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EAN : 9782262072513
272 pages
Perrin (08/03/2018)
3.5/5   4 notes
Résumé :
À mille lieues des fantasmes complotistes sur les papes et le Vatican, ce livre est l’anti-Da Vinci Code. Les légendes et les semi-vérités n’y ont pas leur place, si ce n’est pour être déconstruites. De cette plongée dans l’univers complexe du Saint-Siège ressortent des faits et des analyses sur les papes, leur gouvernance, leur politique étrangère, leur doctrine et leurs espoirs, puisés aux meilleures sources. Et des réponses limpides aux questions que chacun est e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Vatican est souvent associé, sans que l'on sache vraiment pour quelles raisons objectives, aux divagations mêlant légendes, complots et secrets. Christophe Dickès docteur en histoire, spécialiste du catholicisme, nous plonge dans l'univers complexe et passionnant de la papauté. Par ailleurs, il a dirigé le Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège. Il a récemment publié un essai sur L'Héritage de Benoît XVI. Il est également le fondateur de Storiavoce, une webradio consacrée à l'histoire. Avec cet ouvrage fort intéressant de 270 pages, il analyse les « vérités et légendes » du Vatican.



Dès les premières lignes, Dickès rappelle que : « dans l'histoire, rarement une institution a suscité autant de fascination et de passions que le Vatican et le Saint-Siège ». Il prend le temps de poursuivre son idée : « beaucoup de fantasmes aussi, des critiques sûrement, jusqu'à l'expression parfois d'une violence sans retenue ». Les agressions contre l'Eglise, intellectuelles ou physiques, s'intensifient depuis des années au point même qu'en Europe un prêtre catholique a été égorgé par un musulman, alors qu'il célébrait la messe (1). L'auteur déclare que « contrairement à une idée reçue, l'anticléricalisme ou l'antipapisme possèdent des racines profondes, bien antérieures à la période contemporaine ». Il suffit de se remémorer, par exemple, les persécutions anti-chrétiennes sous l'Antiquité pour comprendre que l'Eglise, depuis sa naissance, subit constamment des attaques dont certaines découlent de la haine.



Lorsqu'on étudie la papauté, la question centrale à se poser est la suivante : pour quelles raisons cette institution semble attirer sur elle des idées extravagantes voire délirantes ? L'auteur répond à cette interrogation comme suit : « le Vatican suscite toujours autant de questions. Principalement parce qu'il donne l'impression de s'entourer de nombreux secrets : secret de l'élection des Papes tout d'abord, mais aussi secret des archives, secret de la confession ou encore secret pontifical, qui n'est autre qu'un secret propre à la gestion des affaires de l'Etat ».



Dickès tente de répondre, avec des faits objectifs et des propos circonstanciés, aux principales questions courantes à l'endroit de la papauté. Citons en quelques-unes pour montrer que cette étude se montre exhaustive : l'infaillibilité pontificale donne-t-elle tous les pouvoirs au Pape ? le Vatican est-il riche ? Est-il misogyne ? A-t-il protégé des pédophiles ? Entretient-il des liens avec la mafia ? La curie est-elle un panier de crabes ? Jean-Paul1er a-t-il été assassiné ? Benoit XVI a-t-il renoncé sous les pressions extérieures ? du communisme à l'islamisme, le Saint-Siège est-il naïf avec les totalitarismes ? Un Pape peut-il être en rupture avec ses prédécesseurs ? Ces questions sont intéressantes. Elles montrent surtout que le catholicisme embrasse tous les pans de la vie sociale et concerne toutes les interactions humaines.



Toutefois, avec humilité et justesse intellectuelle, Dickès précise lui-même dans son avant-propos que « les réponses à ces questions n'ont pas la prétention d'épuiser le sujet. C'est pourquoi nous demanderons l'indulgence du lecteur qui nous pardonnera les manquements et les oublis inhérents à ce genre ». Cette position s'explique logiquement par le fait « qu'un historien ne referme jamais ses dossiers. Dans les couloirs de l'histoire il doit rester humble et accepter la contradiction ». Histoire vient « du grec istoria qui signifie enquête » et la présente revient - entre autres - sur la nomination du Pape.



