Citations sur Sur les femmes et autres textes (15)
J'aime Antoine-Léonard Thomas ; je respecte la fierté de son âme et la noblesse de son caractère. À en juger par sa "Dissertation sur les Femmes", il n'a pas assez éprouvé une passion que je prise d'avantage pour les peines dont elle nous console que pour les plaisirs qu'elle nous donne. Il a beaucoup pensé, mais il n'a pas assez senti. Sa tête s'est tourmentée, mais son coeur est demeuré tranquille. J'aurais écrit avec moins d'impartialité et de sagesse ; mais je me serais occupé avec plus d'intérêt et de chaleur du seul être de la nature qui nous rende sentiment pour sentiment, et qui sois heureux du bonheur qu'il nous fait.
Si les astres, qui sont à distances infinies, versent sur nos têtes des influences qui disposent de nous, comment nier l'effet des êtres. qui nous environnent, nous assaillent, nous pressent, nous touchent ? Ô Nature ! Nature ! qui est-ce qui a pénétré tes secrets ! Nous en connaissons un peu plus que le commun, mais avec cela nous sommes encore bien ignorants.
Thomas ne dit pas un mot des avantages du commerce des femmes pour un homme de lettres ; et c’est ingrat. L’âme des femmes n’étant pas plus honnête que la nôtre, mais la décence de leur permettant pas de s’expliquer avec notre franchise, elles se sont fait un ramage délicat, à l’aide duquel on dit honnêtement tout ce qu’on veut quand on a été sifflé dans leur volière. Où les femmes se taisent, ou souvent elles ont l’air de n’oser dire ce qu’elles disent.
Un homme qui se connaît et qui craint d'avilir l'habit ecclésiastique par de mauvaises moeurs, ou de se trouver un jour souillé du sang de l'innocent. - C'est qu'on ignore ces choses-là. - C'est qu'il faut se taire quand on ignore. - Mais pour se taire il faut se méfier. - Et quel inconvénient à se méfier ? - De refuser de la croyance à vingt personnes qu'on estime, en faveur d'un homme qu'on ne connaît pas.
Mais tôt ou tard le sens commun lui revient, et le discours de l'avenir rectifie les bavardages du présent.
Et c'est ainsi que de bouche en bouche, échos ridicules les unes des autres, un galant homme est traduit pour un plat homme, un homme d'esprit pour un sot, un homme honnête pour un coquin, un homme de courage pour un insensé, et réciproquement. Non, ces impertinents jaseurs ne valent pas la peine que l'on compte leur approbation, leur improbation pour quelque chose dans la conduite de sa vie.
Tant de personnes étaient confidentes de cette séparation inattendue et du motif singulier qui l'avait amenée, que ce fut bientôt l'entretien général. C'est ici que je vous prie de détourner, s'il se peut, de Mme de La Carlière pour les fixer sur le public, sur cette foule d'imbécile qui nous juge, qui dispose de notre bonheur, qui nous porte aux nues ou qui nous traîne dans la fange, et qu'on respecte d'autant plus qu'on a moins d'énergie et de vertu.
- Monsieur Desroches, parlez, ai-je été fidèle à mes promesses?
- Jusqu'au scrupule.
- Et vous, monsieur, vous m'avez trompée, vous m'avez trahie.
- Moi, madame!
- Vous, monsieur.
- Qui sont les malheureux, les indignes...
- Il n'y a de malheureux ici que moi, et d'indigne que vous.
- Madame... ma femme...
- Je ne la suis plus.
- Madame...
- Monsieur, n'ajoutez pas le mensonge et l'arrogance à la perfidie. Plus vous vous défendrez, plus vous serez confus. Épargnez-vous vous-même.
Demain, au pied des autels, vous jurerez n'appartenir qu'à moi. Sondez-vous et interrogez votre coeur tandis qu'il en est encore temps ; songez qu'il y va de ma vie. Monsieur, on me blesse aisément, et la blessure de mon âme ne cicatrise point, elle saigne toujours.
J'ai de la vanité et beaucoup. Je ne sais pas haïr, mais personne ne sait mieux mépriser, et je ne reviens point du mépris.