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Jean Rosenthal (Traducteur)
EAN : 9782221109670
238 pages
Robert Laffont (06/09/2007)
3.32/5   66 notes
Résumé :
Maria, actrice hollywoodienne de 36 ans, essaie de se reconstruire après une dépression nerveuse aiguë. Mauvais joueurs, en 84 courts chapitres, nous raconte son histoire, et celle de son milieu, de ses amis et de son ex-mari, réalisateur de films d’avant-garde.
Après une enfance difficile dans le Nevada, entre un père joueur compulsif et une mère peu aimante, Maria déménage à New York et débute une carrière de mannequin. Sa mère se tue dans un accident de vo... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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De Maria, on apprend peu de choses, on apprend ce que le narrateur veut bien nous dire. Un père joueur, une mère morte dans un accident de la route dans le désert du Nevada, une petite fille de 5 ans qui est internée.
Maria, elle, est à une étape difficile de sa vie: divorce en cours, bientôt jugée trop vieille, trop maigre, trop déprimée pour continuer en tant qu'actrice de seconde zone. On est à Hollywood: belles décapotables roulant à 150 au coeur du désert, barbituriques et coca, sexe, adultères et soirées-champagne au bord de la piscine… Maria se perd dans ce décor, seule bien qu'entourée.
On la suit dans ses jours et ses nuits autodestructrices, parcourant des kilomètres sans but, perdant pied.
L'écriture sèche et directe de Joan Didion décrit un univers impitoyable derrière les strass du cinéma, un monde dans lequel je n'aurais aucune envie de me plonger. Je suis restée sur ma faim, ayant du mal à suivre les événements qui ponctuent les errances de Maria et insensible à ce monde.
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Au volant de sa légendaire voiture, comme avec sa plume Joan Didion est une femme au faciès inquiet et rieur qui joue avec les limites et qui se joue d'elles, surtout. La limite entre roman et chronique journalistique intimiste est floue dans toute son oeuvre : ses non-fictions sont narratives et ses romans ressemblent à des reportages. Joan Didion a débuté sa carrière comme rédactrice au Vogue US et cette liberté dans l'écriture qui à l'époque, a révolutionné les écrits journalistiques, l'a surtout transformé en muse auprès de toute une génération d'écrivains américains. Principalement par l'intermédiaire du roman Maria avec et sans rien paru en 1970 outre-atlantique et qui a influencé des auteurs tels que Brest Easton Ellis, Jay McEnerney et Donna Tartt, qui revendiquent leur admiration pour Joan Didion.
Maria est une actrice déchue qui déambule dans la cité des anges au volant de sa décapotable et qui ne s'est plus où aller. Toutes les nuits, elle dort sur un transat près de sa piscine. Et observe la vacuité d'une existence qui s'écoule lentement sous l'ennui des jours, derrière des lunettes de soleil noir... Elle hante comme un fantôme l'asphalte d'Hollywood et reste terriblement silencieuse. Hermétique aux promesses.
Economie dans les descriptions, rendu des sentiments au travers de précisions sur l'atmosphère des lieux, chapitres de seulement quelques lignes qui évoquent davantage les scénettes d'un script, Joan Didion écrit ce roman sans fioritures et retrace le passé et le présent de son héroïne qui se perd en une sorte de schizophrénie. du moins en une narration entre-coupée. le rêve hollywoodien est là-encore brisé, derrière le quotidien d'une vie qui s'écoule de la même façon ici ou ailleurs et qui rappelle les errements des personnages des romans de F. Scott Fitzgerald. Incontournable pour qui s'intéresse à la littérature américaine contemporaine.
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J'ai déjà cité ici Joan Didion il y a quelques mois quand je l'avais découverte grâce à la réédition de son livre culte L'Amérique, emballé par ce livre j'ai voulu en savoir plus sur cette femme écrivain et je me suis plongé dans Maria avec et sans rien édité dans la très élégante collection Pavillons poche chez Robert Laffont. J'insiste sur l'élégance de cette collection, car si le texte est primordial, cela tombe sous le sens, quand l'édition est soignée c'est un petit plus qui s'ajoute au plaisir de la lecture.
Le roman est sorti aux USA en 1970 mais il garde néanmoins toute son actualité. Maria est une jeune femme d'une trentaine d'années, actrice de second rang, divorcée et mère d'une fillette internée pour troubles mentaux. Elle ne manque néanmoins pas de moyens financiers au vu de ses voyages et séjours à l'hôtel et repas au restaurant. Dépressive, elle sillonne la Californie en voiture, à la recherche d'une tranquillité d'esprit qui ne semble pas lui être destinée.
Le livre est très bien écrit, trop bien peut-être pour moi car j'ai eu beaucoup de mal à suivre le périple de cette femme qui ne sait jamais trop ce qu'elle veut, qui erre sans but précis, qui gâche des occasions de se remettre en selle. Tout à fait le genre de personne que je ne supporte pas dans la vie réelle mais c'est aussi tout le talent de l'auteur de nous mettre sous le nez un tel personnage aussi bien décrit. Quant à son entourage, la clique superficielle des « petits » de Hollywood qui ne connaissent que les ragots, les coucheries et la dope, il n'est pas fait non plus pour l'aider à se sortir de son marigot déprimant. Joan Didion nous livre là encore, une vision cynique d'une certaine Amérique. Heureusement que le livre n'est pas trop épais car je crois bien que je serai tombé moi aussi dans la déprime totale à suivre la vie de ces gens.
J'espère m'être fait bien comprendre, il s'agit d'un très bon livre mais il ne faut pas trop s'impliquer dans sa lecture sous peine de dépression.
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Le livre de Joan Didion s'ouvre sur trois témoignages. Celui de Maria qui nous raconte son enfance dans une petite bourgade du Nevada avec un père joueur mettant en place des projets perpétuellement voués à l'échec. Elle parle aussi de sa fuite à New York où elle commence une carrière de mannequin. Puis elle rencontre Carter, un jeune réalisateur, qu'elle épouse et avec qui elle a une petite fille Kate. Cette confession s'adresse à des médecins, on devine que Maria est internée. On ne tarde pas à savoir pourquoi grâce au deuxième témoignage. Hélène, une amie de Maria, nous apprend que celle-ci a tué un certain BZ. La troisième personne à s'exprimer est Carter qui repense à son mariage avec Maria, à ses attitudes étranges qui auraient dû lui faire comprendre le mal-être de son épouse.

