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Jean Varloot (Autre)
EAN : 9782070375479
405 pages
Gallimard (12/04/1984)
4.11/5   38 notes
Résumé :
La plus célèbre des correspondances du siècle des Lumières, un document de premier ordre sur la société littéraire et " philosophique " de l'époque. Mais aussi un bien curieux roman d'amour. Ce fut, comme disait Diderot lui-même qui rencontra en 1754 Louise-Henriette Volland rebaptisée Sophie, une " liaison douce ", une affaire de tête et d'estime plutôt qu'une passion charnelle. Peut-être parce que Mme Volland surveillait de très près sa fille ou parce que celle-ci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ah, il l'aimait sa Sophie !
Et Denis Diderot nous séduit par la sincérité de son amour tardif. Car il a plus de 40 ans quand il rencontre Louise-Henriette Volland qu'il préfère appeler Sophie, joli prénom qui veut dire Sagesse en grec.
On ne sait pas grand chose sur la femme aimée et admirée par le philosophe du siècle des lumières en dehors des descriptions qu'il fait dans sa correspondance entretenue durant plus de vingt ans. La première lettre connue de Diderot à Sophie est datée du 10 mai 1759. de ses lettres à elle, il n'en reste aucune, malheureusement.
On apprend qu'elle vivait avec sa mère, veuve d'un financier et très exigeante, et avec sa soeur avec qui elle entretenait des relations intenses.
Pendant leurs nombreuses séparations, Diderot tenait Sophie au courant des moindres événements de sa vie. Il lui parlait d'art, de poésie, de philosophie et d'amour. Diderot aimait sa personne et estimait son esprit comme son jugement car elle était très cultivée et pouvait jouer le rôle de confidente.
Très belle correspondance amoureuse, ces lettres sont aussi un témoignage sur la société de l'époque.

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Ici Diderot nous offre la correspondance qu'il a entretenu avec Sophie Vollant,relation platonique mais tres riche en informations sur la vie de l'epoque et ses moeurs: un vrai reportage en direct sur les moeurs de la seconde partie du dix-huitième siecle ,l'ecriture du philosophe rajoutant au plaisir de la lecture.
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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Au Grandval, 11 octobre 1759.

Je vois, ma tendre amie, que Grimm ne s’est pas acquitté bien exactement de sa commission. Je vous écrivais de chez lui avant-hier au soir ; vous pouviez avoir ma lettre hier de bon matin, savoir qu’à neuf heures je serais chez le Baron, et me dire un petit mot d’adieu.

Nous dînâmes chez Montamy avec la gaieté que je vous ai dit. À six heures j’étais dans l’allée d’Argenson. Je regardai plusieurs fois sur un certain banc, je regardai aussi aux environs ; mais je ne vis ni celle que je désirais, ni celle que je craignais ; et je pensai que le temps incertain et froid vous aurait retenue à la maison, que vous y causiez avec le gros abbé[1], et que peut-être il faisait à votre mère des questions auxquelles vous aviez la bonté de répondre pour elle.

Je vous ai promis le détail de ce qui s’est dit entre d’Alembert et moi ; le voici presque mot pour mot. Il débuta par un exorde assez doux : c’était notre première entrevue depuis la mort de mon père et mon voyage de province. Il me parla de mon frère, de ma sœur, de mes arrangements domestiques, de ma petite fortune et de tout ce qui pouvait m’intéresser et me disposer à l’entendre favorablement ; puis il ajouta (car il en fallait bien venir à un objet auquel j’avais la malignité de me refuser) : « Cette absence a dû relentir un peu votre travail. — Il est vrai ; mais depuis deux mois j’ai bien compensé le temps perdu, si c’est perdre le temps que d’assurer son sort à venir. — Vous êtes donc fort avancé ? — Mes articles de philosophie sont tous faits ; ce ne sont ni les moins difficiles ni les plus courts ; et la plupart des autres sont ébauchés. — Je vois qu’il est temps que je m’y mette. — Quand vous voudrez. — Quand les libraires voudront. Je les ai vus ; je leur ai fait des propositions raisonnables ; s’ils les acceptent, je me livre à l’Encyclopédie comme auparavant ; sinon, je m’acquitterai de mes engagements à la rigueur. L’ouvrage n’en sera pas mieux, mais ils n’auront rien de plus à me demander. — Quelque parti que vous preniez, j’en serai content. — Ma situation commence à devenir désagréable : on ne paye point ici nos pensions ; celles de Prusse sont arrêtées ; nous ne touchons plus de jetons à l’Académie française. Je n’ai d’ailleurs, comme vous savez, qu’un revenu fort modique ; je ne dois ni mon temps ni ma peine à personne, et je ne suis plus d’humeur à en faire présent à ces gens-là. — Je ne vous blâme pas ; il faut que chacun pense à soi. — Il reste encore six à sept volumes à faire. Ils me donnaient, je crois, 500 francs par volume lorsqu’on imprimait, il faut qu’ils me les continuent ; c’est un millier d’écus qu’il leur en coûtera ; les voilà bien à plaindre ! mais aussi ils peuvent compter qu’avant Pâques prochain le reste de ma besogne sera prêt. — Voilà ce que vous leur demandez ? — Oui. Qu’en pensez-vous ? — Je pense qu’au lieu de vous fâcher, comme vous fîtes, il y a six mois, lorsque nous nous assemblâmes pour délibérer sur la continuation de l’ouvrage, si vous eussiez fait aux libraires ces propositions, ils les auraient acceptées sur-le-champ ; mais aujourd’hui qu’ils ont les plus fortes raisons d’être dégoûtés de vous, c’est autre chose. — Et quelles sont ces raisons ? — Vous me les demandez ? — Sans doute. — Je vais donc vous les dire. Vous avez un traité avec les libraires ; vos honoraires y sont stipulés, vous n’avez rien à exiger au delà. Si vous avez plus travaillé que vous ne deviez, c’est par intérêt pour l’ouvrage, c’est par amitié pour moi, c’est par égard pour vous-même : on ne paye point en argent ces motifs-là. Cependant ils vous ont envoyé vingt louis à chaque volume ; c’est cent quarante louis que vous avez reçus et qui ne vous étaient pas dus. Vous projetez un voyage à Wesel[2], dans un temps où vous leur étiez nécessaire ici ; ils ne vous retiennent point ; au contraire, vous manquez d’argent, ils vous en offrent. Vous acceptez deux cents louis ; vous oubliez cette dette pendant deux ou trois ans. Au bout de ce terme assez long, vous songez à vous acquitter. Que font-ils ? Ils vous remettent votre billet déchiré, et ils paraissent trop contents de vous avoir servi. Ce sont des procédés que cela, et vous êtes plus fait, vous, pour vous en souvenir qu’eux pour les avoir. Cependant vous quittez une entreprise à laquelle ils ont mis toute leur fortune ; une affaire de deux millions est une bagatelle qui ne mérite pas l’attention d’un philosophe comme vous. Vous débauchez leurs travailleurs, vous les jetez dans un monde d’embarras dont ils ne se tireront pas sitôt. Vous ne voyez que la petite satisfaction de faire parler de vous un moment. Ils sont dans la nécessité de s’adresser au public ; il faut voir comment ils vous ménagent et me sacrifient. — C’est une injustice. — Il est vrai, mais ce n’est pas à vous à le leur reprocher. Ce n’est pas tout. Il vous vient en fantaisie de recueillir différents morceaux épars dans l’Encyclopédie ; rien n’est plus contraire à leurs intérêts ; ils vous le représentent, vous insistez, l’édition se fait, ils en avancent les frais, et vous en partagez le profit[3]. Il semblait qu’après avoir payé deux fois votre ouvrage ils étaient en droit de le regarder comme le leur. Cependant vous allez chercher un libraire au loin, et vous lui vendez pêle-mêle ce qui ne vous appartient pas. — Ils m’ont donné mille sujets de mécontentement. — Quelle défaite ! Il n’y a point de petites choses entre amis. Tout se pèse, parce que l’amitié est un commerce de pureté et de délicatesse ; mais les libraires, sont-ils vos amis ? votre conduite avec eux est horrible. S’ils ne le sont pas, vous n’avez rien à leur objecter. Savez-vous, d’Alembert, à qui il appartient de juger entre eux et vous ? Au public. S’ils faisaient un manifeste, et qu’ils le prissent pour arbitre, croyez-vous qu’il prononçât en votre faveur ? non, mon ami ; il laisserait de côté toutes les minuties, et vous seriez couvert de honte. — Quoi, Diderot, c’est vous qui prenez le parti des libraires ! — Les torts qu’ils ont avec moi ne m’empêchent point de voir ceux que vous avez avec eux. Après toute cette ostentation de fierté, convenez que le rôle que vous faites à présent est bien misérable. Quoi qu’il en soit, votre demande me paraît petite, mais juste. S’il n’était pas si tard, j’irais leur parler. Demain je pars pour la campagne ; je leur écrirai de là. À mon retour, vous saurez la réponse ; en attendant, travaillez toujours. S’ils vous refusent les mille écus dont il s’agit, moi je vous les offre. — Vous vous moquez. Vous êtes-vous attendu que j’accepterais ? — Je ne sais, mais ils ne vous aviliraient pas de ma main. — Dites que je ne m’engage que pour ma partie. — Ils n’en veulent pas davantage, ni moi non plus. — Plus de préface. — Vous en voudriez faire par la suite que vous n’en seriez pas le maître. — Et pourquoi cela ? — C’est que les précédentes nous ont attiré toutes les haines dont nous sommes chargés. Qui est-ce qui n’y est pas insulté ? — Je reverrai les épreuves à l’ordinaire, supposez que j’y sois. Maupertuis est mort. Les affaires du roi de Prusse ne sont pas désespérées. Il pourrait m’appeler. — On dit qu’il vous nomme à la présidence de son Académie. — Il m’a écrit ; mais cela n’est pas fait. — Au temps comme au temps. Bonsoir. »

