roman il sera bien plus facile d'identifier le responsable de la Disparition de Stéphanie Mailer que de percevoir cette fameuse influence russe imprégnant le texte. Parce qu'il est comme ça Joël Dicker à balancer tout azimut ses effets d'annonce évoquant les prestigieux romanciers qui planeraient sur l'ensemble de ses romans. Philip Roth pour le Livre Des Baltimore et bien évidemment Norman Mailer pour son dernier opus, la manoeuvre se révèle pourtant à double tranchant puisqu'au souvenir de romans tels que Pastorale Américaine ou La Nuit Des Bourreaux, on peut mesurer toute la faiblesse de l'oeuvre insipide que produit laborieusement un Joël Dicker peinant à se positionner dans le milieu littéraire. Mais quitte à citer des auteurs américains, autant mentionner ceux qui ont obtenu le prix Pulitzer, afin d'éblouir journalistes, chroniqueurs et lecteurs conquis d'avance par le charisme d'un jeune écrivain au sourire ravageur qui devrait sérieusement songer à tourner une publicité pour une marque de dentifrice après avoir vanté les mérites d'une compagnie aérienne et d'un modèle de voiture.

En 1994, Orphéa, charmante petite ville côtière des Hamptons, a défrayé la chronique avec les meurtres du maire, de son épouse, de leur fils et d'une passante probablement témoin encombrant de cette terrifiante tragédie.

Jesse Rosenberg et Derek Scott, deux jeunes flics ambitieux de la police d'Etat, sont chargés de l'enquête qu'il vont mener jusqu'à son terme en constituant un dossier solide permettant l'appréhension du meurtrier. Auréolés de gloire, encensés par leur hiérarchie, les deux enquêteurs sont désormais respectés par leurs pairs.

Mais l'affaire comporte quelques zones d'ombre et vingt ans plus tard, Stéphanie Mailer, une brillante journaliste locale, prétend que la police s'est trompée de coupable et qu'il faut reprendre toute l'enquête. Des propos d'autant plus troublants que la jeune femme disparaît peu après avoir contacté Jesse Rosenberg qui n'a plus d'autre choix que de se replonger dans des investigations se révélant bien plus complexes qu'il n'y paraît.

Parviendra-t-il à retrouver Stéphanie Mailer ?

Et surtout pourra-t-il faire toute la lumière sur cette tragédie vieille de 20 ans qui n'a pas fini de secouer toute la petite communauté d'Orphéa ?

Ceci n'est pas un livre mais un produit destiné à conquérir le marché avec une maquette familière permettant aux consommateurs d'avoir la certitude de s'y retrouver en restant dans le même registre que l'ouvrage qui avait assuré la notoriété de l'auteur. Après Edward Hooper, Joël Dicker himself nous propose, en guise de couverture, une photo d'un amateur où l'on découvre une rue typique des USA investie par les forces de l'ordre. Pâle resucée de l'oeuvre du photographe Gregory Crewdson, grand admirateur du peintre américain, l'image, reprend, avec beaucoup de lourdeur, tout le climat, parfois anxiogène, de ce décor de rêve américain qui émerge, presque insidieusement, de l'oeuvre des deux artistes. Une illustration à l'image du contenu où l'absence de subtilité des personnages se conjugue avec la lourdeur d'une intrigue se déclinant sur le modèle fastidieux d'un calendrier que l'auteur égrène jusqu'à la nausée. « 33 jours avant la première du 21ème festival de théâtre d'Orphéa » ; « Mi-septembre 1994. Un mois et demi après le quadruple meurtre et un mois avant le drame qui allait nous frapper Jesse et moi. » Joël Dicker abuse de cette mécanique éculée du décompte, propre aux « page-turner », pour inciter le lecteur à poursuivre sa lecture jusqu'à la survenue des drames ou des coups d'éclat à venir, ce qui n'apparaît pas comme une évidence tant cette intrigue poussive, truffée d'invraisemblances, d'incohérences et ponctuée de dialogues mièvres, confine à la niaiserie voire même à la bêtise.

