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EAN : 9782709662413
496 pages
J.-C. Lattès (02/01/2019)
3.66/5   56 notes
Résumé :
" Ainsi était le monde : on y mourait, on y souffrait, on aimait sans retour. On y était seul. La bonté n'y avait pas sa place. "
Paris, 1892. Alors que la capitale est en proie à une vague d'attentats et que la police recherche activement l'anarchiste Ravachol, un garçon de café, Jules Lhérot, le reconnaît parmi ses clients et rend possible son arrestation. Erigé en héros par une presse qui est en train de découvrir que la peur fait vendre, Jules devient au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Avec ce roman de Didier le Pêcheur , je vous l'avoue franchement , j'ai fait " une bonne prise ".( Facile , oui , encore faut - il la faire , celle - là ) C'est après avoir écouté Gérard Collard au " Magazine de la santé "que je me suis dirigé vers cette lecture dont je dois dire qu'elle fut une belle rencontre .L'histoire se déroule à Paris en 1892 . Jules , garçon de café perspicace , favorise l'arrestation du terrible Ravachol , et face aux menaces , s'engage dans la police .Dans le même temps , Zélie , fille des quartiers populaires , rêve d'un ailleurs plus ensoleillé......Et si je vous dis que leurs destins vont se rencontrer.... vous aurez raison mais, ce ne sera pas aussi facile qu'on pourrait le croire....
Dans ce roman , il y a une peinture de la société de l'époque avec , bien entendu , d'un côté les " nantis " qui n'ont jamais assez de privilèges , et le bas peuple qui lutte pour survivre au prix de sacrifices .....et qui cherche aussi à s'élever , ambition on ne peut plus légitime ...Mais qu'il est difficile de progresser dans une société figée où chaque "arpent" se gagne au prix d'un impitoyable combat ...
En bas , il y a les apaches , mauvais garçons redoutés de toute la population , jouant du couteau et du revolver , régnant sur une population de jeunes femmes d'abord séduites puis rapidement réduites au rôle de " mères nourricières" , de femmes dont le corps n'aura d'autre valeur que les ressources qu'il procure à tous ces mâles en quête de pouvoir et de domination .Alors , oui , il y a des luttes , des affrontements ,des coups tordus et , au final , une " sorte " de code d'honneur qui résiste à toutes les " agressions de l'autre monde " , celui des nantis par le hasard de la naissance ...
Un autre monde où les apparences sont trompeuses , où règne l'hypocrisie , la débauche et ....bien d'autres maux de cette société . Les hommes " cultivent " leur paraitre , flambent , flattent , ambitionnent ....pendant que leurs épouses délaissées et méprisées s'efforcent de flatter leur ego jusqu'à ce que .... l'appel de la chair et de ses plaisirs ne les entraine vers de vrais paradis et ....d' autres cruelles désillusions .
Si les femmes sont particulièrement maltraitées, il serait bien illusoire de croire au réel " pouvoir " des hommes . Certes , ces courageux " mâles " exercent sur elles un pouvoir dictatorial
mais , entre eux , règne une atmosphère particulièrement délétère où tous les coups sont permis ...pour accéder au Graal ......
Du coup , il y aura la " putain " par nécessité, si l'on admet le " parler cru " et la" putain " par ennui , frustration et vengeance . Pas très moral, certes , mais ...c'est vous qui jugerez .
Certaines situations sont " crues ", très " visuelles " , mais l'auteur a l'art de présenter les choses avec tact et pudeur .C'est , à mon avis , une belle description de la société de l'époque avec ce qu'elle pouvait avoir de ....mieux et de pire ? ...J'hésite. Là , je me "plante " , pardon . Pas de meilleur ni de pire , non , de "pervers et d'hypocrite " , en précisant que le meilleur et le pire ne sont pas forcément là où on les attend ....
Pas de temps mort dans ce roman , des personnages bien " campés ", détestables, ambigus ou attachants ,une histoire très cohérente et travaillée. Personnellement , je partage l'avis de Collard ( ce n'est pas toujours le cas ) , j'ai bien aimé, lu en fort peu de temps ...Un signe .
Par contre , la couverture , bof , bof .trop " soft " , " passe partout " on pourrait croire que " une histoire d'amour ....." C'est plus complexe mais ça, vous n'êtes pas obligés de me croire . J'dis ça......
Un dernier mot ....Heureusement , la société , de nos jours , a beaucoup évolué ....Pas d'accord ? Moi non plus .....
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Livre lu dans le cadre de l'opération Masse Critique de janvier 2019. Un grand merci à Babelio et aux éditions JCLattès pour leur envoi.