Il était sept heures et demie ; l’allée devenait froide ; l’architriclin de monseigneur m’attendait ; j’avais promis à Grimm qu’il m’aurait entre huit et neuf ; nous nous séparâmes donc. Je rentrai au Palais-Royal ; je causai environ trois quarts d’heure avec M. de Montamy. Les mœurs furent notre texte ; je dis là-dessus bien des choses dont je ne me souviens plus, si ce n’est que les hommes ont une étrange opinion de la vertu ; ils croient qu’elle est à leur disposition, et qu’on devient honnête homme du jour au lendemain. Ils gardent leur linge sale tant qu’ils ont des vilenies à faire, et ils en font toute leur vie, parce qu’on ne quitte pas une habitude vicieuse comme une chemise. C’est pis que la peau du centaure Nessus ; on ne l’arrache pas sans douleur et sans cris : on a plus tôt fait de rester comme on est. Oh ! mon amie, ne faisons point le mal, aimons-nous pour nous rendre meilleurs, soyons-nous, comme nous l’avons été, censeurs fidèles l’un à l’autre. Rendez-moi digne de vous, inspirez-moi cette candeur, cette franchise, cette douceur qui vous sont naturelles. Il y a plus loin de notre état d’innocence actuelle à une première faute que d’une première faute à une seconde, et que de celle-ci à une troisième. Si je vous trompais une fois, je pourrais vous tromper mille ; mais je ne vous tromperai jamais. Vous veillez au fond de mon cœur, vous êtes là, et rien de déshonnête ne peut approcher de vous. M. de Montamy me demanda ce que c’était qu’un homme heureux dans ce monde ? Et je lui répondis : Celui à qui la nature a accordé un bon esprit, un cœur juste et une fortune proportionnée à son état. — Votre réponse, me dit-il, est celle que me fit un jour M. de Silhouette : il n’était pas alors fort opulent. Le contrôle général était bien loin de lui. Tous ses souhaits se bornaient à 30,000 livres de rente, et il s’écriait : « Si je les ai jamais, je serai bien plus honnête homme. » Si j’avais entendu ce discours de M. de Silhouette, j’en aurais peut-être conclu qu’il était un fripon : il y a de certains aveux sur lesquels on ne risque rien d’enchérir un peu. Tout le monde n’a pas ma sincérité. Quand je médis de moi, je ne ménage pas les termes. Je dis ce qu’on peut dire de pis, je ne laisse rien à ajouter à ceux qui m’écoutent ; et je me soucie fort peu qu’ils me prennent au mot. Vous surtout, mon amie, je ne veux pas que vous en rabattiez. Si le vice dont je m’accuse n’est pas dans mon cœur, il faut qu’il y en ait un autre dans mon esprit.
J’ai été occupé toute la matinée d’Héloïse et d’Abélard. Elle disait : « J’aimerais mieux être la maîtresse de mon philosophe que la femme du plus grand roi du monde. » Et je disais, moi : Combien cet homme fut aimé !
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À Guémont près Vignory, 17 août 1759.


Ô l’heureux pays où il n’y a ni plume, ni encre, ni papier, que ce
qu’il en faut au curé pour inscrire les noms des enfants qu’on y
fait! Je suis à douze lieues de Langres, dans un village où c’est
à la complaisance du pasteur que je dois le plaisir de causer avec
ma Sophie. Jamais amant peut-être ne s’est trouvé ici; jamais du
moins un aussi tendre. Le saint homme qui m’a prêté le seul
tronçon de plume qu’il ait me croit occupé de quelque grande
affaire, et n’a-t-il pas raison? Quelle affaire plus grande pour
moi que de vous apprendre que je revole vers vous avec une joie
dont l’excès ne peut se comparer qu’à la peine que j’eus à vous
quitter? Je vous reverrai donc! mais encore un mot de ce curé,
dont j’emploie, à vous dire que je vous aime à la folie, la même
plume qui griffonne les prônes où il damnait ses pauvres idiots,
pour avoir écouté leur coeur qui les prêchait bien mieux que lui.