A ce sujet, l'auteur énonce avec pédagogie que « l'élection d'un Pape n'en est pas pour autant un sacrement. Très schématiquement, on ne devient pas Pape comme on devient prêtre. le prêtre est ordonné, c'est-à-dire qu'il participe physiquement au pouvoir spirituel du Christ-Prêtre. Pour devenir prêtre il est consacré. le Pape, lui, reçoit un « mandat » : il est élu au cours d'un conclave par le Sacré Collège qui rassemble les cardinaux du monde entier. le Pape n'est donc pas sacré « souverain pontife » comme l'était le roi de France à Reims. le Pape devient Pape à l'instant même où il accepte l'élection une fois qu'une majorité au deux tiers s'est portée sur son nom ». L'explication nous paraît limpide.



Cependant, certains ne comprennent pas ou se moquent du « rôle de l'Esprit-Saint » dans l'élection d'un Pape. Avec le chapitre « le Pape est-il choisi par l'Esprit-Saint ? » , l'auteur répond très justement à ce questionnement : « Dans le dictionnaire de théologie catholique, il est mentionné que l'Esprit-Saint assiste les électeurs dans le cadre du plan de Dieu, appelé aussi communément Providence, afin de garder l'Eglise dans le droit chemin. Mais cette assistance divine, n'enlève rien à la liberté du choix qui doit s'opérer par les moyens ordinaires. La liberté du cardinal électeur peut aussi l'amener à refuser la grâce et l'assistance du Saint-Esprit, même si Dieu, toujours dans une perspective théologique n'abandonnera jamais l'Eglise qui n'appartient pas aux hommes mais à Lui seul ». La croyance en Dieu n'exclut nullement le libre arbitre et les mauvais choix.



Un attribut papal qui choque la modernité concerne l'infaillibilité pontificale. Effectivement, elle « renvoie à un pouvoir incontesté et incontestable alors que nous vivons dans un monde relativiste où l'autorité est en crise ». Il poursuit son analyse en expliquant que « les revendications contre l'infaillibilité relèvent aussi d'une crise de vérité et de l'identité ». Autre aspect qui anime et alimente les théoriciens du complot : les archives secrètes du Vatican. En réalité, il existe un réel malentendu concernant cette appellation car « les archives secrètes du Vatican n'ont donc de secret que le nom. Ou plutôt le qualitatif « secrètes » doit être interprété dans le sens ancien du terme : privé et réservé au souverain ». D'une manière générale et indépendamment de cette précision étymologique, tout le monde a des secrets. Pour quelles raisons le Pape n'en aurait-il point ?



Dickès aborde de nombreux sujets concernant la papauté et le Vatican, sans pour autant clore le sujet - comme il reconnaît lui-même - car ce dernier reste vaste, éminemment complexe et finalement inépuisable. Toutefois, ce livre constitue une agréable entrée en matière pour celles et ceux qui veulent découvrir réellement le Vatican, loin des calembredaines que nous pouvons lire dans le Vatican inconnu, Les secrets du Vatican, le Vatican indiscret, Dossier secret du Conclave, etc. Sans jamais oublier son rôle d'historien, l'auteur pose un regard objectif et lucide sur la mission du Pape, son pouvoir, la diplomatie vaticane, ses enjeux et les réactions papales face aux totalitarismes. En effet, derrière l'image si particulière du Vatican dans l'histoire des hommes, il y a un Etat, un chef, une administration, une politique étrangère, une doctrine, mais nullement une ingénierie machiavélique fomentant des complots ou conservant dans ses archives des inavouables secrets.





