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Maria, actrice de seconde zone, se prélasse dans sa villa de Beverly Hills. Au bord de la piscine, elle observe, à travers ses lunettes noires, le défilement de sa vie : un divorce en cours, une jeune fille internée à l'hôpital, des rôles de plus en plus insignifiants et éphémères. Dans ces moments-là, elle se sert un verre, prend deux cachets et la route à bord de sa corvette. Sans but, la plupart du temps… Rouler, rouler, jusqu'à ce que la lumière lui intime le désir de rentrer. Et puis des fois, elle pousse sur la Route 66, traverse Barstow, s'enfonce jusque dans le Nevada, et s'arrête à Las Vegas ou dans un coin de poussière qui s'appelle le Café du Crotale.

Bonsoir me dit-elle. Je regarde ma bière, n'ose pas relever les yeux vers cette voix. La radio passe un truc des Red Hot, dream of californicaaaaa… …tiooon… Je m'appelle Maria et vous ? La chanson est triste, un brin mélancolique comme sa voix. Je garde le silence, elle parle, les verres se vident. Sa vie, une série de scénettes sans intérêt et pourtant je m'y intéresse. Elle commande deux nouveaux whiskys. Les glaçons tintent dans les verres, la musique de ma vie. Sa vie, elle en pleure chaque nuit. Je regarde les étoiles, le bleu de la lune, les bleus à l'âme. Elle roule sur les longues lignes droites et désertes du Nevada, le vide de son existence, elle boit, elle prend des cachetons, elle baise ou se fait baiser. J'ai comme une vision cynique des années soixante-dix de ce monde-là, sous ton soleil implacable ton univers impitoyable.

Au revoir me dit-elle. Je continue de regarder mon verre vide, en silence. le silence du crotale qui glisse sur la poussière. J'écoute une dernière fois le vide de sa voix. Elle va reprendre la route, je reste dans la pénombre du Crotale. Mon univers à moi. Je me dis que Maria est une belle personne, qu'elle veut juste aimer, juste être avec sa fille. Putain de vie. Dream of californicaaaaa… …tiooon…
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De Maria, on apprend peu de choses, on apprend ce que le narrateur veut bien nous dire. Un père joueur, une mère morte dans un accident de la route dans le désert du Nevada, une petite fille de 5 ans qui est internée.
Maria, elle, est à une étape difficile de sa vie: divorce en cours, bientôt jugée trop vieille, trop maigre, trop déprimée pour continuer en tant qu'actrice de seconde zone. On est à Hollywood: belles décapotables roulant à 150 au coeur du désert, barbituriques et coca, sexe, adultères et soirées-champagne au bord de la piscine… Maria se perd dans ce décor, seule bien qu'entourée.
On la suit dans ses jours et ses nuits autodestructrices, parcourant des kilomètres sans but, perdant pied.
L'écriture sèche et directe de Joan Didion décrit un univers impitoyable derrière les strass du cinéma, un monde dans lequel je n'aurais aucune envie de me plonger. Je suis restée sur ma faim, ayant du mal à suivre les événements qui ponctuent les errances de Maria et insensible à ce monde.
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Au volant de sa légendaire voiture, comme avec sa plume Joan Didion est une femme au faciès inquiet et rieur qui joue avec les limites et qui se joue d'elles, surtout. La limite entre roman et chronique journalistique intimiste est floue dans toute son oeuvre : ses non-fictions sont narratives et ses romans ressemblent à des reportages. Joan Didion a débuté sa carrière comme rédactrice au Vogue US et cette liberté dans l'écriture qui à l'époque, a révolutionné les écrits journalistiques, l'a surtout transformé en muse auprès de toute une génération d'écrivains américains. Principalement par l'intermédiaire du roman Maria avec et sans rien paru en 1970 outre-atlantique et qui a influencé des auteurs tels que Brest Easton Ellis, Jay McEnerney et Donna Tartt, qui revendiquent leur admiration pour Joan Didion.
Maria est une actrice déchue qui déambule dans la cité des anges au volant de sa décapotable et qui ne s'est plus où aller. Toutes les nuits, elle dort sur un transat près de sa piscine. Et observe la vacuité d'une existence qui s'écoule lentement sous l'ennui des jours, derrière des lunettes de soleil noir... Elle hante comme un fantôme l'asphalte d'Hollywood et reste terriblement silencieuse. Hermétique aux promesses.
Economie dans les descriptions, rendu des sentiments au travers de précisions sur l'atmosphère des lieux, chapitres de seulement quelques lignes qui évoquent davantage les scénettes d'un script, Joan Didion écrit ce roman sans fioritures et retrace le passé et le présent de son héroïne qui se perd en une sorte de schizophrénie. du moins en une narration entre-coupée. le rêve hollywoodien est là-encore brisé, derrière le quotidien d'une vie qui s'écoule de la même façon ici ou ailleurs et qui rappelle les errements des personnages des romans de F. Scott Fitzgerald. Incontournable pour qui s'intéresse à la littérature américaine contemporaine.
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J'ai déjà cité ici Joan Didion il y a quelques mois quand je l'avais découverte grâce à la réédition de son livre culte L'Amérique, emballé par ce livre j'ai voulu en savoir plus sur cette femme écrivain et je me suis plongé dans Maria avec et sans rien édité dans la très élégante collection Pavillons poche chez Robert Laffont. J'insiste sur l'élégance de cette collection, car si le texte est primordial, cela tombe sous le sens, quand l'édition est soignée c'est un petit plus qui s'ajoute au plaisir de la lecture.
Le roman est sorti aux USA en 1970 mais il garde néanmoins toute son actualité. Maria est une jeune femme d'une trentaine d'années, actrice de second rang, divorcée et mère d'une fillette internée pour troubles mentaux. Elle ne manque néanmoins pas de moyens financiers au vu de ses voyages et séjours à l'hôtel et repas au restaurant. Dépressive, elle sillonne la Californie en voiture, à la recherche d'une tranquillité d'esprit qui ne semble pas lui être destinée.
Le livre est très bien écrit, trop bien peut-être pour moi car j'ai eu beaucoup de mal à suivre le périple de cette femme qui ne sait jamais trop ce qu'elle veut, qui erre sans but précis, qui gâche des occasions de se remettre en selle. Tout à fait le genre de personne que je ne supporte pas dans la vie réelle mais c'est aussi tout le talent de l'auteur de nous mettre sous le nez un tel personnage aussi bien décrit. Quant à son entourage, la clique superficielle des « petits » de Hollywood qui ne connaissent que les ragots, les coucheries et la dope, il n'est pas fait non plus pour l'aider à se sortir de son marigot déprimant. Joan Didion nous livre là encore, une vision cynique d'une certaine Amérique. Heureusement que le livre n'est pas trop épais car je crois bien que je serai tombé moi aussi dans la déprime totale à suivre la vie de ces gens.
J'espère m'être fait bien comprendre, il s'agit d'un très bon livre mais il ne faut pas trop s'impliquer dans sa lecture sous peine de dépression.
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Mauvais joueurs est le récit elliptique d'une femme à la dérive dans la Californie des années 60. Ses aspirations de starlette hollywoodienne se sont dissoutes, comme son mariage avec un réalisateur en vue. Elle s'accroche à de potentielles retrouvailles avec son enfant dont elle a perdu la garde et elle file sur les autoroutes au volant de sa Corvette, pour oublier.

