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Vous avez dit bizarre, vous avez dit destroyed, vous avez dit ... Je confirme et encore je ne vous dit pas tous les qualificatifs qui me viennent à l'esprit.
Freddie et Didier reconvertis en détectives privés sans licence sont des forts en gueule, prêts à cogner et surtout toujours prêts à consommer jusqu'à plus soif tout ou presque à condition que cela soit alcoolisé, ajoutez-y un peu de speed, ou de kétamine par ex...une fois défoncés pas grand-chose les arrêtent. Alors lorsque Freddie remet les pieds dans son village natal après 15 ans il en prend plein la gueule au sens propre et figuré !
Benjamin Dierstein propulse son lecteur dans un entre-deux, à la fois un monde réel où le lecteur halluciné reconnait certains codes et un monde inimaginable marqué par le seau de la violence, de la marginalité, du désespoir et de la déchéance morale. Si l'humour, l'ironie macabre sont au rendez-vous l'ambiance est mortifère et délétère. Une lecture difficile pour moi, une lecture qui remue les tripes et vous donne envie de dégueuler , certaines scènes sont d'une violence extrême !
Une lecture qui m'a été proposée dans le cadre de la dernière Masse critique mauvais genre , je remercie les éditions du Points et babelio pour ce partage.
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Benjamin Diersten nous offre avec ce troisième roman, un opus déjanté, un western moderne, un roadmovie breton, teinté de références littéraires et cinématographiques.

L'auteur nous entraîne à la suite de Freddie et Didier dans les bas fonds de notre société, les rades, les squats, les troquets où coule à flots la Kro. Mais, derrière ce tableau peu reluisant, avec beaucoup de justesse, il ne tombe jamais dans l'excès même s'il le frôle parfois, souvent même. Les franchissements de ligne sont souvent sauvés par les références, nombreuses, au premier rang desquelles, l'hommage à Steinbeck et plus particulièrement George et Lennie.

Langage fleuri, alcool, armes, drogues, violence… Tous ces ingrédients savamment dosés font toutefois de ce roman un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Inversement, si vous aimez quand ça cogne, que ça saigne, foncez consommer sans modération Un dernier ballon pour la route.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
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Benjamin Dierstein nous avait habitué dans ces deux précédents romans à hanter les zones sombres des milieux politico-financiers , il nous offre aujourd'hui une intrigue foutraque , hommage aux brèves de comptoirs et à leurs acteurs , mettant en vedette deux olibrius aux caractères bien trempés et un brin imbibés …

Freddie Morvan et son pote Didier ont une mission à accomplir: retrouver la petite Romane et sa mère Marilou en chair et en os et de préférence en vie . Une mission confiée par Virgile de Larochelière à son ancien copain d'enfance , à l'époque où les deux habitaient dans le même village .
Depuis Freddie a fait du chemin enfin ...il s'est surtout éloigné de sa ville natale pour gagner la région parisienne ,avant de rentrer dans l'armée , puis dans la Police et de terminer détective privé , trois secteurs d'activité où sa hiérarchie a su reconnaître à sa juste valeur son intolérance pour le travail pour lui proposer de réorienter au plus vite son activité vers d'autres cieux moins laborieux . Sans boulot, Freddie s'est recroquevillé dans des réflexions existentielles basées essentiellement sur la couleur de l'alcool qu'il allait ingurgiter les prochaines minutes avant que Virgile le rappelle à son bon souvenir .
Une fois sa mission terminée ( non sans mal ) et avoir sorti des griffes de dangereux apaches la jeune Romane , ce n'est pas sa mère, également disparue , qui a surgi à côté d'elle , mais une ado black au caractère bien trempé , Lily -Prune .
Pour toucher sa prime, Freddie n'a pas d'autres choix que de retourner dans le village de son enfance qu'il a quitté des années plus tôt . Il va découvrir une ville bien changée , entièrement aux mains de la famille de Larochelière , dont les différentes exploitations emploient une majorité d' habitants de la commune et qui tente de modeler le village en fonction de ses ambitions économiques .
Mais la mort étrange de nombreuses vaches , la disparition mystérieuse d'un jeune vont mettre en ébullition une population aux abois et remettre Freddie et son pote Didier sur les rails de nouvelles périlleuses investigations .

