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Extraordinaire plongée dans l'histoire de la psychiatrie. C'est un livre plein d'humanité et d'empathie sa lecture devrait être "prescrite" à tous ceux qui officie dans le monde de la psychiatrie
Un livre d'émotion, de douleur mais aussi de joie et surtout d'espoir dans la capacité de l'homme à éprouver et à aider l'autre en souffrance
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Marie Didier, dotée d'une empathie prodigieuse, médecin de profession, écrivaine sensible et talentueuse, rend un hommage vibrant et grandiose à Jean-Baptiste Pussin, homme du peuple, précurseur de la psychologie malgré lui.
Par ce biais, elle nous fait découvrir toute la cruauté d'une époque et de Bicêtre, avant, pendant, et après la Révolution française. Stupéfiant. Bouleversant. Impressionnant.

Émue du début à la fin, j'ai vécu un moment de lecture inoubliable. Il est inconcevable de rester insensible aux horreurs décrites, de ne pas magnifier la force et la grandeur de cet homme, de ne pas admirer son courage.
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Pas à pas dans "la cour des miracles"! du moyen âge au XVIIIe siècle dans un hôpital/prison à Bicêtre, avec tous les reclus de la société... la seule rescapée est la hauteur d'âme de certains hommes plein d'humanité...
Hommage à eux et plein jour sur une vérité historique chargée de souffrances.
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En écrivant l'histoire de Jean-Baptiste Pussin, Marie Didier a choisi d'avoir des pieds plutôt que des ailes. Cela explique la faible épaisseur du livre mais aussi sa prodigieuse profondeur car tout ce qui y est dit a matière de réalité.

Jean-Baptiste Pussin, pour Marie Didier, est d'abord une rencontre et un miroir. Une rencontre à deux cents ans d'intervalle, au hasard d'un livre, d'une ligne, d'un mot. Jean-Baptiste Pussin fait irruption dans la vie de Marie Didier et ne la lâche pas pendant deux. de cette obsession découle ce livre, sorte d'histoire à peine fictionnelle et fortement factuelle de la genèse de la psychiatrie. Jean-Baptiste Pussin est aussi un miroir déformant, culpabilisant pour Marie Didier : face à lui qui s'occupe avec tant d'intelligence des fous et des aliénés, elle, pourtant médecin, peine à trouver le temps et l'attention pour sa mère, puissance d'autrefois dont le monde s'est rapetissé brutalement au passage de la vieillesse.
Pussin arrive, jeune homme, à Paris pour y trouver du travail. Mais, écrouelleux, il est d'abord traité puis déclaré incurable, envoyé à l'hôpital de Bicêtre. Là s'entassent les malades, les pauvres, les fous (on dit : les insensés), les bandits, les criminels, même des enfants que la faim ou l'innocence ont poussé dans la rue. Les conditions de détention - car on ne sort pas de Bicêtre si facilement que cela - sont effroyables pour tout le monde, et plus encore pour les prisonniers de droit commun. Pêle-mêle, ceux de Bicêtre sont confrontés au froid et à la chaleur extrêmes, à l'humidité, à la faim, à la saleté, au malaise permanent, à la violence brute des gardiens, à celle, plus mesquine, des personnels qu'on dirait aujourd'hui soignants.

Par sa carrure, par son autorité, Pussin accède bientôt aux responsabilités. On le nomme gouverneur De l'Emploi des Fous. Il y expérimente le traitement par le bon sens et par l'humanité. Ne plus considérer ces hommes et ces femmes comme des objets à qui l'on dénie toute sensibilité. Pussin bannit les mauvais traitements, améliore la nourriture, prend le temps de parler et, surtout, d'écouter. Être présent. Regarder dans les yeux. Poser une main compatissante sur l'épaule qui, quelques instants auparavant, tressaillait nerveusement. La Révolution apporte son lot de violences, insoutenables parfois. Pour Pussin, l'histoire se chargera de son oubli : on attribue aux uns ou aux autres non pas ses découvertes, mais ses actions les plus significatives et les plus fortes, comme la fin de l'enchaînement des prisonniers.

La force de ce livre réside dans l'étrange proximité qui lie l'auteur, le lecteur et le personnage principal, Jean-Baptise Pussin. En utilisant la deuxième personne du singulier et en écrivant au présent de l'indicatif, Marie Didier parle littéralement à Jean-Baptiste Pussin, le traite comme son égal : non pas en tant que médecin (on peut considérer Pussin comme un précurseur de la psychiatrie moderne) mais en tant qu'êtres humains. C'est là la deuxième force de ce livre : sa grande humanité.
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" A ceux qui n'ont pas la parole"

... aux oubliés de l'histoire et aux autres...