Franck ABED





(1) Jacques Hamel, né le 30 novembre 1930 à Darnétal et mort le 26 juillet 2016, dans sa 86e année, en l'église Saint-Étienne de Saint-Etienne-du-Rouvray, est un prêtre catholique français de l'archidiocèse de Rouen, martyr de l'Eglise catholique, assassiné par deux terroristes musulmans.
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Christophe Dickes est un spécialiste du Vatican et de la chrétienté et le prouve avec ce livre très bien renseigné et écrit sur toute une série de controverses lié à la papauté contemporaine.
Néanmoins à titre personnel, je recherchais un ouvrage sur le Vatican qui aborderait l'histoire de cet état sur le plan historique et le temp long. Ce que cet ouvrage n'est pas puisqu'il s'intéresse essentiellement au 20eme siècle sous un angle politico religieux mâtiné de polémiques divers.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les silences de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale s’expliquent en partie par le souvenir de ces échecs diplomatiques. En revanche, en 1962, Jean XXIII permet la reprise des négociations entre Khrouchtchev et Kennedy alors que le monde est au bord d’une crise nucléaire à Cuba, à la suite de l’envoi de missiles russes à Castro. En 1978, un an après l’élection de Jean-Paul II, l’Argentine et le Chili en appellent à la diplomatie vaticane afin de régler le conflit frontalier du canal de Beagle, aux confins de la Patagonie, alors que les deux pays sont sur le point d’entrer en guerre. La médiation évite le déclenchement des hostilités et permet un accord entre les deux partis.
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Historiquement, le mot infaillible apparaît dans la théologie médiévale au XIIe siècle. Il vient du verbe latin in-fallere, « qui ne peut tomber », et par extension « qui ne peut se tromper » ou « qui n’est pas sujet à l’erreur ». Pendant des siècles, le mot se réfère au Christ et à son enseignement. À la vérité révélée, donc : « Je suis la voie, la vérité et la vie », dit entre autres l’Évangile de saint Jean (14, 6). Dans la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin (1225-1274), l’infaillibilité est un caractère de la vérité divine révélée dans les Évangiles. En théologie chrétienne, cela s’appelle l’« inerrance », un terme signifiant que la Bible ne comporte aucune erreur tant en terme de foi que de morale, c’est-à-dire ce qui concerne la vie du croyant. Autrement dit, les auteurs des Évangiles ont strictement suivi la volonté de Dieu dans la rédaction des « Saintes Écritures » qui, sans intervention divine, ne posséderaient pas ce caractère sacré.
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Il est vrai que,dans le domaine, nous étions bien éloignés d’une question de mœurs et de foi. D’autres, au contraire, ne souhaitent pas faire la différence entre l’enseignement ordinaire et l’enseignement extraordinaire, estimant la parole pontificale incontestable, l’Église ne pouvant induire les hommes en erreur. Dans ce dernier cas, le critère historique est essentiel : si un enseignement a été proclamé sur une longue durée, de manière constante et en conformité avec la tradition, et si cet enseignement a posé une vérité de foi explicite, il devient infaillible. Saint Vincent de Lérins, moine du Ve siècle, exprimait cela par une formule : Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est. Ce qui signifie : « Il faut veiller avec le plus grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous. »
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Le proverbe romain « Qui entre pape au conclave, en sort cardinal » désigne ainsi avant tout la confusion des ambitieux, la méprise de ces hommes qui se croient au-dessus de leurs pairs et redescendent sur terre aussi rudement qu’ils ont voulu voler plus haut.
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Le pouvoir du Saint-Siège se résume à deux outils, la parole et l’écrit, le premier étant plus profitable : « Il est plus avantageux à un habile négociateur de négocier de vive voix, parce qu’il a plus d’occasions de découvrir par ce moyen les sentiments et les desseins de ceux avec qui il traite et d’employer sa dextérité à leur en inspirer de conformes à ses vues par ses insinuations et par la force de ses raisons », observe déjà François de Callières, ambassadeur de France près le Saint-Siège sous Louis XIV.
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Vidéo de Christophe Dickès
Table ronde, carte blanche aux éditions Perrin Modération : Christophe DICKÈS, docteur en histoire Avec Walter BRUYÈRE-OSTELLS, professeur à Sciences Po Aix, Jean LOPEZ, directeur de la rédaction du magazine Guerres et Histoire, Claire MIOT, historienne au Service historique de la Défense, Valérie TOUREILLE, professeure à Cergy-Paris Université
L'engouement pour l'histoire militaire ne faiblit pas. de la guerre de Troie aux guerres les plus récentes, les conflits ont toujours su évoluer avec leur temps. Portés par de puissants stratèges et de nouvelles inventions, ils fascinent et restent encore aujourd'hui l'un des domaines de prédilection des Français. Ces dernières années, l'histoire militaire est en plein renouveau, elle se réinvente. Ensemble, Jean Lopez, Valérie Toureille, Claire Miot et Walter Bruyère-Ostells vous décryptent cette nouvelle histoire.
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