Je me suis arraché à cinq heures du matin d’entre les bras de ma
soeur. Combien nous nous sommes embrassés! combien elle a pleuré!
combien j’ai pleuré aussi! Je l’aime beaucoup, et je crois en
vérité que vous ne m’aimez pas plus qu’elle. L’abbé voyait cela,
et il en était touché; je lui ai recommandé le bonheur de cette
chère soeur, et à elle le bonheur de son frère. Elle s’acquittera
bien de ce devoir. Je me suis offert à être le médiateur de leurs
petits démêlés s’il en survient; et l’abbé, qui a lieu, m’a-t-il
dit, de compter plus encore sur mon équité que sur mon affection,
m’a accepté. Il a eu tort de dire comme cela; car en vérité il n’y
a pas un homme de sa robe que j’estime plus que lui. Il est
sensible; il est vrai qu’il se le reproche; il est honnête, mais
dur. Il eût été bon ami, bon frère, si le Christ ne lui eût
ordonné de fouler aux pieds toutes ces misères-là. C’est un bon
chrétien qui me prouve à tout moment qu’il vaudrait mieux être un
bon homme, et que ce qu’ils appellent la perfection évangélique
n’est que l’art funeste d’étouffer la nature qui eût parlé en lui
peut-être aussi fortement qu’en moi. Oh! que je suis content! Il
est encore de bonne heure, et j’aurai le temps de causer avec vous
tout à mon aise. Combien je vais vous dire de choses, tandis que
ces bonnes gens me font sans apprêt une fricassée de poulet, qui
sera mangée de bon appétit! Bonnes gens, n’allez pas si vite; j’ai
une faim dévorante, mais j’aime encore mieux causer avec ma Sophie
que manger. Que fait-elle? que dit-elle? que pense-t-elle? où me
croit-elle? En quelque lieu du monde qu’elle me suppose, elle
m’aime.

J’avais rapproché ce frère et cette soeur, je m’applaudissais de
mon ouvrage; j’en jouissais; nous nagions tous les trois dans la
joie lorsqu’un événement de rien a pensé tout détruire. Hier au
soir il arrive, il voit des malles qui se remplissent; il prétend
que je n’ai pas même daigné lui annoncer mon départ; que c’était
un arrangement fait entre ma soeur et moi; qu’on le néglige; que
l’on se cache de lui; qu’on lui tait tout; qu’on ne l’aime pas;
qu’il le voit jusque dans les plus petites circonstances; et puis
voilà mon homme qui se désole, qui étouffe, qui ne peut ni boire,
ni manger, ni parler; et moi de lui prendre les mains, de
l’embrasser, de lui protester tout ce que je sentais, peut-être
plus que je ne sentais. Son état me faisait pitié, je tremblais
pour le sort de ma soeur, qui me disait: «Tenez, voilà la vie
qu’il me prépare; il faudra que je me dérange tous les jours la
tête pour remettre la sienne.» Et puis voilà que ce propos et
quelques autres de la même trempe, qu’elle ne sait que trop bien
tenir, rallument l’orage qui commençait à se dissiper; et mon
philosophe qui ne sait plus à quel saint se vouer entre des gens
qui se mettent le marché à la main, et qui se retirent l’un d’un
côté, l’autre de l’autre, au grand étonnement des domestiques qui
avaient servi le souper, et qui regardaient en silence trois êtres
muets, chacun à dix pieds de la table, l’un tristement appuyé sur
ses mains, c’était moi; l’autre renversé sur sa chaise comme
quelqu’un qui a envie de dormir, c’était ma soeur; le troisième se
tourmentant sur sa chaise, cherchant une bonne posture et n’en
trouvant point. Cependant, après avoir éloigné les domestiques, je
pris la parole; je leur rappelai ce qu’ils s’étaient protesté sur
le corps de leur père expiré; je les conjurai, par l’amitié qu’ils
avaient pour moi et par la douleur qu’ils me causaient, de finir
une situation qui m’accablait; je pris ma soeur par la main: «Non,
mon frère, cet homme a été et sera toute sa vie insociable; je
veux m’aller coucher. - Non, chère soeur, vous ne me renverrez pas
avec ce chagrin. - Je ne sais avec qui cet homme a vécu; il est
toujours prêt à soupçonner des complots. - Mon frère, laissez-la
aller, vous voyez bien que quand nous nous embrasserons elle ne
m’en aimera pas davantage.» Cependant j’entraînais ma soeur, qui
se laissait aller en se faisant tirer. Nous arrivâmes enfin
jusqu’au prêtre et je les rapatriai. Nous mangeâmes un souper
froid, pendant lequel je leur fis à chacun un très-beau sermon.
J’étais touché, je ne sais ce que je leur dis; mais la fin de tout
cela, c’est qu’ils se tendirent les mains d’un côté de la table à
l’autre, qu’ils se les saisirent, qu’ils se les serrèrent, qu’ils
avaient les larmes aux yeux; et qu’après s’être avoué bien
franchement leurs torts, ils me demandèrent mille pardons et
m’accablèrent de caresses. Ce n’étaient pas des discours,
c’étaient des mots entrecoupés, c’étaient les démonstrations les
plus douces et les plus expressives.

L’abbé s’est levé de grand matin; il est venu le premier dans ma
chambre, et il m’a tenu des propos, moitié religion et moitié
raison, qui n’étaient pas trop mauvais, et il m’a fait sentir au
doigt que quand le coeur était partial, quoiqu’on s’observât, il
était impossible qu’il n’y parût pas dans les actions. Que
répondre à cela? Que j’avais peu vécu avec lui, que je ne le
connaissais pas autant que ma soeur, et autres forfanteries qu’on
tient pour ne pas demeurer court, et qui ne trompent que ceux qui
nous aiment et qui ont de l’intérêt à les croire; mais comment
faire autrement? Pour ma soeur, contente d’elle et de moi, elle
dormait. Voilà ma fricassée de poulet qui dort aussi; l’appétit et
ma bonne paysanne qui s’impatientent; allons la manger bien vite
pour reprendre et continuer ce que vous ne pourrez peut-être pas
lire. Qu’importe! je vous écrirai toujours, ce sera comme le soir
que je vous écrivais dans les ténèbres.

Ma fricassée était excellente et l’eau délicieuse. Ah! ma Sophie,
si vous m’aviez vu manger! mais que je suis bête! je vous crois
attentive à tout ce que je fais. Les pauvres gens sont si honteux
de n’avoir point de dessert à me donner qu’ils n’oseraient presque
le dire; ils me prennent au moins pour quelque gros bénéficier. Il
est vrai que j’ai une chaise et des chevaux, mais point de
laquais; ils n’en savent pas si long, et ils ne m’en respectent
pas moins. À propos, les chats de Champagne n’osent pas manger sur
des assiettes, il faut qu’ils soient fripons de leur naturel; ils
ont l’air de voler ce qu’on leur donne. Il y a bien des gens comme
cela. Mais où en étais-je? Oh! la bonne eau! à votre santé, ma
Sophie. Madame, permettez-vous? Oui.