"- Merci mon amour, d'être un mari et un père aussi génial.

- Merci à toi d'être une femme extraordinaire.

- Je n'aurai jamais pu imaginer être aussi heureuse, lui dit Cynthia les yeux brillants d'amour.

- Moi non plus. Nous avons tellement de chance, repartit Jerry."

Avec une syntaxe approximative et cette pauvreté de la langue où des qualificatifs tels que extraordinaire, merveilleux et magnifique reviennent à tout bout de champ, on comprend, dès lors, le fait que Joël Dicker renonce à s'attarder sur la description des lieux et des personnages, préférant ainsi tabler sur l'imagination du lecteur, ce qui explique peut-être cette absence d'atmosphère qui émane d'un texte aseptisé où l'ensemble des personnages, caricaturaux à l'extrême, apparaissent complètement dénués de caractère. Les flics détenteurs de lourds secrets, l'amant benêt martyrisé par son odieuse maîtresse, l'adolescente dépressive haïssant ses parents, le metteur en scène déjanté et le critique odieux détestant tous les auteurs à succès, l'auteur prend soin de décliner tous les poncifs du genre. Mais au fait de quel genre s'agit-il ? Assurément pas un polar comme nous l'affirme l'auteur lui-même en tablant sur l'absence de scènes sanguinolentes ou sur le fait que son tueur exécute les gens par nécessité et non pas par plaisir comme un vulgaire serial killer. Il serait vain d'énumérer les romans policiers ou les romans noirs qui contrediraient les assertions de Joël Dicker pour s'attarder sur l'avis de quelques chroniqueurs avisés, reprenant ses propos afin de l'exonérer des invraisemblances et des situations absurdes qui jalonnent ce texte bancal car justement il ne s'agit pas d'un polar et que l'auteur tend vers autre chose. Satyre, vaudeville, conte absurde, allégorie d'une farce sociale tragique, célébration de la culture et plus particulièrement du théâtre, ou même hommage à ce fameux roman russe, La Disparition de Stéphanie Mailer ne s'orientera vers aucune de ces éventualités parce qu'il ne suffit pas de citer le titre d'une pièce de théâtre ou d'employer quelques didascalies pour rendre hommage à Tchekhov. Parce qu'il ne suffit pas d'une enseigne d'un bar portant le nom de Beluga, d'un restaurant baptisé La Petite Russie, d'une petite amie prénommée Natasha, de grands-parents grotesques natifs du pays ou de l'imbrication d'une pléthore de personnages pour en faire un roman russe. Parce qu'il ne suffit pas d'inscrire l'intrigue au coeur d'un festival de théâtre pour prétendre avoir abordé les thèmes de la dramaturgie et de la mise en scène. Et l'on pourra bien citer une multitude d'auteurs et de dramaturges comme Don Delillo, Philip Roth, John Irving, Patricia Highsmith (quand je repense au Journal d'Edith), Anton Tchekhov et bien d'autres qui entrent dans une vaine litanie suffisante. Mais rien n'y fera, car derrière l'emballage rutilant nous ne trouverons qu'une coquille vide dans laquelle résonnent les prétentions de l'auteur.

Prisonnier des enjeux de ventes phénoménales, de ses schémas éculés, de son écriture simpliste et de ses propos mièvres et convenus, Joël Dicker nous livre avec La Disparition de Stéphanie Mailer une triste et longue sentence du succès qui se fera au détriment des lecteurs de moins en moins crédules sur la qualité du produit prétentieux qu'on leur propose.


Joël Dicker : La Disparition de Stéphanie Mailer. Editions de Fallois 2018.

A lire en écoutant : J'suis snob de Boris Vian. Album : le Déserteur. 1997 Mecury Music Group.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Le nouveau Dicker! Qui fait couler beaucoup d'encre plus ou moins fielleuses , plus ou moins mielleuses , c'est selon. Avant d'en parler , je tiens à préciser que j'avais adoré L'Affaire Harry Québert et bien aimé le Livre des Baltimore. Aucun a priori donc, et plutôt une anticipation positive. D'autant que la rencontre avec;'auteur lors du prix France Télévision fut fort agréable.