Si l'on se fondait uniquement sur le titre et sur l'illustration en couverture, on pourrait croire qu'il s'agit d'une histoire sentimentale dans les milieux ouvriers de la fin du XIXème siècle. Didier le Pêcheur se charge de rectifier les choses dès les premières pages. Certes, l'intrigue se situe bien dans le Paris, à la charnière du siècle. Mais on est ici plus proche du naturalisme de Zola que du roman à l'eau de rose.
Comme son illustre prédécesseur, l'auteur dépeint avec brio le Paris du petit peuple, celui des cafetiers et des catins, des policiers de terrain et des marlous.
Les anarchistes, Ravachol en tête, mettent la capitale en émoi par des attentats à la bombe. Dans le même temps se font de plus en plus remarquer les apaches des quartiers est et nord, sortes de gangs avec ses codes et son honneur, ses batailles rangées et sa haine des "pandores". Souvent très jeunes - on y entre en "apprentissage" comme aujourd'hui à la maternelle, ou peu s'en faut, ils vivent contre les standards de la société, refusant la misère ouvrière ou le mariage avec grossesses à la chaîne pour les femmes. Milieu interlope où l'on vit sans penser au lendemain, où les jeunes filles et femmes n'hésitent pas à enchaîner les passes pour rapporter l'argent à l'homme qu'elles ont dans la peau. Chaque jour peut être le dernier, à cause d'une rixe pour un territoire, une femme, un regard de travers, à cause d'une descente de police, d'un client violent, de la phtisie et tellement d'autres dangers.

Dans ce cadre impeccablement retracé, on suit deux personnages en particulier qui vont se croiser et se recroiser. Il y a d'abord Zélie Élie, inspirée de la véritable Amélie Élie qui inspira le rôle flamboyant de Casque d'Or tenu par Simone Signoret. Didier le Pêcheur dresse un portrait incroyablement saisissant d'une fille d'ouvrier se refusant à la destinée miséreuse de l'atelier. Elle veut plus. N'ayant rien d'autres qu'elle-même, c'est par le trottoir et le désir des hommes qu'elle compte s'en sortir.
Et puis il y a Jules Lhérot, jeune cafetier innocent et naïf qui se retrouve sous les lumières pour avoir permis l'arrestation du fameux Ravachol. Menacé par les anarchistes, il s'engage dans la police avec des envies de revanche et de grands idéaux de justice. La réalité va se montrer à lui dans toute sa fange et sa noirceur. Deux options s'ouvrent à lui: sombrer ou s'endurcir. Son choix est fait. Pas question de tomber.

Deux personnages forts et bien incarnés qu'on voit avancer et évoluer avec grand intérêt et beaucoup de compassion. Autour d'eux gravitent d'autres protagonistes marquants, comme Émile Reynaud, commissaire aux idées bienveillantes et à l'âme de poète, inspiré du commissaire Ernest Reynaud; ou encore Milo, chef d'une bande apache, taiseux et charismatique.

J'ai pris beaucoup de plaisir dans cette lecture. le cadre contextuel m'a paru très bien campé et passionnant à découvrir. L'argot des guinguettes et du peuple des rues contribue beaucoup à la vraisemblance du récit. L'auteur donne en fin de volume quelques sources bibliographiques qui pourront me permettre d'en apprendre un peu plus sur le Paris de cette époque.
J'ai aimé suivre le parcours de Zélie et de Jules, malgré les épreuves et les champs d'amertume à traverser. Didier le Pêcheur donne à lire, avec Un bref désir d'éternité, une belle reconstitution socio-historique d'une période charnière et le destin de figures remarquables. A vous relire dès que possible, Monsieur le Pêcheur.
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Voyous des fortifications, bandes d'apaches* au couteau leste, pandores en hirondelle, putains et marlous, ouvriers à deux sous la journée, guinguettes et maisons closes...
Et dans les quartiers chics, des bourgeoises corsetées, des courtisanes entretenues, des patrons de presse, le bruissement des cercles intellectuels et culturels.

Et pour maintenir l'ordre public de la Belle Époque, une police aux querelles internes...

La machine à remonter le temps nous propulse dans la dernière décade du XIXe siècle parisien, dans les quartiers populaires où les garçons sont destinés au vol et à l'anarchie, et les filles au trottoir.

Le gardien de la paix Jules Lhérot va se tanner le cuir dans ce métier dangereux, frustrant et dépourvu de reconnaissance.
La jeune Zélie est une fleur du pavé.
Il est du côté du droit, elle de celui de la faute.
Ils vont se tourner autour, au fil de deux vies inconciliables.

Voici une fresque sociale bien reconstituée, s'appuyant sur des faits historiés, mettant en perspective la politique, le maintien de l'ordre, le rôle de la presse, les aspirations sociales des plus démunis, le merchandising du sexe et de la galanterie, pauvres et riches confondus. La psychologie des personnages est autant travaillée que la fiction narrative, terreau fertile d'une belle adaptation cinématographique potentielle.

Pour qui affectionne la thématique sociale historique, c'est le roman parfait!
Tout aussi parfait que la qualité d'écriture.