Voici le moment terrible, celui des adieux; ils ont été bien
tendres; j’ai jeté mes bras autour du cou de l’abbé; j’ai baisé ma
soeur cent fois. Je parlais à l’abbé, mais je ne disais mot à ma
soeur. En vérité, nous sommes bien nés tous les trois; mais il est
impossible d’être de caractères plus divers. Ah! s’ils s’aimaient
l’un l’autre comme ils m’aiment tous les deux! S’ils avaient pu me
charger la maison entière sur le corps, je vous l’aurais apportée.
Nous avons une qualité commune, c’est la sensibilité et le
désintéressement. L’abbé ne tient à rien, cela est sûr; l’argent
n’en est pas excepté. J’ai oublié de vous dire qu’en parcourant
les lettres que j’écrivais à mon père, il y avait trouvé quelques
mots qui l’avaient offensé; il s’en plaignit amèrement, et cela
dans les premiers jours. Je lui dis: «Je ne sais ce qu’il y a dans
ces lettres, je sais seulement qu’il n’y a ni méchanceté, ni
mauvais dessein; mais, mon frère, si j’ai quelque tort avec vous,
quelque involontaire qu’il soit, je vous en demande pardon.» Il
faut que ma soeur soit fière; j’entendis qu’elle grommelait: «Cela
est bien humble pour un aîné.» Cela acheva de donner un grand prix
à mon excuse. Je les ai laissés enchantés de moi, et tous ceux qui
ont eu quelque part à nos affaires. Je ne saurais me dissimuler la
joie que j’en ai. Ma Sophie, dites, vous qui êtes si souvent dans
ce cas, cela n’est-il pas bien doux? Ils me louent à présent que
je suis loin d’eux; ils se font en eux-mêmes de petits reproches
et je m’applaudis. Mais je crois que mon cocher s’enivre avec
l’hôte, car ils parlent guerre et religion. J’entends qu’ils
crient: «Est-ce que Dieu n’est pas le maître et le roi? voilà
pourtant qu’on parle encore d’impôts!» Qu’ils s’enivrent, n’est-ce
pas là leur consolation? Ils le sont de vin, je le suis d’amour;
je n’ai pas le courage de les blâmer. Demain ils expieront leur
ivresse; elle sera passée et la mienne durera. Mais du train que
j’y vais je ne finirai point; tant mieux, n’est-il pas vrai, ma
Sophie, si vous me lisez plus longtemps? Me voilà parti; me voilà
à Chaumont; me voilà à Brethenay; c’est un petit village rangé sur
la cime d’un coteau dont la Marne arrose le pied. Le bel endroit!
Me voilà à Vignory
Ma Sophie, quel endroit que ce Vignory! Que la chère soeur ne me
parle jamais de ses sophas, de ses oreillers mollets, de ses
tapisseries, de ses glaces, de son froid attirail de volupté.
Bonsoir pourtant,
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Au Grandval, le 15 octobre 1759.

Voilà pour la troisième fois que j’envoie à Charenton, et point de nouvelles de mon amie. Sophie, pourquoi donc ne m’avez-vous point écrit ? Le domestique partit avant-hier à deux heures et demie ; je lui avais recommandé de mettre mes lettres dans la commode à laquelle je laisserais la clef. À six heures, je pensai qu’il pourrait être revenu. Jamais soirée ne me parut plus longue. Je montai, j’ouvris le tiroir ; point de lettres. Je descendis, j’avais l’air inquiet ; on s’en aperçut ; car tout ce qui se passe dans mon âme on le voit sur mon visage. On causa ; je pris peu de part à la conversation ; on me proposa de jouer, j’acceptai. Au milieu de la partie, je quittai, j’allai voir, et je ne trouvai rien. Je me dis : Apparemment que ce coquin-là se sera amusé à boire, et qu’il ne viendra que bien tard. Tant mieux ; je me retirerai de bonne heure ; je serai seul ; je me coucherai, et je lirai la tête sur mon oreiller.

C’était un grand plaisir que je me promettais ; j’étais impatient qu’on eût servi, et qu’on eût soupe, et qu’on remontât. Ce moment enfin arriva ; je courus à la commode ; je ne doutai point d’y trouver ce que je cherchais, et je fus vraiment chagrin d’être trompé dans mon attente.

Qu’est-ce qui vous a empêchée de vous servir de l’adresse que je vous ai laissée ? Vos lettres se seraient-elles égarées ? Vous vengeriez-vous de mon silence ? Votre dessein serait-il de me faire éprouver par moi-même la peine que vous avez soufferte ? Y aurait-il quelque chose de plus étrange que je ne conçois pas ? Je ne sais que penser. Nous attendons ce soir un commissionnaire. Il vient de Paris, il passera par Charenton. On lui a recommandé de voir à la poste s’il n’y aurait rien pour le Grandval. Il sera ici sur les sept heures. Il en est quatre. Je patienterai donc encore trois heures. En attendant, je causerai avec mon amie, comme si j’étais fort à mon aise, quoiqu’il n’en soit rien.

Hier, je perdis toute ma matinée, ou plutôt je l’employai bien. Je reçus un billet qui m’appelait à Sussy. Il était d’un pauvre diable qui a imaginé un projet de finance sur lequel il voulait avoir mon avis. C’est une combinaison ingénieuse de loteries et d’actions : il n’y a rien d’odieux ; cela pourrait être durable ou momentané. Il en reviendrait au roi cent vingt millions[1]. Les riches ne seraient pas vexés ; les pauvres deviendraient propriétaires d’un effet commerçable sur lequel il y aurait un petit bénéfice à faire pour eux. On fut assez surpris de me voir habillé et parti de si grand matin. Je ne doute point que nos femmes n’aient mis un peu de roman dans cette sortie. Je revins pour dîner. Il faisait du vent et du froid qui nous fermèrent. Je fis trois trictracs avec la femme aux beaux yeux d’autrefois ; après quoi le père Hoop[2], le Baron et moi, rangés autour d’une grosse souche qui brûlait, nous nous mîmes à philosopher sur le plaisir, sur la peine, sur le bien et le mal de la vie. Notre mélancolique Écossais fait peu de cas de la sienne. « C’est pour cela, lui dit Mme d’Aine, que je vous ai donné une chambre qui conduit de plain-pied de la fenêtre dans le fossé ; mais ne vous pressez guère de profiter de mon attention. » Le Baron ajouta : « Vous n’aimez peut-être pas vous noyer ; si vous trouvez l’eau froide, père Hoop, allons nous battre. » Et l’Écossais : « Très-volontiers, mon ami, à condition que vous me tuerez. »

On parla ensuite d’un M. de Saint-Germain qui a cent cinquante à cent soixante ans et qui se rajeunit, quand il se trouve vieux[3]. On disait que si cet homme avait le secret de rajeunir d’une heure, en doublant la dose il pourrait rajeunir d’un an, de dix, et retourner ainsi dans le ventre de sa mère. « Si j’y rentrais une fois, dit l’Écossais, je ne crois pas qu’on m’en fit sortir. »