L'auteur nous montre une autre facette de son talent avec cette histoire haute en couleur même si le (gros) rouge prédomine .
Outre des dialogues fortement dosé en humour noir dont la tonalité dépend du taux d'alcool dans le sang de nos protagonistes en goguette , on découvre une très belle brochettes d'énergumènes , un bestiaire (a)varié d'une incroyable variété : des piliers de bar qui soutiennent l'économie locale à leur manière , un type légèrement barré en couple avec une chèvre , David Croquette le chanteur qui anime le danse-floor du bar de Mado , des loups aux dents longues , une épouse -esclave , des vaches mortes et d'autres presque vivantes avant de passer à l'abattoir , une avaleuse d'assiettes , un “Général” dont la caboche est rempli de souvenirs de l'Indochine , le chien Enfoiré , Francis un fan inconditionnel de Cabrel et Michel le presque grand gagnant au Rapido.
Un Western post-moderne en Renault super 5 au milieu d'un grand nulle part , truculent et déjanté , savamment arrosé au Piconard ( Cocktail Picon-Ricard) , Ricard Suze ou autre gnôle de compost .Ça défouraille sec côté boutanches et côté pétards qui sortent comme par enchantement dès que ça sent le grabuge . Une lutte des classes à coeur ouvert où ceux d'en bas se rebiffent contre l'injustice , comme la saveur d'un roman social qui baigne dans une mare de Valstar frelatée .

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Ce roman ne dresse pas le portrait de la France d'en bas, il creuse jusqu'à la France d'en-dessous. Celle des paumés, des camés, des solitaires, des clochards célestes. Une France ou un pseudo médecin tient cabinet dans les chiottes d'un supermarché, une France où les loups rodent, où des fantômes de vaches éviscérées trainent au fond des bois, où des femmes bâties comme des armoires à glace croquent les verres à pleine dent après les avoir vidés et où les bergers peuvent se marier avec leurs chèvres. Une France de la cambrousse la plus profonde, pleine de mobile homes défraichis, « de magasins abandonnés ornés de pancartes à vendre, et de jardins remplis de ferraille rouillées et de vélos cassés. »

Bien sûr il y a une intrigue. Fine comme du papier à cigarette, qui nous raconte les mésaventures de Freddie revenant dans son village d'enfance avec son copain Didier pour se faire embaucher par une maman désespérée, persuadée que son gamin a été enlevé par des hippies.

Mais l'intrigue, on s'en fiche. Ce qui compte, c'est l'excès. Partout, tout le temps. Excès d'alcool, de personnages incroyables, de scènes improbables, de dialogues lunaires, de mélancolie, d'humour noir, de violence pure et d'odeurs immondes. Ce qui compte, c'est de se régaler d'un western rural délirant et sans temps mort. Ce qui compte, c'est d'être dans le brut de décoffrage, plus cinglant qu'un coup de trique sur les fesses blanches et crémeuses d'une fille de joie, plus abrasif qu'une ponceuse industrielle décapant le vernis d'un parquet en chêne. Ce qui compte, c'est d'avoir l'impression d'assister à un plan à trois entre Bukowski, Harry Crews et Jim Thompson.
Lien : https://litterature-a-blog.b..
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De sacrés loustics, Freddie et son pote Didier. de vrais pochtrons, des alcooliques notoires, qui se retrouvent embarqués dans une étonnante histoire, engagés par une connaissance pour récupérer une fillette kidnappée...

Remarquez, un tel titre, ça vous plante le décor. "Un dernier ballon pour la route", c'est écrit noir sur blanc en couv', vous savez à quoi vous attendre ! Surtout que le ballon en question vient après de nombreux autres verres (bière, kir banane,...). Bref, l'alcool occupe une place certaine dans ce récit... comme la dope et les personnages étranges et farfelus.

