Citations sur Cosa Nostra : La mafia sicilienne de 1860 à nos jours (9)
Non seulement la culture des citronniers demande un investissement considérable, mais elle demeure très vulnérable : la plus petite interruption de l’approvisionnement en eau peut avoir des conséquences catastrophiques. Et le vandalisme, qu’is soit dirigé contre les arbres ou les fruits, est un risque constant. La combinaison entre la vulnérabilité des vergers et les profits considérables qu’ils génèrent créa un environnement idéal pour les rackets de protection organisés par la Mafia.
.... La mafia n'est donc pas née de la pauvreté et de l’isolement, mais de la richesse et du pouvoir.
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'Mafia' fait désormais partie d'une longue liste de mots italiens, tels que 'pizza', 'spaghetti', 'opéra' et 'désastre' dont se sont enrichies de nombreuses langues dans le monde.
Un homme d'honneur qui a menti s'aperçoit très vite qu'il a pris un raccourci vers le bain d'acide. Cependant, un mensonge bien déguisé peut se révéler une arme puissante dans la guerre permanente pour le pouvoir qui se livre à l'intérieur de l'organisation. Le résultat est simple : une paranoïa aiguë.
Gentile offre une image facinante de la façon dont, avant l'ère de la prohibition, des hommes d'honneur disséminés sur tout le territoire américain coordonnaient leurs activités [...]. Ce genre de réunions pouvait rassembler cent cinquante hommes, patrons venus des quatres coins des États-Unis avec leur entourage. Gentile hésite à appeler ces réunions des « tribunaux » et se montre plutôt méprisant sur les « procédures judiciaires » adoptées au cours de ces assemblées générales. « Elles étaient constituées d'hommes aux trois quart illettrés. L'éloquence était l'art qui les impressionnait le plus. Plus vous saviez parler, plus vous étiez écouté et plus vous pouviez manipuler cette bande de péquenauds. »
En réalité, la meilleure description que l'on pouvait en faire était « une certaine façon de voir les choses ». Les mafiosi étaient liés les uns aux autres par des affinités naturelles plutôt que par des rites d'initiation ou autres attaches formelles.
Quand on lui demanda de définir la Mafia, Pitrè indiqua que le mot venait de l'arabe « mascias » signifiant conscience exagérée de sa propre personne, refus de se soumettre au plus fort — sentiment qui, dans les classes pauvres, pouvait mener à la délinquance.
Voilà comment Giuseppe Pitrè, professeur de « démo-psychologie » définissait la Mafia en 1889 : « Ce n'est ni une secte ni une association, elle n'a ni règlement ni statuts. Le mafioso n'est ni un voleur ni un bandit [...]. Mafia signifie conscience de son être propre, vision exagérée de sa force individuelle [...]. Le mafioso est un homme qui respecte les autres et aime être respecté. S'il est offensé, il ne fait pas appel à la Justice. »
« Le vrai mafioso s'habille avec simplicité. Il affecte une bonhomie fraternelle dans son attitude et sa façon de parler. Il se fait passer pour naïf et stupidement attentif à tout ce que vous dites. Il endure insultes et camouflets avec patience. Et puis, le soir venu, il vous tue. »
Dans le dialecte palermitain, l'adjectif « mafioso » signifiait autrefois « beau, hardi, sûr de soi ». [...] un mafioso était quelqu'un qui s'aimait bien.