À ce propos il me passa par la tête un paradoxe que je me souviens d’avoir entamé un jour à votre sœur, et je dis au père Hoop, car c’est ainsi que nous l’avons surnommé parce qu’il a l’air ridé, sec et vieillot : « Vous êtes bien à plaindre ! mais s’il était quelque chose de ce que je pense, vous le seriez bien davantage. — Le pis est d’exister et j’existe. — Le pis n’est pas d’exister, mais d’exister pour toujours. — Aussi je me flatte qu’il n’en sera rien. — Peut-être ; dites-moi, avez-vous jamais pensé sérieusement à ce que c’est que vivre ? Concevez-vous bien qu’un être puisse jamais passer de l’état de non vivant à l’état de vivant ! Un corps s’accroît ou diminue, se meut ou se repose ; mais s’il ne vit pas par lui-même, croyez-vous qu’un changement, quel qu’il soit, puisse lui donner de la vie ? Il n’en est pas de vivre comme de se mouvoir ; c’est autre chose. Un corps en mouvement frappe un corps en repos et celui-ci se meut ; mais arrêtez, accélérez un corps non vivant, ajoutez-y, retranchez-en, organisez-le, c’est-à-dire disposez-en les parties comme vous l’imaginerez ; si elles sont mortes, elles ne vivront non plus dans une position que dans une autre. Supposez qu’en mettant à côté d’une particule morte, une, deux ou trois particules mortes, on en formera un système de corps vivant, c’est avancer, ce me semble, une absurdité très-forte, ou je ne m’y connais pas. Quoi ! la particule A placée à gauche de la particule B n’avait point la conscience de son existence, ne sentait point, était inerte et morte ; et voilà que celle qui était à gauche mise à droite, et celle qui était à droite mise à gauche, le tout vit, se connaît, se sent ! Cela ne se peut. Que fait ici la droite ou la gauche ? Y a-t-il un côté et un autre dans l’espace ? Cela serait, que le sentiment et la vie n’en dépendraient pas. Ce qui a ces qualités les a toujours eues et les aura toujours. Le sentiment et la vie sont éternels. Ce qui vit a toujours vécu, et vivra sans fin. La seule différence que je connaisse entre la mort et la vie, c’est qu’à présent, vous vivez en masse, et que dissous, épars en molécules, dans vingt ans d’ici vous vivrez en détail. — Dans vingt ans c’est bien loin ! »

Et Mme d’Aine : « On ne naît point, on ne meurt point ; quelle diable de folie ! — Non, madame. — Quoiqu’on ne meure point, je veux mourir tout à l’heure, si vous me faites croire à cela. — Attendez : Thisbé vit, n’est-il pas vrai ? — Si ma chienne vit, je vous en réponds, elle pense, elle aime, elle raisonne, elle a de l’esprit et du jugement. — Vous vous souvenez bien du temps où elle n’était pas plus grosse qu’un rat ? — Oui. — Pourriez-vous me dire comment elle est devenue si rondelette ? — Pardi, en se crevant de mangeaille comme vous et moi. — Fort bien, et ce qu’elle mangeait vivait-il ? ou non ? — Quelle question ! pardi non, il ne vivait pas. — Quoi ! une chose qui ne vivait pas, appliquée à une chose qui vivait, est devenue vivante et vous entendez cela ? — Pardi, il faut bien que je l’entende. — J’aimerais tout autant que vous me dissiez que si l’on mettait un homme mort entre vos bras, il ressusciterait. — Ma foi, s’il était bien mort, bien mort… ; mais laissez-moi en repos ; voilà-t-il pas que vous me feriez dire des folies. »

Le reste de la soirée s’est passé à me plaisanter sur mon paradoxe… On m’offrait de belles poires qui vivaient, des raisins qui pensaient, et moi je disais : Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l’un à côté de l’autre ne sont peut-être pas si fous qu’on pense. Peut-être leurs cendres se pressent, se mêlent et s’unissent ! que sais-je ? Peut-être n’ont-elles pas perdu tout sentiment, toute mémoire de leur premier état. Peut-être ont-elles un reste de chaleur et de vie dont elles jouissent à leur manière au fond de l’urne froide qui les renferme. Nous jugeons de la vie des éléments par la vie des masses grossières. Peut-être sont-ce des choses bien diverses. On croit qu’il n’y a qu’un polype ! Et pourquoi la nature entière ne serait-elle pas du même ordre ? Lorsque le polype est divisé en cent mille parties, l’animal primitif et générateur n’est plus ; mais tous ses principes sont vivants. Ô ma Sophie ! il me resterait donc un espoir de vous toucher, de vous sentir, de vous aimer, de vous chercher, de m’unir, de me confondre avec vous quand nous ne serons plus, s’il y avait pour nos principes une loi d’affinité, s’il nous était réservé de composer un être commun, si je devais dans la suite des siècles refaire un tout avec vous, si les molécules de votre amant dissous avaient a s’agiter, à s’émouvoir et à rechercher les vôtres éparses dans la nature ! Laissez-moi cette chimère, elle m’est douce, elle m’assurerait l’éternité en vous et avec vous.

Mais il est sept heures, et ce maudit commissionnaire ne paraît pas. Je suis d’une inquiétude extrême. Il est sûr que j’irai demain moi-même à Charenton, à moins qu’un déluge de pluie ne m’en empêche.

Nous avons eu aujourd’hui à dîner Mme d’Houdetot ; elle nous est venue de Paris, elle y retourne, et de là à Épinay. Elle aura fait ses bonnes onze lieues. Cette expédition d’Angleterre la tient dans de cruelles alarmes ; c’est une femme pleine d’âme et de sensibilité. On parlait du vent sourd et continu qui fait mugir ici les appartements. J’ai dit que le bruit ne m’en déplaisait pas, qu’on en sentait mieux la douceur de l’abri, qu’il berçait, et qu’il inclinait à rêver doucement. « Cela est vrai, a-t-elle répondu, mais je ne l’entends point sans penser que peut-être il écarte les Anglais du détroit et que nous profitons de ce moment pour sortir de nos ports et jeter en Angleterre vingt-deux mille malheureux dont il n’en reviendra pas un. »

Il faut que vous sachiez que parmi ces vingt-deux mille hommes, il y a un M. de Saint-Lambert dont vous m’avez entendu parler souvent avec éloge, que la reconnaissance seule a attaché au prince de Beauveau, et qui le suit ; sa perte, si elle arrivait, nous causerait bien des regrets et lui coûterait à elle bien des larmes.
On écrit de Lisbonne à notre voisin M. de Sussy que le roi de Portugal a proposé aux Jésuites de se séculariser ; que cinquante ont accepté
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Le 30 octobre 1759.

Voici, mon amie, la lettre que je vous ai promise. Ayez la patience de la lire jusqu’à la fin ; vous y trouverez peut-être des choses qui ne vous déplairont pas.

Il fit dimanche une très-belle journée ; nous allâmes nous promener sur les bords de la Marne ; nous la suivîmes depuis le pied de nos coteaux jusqu’à Champigny.

Le village couronne la hauteur en amphithéâtre. Au-dessous, le lit tortueux de la Marne forme, en se divisant, un groupe de plusieurs îles couvertes de saules. Ses eaux se précipitent en nappes par les intervalles étroits qui les séparent. Les paysans y ont établi des pêcheries. C’est un aspect vraiment romanesque. Saint-Maur, d’un côté, dans le fond ; Chennevières et Champigny, de l’autre, sur les sommets ; la Marne, des vignes, des bois, des prairies entre deux. L’imagination aurait peine à rassembler plus de richesse et de variété que la nature n’en offre là. Nous nous sommes proposé d’y retourner, quoique nous en soyons revenus tous écloppés. Je m’étais fiché une épine au doigt ; le Baron était entrepris d’un torticolis, et un mouvement de bile commençait à tracasser notre mélancolique Écossais.