Ensuite Joan Didion reprend la narration en main. Elle décompose la vie de Maria en 84 fragments, 84 courts chapitres. Ils décrivent un destin tragique, un être à la dérive, le revers du rêve américain. Maria n'a pas réussi à faire carrière comme actrice, elle a divorcé de Carter et leur fille est internée. Maria est perdue, elle passe ses journées à rouler sans but pour ne penser à rien. Elle vit pourtant à l'endroit où se cristallise le plus le rêve américain : Hollywood. Elle est entourée d'acteurs, de réalisateurs, de producteurs dont le fameux BZ qui la traîne de soirée en soirée. Mais Maria semble déjà morte, en dehors de la vie, ne ressentant plus rien, n'ayant plus d'espoir en rien. Elle va droit dans le mur jusqu'au drame :”Si Carter et Hélène veulent croire que c'est arrivé parce que j'étais folle, qu'on les laisse dire. Il faut bien qu'ils le mettent sur le dos de quelqu'un. Carter et Hélène croient encore au système cause-effet. Carter et Hélène sont également persuadés que les gens sont soit sains d'esprit, soit déments.”

Ecrit en 1970, “Maria avec et sans rien” est un livre culte aux Etats-Unis. Grâce aux éditions Pavillons de Robert Laffont, ce roman arrive enfin jusqu'à nous. Joan Didion a toute sa vie scruté son pays et l'a décrit avec une écriture au scalpel, crue, froide et sans concession. le mal-être de Maria est celui d'une génération, celle des années des 70 marquée par la guerre du Vietnam, plongée dans la drogue et agitée par les mouvements pour les droits civiques. La perte des illusions sur le rêve américain est très présente dans la littérature de ce pays, on pense à John Fante, Hubert Selby Jr et, plus proche, Bret Easton Ellis. Tous nous montrent la noirceur de l'Amérique, la vie de ceux qui n'ont pas eu de chance et que le rêve a laissés sur le bord de la route.

J'ai été au départ déroutée par la forme fragmentaire du roman qui picore dans la vie de Maria de manière anachronique. le livre refermé, j'ai eu un sentiment de grand pessimisme, d'un grand gâchis. Maria est le symbole d'une Amérique dépressive, se débattant contre le néant et sous prosac. “Maria avec et sans rien ” est un grand roman qui ne peut laisser indifférent, Joan Didion est un auteur de la trempe de ceux cités plus haut avec la même acuité de regard sur son pays.


Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Maria Wyeth a trente et un ans, elle est divorcée, elle a une fille de quatre ans, Kate, qui est internée, en raison de problèmes mentaux. Maria a joué dans deux films de son ex-mari, Carter, qui n'ont pas eu de succès et sa carrière d'actrice n'a pas décollé. Maria est enfermée dans un établissement médical, les médecins l'incitent à écrire ce qui s'est passé dans vie, ce qui l'a amenée là. Alors Maria raconte : son enfance dans le Nevada, ses parents, son arrivée à New York où elle est venue pour s'inscrire à un cours d'art dramatique, ses débuts de comédienne. D'après son amie Hélène, Maria n'est qu'une égoïste. D'ailleurs, elle a tué BZ, le mari d'Hélène, ce que confirme Carter, l'ex-mari de Maria.

