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Critique de Melisende


Troisième et dernier titre lu à l'occasion du Prix du Livre numérique 2016 organisé par Youboox, le Reste de leur vie était sans doute le plus léger, malgré des thématiques pas franchement marrantes. Si j'ai aimé le côté « feel good » proposé par Jean-Paul Didierlaurent – que je découvrais pour l'occasion – il m'a manqué un peu de profondeur pour que la lecture dépasse le simple bon moment et me marque durablement.
C'est malgré tout avec le sourire et la bonne humeur que j'ai tourné la dernière page du Reste de leur vie… finalement, est-ce qu'on a besoin de plus ?

Court roman à plusieurs voies, le Reste de leur vie met principalement en scène Manelle et Ambroise.
La première est une jeune aide à domicile dont le travail n'est pas toujours une partie de plaisir… sauf avec Samuel, un vieil homme attachant mais mourant. Les journées de la jeune femme sont ponctuées par ses nombreuses visites à des personnes âgées, très différentes les unes des autres mais l'heure qu'elle passe quotidiennement auprès de Samuel est devenue une habitude dont aucun des deux ne peut plus se passer.
Ambroise est quant à lui un bourreau des coeurs mais malgré son physique de jeune premier, son métier – thanatopracteur – ne cesse de faire fuir ses conquêtes. Gentil garçon élevé par une grand-mère – Beth – bienveillante et protectrice, il effectue toujours son travail avec attention, tentant d'offrir aux morts le plus digne des départs.

Jean-Paul Didierlaurent profite de la première moitié de son récit pour nous présenter ses personnages et poser les bases de l'intrigue. On pourrait trouver cette centaine de pages un peu longuette, mais pas du tout, j'ai même apprécié son sens du détail lorsqu'il dépeint le quotidien de ses héros (assez passionnant ce métier méconnu de thanatopracteur !). Ceux-ci n'en ressortent que plus touchants et attachants.
Les personnages, c'est d'ailleurs, à mon avis, le gros point positif de ce roman. Chacun a sa personnalité propre et tous ont une place bien distincte et indispensable dans l'histoire. Manelle, Ambroise, Samuel et Beth vivent et l'on vit avec eux.

Evidemment, vous vous en doutez, les deux duos vont finir par se croiser. le récit se transforme alors en spectaculaire road-trip, dans un corbillard roulant vers la Suisse. C'est parfois un peu loufoque, souvent tendre… et finalement très peu crédible.
Alors la ronchon désabusée en moi a parfois levé les yeux au ciel face à tant de facilité et finalement si peu d'originalité (Manelle-Ambroise, c'était couru d'avance !), il faut dire quand même que la fin style « happy end » est un peu grosse. Tous les éléments se rejoignent évidemment (le père d'Ambroise ne pouvait pas exercer un autre métier), concordent finalement (le timing est impeccable) pour que tout soit bien qui finisse bien. Bon, niveau crédibilité on repassera.
Et en même temps, en cette période de Noël pendant laquelle fleurissent des dizaines de téléfilms un peu niais basés sur le même concept du hasard/destin/coïncidence, lire une histoire qui fait sourire, ça fait du bien. Parce qu'on affronte tous un quotidien plus ou moins difficile, avec son lot de chagrins, de maladies, de morts… et voir que parfois – même si ce n'est pas toujours très réaliste – beaucoup de positif et d'espoir peuvent ressortir de ça… c'est bon pour le moral !

Jean-Paul Didierlaurent est assez fort en cela. Il parvient à traiter de sujets graves de façon assez sensible mais sans jamais s'appesantir sur le négatif. La mort, la vieillesse, la maladie, le suicide assisté… autant de thèmes qui apparaissent dans le Reste de leur vie et qui sont heureusement contrebalancés par l'espoir, la guérison, l'Amour avec un grand -A (forcément) et, ce que j'ai préféré, l'humour de Beth, la grand-mère cuisinière.

Le style de l'auteur n'est pas extraordinaire mais on ne peut pas nier sa fluidité et les quelques émotions qu'il arrive à faire passer. Quelques dialogues m'ont beaucoup amusée et certaines scènes, un brin rocambolesques, sont dignes des meilleurs road-trip du cinéma. La plume est simple mais efficace, je n'hésiterai pas à lire l'autre roman de Jean-Paul Didierlaurent – le Liseur du 6h27 – si j'en ai l'occasion.

Alors encore une fois, le discours est peut-être un peu simpliste, l'intrigue pas crédible pour un sou, l'ensemble finalement un peu rapide et, je n'y ai personnellement pas trouvé un caractère très marquant… mais après quelques rebondissements bien sentis, tout est bien qui finit bien, j'ai passé quelques belles heures de lecture et j'en suis ressortie avec le sourire. Une petite douceur à déguster en période de Noël.
Lien : http://bazardelalitterature...
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