Il était temps que nous regagnassions le salon. Nous y voilà, les femmes étalées sur le fond, les hommes rangés autour du foyer ; ici l’on se réchauffe ; là on respire. On est encore en silence, mais ce ne sera pas pour longtemps. C’est Mme d’Holbach qui a parlé la première, et elle a dit :

— Maman, que ne faites-vous une partie ? — Non ; j’aime mieux me reposer et bavarder. — Comme vous voudrez. Reposons nous et bavardons.

Il est inutile que je vous nomme dans la suite les interlocuteurs, vous les connaissez tous.

— Eh bien ! philosophe, où en êtes-vous de votre besogne ? — J’en suis aux Arabes et aux Sarrasins[1]. — À Mahomet, le meilleur ami des femmes ? — Oui, et le plus grand ennemi de la raison. — Voilà une impertinente remarque. — Madame, ce n’est point une remarque, c’est un fait. — Autre sottise ; ces messieurs sont montés sur le ton galant.

— Ces peuples n’ont connu l’écriture que peu de temps avant l’hégire. — L’hégire ! quel animal est-ce là ? — Madame, c’est la grande époque des musulmans. — Me voilà bien avancée ; je n’entends pas plus son époque que son hégire, et son hégire que son époque. Ils ont la rage de parler grec.

— Antérieurement à cette époque, c’étaient des idolâtres grossiers ; celui à qui la nature avait accordé quelque éloquence pouvait tout sur eux. Ceux qu’ils honoraient du nom de chaled étaient pâtres, astrologues, musiciens, poètes, médecins, législateurs et prêtres, caractères qu’on ne trouve guère réunis dans une même personne que chez les peuples barbares et sauvages. — Cela est juste. — Tel fut Orphée chez les Grecs, Moïse chez les Hébreux, Numa chez les Romains. — Point de nouvelles de Paris, mes buis ne seront pas plantés cet automne. Ce Berlize[2] est un baguenaudier. Il m’en faut cent cinquante bottes et il m’en envoie quatre-vingts. — Ces plates-bandes seront fort bien ; qu’en pensez-vous ? — À merveille. — Je voudrais bien que M. Charon[3] revît son jardin.

— Les premiers législateurs des nations étaient chargés d’interpréter la volonté des dieux, de les apaiser dans les calamités publiques, d’ordonner des entreprises, de célébrer les succès, de décerner des récompenses, d’infliger des châtiments, de marquer des jours de repos et de travail, de lier et d’absoudre, d’assembler et de disperser, d’armer et de désarmer, d’imposer les mains pour soulager ou pour exterminer. À mesure qu’un peuple se police, ces fonctions se séparent..... Un homme commande....., un autre sacrifie....., un troisième guérit....., un quatrième, plus sacré, les immortalise..... et s’immortalise lui-même.

— Madame, ce qu’ils disent là est fort beau. — Je me soucie bien de ce qu’ils disent ; je pense à mes buis. Il y a longtemps que nous n’avons vu la Parfaite-Union. — Tant mieux. — Ils sont pourtant à Saint-Maur. Qu’ils y restent..... — Cette femme-là est plus femme que toutes les autres femmes ensemble. — Jamais elle ne sait ce qu’elle veut. — Pardonnez-moi ; mais elle n’est jamais contente de ce qu’elle a. — Je la trouve plus malheureuse que folle. Il n’y a rien de si incommode que le désir, si ce n’est la possession. — Cependant il faut avoir ou manquer. — C’est une assez triste nécessité.....

— Ce fut un certain Moramere qui inventa l’alphabet arabe, et la nation fut partagée en érudits ou gens qui savaient lire, et en idiots. Le saint prophète ne sut lire ni écrire. De là, la haine des premiers musulmans contre toute espèce de connaissance ; le mépris qui s’en est perpétué jusqu’à ce jour, et la plus longue durée garantie à ses impostures..... C’est une observation assez générale que la religion perd à mesure que la philosophie gagne. On en conclura tout ce qu’on voudra contre l’inutilité de l’une ou contre la vérité de l’autre.

— Votre madame de *** nous avait promis. Que diable fait-elle à Paris ? — Elle enrage. — De quoi ? elle ne manque pas de figure ; elle a de l’esprit ; tout le monde l’aime. — Et, ce qui vaut encore mieux, elle n’aime personne. — Maman, vous riez toute seule. — Je pense à la figure de son petit magot. Ne trouvez-vous pas qu’il ressemble au manche d’une basse de viole ? Imaginez cet outil-là entre les jambes de sa femme. — Allons, mesdames, courage. — Pardi, mon gendre, laissez-nous médire un peu de notre prochain. Je suis sûre qu’on en fait autant de nous sans que je m’en chagrine ; c’est que je ne me chagrine de rien. — Et puis, comment pardonner aux défauts de ses amis, si on ne les connaît pas ? — Ma femme. — Qu’avez-vous à dire à cela ? — Que vous alliez prendre votre mandore et que vous nous en jouiez quelques airs. Ce bruit sera moins désagréable et plus innocent. — Ma fille, je te prie de n’en rien faire ; je ne conçois rien de si maussade que ton mari quand il est malade. C’est comme les autres quand ils se portent bien. Et que diantre, radotez de votre philosophie, et ne vous mêlez pas de nous. Vous étiez dans les sérails, retournez-y. — C’est le plus court.....

— Eh bien ! philosophe, vous disiez donc que plus il y aura de penseurs à Constantinople, moins on fera de pèlerinages à la Mecque. — Oui. — Je suis de son avis. — Je pense même que, quand il y a dans une capitale un acte religieux annuel et commun, on peut le regarder comme une mesure assez sûre du progrès de l’incrédulité, de la corruption des mœurs et du déclin de la superstition nationale. — Comment cela ? — Le voici : supposons, par exemple, qu’il y eût en 1700, trente mille pèlerinages à la Mecque, ou trente mille communions sur une paroisse, et qu’en 1750 il ne se fît plus que dix mille pèlerinages et dix mille communions, il est certain que la foi, et tout ce qui y tient, se serait affaibli de deux tiers.

— Mademoiselle Anselme. — Madame. — Vous avez bien le plus vilain cul qui se puisse. — En vérité, ma belle-mère, vous êtes d’une folie ! — Au sérail, mon gendre ! Oh ! mademoiselle, un très-vilain cul. — Je ne m’en soucie guère ; je ne le vois pas. — Mais c’est qu’il est noir, ridé, maigre, sec, petit, plissé, chagriné ! Si saint Pierre le savait, il en rabattrait un peu. — Elle a un si joli visage ! comment aurait-elle un si vilain cul ? — Voilà mon philosophe qui m’a devant lui, et qui conclut du visage au cul. Tant y a que le sien est fort laid et que je m’en crois, car je l’ai vu. — Vous l’avez vu, madame ? — Oui, je l’ai vu..... toute la nuit en rêve.