À la lecture, je me suis remémoré des passages de Moins que zéro de Bret Easton Ellis et du film Mulholland Drive de David Lynch et ces derniers sont certainement redevables en partie à Didion. J'ai aimé Mauvais joueurs pour l'expérience littéraire, l'ambiance caniculaire et sèche, l'évocation diaphane de la dépression. Mais, je ne crois pas que le roman laissera une marque indélébile dans mon esprit, peut-être à cause de la mise à distance instaurée par le style. le roman a été auparavant publié sous le titre Maria avec ou sans rien, plus poétique et plus représentatif de la perte de repères de la protagoniste.
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Un livre sans grand intérêt qui sent la branlette intellectuelle à plein nez.
Étonnant que ce court roman ai suscité l'admiration de plusieurs romanciers américains tant « Maria avec ou sans rien » semble avoir été écrit par une auteur qui manifestement n'à rien à dire.
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Maria Wyeth a trente et un ans, elle est divorcée, elle a une fille de quatre ans, Kate, qui est internée, en raison de problèmes mentaux. Maria a joué dans deux films de son ex-mari, Carter, qui n'ont pas eu de succès et sa carrière d'actrice n'a pas décollé. Maria est enfermée dans un établissement médical, les médecins l'incitent à écrire ce qui s'est passé dans vie, ce qui l'a amenée là. Alors Maria raconte : son enfance dans le Nevada, ses parents, son arrivée à New York où elle est venue pour s'inscrire à un cours d'art dramatique, ses débuts de comédienne. D'après son amie Hélène, Maria n'est qu'une égoïste. D'ailleurs, elle a tué BZ, le mari d'Hélène, ce que confirme Carter, l'ex-mari de Maria.

Puis, en quatre-vingts chapitres dont certains comprennent seulement quelques phrases, le narrateur relate comment ces personnages en sont arrivés là. Il décrit les errances de Maria, ses longs trajets sur l'autoroute, ses arrêts dans les stations-service pour parler à l'employé et entendre le son de sa propre voix.
"Au cours du premier mois chaud de l'automne qui suivit l'été où elle quitta Carter, l'été où Carter la quitta, l'été où Carter cessa d'habiter la maison de Beverly Hills, une saison pénible en ville, Maria parcourut onze mille kilomètres au volant de la Corvette. Parfois, la nuit, la terreur s'emparait d'elle, la baignait de sueur, envahissait son esprit d'images brèves et dures de Les Goodwin à New York, de Carter là-bas dans le désert avec BZ et Hélène et de l'irrévocabilité de ce qui semblait déjà s'être passé, mais elle ne pensait jamais à rien de tout ça sur l'autoroute."
Il raconte le vide de son existence, ses peurs et ses angoisses, l'incompréhension de ses proches, la superficialité de ses relations personnelles et professionnelles, dans ce milieu aisé de la côte Ouest, dans le monde de la production cinématographique. Alors que Maria ne souhaite qu'une chose : vivre heureuse avec sa fille Kate.