Je suis entré vraiment conquis dans cette histoire complètement barrée et délicieusement absurde (certains dialogues sont à ce titre hilarants !). C'est un vrai jeu de massacre, où les cadavres sont légion. Par contre, j'avoue en revanche avoir trouvé la suite un peu plus laborieuse, dommage...

Je remercie en tout cas Babelio et les éditions Points pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la récente opération masse critique "mauvais genres"... franchement, ce récit, par son côté sombre, violent et déjanté, entre pile poil dans cette catégorie, c'est une évidence !
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C'était ma première expérience avec Benjamin Dierstein et je ne l'oublierai pas de sitôt ! « Un dernier ballon pour la route » s'inscrit dans les livres hors normes qui marque les esprits.

Dès la première scène, on est projeté dans un univers loufoque et misérable. Les personnages qui habitent ces lieux sont tous paumés, fous ou ingérables. de plus, il ne se passe pas dix pages avant qu'ils ne soient en train de boire un coup, comme un passage obligé, un ravitaillement de carburant. Embués par la Kro, le double Ricard, la Suze ou le Piconard (mélange de Picon et de Ricard), les protagonistes nous entraînent dans des péripéties rocambolesques. Les hommes sont des beaufs machos et racistes, les femmes sont vulgaires, les enfants sont désenchantés et les chèvres fument. Bienvenue en Absurdie !

Vous aurez compris que tous les paramètres sont réunis pour que les évènements partent en vrille. Et ils ne se font pas prier. L'action est menée sur un rythme effréné. Chaque nouvelle situation apporte son lot de dinguerie. On ne sait jamais ce que l'auteur nous réserve, à chaque coin de bar.

Si vous aimez les films dans la veine de « Bernie » d'Albert Dupontel, l'humour noir et absurde, les dialogues crus, montez à bord, vous allez vous régaler ! Si vous êtes plutôt rationnel, posez ce livre sur-le-champ ! Pour ma part, je me suis laissé porter par l'imagination délirante de Benjamin Dierstein. Je me suis beaucoup amusé dans cette virée sous alcoolémie aggravée, à la violence omniprésente, portrait d'une misère sociale poussée à l'extrême. C'est assez jouissif de sortir des rails !

Dorénavant, je me réserverai les livres de cet auteur quand j'aurai besoin de me vider la tête. Une bonne manière de déconnecter en me marrant. D'ici là, remettez une tournée générale !

Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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On ne le dira jamais assez : l'abus d'alcool est mauvais pour la santé… tant physique que mentale.

Ce ne sont ni l'auteur ni les personnages du roman « Un dernier ballon pour la route » qui me contrediront.

« Un dernier ballon pour la route » est un roman d'aventures éthyliques paru en 2021 et écrit par Benjamin Dierstein, un jeune auteur ayant débuté dans la musique et l'organisation de soirées avant de se tourner vers le roman noir à tendances thriller politique.

Paru aux éditions Les Arènes, ce roman est le 3e de son auteur.

Freddie et Didier sont deux potes virés de l'agence de sécurité dans laquelle ils travaillaient. Freddie est un ancien militaire, ancien flic et Didier, bah, c'est Didier, un gentil neuneu toujours d'accord avec son pote.

Aussi, ils décident de devenir enquêteurs privés, ensemble, en retrouvant la fille et la femme d'un pote d'enfance de Freddie, Virgile, fils d'une riche famille ancrée dans la région qu'il a quittée tout jeune.

Mais ramener les disparues à son ami ne sera pas une sinécure d'autant que le retour au pays s'accompagne de mauvais souvenirs et de bien plus mauvais encore à venir.

Autant le dire tout de suite, et l'auteur ne s'en cache ni dans le titre de son roman pas plus que dans ceux de ses chapitres, ce livre est un hommage (une ode) aux piliers de comptoirs.

Effectivement, chaque chapitre débute par une brève de comptoir et l'ensemble du roman se déroule, en grande partie, dans les bistrots.

Car les deux « héros » de l'histoire passent leur temps à prendre des coups. Des coups dans le gosier à grand renfort de piconnard (Picon-Ricard) ou autres breuvages du genre, mais également des coups dans la gueule et ailleurs.