La réhabilitation de JP PUSSIN, disparu de l'histoire des hôpitaux et de la psychiatrie. Son idée révolutionnaire? : au moment de la révolution française, laisser les fous se promener librement dans l'hôpital et peut-être aussi concevoir la camisole...

De PUSSIN il ne reste rien, que des lignes d'écritures sur les registres poussiéreux de Bicêtre.
D'ailleurs,c'est une note en bas de page qui détourne Marie DIDIER d'une recherche sur PINEL (qui a pris la place de PUSSIN).
Au-delà de l'aspect littéraire, ce livre est un formidable travail de recherche. L'auteur prend place dans le récit, puisqu'il replace ses recherches et son travail d'écriture dans son quotidien. Elle s'adresse directement à PUSSIN dans un dialogue tutoyé et par cet artifice le sort du cimetière de l'oubli.
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Merci à l'auteure Marie Didier ( qui a d'ailleurs reçu le prix Jean Bernard en 2006, de la part de l'Académie de Médecine) de nous avoir fait découvrir le parcours de Jean-Baptiste PUSSIN.
Homme simple, discret, plein de bon sens et d'empathie envers ses semblables, "les insensés", enfermés comme lui à Bicêtre, vers 1771, il a alors 26 ans à peine.
Sur l'ordre du Ministre, il est donc transféré de l'Hôtel Dieu (abri-mouroir des perdus, des malades, des vénériens, des fous) à cause d'une plaie "incurable" autour du cou, sur Bicêtre.
Autour de lui, il découvre, dans le service où on l'a placé, deux cent cinquante personnes : vieillards, incontinents, paralytiques, enfants, scrofuleux, mourants, épileptiques.
Il est mieux portant que les autres, et survit grâce à une volonté de fer : exercices dès qu'il le peut dans la cour, hygiène corporelle régulière avec l'eau de la fontaine par tous les temps..
Ainsi il résiste et prend des forces.
Et on va lui demander "d'aider" quand il y a des absents. Un exemple : il recevra l'ordre de porter du linge chez les vénériens : odeur d'urine, de merde, de pus, de vomi, de sang pourri, se mêlent en une puanteur atroce, mais il faut avancer, malgré les immondices en couches épaisses qui cachent le sol, et les gémissements sur les grabats putrides.
Il va continuer ainsi 'd'aider" un peu dans toutes les "loges-cages" et se rendra bien vite compte qu'on peut tenter d'améliorer un peu l'accueil de ses semblables ( plus de nourriture par exemple, plus de propreté aussi..).
On va lui donner des titres, de la responsabilité.
Dehors gronde la révolution du peuple français qui crève de faim, puis la prise de la Bastille, Louis XVI a été décapité, la Terreur s'installe et la situation à Bicêtre est pire que jamais. de plus en plus de "fous" soi-disant y sont enfermés.

Autour de 1792/1798 (pas vraiment de précision sur la date, malgré les recherches de l'auteure) J.B.PUSSIN aura été le premier à "enlever" les colliers de fer autour du cou, des mains, des pieds, à Bicêtre (même si dans les écrits, son nom ne sera pas cité, d'autres s'en féliciteront, on dénaturera ainsi la vérité) .
Mais cet appareillage de torture, sera remplacé par cette fameuse chemise de terrible réputation, qui s'attache dans le dos et bloque les bras "la camisole" (moins pire, sans doute que les fers, mais guère mieux non plus)

Plus tard, Jean-Baptiste PUSSIN, rejoindra la Salpetrière, où il sera nommé au poste de "Surveillant des Folles".
(à lire aussi sur le sujet, l'excellent, Bal des Folles de Victoria MAS, qui poursuit quelque peu cette période sur les méthodes employées pour soi-disant guérir les folles)

L'histoire officielle de la psychiatrie a quasiment oublié, volontairement ou non , de le citer sur bien des aspects de toute son oeuvre accomplie.
Comme le fait de "déformer" son nom à maintes reprises sur des écrits de l'époque.
A croire, qu'on ne voulait pas qu'il subsiste des traces de son travail bienveillant, auprès d'une population de "fous" traités pire que des animaux dans ces loges-cages.

