AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 166 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
11 avis
2
4 avis
1
0 avis
En l'an 390 000 070 003 de l'Empire du Congo, le puissant sultan Mangogul règne tranquillement sur son royaume. Tellement tranquillement qu'il s'ennuie, en fait, à mourir. Il convoque alors le génie Cucufa, pour lui demander des distractions. Ce dernier lui offre alors une bague aux propriétés spéciales : il suffit de la tourner vers une femme pour que ses bijoux intimes se mettent à parler, à confier leurs aventures et leurs déceptions. Très vite, les masques tombent : les maris se découvrent cocus, les prudes sont prises en flagrant délit d'hypocrisie, les veuves réclament des pensions pour les enfants qui ne sont pas toujours celui du mort.

Ce Congo imaginaire (et qui ressemble bien plus à l'Inde qu'à un pays africain) est bien entendu un prétexte pour se moquer des grand personnages de l'époque. Si tout le côté scandaleux du texte a disparu aujourd'hui, on reste sensible à la belle satire de l'époque. Personne n'est épargné : la cour, ses prudes et ses coquettes, les prêtres, les scientifiques, … nul doute que les premiers lecteurs de ce récit ont dû reconnaître beaucoup de leurs contemporains dans les personnages qui font leur apparition dans ce texte.
Commenter  J’apprécie          580
Denis Diderot ( 1713-1784) est surtout connu et célébré
pour avoir dirigée avec d 'Alembert au milieu du XVIII e
Siècle , la publication de l 'oeuvre monumentale qui
est : l 'Encyclopédie .
Son roman " Les bijoux indiscrets" , publié en 1748 fut
considéré comme un roman frivole , d autres diront
licencieux .
"Mettant en scène Louis XV et Mme de Pompadour sous les
traits du sultan Mongogul et sa favorite Mirmoza , le maître
d 'oeuvre de l 'Encyclopédie livre une fantaisie romanesque
autour d 'une bague ayant le pouvoir de déclencher la voix
de la vérité sexuelle des femmes ." le Monde ".
Ce livre est un chef-d 'oeuvre de libertinage , avec toute la
grâce de l 'écriture , l 'art de la dérision critique , et la
truculence de l'un des grands génies littéraires français .
Commenter  J’apprécie          502
Je viens de relire ce petit chef-d'oeuvre et je ne résiste pas au plaisir de faire un billet plus complet.

Ce roman a été écrit fin 1747. En janvier 1748, Les Bijoux indiscrets sont imprimés en deux volumes. Cependant, le 29 janvier, un libraire, Bonin, les dénonce à la police. Il envoie une seconde dénonciation le 12 février. Tout ceci n'arrange pas Diderot qui avait vu ses Pensées philosophiques condamnées à être brûlées en 1746. Il sera par ailleurs arrêté et enfermé à Vincennes en 1749 après avoir publié, suite aux Bijoux indiscrets, des Mémoires sur divers sujets de mathématiques, avec une dédicace à Mme de P***, et, de façon anonyme, une Lettre sur les aveugles, à l'usage de ceux qui voient.

Les Bijoux indiscrets appartient à la littérature dite libertine. Ceci explique que le roman se passe dans un pays exotique, ce qui était de mise à l'époque. Mais il s'agit ici d'un pays fantaisiste, comme celui que fera apparaître, en 1759, Voltaire avec Candide. le roman commence à la façon d'un Rabelais avec la naissance de Mangocul, le futur sultan, au Congo (on pourra noter les références à l'Afrique, à l'Asie, à l'Inde, d'où ce pays imaginaire). L'histoire est finalement assez simple : le sultan désire passer du bon temps en ayant connaissance des aventures qu'ont et qu'ont pu avoir les femmes de sa cour. le génie Cucufa lui offre alors une bague. En tournant le chaton vers la femme qu'il désire faire parler, son bijou (entendons par là sa partie intime) racontera tout. Bien entendu, Mangocul ne va pas se gêner pour s'en servir et mettre ces dames dans des situations bien embarrassantes. Les seules, finalement, qui ne seront pas embarrassées seront les religieuses. Et ceci n'est pas dû à leur chasteté ! Loin de là ! Car ce que racontent leurs bijoux ferait rougir n'importe qui. le sultan prend cela à la fois comme un jeu (il ira jusqu'à vouloir faire parler le bijou d'une jument) et comme un pari avec sa favorite (ce qui rappelle Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos)

Ce qui est intéressant, à mon sens, dans ce roman, c'est que nous ne sommes pas du tout dans de la pure pornographie. Tout est en retenue (enfin, tout est relatif quand même). le style n'est pas non plus ampoulé. Il s'agit d'un conte qui se lit aussi bien que le Candide de Voltaire et que je rapproche car on peut y trouver le même style d'humour, satirique. Je ne sais pas d'ailleurs si Voltaire a été influencé. Il s'agissait disons d'une norme de l'époque. Diderot entendait brosser le portrait de ses contemporains, leurs travers et le ridicule de certaines situations.

On a souvent tendance, lorsqu'on parle de cet auteur, à penser de suite à Jacques le Fataliste et son maître. Cependant, Diderot a écrit d'autres oeuvres telles que celle-ci ou encore La Religieuse, qui sortent un peu des sentiers battus, ce qui en fait toute leur force.


