Lorsque j'ai, dans la librairie indépendante, j'ai croisé la première de couverture, Lettre sur le commerce de livres de
Denis Diderot, j'ai osé cette lecture en le prenant, et quelques jours plus tard, je commence sa lecture avec , un enthousiasme presque enfantin, comme devant un cadeau de Noël, au préalable, je me suis renseigné sur cette lettre et sa publication, elle le sera posthumes, choix voulu par le philosophe des lumières, suite à sa première écrite en 1749, Lettre sur les aveugles, lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, c'est un pamphlet contre l'Église et l'État, lui valant un emprisonnement à Vincennes et de la censure, désormais
Diderot ne publiera plus rien de son vivant. Cette lettre fût écrite en 1763, à la demande d'André le Breton, alors syndic des libraires (éditeurs) parisiens, pour être envoyé au magistrat Sartine, en 1764, pour être ensuite édité en 1861 dans son texte original.
Denis Diderot est un écrivain, un philosophe et un encyclopédiste français des Lumières, il est à la fois un romancier, un dramaturge, un conteur, un essayiste, un dialoguiste, un critique d'art et littéraire et un traducteur, ce panel habille royalement cet homme d'une érudition exponentiel, cette époque est révolue, la pensée s'effrite dans notre monde contemporain où la banalité du médiocre inonde la société comme une évidence, cet appauvrissement de l'esprit est la mode médiatique actuelle, la mode prime sur les idées,
Diderot serait-il aussi censuré par notre élite consanguine, par sa force narrative intellectuelle, parlons de cette lettre assez longue, d'une puissance importante. C'est une lettre historique et politique,
Christophe Paillard, dans sa note de présentation de son édition électronique, dit que c'est le texte le plus important des Lumières françaises sur la liberté d'écrire et de publier,
Denis Diderot fait un état des lieux de l'édition et des auteurs dans cette France en proie à la censure et aux privilèges.
Je me suis perdu dans cette lecture,
Diderot expose son point vue sur les éditions, les auteurs et ces politiques qui entourent l'édition des livres de l'époque, ce flou est présent dans ces lois qui régissent un texte créer par son auteur et les libraires qui l'exploitent, c'est une jungle absolue qui entoure l'exploitation d'un livre, entre les éditions dites libraires qui ont la primauté de publier, et ceux étrangers qui font des publications pirates, la censure qui empêche certains livres de paraitre et tous ces privilèges qui empoisonnent l'auteur à toucher ces dividendes,
Diderot dans une démonstration encore bien archaïque, soulève le soucis du libéralisme des livres et de cette concurrence qui va niveler le livre vers le bas, dans sa conception, dans sa réalisation, dans le contenu peu surveillé, entrainant des éditions de fortune dégradant le livre et amputant l'auteur d'une rente. le droit de propriété et les droits d'auteur seront reconnus à la révolution, sous l'ancien régime, l'auteur n'est pas automatiquement lié à sa création, l'usufruit de ces écrits sont souvent au profit du libraire ou des éditions clandestines étrangères qui pullulent en grand nombre à cette époque.
J'ai eu beaucoup de mal à franchir la marche littéraire, entre le siècle des Lumières et notre monde contemporain, l'écriture est plus méandreuse, elle file selon un code qui se perd de nos jours, de plus les références dument citées par
Diderot sont devenues anonymes, mises à part Racine,
La Fontaine qui planent encore au-dessus de nos têtes comme des classiques universels de notre monde culturel Français. J'ai mis beaucoup de temps à lire et relire certains passages, comme si mon cerveau était en pause, je redevenais le lycéen perdu dans le cours de Français, entendant notre professeur faire son cours sur le siècles des Lumières, j'étais en balade vagabonde, comme je le fus lors de cette lecture, cette confusion des mots, des sens, et de la verve de
Diderot venait s'embouteiller sur l'autoroute de mon cerveau, j'ai mis plus d'une semaine à lire ce livre, et je vais surement mettre toute une vie pour la digérer.
Il y a toujours une distance qu'il peut exister entre un auteur et son lecteur, mais aussi entre deux époques distinctes, celle d'un texte perdu dans le passé et de son lecteur encré dans son époque, cette distance temporelle créer un fossé qui ne permet pas de franchir ce pont entre ces deux époques, c'est ce qui m'est arrivé avec cette lettre, une intemporalité d'humeur littéraire.