Mais soyons honnête, la lecture n'a pas été à la hauteur de mes attentes.
L'intrigue est ficelée, très ficelée pour ne pas dire embrouillée, et le lecteur se perd dans les méandres des fausses pistes, des personnages qui cachent leurs jeux, et des policiers qui n'ont pas toujours fait leur boulot. Mais ça, ce n'est pas forcément un problème. Aucun intérêt si l'histoire est tellement claire que l'on identifie le coupable à la dixième page. Ici pas de danger. Sauf que , fini il y a 3 jours, je ne me souviens déjà plus ni de qui est coupable, ni pourquoi…

Et pas le courage de recommencer, parce que l'écriture n'est pas agréable. Comment peut-on proposer des dialogues où les personnages s'expriment au passé simple?. Cela ôte toute crédibilité à ce qui reste certes une fiction, mais qui doit au lecteur un semblant de fond authentique. Aucun post-it n'orne la tranche de mon exemplaire car pour survivre aux six cents et quelques pages, il faut s'attacher à l'action, et aux personnages et ne pas s'attarder sur la forme.

Pour terminer sur un point positif, ce sont eux , les personnages, qui constituent le point attractif du roman. Nombreux, bien incarnés, bien lestés de casseroles existentielles , on a plaisir à les retrouver à chaque début de chapitres, puisque chacun d'entre eux se voit offrir un tour de narration , qui permet de varier les points de vue (mais ce n'est pas ce qui facilite la résolution de l'enquête…).

Déception qui m'attriste, et m'interroge : l'intrigue du premier roman de Joël Dicker m'avait-elle emportée dans son originalité et son dynamisme au point de ne pas percevoir les insuffisances de la langue , ou bien y a t-il une baisse de régime de la part de l'auteur? Il faudrait relire L'affaire Harry Québert pour se faire une opinion.
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Au moment d'écrire cette chronique, je sens monter une énorme angoisse, une peur de la page blanche parce que je ne sais pas vraiment que penser de ce roman. C'est donc certainement influencée par les bruits au sujet de ce récit que je vais vous livrer mon ressenti.

Je suis entrée facilement dans ce livre, et j'ai passé de bons moments de lecture, refusant parfois de lâcher, sans doute l'histoire m'a-t-elle tenue en haleine, l'impression de longueur en partie due aux éléments « retardateurs » qui font patiner le travail des enquêteurs, s'est bien un peu révélée en milieu de roman, mais a disparu en court de deuxième moitié du livre.

La multiplicité des personnages, les fausses pistes, les narrations par différents personnages, la comparaison et la description d'une même enquête à vingt ans d'écart, tout cela m'a capté, en revanche si on analyse le détail de l'histoire, il y a malgré tout des aspects fort agaçants : Dereck et Jesse malgré leur sérieux, semblent être passés à côté d'indices évidents en 1994, ils tombent parfois des nues vingt ans plus tard lorsqu'ils découvrent certains faits déjà connus à l'époque par toute la population de la ville d'orphea, et le lecteur est en droit de se demander comment ils n'ont rien vu à l'époque.

Cela donne à l'histoire, avec le profil plus que fantaisiste de certains personnages, une note burlesque que l'on appréciera ou pas.

le personnage de Steven Bergdorf est grotesque et pathétique,la domination facile qu'exerce sa maîtresse, sa façon de cacher son crime, de faire disparaître la victime pratiquement sous le nez de son entourage n'est guère plausible, je me suis souvent demandé ce qu'il faisait dans ce roman suffisamment long.
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Chronique énervée !

Alors qu'il va quitter la police avec la réputation d'un policier qui a résolu toutes les affaires qui lui ont été confiées, le capitaine Jesse Rosenberg est abordé par une jeune journaliste, Stephanie Mailer, qui prétend qu'il s'est trompé lors de sa toute première enquête, un quadruple assassinat, 20 ans plus tôt.
Quelques jours plus tard, les parents de la jeune femme alertent la police : la journaliste ne donne plus de nouvelle depuis plusieurs jours. La curiosité du capitaine est éveillée et les événements s'enchainent : le policier est agressé alors qu'il visite l'appartement de Stephanie Mailer, puis celle-ci est retrouvée noyée dans un lac. de toute évidence, il s'agit d'un assassinat. La police rouvre alors le dossier du quadruple assassinat.

