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Critique de colimasson


Pasolini se serait inspiré des lucioles de l'Enfer de Dante pour tisser toute une allégorie sur la résistance au sein des régimes politiques totalitaires. Tout régime serait totalitaire lorsque la petite lumière produite par les lucioles se laisserait recouvrir par les flashs surpuissants de ses projecteurs – projecteurs du fascisme, du spectacle ou de la surveillance. Didi approfondit si bien son sujet qu'on aura même droit à un cours sur les organes sexuels des lucioles, ceci sans doute afin de comprendre pourquoi Pasolini n'était pas loin de se branler sur ces insectes dans ses théories – de la part du réalisateur de Sodome, plus rien ne nous étonne, et c'est dans cette habituation que se loge notre pessimisme anti-révolutionnaire. Que Pasolini ait pu nourrir des pensées peu chrétiennes à propos de lucioles nous en touche l'une sans bouger l'autre.


Bon, Didi nous dit que tralaladidi et que Pasolini avec son désespoir des petites lumières de résistance qui se font phagocyter par les grosses a peu ou prou rejoint le courant des Walter Benjamin et des Giorgio Agamben qui assurent que la vie de l'homme moderne ne soutient la narration d'aucune expérience et que notre horizon est bouché. Didi nous dit qu'ils exagèrent les mecs, ils en font un peu trop, et sous couvert de vouloir lutter contre les machines totalitaires, ces prophètes du malheur entérineraient la mort des lucioles - de toute ces formes larvées de résistance, comme le veut la superbe métaphore. Sans doute savaient-ils, eux, que les petites lucioles ne rêvent dans le fond que de flashs aveuglants.


La philosophie, c'est bien quand c'est chiant (ainsi que l'illustre Didi) et méchant (mais pas trop longtemps), et ainsi ça ne devrait pas être réservé seulement aux pessimistes, aux dépressifs et aux suicidaires qui vont toujours trop loin dans la peinture du putride de notre monde, nous dit Didi. Didi appelle à la naissance d'une pensée qui ne se complaît pas dans les fanges de la morosité, tout cela dans un langage plat et terne qui ne permet pas de se rendre réellement compte de la portée a priori (selon lui) révolutionnaire de son message. « Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle ». Didi aurait-il été le précurseur de la philosophie du développement personnel en histoire des idées ? Nous pourrions craindre que oui puisque son propos, à mesure qu'il tente de nous convaincre de la pertinence d'une forme de résistance joyeuse, finit de nous ôter tout espoir en la possibilité d'une vie intellectuelle.
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