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          412
Mmmmh, pas très #MeToo ce Denis Diderot, même carrément coquin.
Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, les bijoux deviennent indiscrets à l'instigation du sultan Mangogul du Congo, qui reçoit du génie Cucufa une bague qui fait parler le sexe (le bijou) des femmes à leur corps défendant (c'est le cas de le dire :D).
Le sultan s'en va essayer sa bague de tous côtés et parie avec sa favorite Mirzoza qu'il ne se trouvera aucun bijou vertueux. Il y a de quoi lancer le #Balance ton sultan (après #Balance ton Zeus : voir la dernière critique de Fabinou7 sur les Poèmes antiques de Leconte de Lisle).
Voilà qui s'inscrit parmi les contes libertins du 18e siècle. Mais Diderot a l'esprit trop vaste et trop fin pour se limiter à une plaisanterie grivoise. Bien sûr les femmes sont bien embarrassées de voir révélée l'activité de leur bijou qu'elles auraient préféré cacher. Mais c'est à une satire de toute la cour de Louis XV et de Mme de Pompadour que Diderot se livre. Et les hommes ne s'en sortent pas plus à leur avantage que les femmes.
Le phénomène des bijoux parlant est l'occasion de disputes entre savants à l'académie des sciences puis entre bramines (les prêtres). Des expériences sont même tentées, sans succès. Les vantardises des petits-maîtres sont réduites à néant, la passion du jeu est stigmatisée et le rapport à l'argent disséqué.
Subrepticement Diderot suggère sa conception du matérialisme au fil des pages de ce roman apparemment léger. Il semble d'ailleurs avoir été embarrassé plus tard par cet écrit, quand il s'est agi de démontrer que le matérialisme pouvait être aussi vertueux que le spiritualisme. Mais il ne le reniera pas son oeuvre puisqu'il a écrit bien plus tard des chapitres supplémentaires. Un libertinage badin pour servir le libertinage savant en quelque sorte.

Lu dans l'édition des oeuvres de Diderot publiée aux éditions Hermann. le volume contenant Les Bijoux indiscrets a paru en 1978. Les annotations sont précieuses pour saisir les allusions à l'actualité de la cour.
Commenter  J’apprécie          272
Un sultan s'ennuie dans son royaume. Il convoque alors un génie, Cucufa, afin que celui-ci s'emploie à le distraire.
Il lui offre une bague magique, qui quand on en oriente le chaton vers une femme provoque ses confidences par la voix de ses parties intimes (ses bijoux indiscrets). Ces dames vont donc voir exprimé "tout haut" ce qu'elles pensent "tout bas".
C'est l'occasion d'explorer tout un tas de situations plus ou moins érotiques.

L'argument de départ est original, sûrement assez misogyne, (mais n'oublions ni le contexte ni l'époque)
On aurait peut-être pu rire aussi si les hommes avaient été soumis aux mêmes contraintes.

Le mérite de ce livre est au moins de changer notre vision "scolaire" de Diderot !
Commenter  J’apprécie          240
Quel plaisir de lire cette langue du XVIII ème siècle, où l'art de la conversation était l'une des qualités les plus prisées de la haute société.

Un Sultan se voit offrir un bijou magique. Toute femme qui le portera verra ses parties les plus intimes dévoiler "tout haut" ce qu'elles pensent "tout bas". Mais comme nous sommes chez Diderot elles parleront en latin. Voilà de quoi me faire regretter de ne pas avoir été plus assidu dans mes cours de latin en 4eme!

Ce roman était de loin l'oeuvre la plus célèbre du vivant de l'auteur. Elle lui causa bien des ennuis en une époque autrement plus puritaine que la nôtre.
Commenter  J’apprécie          201
Livre léger,écrit au second degré,pleins de sous-entendus érotiques.
Diderot nous emmène dans un pays imaginaire,à la cour d'un roi qui s'ennuie et qui va trouver le moyen de connaître tous les ragots de coeur,de sexe de sa cour en faisant parler les cons des femmes.
Très bien écrit,c'est un beau moment de lecture.
Je me suis régalée.
A lire.
Commenter  J’apprécie          190
Un chef-d'oeuvre ! Lorsqu'on pense à Diderot, il nous vient de suite à l'esprit Jacques le Fataliste ou le Neveu de Rameau, deux textes dans lesquels on peut déjà apercevoir toute la truculence du sieur Diderot. Mais avec Les Bijoux indiscrets, ce dernier se surpasse. L'histoire en est la suivante: une bague fait dire tout haut à celle qui la porte ce qu'elle pense tout bas. Jusque là, rien de bien spécial, sauf que "le bas" correspond à son anatomie féminine. Un grand moment !
Commenter  J’apprécie          190
Une récente série sur France Culture m'a donné l'envie d'un retour à Diderot . Et j'ai commencé par ce conte à la manière des Mille et une nuit , qui raconte une bien étrange « prise de parole ». En écrivant cela je m'expose aux foudres des censures comme ce pauvre Denis l'aurait été s'il avait publié de nos jours ce texte à l'argument sulfureux . Quel plaisir de lecture ! Dans cette langue si élégante ( relisez en parallèle une scène de sexe racontée par Houellebecque et vous comprendrez où nous sommes tombés ! ) l'auteur aborde une réflexion sur l'amour et le désir , sur les hommes , sur les femmes , émaillée d'épigrammes sur l'actualité et la société de son époque . Ce n'est pas une oeuvre majeure mais ,même mineure , elle garde une qualité enviable.
Commenter  J’apprécie          150
Pourquoi j'adore la littérature libertine du XVIII° siècle ? Pour la façon inimitable qu'ont les auteurs de l'époque de raconter les pires énormités dans la langue la plus pure, la plus allusive, la plus policée, en un mot la plus délicieuse qu'on puisse imaginer.
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (768) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3656 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}