Grosse déception ! Après le succès de L'affaire Harry Quebert du même auteur, que je n'ai pas encore lu, je m'attendais à beaucoup mieux...
Passons sur l'écriture, tout à fait ordinaire avec un style sans grand relief ; et on ne peut pas accuser la traduction.... Seule l'alternance des points de vue des principaux protagonistes et les nombreux flash back lui donne un peu de rythme.
Certains personnages sont tellement caricaturaux qu'on aurait envie d'en rire. Je pense par exemple à l'ancien chef de la police devenu auteur et metteur en scène de théâtre, au directeur de presse empêtré dans sa relation adultère avec son assistante ou au critique culturel imbu de son rôle et récemment licencié...
L'intrigue a de l'épaisseur et ne ménage pas les rebondissements ; il faut bien tenir le lecteur en éveil sur plus de 800 pages ! Malheureusement, la construction, basée sur un improbable fil conducteur, une pièce de théâtre dont tout le monde parle mais que personne n'a jamais vue, ne résiste pas aux premières questions et sombre rapidement dans le ridicule. Dommage, car il y avait le potentiel pour faire beaucoup mieux, avec quelques centaines de pages en moins.
J'ai failli renoncer plusieurs fois, mais je suis allé au bout de la lecture pour voir jusqu'où l'auteur avait poussé la désinvolture. J'en ressors avec le sentiment d'avoir été floué, qu'on s'est moqué du lecteur que j'étais... Avoir connu un grand succès avec un livre précédent devrait appeler à plus d'exigence et surtout n'autorise pas tout à l'auteur.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Que dire après tant de billets? : très déçue par ce pavé que la médiathèque m'a proposé pour cause d'immobilisation....
Stéréotypes, personnages bâclés , situations invraisemblables, pourtant j'avais aimé «  L'affaire Henry Quebert », les chapitres alternent présent et passé , les ficelles sont grosses, cela devient énervant même si cela nous pousse à continuer....

C'est surtout l'écriture plate, les fausses pistes, les redites et les effets d'annonce...

L'intrigue est tellement ficelée , un dédale d'embrouillaminis.... il faut que le lecteur s'y reprenne et s'adapte à la chose ,..
La langue est pauvre «  Merci à toi d'être une femme extraordinaire. »
«  Je n'aurais jamais pu imaginer être aussi heureuse , lui dit Cynthia , les yeux brillants d'amour ».
C'est dommage car certains personnages sont très intéressants ...
Il me semble que c'est plutôt un «  produit »de vente qu'un livre .
Ce n'est que mon avis bien sûr et je peux me tromper ....
Est ce qu'il y a eu un film ?
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Breaking news "Alerte coup de coeur !!!"

"- En 1994, vous vous êtes trompé de coupable. Je pensais que vous voudriez le savoir avant de quitter la police."

Le nouveau Joël Dicker à peine sorti, je me suis précipitée à la librairie. Même pas eu envie de résister, je me connais, c'est peine perdue.
Et que dire, troisième essai, troisième flèche en plein coeur. En plein dans le mille!

Joël Dicker est un jeune auteur, qui se bonifie avec le temps, et qui a déjà tout d'un grand. C'est un merveilleux conteur d'histoires. Il nous cueille dès les premières pages, nous transporte dans son univers et arrive à nous tenir en haleine jusqu'à la la dernière ligne.

Dans ce livre, on se retrouve à nouveau sur la côte est des Etats-Unis, chère à l'auteur, à Orphéa, une petite station balnéaire des Hamptons. Avec la disparition d'une journaliste, une affaire vieille de 20 ans, qui était pourtant résolue, va resurgir. Les enquêteurs de l'époque vont retravailler sur cette affaire en parallèle avec cette inquiétante disparition. Ils vont mener des deux enquêtes de front,

Il y a beaucoup de personnages, haut en couleur, bien campés et très bien travaillés. Rassurez-vous on s'y retrouve sans problème malgré le nombre.