J'au lu rapidement ce livre de Joan Didion, paru en 1970, à la fois parce qu'il est assez court (233 pages) et aussi parce que le style très épuré et très froid ne donne pas envie de s'attarder sur les évènements que traverse Maria, tant sa vie semble glauque et désordonnée. Elle, qui ne cherche que l'amour et la tendresse, se heurte à l'incompréhension et l'indifférence d'un milieu qui fait froid dans le dos.
A lire uniquement si on a le moral au beau fixe…
Lien : https://ruedesiam.blogspot.c..
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Le livre de Joan Didion s'ouvre sur trois témoignages. Celui de Maria qui nous raconte son enfance dans une petite bourgade du Nevada avec un père joueur mettant en place des projets perpétuellement voués à l'échec. Elle parle aussi de sa fuite à New York où elle commence une carrière de mannequin. Puis elle rencontre Carter, un jeune réalisateur, qu'elle épouse et avec qui elle a une petite fille Kate. Cette confession s'adresse à des médecins, on devine que Maria est internée. On ne tarde pas à savoir pourquoi grâce au deuxième témoignage. Hélène, une amie de Maria, nous apprend que celle-ci a tué un certain BZ. La troisième personne à s'exprimer est Carter qui repense à son mariage avec Maria, à ses attitudes étranges qui auraient dû lui faire comprendre le mal-être de son épouse.

Ensuite Joan Didion reprend la narration en main. Elle décompose la vie de Maria en 84 fragments, 84 courts chapitres. Ils décrivent un destin tragique, un être à la dérive, le revers du rêve américain. Maria n'a pas réussi à faire carrière comme actrice, elle a divorcé de Carter et leur fille est internée. Maria est perdue, elle passe ses journées à rouler sans but pour ne penser à rien. Elle vit pourtant à l'endroit où se cristallise le plus le rêve américain : Hollywood. Elle est entourée d'acteurs, de réalisateurs, de producteurs dont le fameux BZ qui la traîne de soirée en soirée. Mais Maria semble déjà morte, en dehors de la vie, ne ressentant plus rien, n'ayant plus d'espoir en rien. Elle va droit dans le mur jusqu'au drame :”Si Carter et Hélène veulent croire que c'est arrivé parce que j'étais folle, qu'on les laisse dire. Il faut bien qu'ils le mettent sur le dos de quelqu'un. Carter et Hélène croient encore au système cause-effet. Carter et Hélène sont également persuadés que les gens sont soit sains d'esprit, soit déments.”

Ecrit en 1970, “Maria avec et sans rien” est un livre culte aux Etats-Unis. Grâce aux éditions Pavillons de Robert Laffont, ce roman arrive enfin jusqu'à nous. Joan Didion a toute sa vie scruté son pays et l'a décrit avec une écriture au scalpel, crue, froide et sans concession. le mal-être de Maria est celui d'une génération, celle des années des 70 marquée par la guerre du Vietnam, plongée dans la drogue et agitée par les mouvements pour les droits civiques. La perte des illusions sur le rêve américain est très présente dans la littérature de ce pays, on pense à John Fante, Hubert Selby Jr et, plus proche, Bret Easton Ellis. Tous nous montrent la noirceur de l'Amérique, la vie de ceux qui n'ont pas eu de chance et que le rêve a laissés sur le bord de la route.

J'ai été au départ déroutée par la forme fragmentaire du roman qui picore dans la vie de Maria de manière anachronique. le livre refermé, j'ai eu un sentiment de grand pessimisme, d'un grand gâchis. Maria est le symbole d'une Amérique dépressive, se débattant contre le néant et sous prosac. “Maria avec et sans rien ” est un grand roman qui ne peut laisser indifférent, Joan Didion est un auteur de la trempe de ceux cités plus haut avec la même acuité de regard sur son pays.


Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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ATTENTION ARNAQUE

CE LIVRE DE JOAN DIDION EST SORTI IL Y A 14 ANS SOUS UN AUTRE TITRE

" Maria avec et sans rien" chez pavillon poche, c'est le même livre seul le titre a change pour devenir Mauvais joueurs, une belle escroquerie,
merci a livre de poche pour m'avoir fait perdre 7;40
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réédition d'un roman culte annonçait le bandeau sur la couverture.De quoi se méfier le terme culte n'ayant rien a voir avec la religion dans un Hollywood qui doit plus à Fante qu'aux miroirs aux alouettes de Paris match
l'errance de Maria ,tracer sa route au volant d'une Chevrolet Corvette...,un autre mythe, quel rêve que ferait tout un chacun sauf que là le siège est usé et la boite grince.
Écriture fine , personnages désabusés et cascadelles des crotales un must, merci Joan
Lien : http://etatsdamesetautresmot..
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