— Eh bien ! philosophe ? — Je ne sais plus où j’en suis. — Et laissez là ces folles. — Ma foi, elles parlent d’un cul qui m’a tourné la tête. — Vous en étiez à l’acte religieux annuel, et au déclin de la superstition nationale. — M’y voilà. Je pense que ce déclin a un terme ; les progrès de la lumière sont limités ; elle ne gagne guère les faubourgs. Le peuple y est trop bête, trop misérable et trop occupé : elle s’arrêta là ; alors le nombre de ceux qui satisfont, dans l’année, à la grande cérémonie est égal au nombre de ceux qui restent, au milieu de la révolution des esprits, aveugles ou éclairés, incurables ou incorruptibles, comme il vous plaira. — Ainsi voilà le troupeau de l’Église. — Il peut s’accroître, mais non diminuer. — La quantité de la canaille est à peu près toujours la même.

— Écoutez, madame, écoutez. — Je m’ennuie assez sans cela. Il ne me fallait plus que la Socoplie..... J’étais faite cette année pour voir de vilains culs..... Il y a deux mois que j’étais seule ici ; je ne savais que devenir ; je me fis mener à Bonneuil, et dare, dare, dare, voilà un homme qui vient en cabriolet, comme si le diable l’emportait. Vous savez ce tournant vers l’église, il avait là une femme montée sur un âne, entre deux paniers ; et crac, le moyeu du cabriolet accroche un panier, et voilà l’âne, les quatre fers en l’air d’un côté, et les paniers et la femme, les quatre fers en l’air, de l’autre. On s’amasse, on redresse les paniers, on relève l’âne par la queue ; cependant on laissait là cette pauvre femme qui criait comme une femme troussée. — Mais il y en a qui ne crient pas trop. — Aux sérails. — Là comme ailleurs.

L’Alcoran fut le seul livre de la nation pendant plusieurs siècles ; on brûla les autres, ou parce qu’ils étaient superflus, s’il n’y avait que ce qui est dans l’Alcoran, ou parce qu’il étaient pernicieux, s’ils contenaient autre chose que ce qui y est. Ce fut d’après ce raisonnement qu’on chauffa pendant six mois les bains d’Alexandrie des ouvrages du temps précédent. L’imposteur n’était plus, lorsque des fanatiques remplis de son esprit damnaient le calif Almamon pour avoir accueilli la science au détriment de la sainte ignorance des fidèles croyants. Ils disaient : Si quelqu’un ose l’imiter, il faut l’empaler et le porter de tribu en tribu, précédé d’un héraut qui criera : C’est ainsi qu’on traitera l’impie qui préférera la philosophie profane à la divine tradition, la raison au miraculeux Alcoran.

Cependant les Omméades firent peu de
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Le 30 octobre 1759.

Voici, mon amie, la lettre que je vous ai promise. Ayez la patience de la lire jusqu’à la fin ; vous y trouverez peut-être des choses qui ne vous déplairont pas.

Il fit dimanche une très-belle journée ; nous allâmes nous promener sur les bords de la Marne ; nous la suivîmes depuis le pied de nos coteaux jusqu’à Champigny.

Le village couronne la hauteur en amphithéâtre. Au-dessous, le lit tortueux de la Marne forme, en se divisant, un groupe de plusieurs îles couvertes de saules. Ses eaux se précipitent en nappes par les intervalles étroits qui les séparent. Les paysans y ont établi des pêcheries. C’est un aspect vraiment romanesque. Saint-Maur, d’un côté, dans le fond ; Chennevières et Champigny, de l’autre, sur les sommets ; la Marne, des vignes, des bois, des prairies entre deux. L’imagination aurait peine à rassembler plus de richesse et de variété que la nature n’en offre là. Nous nous sommes proposé d’y retourner, quoique nous en soyons revenus tous écloppés. Je m’étais fiché une épine au doigt ; le Baron était entrepris d’un torticolis, et un mouvement de bile commençait à tracasser notre mélancolique Écossais.

Il était temps que nous regagnassions le salon. Nous y voilà, les femmes étalées sur le fond, les hommes rangés autour du foyer ; ici l’on se réchauffe ; là on respire. On est encore en silence, mais ce ne sera pas pour longtemps. C’est Mme d’Holbach qui a parlé la première, et elle a dit :

— Maman, que ne faites-vous une partie ? — Non ; j’aime mieux me reposer et bavarder. — Comme vous voudrez. Reposons nous et bavardons.

Il est inutile que je vous nomme dans la suite les interlocuteurs, vous les connaissez tous.

— Eh bien ! philosophe, où en êtes-vous de votre besogne ? — J’en suis aux Arabes et aux Sarrasins[1]. — À Mahomet, le meilleur ami des femmes ? — Oui, et le plus grand ennemi de la raison. — Voilà une impertinente remarque. — Madame, ce n’est point une remarque, c’est un fait. — Autre sottise ; ces messieurs sont montés sur le ton galant.

— Ces peuples n’ont connu l’écriture que peu de temps avant l’hégire. — L’hégire ! quel animal est-ce là ? — Madame, c’est la grande époque des musulmans. — Me voilà bien avancée ; je n’entends pas plus son époque que son hégire, et son hégire que son époque. Ils ont la rage de parler grec.

— Antérieurement à cette époque, c’étaient des idolâtres grossiers ; celui à qui la nature avait accordé quelque éloquence pouvait tout sur eux. Ceux qu’ils honoraient du nom de chaled étaient pâtres, astrologues, musiciens, poètes, médecins, législateurs et prêtres, caractères qu’on ne trouve guère réunis dans une même personne que chez les peuples barbares et sauvages. — Cela est juste. — Tel fut Orphée chez les Grecs, Moïse chez les Hébreux, Numa chez les Romains. — Point de nouvelles de Paris, mes buis ne seront pas plantés cet automne. Ce Berlize[2] est un baguenaudier. Il m’en faut cent cinquante bottes et il m’en envoie quatre-vingts. — Ces plates-bandes seront fort bien ; qu’en pensez-vous ? — À merveille. — Je voudrais bien que M. Charon[3] revît son jardin.

— Les premiers législateurs des nations étaient chargés d’interpréter la volonté des dieux, de les apaiser dans les calamités publiques, d’ordonner des entreprises, de célébrer les succès, de décerner des récompenses, d’infliger des châtiments, de marquer des jours de repos et de travail, de lier et d’absoudre, d’assembler et de disperser, d’armer et de désarmer, d’imposer les mains pour soulager ou pour exterminer. À mesure qu’un peuple se police, ces fonctions se séparent..... Un homme commande....., un autre sacrifie....., un troisième guérit....., un quatrième, plus sacré, les immortalise..... et s’immortalise lui-même.

— Madame, ce qu’ils disent là est fort beau. — Je me soucie bien de ce qu’ils disent ; je pense à mes buis. Il y a longtemps que nous n’avons vu la Parfaite-Union. — Tant mieux. — Ils sont pourtant à Saint-Maur. Qu’ils y restent..... — Cette femme-là est plus femme que toutes les autres femmes ensemble. — Jamais elle ne sait ce qu’elle veut. — Pardonnez-moi ; mais elle n’est jamais contente de ce qu’elle a. — Je la trouve plus malheureuse que folle. Il n’y a rien de si incommode que le désir, si ce n’est la possession. — Cependant il faut avoir ou manquer. — C’est une assez triste nécessité.....