L'histoire nous est racontée par le capitaine Jesse Rosenberg qui mène l'enquête avec deux collègues. Mais tour à tour, les autres personnages s'invitent narrateurs. Ils nous racontent leur vie, leur passé. En plus de mieux les connaître, ça donne une bonne dynamique au récit.

De fausses pistes en multiples rebondissements, l'auteur nous balade tout du long. On soupçonne les personnages les uns après les autres, mais ils sont disculpés, mais ils reviennent sur la sellette... Vous aurez beau vous creusez la tête, impossible de deviner le coupable avant la fin. C'est la patte et le talent de Dicker.

Tout est mené à un rythme infernal, on ne voit pas passer les 630 pages du livre. C'est addictif et terriblement prenant.

Un excellent polar, bien maîtrisé, un très bon suspens, une enquête captivante et bien ficelée, à peine le livre refermé les personnages me manquent déjà, tous les ingrédients pour un petit bijou.

Un gros coup de coeur que je vous recommande sans modération. Lisez-le !

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Les romans de Joël Dicker, c'est un peu comme de la peinture à numéros. Invariablement, tous les ingrédients sont là, souvent coloriés à gros traits, reconnaissables entre tous. Et La disparition de Stephanie Mailer n'y fait pas exception.

Une petite ville tranquille. Un ou des personnages jetant un regard sur le passé, sur des événements s'étant déroulés une vingtaine d'années plus tôt. Une affaire mystérieuse qui semble changer au fur et à mesure qu'on progresse. Des suspects évidents qui seront écartés. Au moins, cette fois-ci, ça a été fait avec plus de subtilité (on a évité les méchants amputés ou avec un oeil de verre). Surtout, des chapitres qui terminent de manière dramatique, encourageant le lecteur à ne pas mettre le livre de côté mais plutôt d'entreprendre la lecture du chapitre suivant. Peu importe l'heure de la nuit.

Si Joël Dicker suit sa recette, ce n'est pas une mauvaise chose en soi. C'est faire preuve de peu d'originalité mais, si ça plait et convient à de très nombreux lecteurs, tant mieux.

Dans La disparition de Stephanie Mailer, une journaliste fait part à Jesse Rosenberg (à une semaine de sa retraite) que lui et son partenaire Derek Scott, de la police d'État, avaient appréhendé le mauvais suspect dans une affaire de quatre meurtres remontant à vingt ans plus tôt. Elle disparaît après avoir retrouvé la trace de Kirk Harvey, le chef de la police locale de l'époque. C'est une intrigue avec beaucoup de potentiel.

Là où j'ai moins accroché, c'est que les ramifications de cette intrigue semblaient parfois tirées par les cheveux et que la psychologie des personnages paraissait peu développée. Un chef de la police locale qui n'arrive pas à faire part de ses soupçons aux agents de l'État ? Un maire qui accepte que ce même chef de police, parti dans la honte deux décennies plus tôt, monte une pièce de théâtre dans un festival dévoilant l'identité du véritable meurtrier ? Un grand critique qui accepte de jouer dans cette même pièce, alors qu'il s'était montré toujours cinglant à l'endroit de son créateur, etc. Tous ces éléments improbables m'ont empêché d'apprécier le roman.

Un petit élément qui m'a plu, c'est l'aura européenne qui glane autour de la ville. Son nom, Orphea, le Café Athena, le restaurant La Petite Russie, etc.

Ma critique est sévère, La disparition de Stephanie Mailer n'est pas un si mauvais bouquin mais, vu sa longueur, je pourrais lire deux Agatha Christie à la place. Pour moi, selon mes goûts, il y a tellement de meilleurs romans que ceux de Joël Dicker alors je crois que c'était le dernier de sa main que j'aurai lu.
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