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EAN : 9782755500370
61 pages
1001 Nuits (06/09/2007)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Le titre en gros caractères est moderne, celui qui est imprimé en petit est l'original. Dialogue où Diderot prouve dans un dialogue que l'on peut être à la fois athée et moral.
Que lire après Pour une morale de l'athéïsme : Entretien d'un philosophe avec la maréchale de ***Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce Denis Diderot est génial !
Dans cet entretien entre La maréchale de Broglie et lui-même, en 1771, il démontre que la religion ne sert à rien pour rendre les gens "meilleurs". Il dit même que la religion est à l'origine de maints désordres de la société.
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Je retrouve mon Diderot de "La Religieuse" , au meilleur de sa forme dans ce court texte, loin du style de " Jacques le Fataliste", qui m'a paru bien embrouillé pour mon petit cerveau !
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Le siècle de Louis XV est encore très religieux, et la censure très forte. Un chevalier n'a t-il pas été exécuté pour ne pas s'être découvert pendant le passage d'une procession ?
Les philosophes contestataires comme Diderot, Voltaire et d'autres sont obligés d'écrire "masqués" sous peine d'exil ou d'excommunication comme c'est arrivé à Spinoza au siècle précédent. Même Nietzsche, au siècle suivant se contraignait à embrouiller le lecteur dans ses écrits profanes !
C'est donc officiellement le poète italien Crudeli qui dialogue avec une dame vénitienne, à la sortie du livre, en 1777. Ce n'est qu'après la mort de Diderot en 1784, et après la révolution que sont révélés les noms des protagonistes, et celui de l'auteur.
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La méthode qu'utilise Diderot pour dialoguer avec la maréchale est celle de la maïeutique socratique, avec deux exemples percutants, celui de la belle pratiquante pieuse mais à la mode, et celui du jeune Mexicain qui rêve sur sa planche.
A un moment, l'interlocuteur athée, qui va plus loin qu'un Voltaire déiste, trouve que le Dieu des chrétiens est bien sévère, avec sa sanction de brûler l'âme toute l'éternité pour des péchés capitaux non jugés, et la Dame en convient !
C'est pour cela qu'il évoque un vieillard bienveillant, comme un père qui pardonnerait le " retour de l'enfant prodigue".
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Pour mettre mon grain de sel dans ce débat complexe avec Dieu, je suis passé du catholicisme à l'athéisme, puis au déisme, et enfin, j'en suis au spiritisme, qui, loin des tables tournantes, et proche de Patricia Darré ou d'Alain Joseph Bellet, me convient parfaitement.
... Ahem : souvent homme varie !
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Court texte d'une vingtaine de pages, mettant en scène un dialogue entre Diderot et la Maréchale de *** qui le sermonne sur son incroyance. Diderot se défend en exposant ses arguments.

Mine de rien, en vingt pages, on aborde beaucoup de sujets : la religion qui n'est pas la seule garante de la moralité publique, les croyants qui ne sont au final ni meilleurs ni pires que les autres, le fait de ne pas trop se préoccuper des « péchés » socialement bien acceptés, et l'absurdité qu'il y a à demander à quelqu'un qui ne croit pas de se « forcer » à croire.