En conclusion, à découvrir absolument, pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la psychiatrie en France.





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Dans l'antre de l'hôpital prison de Bicêtre, Jean Baptiste Pussin qui n'est ni lettré ni médecin va devenir petit à petit, avec du courage et du génie un soignant humain, dont le souci est de sauvegarder au maximum le confort et l'humanité des "insensés"...
Un livre documenté qui plonge avec lenteur le lecteur dans la folie et évoque la psychiatrie à ses débuts.
Pas mal !
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Il est parfois difficile de se rendre compte des progrès de la psychiatrie, tellement nous vivons dans une période qui a intégré beaucoup des enseignements de cette discipline. Alors, quand Marie Didier invite le lecteur à se plonger avec elle dans les couloirs de Bicêtre, lieu d'enfermement des aliénés, à la fin du XVIIIeme Siècle, on découvre un univers lointain. Très lointain. Et on rencontre celui qui fut à l'origine d'une évolution importante dans le traitement de la folie, Jean-Baptiste Pussin.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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En lisant Liberté pour les insensés, j'ai découvert le personnage de Jean-Baptiste Pussin, présenté comme le premier infirmier en psychiatrie. J'ai eu envie d'en apprendre plus sur lui et je me suis donc tournée vers le roman de Marie Didier, disponible à ma bibliothèque.

Jean-Baptiste Pussin (1745-1811) est issu d'une famille pauvre du Jura. Malade des écrouelles, il entre à Bicêtre en 1771. Considéré comme incurable, il y reste dans la section des "bons pauvres". A cette époque, Bicêtre est en effet un hospice : un endroit qui est à la fois un hôpital, un asile psychiatrique, une maison de correction pour enfants délinquants, une maison de retraite. le point commun entre les pensionnaires est qu'ils sont pauvres et généralement maltraités. Remarqué pour son intelligence, Jean-Baptiste Pussin va être employé dans l'asile. En 1785 il est nommé "gouverneur des fous".

Les méthodes de Jean-Baptiste Pussin rompent avec les traitements brutaux de l'époque. Il considère les fous comme des êtres humains et des malades. Il prend des notes sur les pathologies et ce qui les améliore. Petit à petit il obtient des ressources supplémentaires et se débarrasse du personnel corrompu. Nommé à Bicêtre en 1793, Philippe Pinel soutient et accompagne son action. Ensemble ils vont décider de libérer les malades agités de leurs chaînes.

Mon commentaire sur ce roman passera par sa comparaison avec celui de François Lelord. Dans sa forme, l'ouvrage de Marie Didier est plus romanesque puisqu'elle s'adresse à son personnage et brode ouvertement quand elle manque d'informations historiques : "De cette partie de ta vie avant les entrées dans les hospices, je ne sais rien. Ton pays, la Franche-Comté, vient d'être conquis par la France. Les impôts sur le cuir se multiplient, éreintant les tanneurs. le marasme grandit. Tu quittes Lons-le-Saunier pour monter vers Paris chercher à manger. La tumeur au cou est déjà là, en chapelet. Tu y passes la main souvent sans même t'en rendre compte. Tu avances sur les routes. Ta stature est puissante, tes muscles jeunes. Tu ne souris jamais, tu dors dans les fossés, tu fais parfois la fenaison, la cueillette des fruits".

Cependant le contenu amène beaucoup plus d'informations historiques car elle a fait un vrai travail de recherche d'archives concernant ce personnage méconnu. La comparaison fait émerger les insuffisances historiques du roman de François Lelord. Chez Marie Didier j'apprends même des choses sur Philippe Pinel. le contexte historique est aussi bien présenté. Je découvre ainsi que les massacreurs de septembre 1792 ont investi Bicêtre et y ont assassiné 166 pensionnaires dont 33 enfants. C'est donc une lecture fort intéressante sur les débuts de la psychiatrie en France.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ce livre, c'est un plongeon dans le passé, à l'heure des révolutions, celle de la Bastille, mais aussi celle de la prise en charge des "insensés". Ce livre, c'est une rencontre avec notre passé et nos ancêtres.
Avant les IDE et les ISP, il y eut les gardiens ou surveillants des fous. Et parmi eux, un certain Jean-Baptiste Pussin qui décida, pour les apaiser, de libérer les aliénés de leurs chaines et d'ouvrir les portes de leurs cellules.
Ce livre, c'est l'histoire de la naissance de l'infirmier psy.
Passionnant et très instructif!
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