* Pègre parisienne

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S'autorisant pour notre plus grand plaisir à prendre des libertés avec la réalité, Didier le Pêcheur dépeint dans ce roman,une formidable fresque des bas fonds de Paris dans les années 1900 . Trois personnages ayant réellement existés donnent vie à l'histoire : La belle Zélie ( Amélie Élie) célèbre prostituée incarnée par Simone Signoret au cinéma, Jules Lheros " le tombeur de Ravachol" et le commissaire Reynaud. Sur une vague d'anarchie et un souffle de Liberté , la question qui taraude tout au long du roman est celle de la possibilité d'échapper à sa condition sociale et plus particulièrement pour les femmes. " Finalement,ouvrier ou banquier, bourgeoise ou putain, on nous plaçait a la naissance dans une cage dont on nous empêchait de sortir,notre vie durant. Ne pas voir les autres,ni leur misère,ni leur chance,ni leur différence était le moyen le plus sûr de ne jamais se rebeller."
Zélie,bien qu'issue de la plus triste condition n'est pas la Cosette de V.Hugo. Elle aspire à une vie indépendante,libre et sans privation. Elle a Vite compris qu'il ne fallait compter que sur elle même et elle ne possède que son corps... Cela n'interdit pas d'aimer et son coup de foudre pour Milo,chef d'une bande d'Apaches ,apporte un regain de romantisme qui,sans faire l'impasse de la dure réalité du monde de la prostitution,renvoie l'image de l'amour à la Roméo et Juliette.
Ici la morale est revisitée ,les valeurs et lois Bourgeoises sont remises à leur juste place,celle du maintien des intérêts de classe et surtout de ceux des hommes. Tout voyous qu'ils soient,les Apaches attisent davantage l'admiration et le respect que la police et les journalistes, déjà " chien de garde" du pouvoir.
Ce roman m'a entraînée dans le grouillement du Paris populaire, m'a fait partager cette soif d'émancipation des femmes et renifler le goût de la liberté...quoi qu'il en coûte !
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Roman social, roman d'aventure, roman d'amour, c'est tout cela à la fois et c'est un plaisir que de le lire.
S'inspirant habilement de trois personnages ayant réellement existé - Jules Lhėrot, "le tombeur de Ravachol", Amélie Élie, celle qui a inspiré la fameuse Casque d'or interprétée par Simone Signoret, et Ernest Raynaud, fonctionnaire de police mais aussi écrivain et poète - Didier le Pêcheur les fait se rencontrer et nous emporte dans une histoire passionnante, celle des mauvais diables, Apaches, putains, semi-mondaines, policiers, politiciens et anarchistes dans le Paris des années 1890-1900.
La ville est décrite comme une mangeuse d'hommes, broyant ouvriers exilés de leur campagne, crevant de faim et de désillusions, et gamines échouées sur les trottoirs, prématurément fanées par la misère.
Tous les personnages sont complexes et bouleversants. L'écriture est belle et lyrique sans emphase.
Je recommande vivement ce roman.
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critiques presse (1)
Lexpress
14 janvier 2019
On pourrait penser à du Zola, c'est incandescent comme du Toulouse-Lautrec.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Et tu rêves à quoi de mieux ? Qu'un notaire va te marier, là-bas dans ta campagne ? Putain un jour, putain toujours, ma fille ! Tu es marquée au fer rouge, comme on faisait dans l'ancien temps. Profites-en donc, de tes vingt ans, et ne t'inquiète pas pour la suite, parce qu'il n'y en aura pas. On n'aura pas le temps de vieillir.
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Fuir la ville, retrouver la terre, ingrate et dure à travailler mais sur laquelle on peut se coucher quand rien ne va et s'émerveiller, les yeux au firmament, de l'incompréhensible beauté du monde. Imaginait-on l'ouvrier s'allonger ainsi sur le bitume graisseux de l'atelier pour communier avec un ciel de tôle ?
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Devenir ouvrier. La grande promesse faite à tout un peuple de voguer main dans la main avec les capitaines d'industrie vers des temps prospères. L'atelier : ce progrès en forme de misère où la graisse et le bruit fondaient les hommes en masse indistincte. La ville : ce lieu brutal où l'on cachait la terre comme s'il fallait en avoir honte, à moins de l'éventrer pour y enfouir ordures, tuyaux et machines. Être ouvrier, c'était n'être plus rien et participer de cet énorme chaos, de ce massacre. Chaque jour, la ville gagnait de nouveaux territoires. Chaque année, elle engloutissait de faux espoirs.
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Quand on est matelot, on ne craint pas les lointains. Et quand on est un homme, il vous faut une femme. Celle-là lui allait bien. Tant de choses dans sa jeune vie n’étaient que mensonges, mais celle-ci au moins était vraie : quand il pensait à elle, il lui arrivait d’avoir les larmes aux yeux. Il aurait pu en avoir honte, il s’en vantait.
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La flamme vacillante faisait danser les mots sur la page. Peu importait l’histoire, peu importait même qu’elle en comprît le sens. Elle se consolait à la lecture de destins pires que le sien, rêvait d’une vie meilleure faite de bonheurs encore indistincts, puis s’endormait à son tour, bercée par la respiration rauque de son père.
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