Diderot ne fait pas de prosélytisme pour autant. Il affirme qu'il laisse chacun penser comme il le souhaite tant qu'on lui donne ce même droit, et ne cherche même pas à afficher publiquement ses opinions : s'il faut assister aux diverses cérémonies religieuses pour avoir la paix, il y assistera sans broncher.
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On a longtemps cru que la foi religieuse pouvait seule maintenir et brider l'être humain et l'empêcher de donner libre cours à ses instincts par peur du châtiment divin, de l'enfer. Les premiers athées, Epicure, et aussi les déistes qui enseignaient que Dieu ne se préoccupe en rien des hommes, étaient donc accusés d'immoralité, puisqu'ils récusaient le frein moral de la peur de l'enfer. Diderot, dans un petit dialogue facile, charmant, galant comme le XVIII°s savait en faire, tente de persuader une jolie dame de ses amies, la dévote Maréchale de Broglie, que l'on peut parfaitement ne croire à rien ni personne et être une personne honorable et morale. Même, ajoute-t-il, il y a plus de mérite à faire le bien sans espérer de récompense, ou à s'abstenir du mal sans craindre de punition, que de bien se conduire par intérêt. Ce petit traité de vulgarisation philosophique est facile et délicieux à lire et à étudier. Les idées qui y sont débattues peuvent paraître un peu périmées, puisqu'il y a bien longtemps que nous avons compris la leçon des valeurs morales laïques. Toutefois nous voyons tous les jours des fanatiques religieux se conduire comme des animaux, et des athées avoir un comportement civilisé. Peut-être les événements contemporains, et le succès de la propagande intégriste en Europe, donneront-ils une nouvelle actualité à ce petit livre.
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Un petit dialogue très court, mais très dense, à la fois léger et spirituel, mais aussi grave et profond. Diderot, sous une identité d'emprunt, dénonce toutes les violences commises au nom des religions - ce n'est pas une attaque du catholicisme, mais de toutes les religions, les guerres, les tortures. Il évoque aussi avec humour l'hypocrisie des règles religieuses, à travers l'exemple attendu des Jésuites, mais aussi celui des vêtements - comment respecter la décence quand on est jeune et bien faite ?...
Finalement, plus qu'un traité sur la morale ou l'athéisme, c'est un traité sur la tolérance et la liberté : chacun peut être libre de croire ou de ne pas croire, tant qu'il n'impose pas sa doctrine - ou son absence de doctrine - aux autres l'athée n'est pas un prosélyte...
Si les dernières phrases ou le philosophe semble renoncer et se convertir sur son lit de mort peuvent sembler une concession pour que le livre ait pu être imprimé, en tant que lectrice contemporaine, je vois de l'humour dans l'accusation d'hypocrisie, le philosophe n'abjure pas - son absence de foi.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
LA MARÉCHALE. - A propos, si vous aviez à rendre compte de vos principes à nos magistrats, les avoueriez-vous ?
DIDEROT. - Je ferais de mon mieux pour leur épargner une action atroce.
LA MARÉCHALE. - Ah ! le lâche ! Et si vous étiez sur le point de mourir, vous soumettriez-vous aux cérémonies de l'Église ?
DIDEROT. - Je n'y manquerais pas.
LA MARÉCHALE. - Fi ! le vilain hypocrite.
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LA MARÉCHALE. - Mais il faut quelque chose qui effraie les hommes sur les mauvaises actions qui échappent à la sévérité des lois ; et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ?
DIDEROT. - Quand je n'aurais rien à mettre à la place, ce serait toujours un terrible préjugé de moins ; sans compter que, dans aucun siècle et chez aucune nation, les opinions religieuses n'ont servi de base aux mœurs nationales. Les dieux qu'adoraient ces vieux Grecs et ces vieux Romains, les plus honnêtes gens de la terre, étaient la canaille la plus dissolue : un Jupiter, à brûler tout vif ; une Vénus, à enfermer à l'Hôpital ; un Mercure, à mettre à Bicêtre.
LA MARÉCHALE. - Et vous pensez qu'il est tout à fait indifférent que nous soyons chrétiens ou païens ; que païens, nous n'en vaudrions pas mieux ; et que chrétiens, nous n'en valons pas mieux.
DIDEROT. - Ma foi, j'en suis convaincu, à cela près que nous serions un peu plus gais.
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Songez que la religion a créé, et qu'elle perpétue la plus violente antipathie entre les Nations. Il n'y a pas un musulman qui n'imaginât faire une action agréable à un Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui de leur côté ne sont guère plus tolérants.


-- 1771.
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LA MARÉCHALE. — Que gagnez-vous à ne pas croire ?
DIDEROT. — Rien du tout, madame la maréchale. Est-ce qu'on croit parce qu'il y a quelque chose à gagner ?
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Les fous ont toujours été, et seront toujours le plus grand nombre, et les plus dangereux sont ceux que la religion fait, et dont les perturbateurs de la société savent tirer bon parti dans l'occasion.

NDL : Cette phrase n'a pas pris une ride, si l'on remplace parfois "religion" par "dieu-argent".
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Vidéo de Denis Diderot
Rencontre avec Christian Grataloup autour de Géohistoire. Une autre histoire des humains sur la Terre paru aux éditions des Arènes, et de L'Atlas historique de la terre (Les Arènes).
Christian Grataloup, né en 1951 à Lyon, agrégé et docteur en géographie, successivement enseignant du secondaire, professeur de classes prépas, formateur d'instituteurs puis de PEGC, maître de conférences à l'université de Reims et finalement professeur à l'université Paris Diderot. Les recherches et les publications de Christian Grataloup se sont toujours situées à la charnière de la géographie et de l'histoire. Une grande partie de ses travaux concernent la didactique, en particulier par la mise au point de «jeux» pédagogiques. Il a notamment publié: Atlas historique de la France (Les Arènes, 2020), L'invention des continents et des océans. Comment l'Europe a découpé le Monde (Larousse, 2020), Cabinet de curiosité de l'histoire du Monde (Armand Colin, 2020), Atlas historique mondial (Les Arènes, 2019), Vision(s) du Monde (Armand Colin, 2018), le Monde dans nos tasses. Trois siècles de petit-déjeuner (Armand Colin, 2017), Introduction à la géohistoire (Armand Colin, 2015).
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20/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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