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Critique de marina53


Guylain Vignolles, un patronyme sujet de nombreuses railleries, a une vie des plus passionnantes. Quoique... Tous les matins, il se lève à la même heure, prend le RER de 6h27 et franchit les portes de l'usine qui l'embauche. Tous les jours, il doit supporter la bêtise de son collègue Brunner, le mauvais caractère et l'autorité assommante de son patron Kowalski et appuyer sur le petit bouton vert qui actionne La Chose, le Zerstor 500, une immense machine qui avale goulûment, broie et rejette les livres invendus et les rebuts. Et tous les soirs, c'est imprégné de cette horrible odeur de papier qu'il rentre chez lui, donne à manger à son poisson rouge, Rouget de Lisle. Petit coup de fil à sa maman tous les jeudis soirs et la vie passe ainsi... Son seul petit bonheur quotidien, il le trouve dans les pages que cette broyeuse n'a pas encore pilonnées. Avant de quitter son poste, il emmène avec lui quelques pages qui ont échappé à cette Chose et en fait la lecture dans le RER du 6h27. Cet homme solitaire, qui ne cherche qu'à se fondre dans la masse connaît d'autres petits instantanés de joie, à savoir le temps qu'il partage avec Yvon, le garde-barrière de l'usine, féru de théâtre et de poésie, il ne cesse de s'exprimer en alexandrins, son ancien collègue, Giuseppe, dont la Chose a mangé la jambe et qui a trouvé une drôle de manière de la récupérer...

Montez à bord de ce RER de 6h27, abaissez le strapontin orange et laissez-vous guider par la voix enchanteresse de Guylain, un homme à l'existence somme toute banale et qui, malgré sa passion pour les livres, les broie. Jean-Paul Didierlaurent nous conte cette tranche de vie, à la monotonie ambiante et empreinte d'une certaine solitude. Malgré cela, l'on suit ce trentenaire profondément humain et touchant dans sa quête d'un certain bonheur. D'une écriture légère, chaleureuse et poétique, ce petit concentré de bonne humeur, d'amitiés improbables, d'alexandrins récités, de vieilles parfois dyslexiques et d'amour pour les livres nous plonge dans une sorte de quiétude et nous sort, pour quelques minutes, de notre monotonie.

Le liseur du 6h27... entre en gare...
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