— Ce fut un certain Moramere qui inventa l’alphabet arabe, et la nation fut partagée en érudits ou gens qui savaient lire, et en idiots. Le saint prophète ne sut lire ni écrire. De là, la haine des premiers musulmans contre toute espèce de connaissance ; le mépris qui s’en est perpétué jusqu’à ce jour, et la plus longue durée garantie à ses impostures..... C’est une observation assez générale que la religion perd à mesure que la philosophie gagne. On en conclura tout ce qu’on voudra contre l’inutilité de l’une ou contre la vérité de l’autre.

— Votre madame de *** nous avait promis. Que diable fait-elle à Paris ? — Elle enrage. — De quoi ? elle ne manque pas de figure ; elle a de l’esprit ; tout le monde l’aime. — Et, ce qui vaut encore mieux, elle n’aime personne. — Maman, vous riez toute seule. — Je pense à la figure de son petit magot. Ne trouvez-vous pas qu’il ressemble au manche d’une basse de viole ? Imaginez cet outil-là entre les jambes de sa femme. — Allons, mesdames, courage. — Pardi, mon gendre, laissez-nous médire un peu de notre prochain. Je suis sûre qu’on en fait autant de nous sans que je m’en chagrine ; c’est que je ne me chagrine de rien. — Et puis, comment pardonner aux défauts de ses amis, si on ne les connaît pas ? — Ma femme. — Qu’avez-vous à dire à cela ? — Que vous alliez prendre votre mandore et que vous nous en jouiez quelques airs. Ce bruit sera moins désagréable et plus innocent. — Ma fille, je te prie de n’en rien faire ; je ne conçois rien de si maussade que ton mari quand il est malade. C’est comme les autres quand ils se portent bien. Et que diantre, radotez de votre philosophie, et ne vous mêlez pas de nous. Vous étiez dans les sérails, retournez-y. — C’est le plus court.....

— Eh bien ! philosophe, vous disiez donc que plus il y aura de penseurs à Constantinople, moins on fera de pèlerinages à la Mecque. — Oui. — Je suis de son avis. — Je pense même que, quand il y a dans une capitale un acte religieux annuel et commun, on peut le regarder comme une mesure assez sûre du progrès de l’incrédulité, de la corruption des mœurs et du déclin de la superstition nationale. — Comment cela ? — Le voici : supposons, par exemple, qu’il y eût en 1700, trente mille pèlerinages à la Mecque, ou trente mille communions sur une paroisse, et qu’en 1750 il ne se fît plus que dix mille pèlerinages et dix mille communions, il est certain que la foi, et tout ce qui y tient, se serait affaibli de deux tiers.

— Mademoiselle Anselme. — Madame. — Vous avez bien le plus vilain cul qui se puisse. — En vérité, ma belle-mère, vous êtes d’une folie ! — Au sérail, mon gendre ! Oh ! mademoiselle, un très-vilain cul. — Je ne m’en soucie guère ; je ne le vois pas. — Mais c’est qu’il est noir, ridé, maigre, sec, petit, plissé, chagriné ! Si saint Pierre le savait, il en rabattrait un peu. — Elle a un si joli visage ! comment aurait-elle un si vilain cul ? — Voilà mon philosophe qui m’a devant lui, et qui conclut du visage au cul. Tant y a que le sien est fort laid et que je m’en crois, car je l’ai vu. — Vous l’avez vu, madame ? — Oui, je l’ai vu..... toute la nuit en rêve.

— Eh bien ! philosophe ? — Je ne sais plus où j’en suis. — Et laissez là ces folles. — Ma foi, elles parlent d’un cul qui m’a tourné la tête. — Vous en étiez à l’acte religieux annuel, et au déclin de la superstition nationale. — M’y voilà. Je pense que ce déclin a un terme ; les progrès de la lumière sont limités ; elle ne gagne guère les faubourgs. Le peuple y est trop bête, trop misérable et trop occupé : elle s’arrêta là ; alors le nombre de ceux qui satisfont, dans l’année, à la grande cérémonie est égal au nombre de ceux qui restent, au milieu de la révolution des esprits, aveugles ou éclairés, incurables ou incorruptibles, comme il vous plaira. — Ainsi voilà le troupeau de l’Église. — Il peut s’accroître, mais non diminuer. — La quantité de la canaille est à peu près toujours la même.

— Écoutez, madame, écoutez. — Je m’ennuie assez sans cela. Il ne me fallait plus que la Socoplie..... J’étais faite cette année pour voir de vilains culs..... Il y a deux mois que j’étais seule ici ; je ne savais que devenir ; je me fis mener à Bonneuil, et dare, dare, dare, voilà un homme qui vient en cabriolet, comme si le diable l’emportait. Vous savez ce tournant vers l’église, il avait là une femme montée sur un âne, entre deux paniers ; et crac, le moyeu du cabriolet accroche un panier, et voilà l’âne, les quatre fers en l’air d’un côté, et les paniers et la femme, les quatre fers en l’air, de l’autre. On s’amasse, on redresse les paniers, on relève l’âne par la queue ; cependant on laissait là cette pauvre femme qui criait comme une femme troussée. — Mais il y en a qui ne crient pas trop. — Aux sérails. — Là comme ailleurs.

L’Alcoran fut le seul livre de la nation pendant plusieurs siècles ; on brûla les autres, ou parce qu’ils étaient superflus, s’il n’y avait que ce qui est dans l’Alcoran, ou parce qu’il étaient pernicieux, s’ils contenaient autre chose que ce qui y est. Ce fut d’après ce raisonnement qu’on chauffa pendant six mois les bains d’Alexandrie des ouvrages du temps précédent. L’imposteur n’était plus, lorsque des fanatiques remplis de son esprit damnaient le calif Almamon pour avoir accueilli la science au détriment de la sainte ignorance des fidèles croyants. Ils disaient : Si quelqu’un ose l’imiter, il faut l’empaler et le porter de tribu en tribu, précédé d’un héraut qui criera : C’est ainsi qu’on traitera l’impie qui préférera la philosophie profane à la divine tradition, la raison au miraculeux Alcoran.Oui, mon amie, oui, j’ai reçu toutes vos
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Rencontre avec Christian Grataloup autour de Géohistoire. Une autre histoire des humains sur la Terre paru aux éditions des Arènes, et de L'Atlas historique de la terre (Les Arènes).
Christian Grataloup, né en 1951 à Lyon, agrégé et docteur en géographie, successivement enseignant du secondaire, professeur de classes prépas, formateur d'instituteurs puis de PEGC, maître de conférences à l'université de Reims et finalement professeur à l'université Paris Diderot. Les recherches et les publications de Christian Grataloup se sont toujours situées à la charnière de la géographie et de l'histoire. Une grande partie de ses travaux concernent la didactique, en particulier par la mise au point de «jeux» pédagogiques. Il a notamment publié: Atlas historique de la France (Les Arènes, 2020), L'invention des continents et des océans. Comment l'Europe a découpé le Monde (Larousse, 2020), Cabinet de curiosité de l'histoire du Monde (Armand Colin, 2020), Atlas historique mondial (Les Arènes, 2019), Vision(s) du Monde (Armand Colin, 2018), le Monde dans nos tasses. Trois siècles de petit-déjeuner (Armand Colin, 2017), Introduction à la géohistoire (Armand Colin, 2015).
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