Puis, en quatre-vingts chapitres dont certains comprennent seulement quelques phrases, le narrateur relate comment ces personnages en sont arrivés là. Il décrit les errances de Maria, ses longs trajets sur l'autoroute, ses arrêts dans les stations-service pour parler à l'employé et entendre le son de sa propre voix.
"Au cours du premier mois chaud de l'automne qui suivit l'été où elle quitta Carter, l'été où Carter la quitta, l'été où Carter cessa d'habiter la maison de Beverly Hills, une saison pénible en ville, Maria parcourut onze mille kilomètres au volant de la Corvette. Parfois, la nuit, la terreur s'emparait d'elle, la baignait de sueur, envahissait son esprit d'images brèves et dures de Les Goodwin à New York, de Carter là-bas dans le désert avec BZ et Hélène et de l'irrévocabilité de ce qui semblait déjà s'être passé, mais elle ne pensait jamais à rien de tout ça sur l'autoroute."
Il raconte le vide de son existence, ses peurs et ses angoisses, l'incompréhension de ses proches, la superficialité de ses relations personnelles et professionnelles, dans ce milieu aisé de la côte Ouest, dans le monde de la production cinématographique. Alors que Maria ne souhaite qu'une chose : vivre heureuse avec sa fille Kate.

J'au lu rapidement ce livre de Joan Didion, paru en 1970, à la fois parce qu'il est assez court (233 pages) et aussi parce que le style très épuré et très froid ne donne pas envie de s'attarder sur les évènements que traverse Maria, tant sa vie semble glauque et désordonnée. Elle, qui ne cherche que l'amour et la tendresse, se heurte à l'incompréhension et l'indifférence d'un milieu qui fait froid dans le dos.
A lire uniquement si on a le moral au beau fixe…
Lien : https://ruedesiam.blogspot.c..
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critiques presse (1)
Lexpress
26 novembre 2018
Magistrale chronique d'une déliquescence existentielle, Mauvais joueurs dit le calvaire de ne plus parvenir à vivre sans réponse à la question du sens de la vie. Densifiant le flegme et le néant, la langue tire sa puissance de son aspect à la fois la fois alangui et strident.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin j'ai jeté des pièces dans la piscine et elles ont étincelé en tournant dans l'eau de telle façon que j'avais presque envie de lire ce que ça voulait dire pour mon avenir. Mais je me suis retenue. Une chose pour ma défense, non pas que ça ait de l'importance. Je sais quelque chose que Carter n'a jamais su, ni Hélène, ni peut-être vous. Je sais ce que « rien » veut dire et je continue à jouer.
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Au cours de la semaine suivante Freddy Chaikin donna un certain nombre de coups de téléphone à divers producteurs de télévision leur demandant « comme un service personnel à rendre à Carter », de penser à Maria pour des rôles même d’une seule journée. « N’importe quoi pour lui changer les idées, dit Freddy à chacun d’eux. Nous sommes en présence de quelqu’un qui est presque au bord du suicide. » Maria était au courant de ces coups de téléphone car Hélène lui en parlait.
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Elle aurait voulu lui dire qu’elle était navrée, mais dire qu’elle était navrée ne lui parut pas convenir tout à fait, et d’ailleurs, ce pour quoi elle était navrée lui parut aussitôt trop profond et trop évanescent pour les mots qu’elle connaissait, lui parut si infiniment plus compliqué que le fait immédiat que mieux valait peut-être ne pas chercher à le démêler.
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Seuls les gens qui avaient des ennuis venaient voir leurs agents sans s’annoncer. Si Freddy Chaikin croyait qu’elle avait des problèmes, il l’éviterait, parce que les problèmes c’était une chose dont personne ici n’aimait approcher. L’échec, la maladie, la peur, tout cela était considéré comme autant de flétrissures contagieuses sur des plantes luisantes.
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Elle s’était toujours attendue à mourir, avec la même certitude qu’elle s’attendait à voir les avions s’écraser si elle y prenait place de mauvaise humeur, aussi certainement qu’elle était persuadée qu’un mariage sans amour se terminait par un cancer du col et l’adultère équivoque par des accidents fatals pour les enfants.
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Videos de Joan Didion (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joan Didion
« La littérature, c'est ce sursaut de l'imagination dont on a tant besoin. » Justine Augier
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**Croire. Sur les pouvoirs de la littérature** de Justine Augier
Dans une époque prodigue en menaces et en sombres horizons, tandis qu'elle tourne autour d'un livre qui affirmerait la puissance du langage, Justine Augier voit son projet d'écrire sur la littérature comme lieu de l'engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l'urgence mute, l'intime et l'universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Qui choisit de croire à la force des mots, à la valeur sacrée de leur sens, à leur mise en acte – aux pouvoirs de la littérature. Jusqu'à faire de chaque lecteur un résistant. À l'intersection du littéraire et du politique, un livre bref et fulgurant qui trouve sa place auprès de ceux de Hannah Arendt et Joan Didion.
https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/croire
--- #litteraturefrancaise #rentréedhiver
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