En clair, ce roman est un délire éthylique dans lequel on ne peut rentrer si l'on n'est pas prêt à quitter un monde cartésien et réaliste et si l'on est allergique à l'humour bien gras et à la violence bien sanglante.

La violence et l'humour ne me faisant pas peur, appréciant (moyennement) les brèves de comptoir (je ne pratique pas les bars parallèles), je me suis lancé dans cette lecture, plus par curiosité que par conviction.

En effet, si j'aime l'humour (à l'excès ?) et que la violence (dans les films et les romans, mais là également, je ne suis pas pratiquant) ne me rebute pas, j'aime quand ces éléments (surtout l'humour) demeurent dans un cadre, si ce n'est cartésien, du moins a minima réalistes.

Et j'ai bien failli arrêter ma lecture à cause de cette absence totale de réalisme, absence volontaire et assumée de la part de l'auteur.

Si la scène dans laquelle les deux héros peinent à quitter le centre commercial, y revenant sans cesse, n'est pas sans me rappeler le sketch de Raymond Devos sur les sens interdits, les délires éthyliques et les réactions pour le moins incohérentes des personnages ont failli avoir raison de moi (un peu comme les aventures de de Luj « Inferman et La Clauducque de Pierre Siniac).

Ayant tenu bon quelques pages, voyant la fin de la mission s'approcher, mais curieux de savoir pourquoi il restait encore tant de pages à venir, je poursuivais ma lecture (plus par curiosité, donc, que par réel intérêt) et la seconde partie du roman m'a un peu plus séduit (sans aller dans un enthousiasme débordant) par une montée crescendo de la tension et de la violence et une intrigue qui prenait un peu d'épaisseur.

Mais il faut bien avouer que les comportements de chacun continuaient à manquer de crédibilité.

Certes, la narration à la première personne est maîtrisée et apporte un réel plus au roman. Elle est à la fois intrusive et permet une connexion plus rapide entre le lecteur et le narrateur.

Oui, d'un point de vue stylistique, pour peu que l'on ne soit pas imperméable à une retranscription littéraire d'un langage parlé, le roman est plutôt abouti.

Effectivement, les personnages sont à la fois originaux et hétérogènes. On peut même s'attacher à Lily-Prune, une gamine ramassée en cours de route, même si, comme pour les autres, il est difficile de croire à ses comportements.

On ne peut nier que l'humour est présent, omniprésent, même. Que l'intrigue, tout d'abord assez simpliste, prend de l'épaisseur à partir du retour aux sources et qu'un certain mystère plane sur l'histoire. On appréciera la montée crescendo de la tension et de la violence, ainsi que le final en forme d'apothéose sanglante.

Mais, pour moi, tous les faits irrationnels gravitant autour de l'histoire et des personnages ont vraiment perturbé ma lecture.

Que ce soit les histoires de fantômes de vaches mortes, le gars qui épouse une chèvre, le lynchage du bonimenteur par le chef de la police locale, les loups, et j'en passe des meilleurs et des pires et ce dès le début avec l'ultra violence de la scène liminaire ou bien le comportement des deux héros face à la flèche dans l'épaule de Didier et le « docteur » qui la « soigne ».

Alors, oui, chercher du rationnel dans un délire éthylique, c'est un peu comme chercher de l'humanité chez un tueur en série xénophobe, mais, le problème, quand est que, quand un mec bourré te raconte une histoire, tu ne peux vraiment l'apprécier que si tu es dans le même état. Si tu es sobre, pour toi, le conte prend des formes d'élucubrations incohérentes.

Et, je dois le confesser, je suis d'une sobriété désespérante.

Pourtant, je dois avouer que, malgré tout, je n'ai pas abandonné ma lecture, ce qui est déjà pas mal, mais que j'ai même fini par prendre un certain plaisir dans la seconde partie, faisant fi des défauts (de ce que je considère, pour moi, comme tels).

Ah oui. Si je dois pointer un réel défaut stylistique, j'évoquerai les quelques répétitions facilement évitables qui émaillent le récit. Rien de bien grave, parfois des mots que l'on retrouve deux fois dans une même phrase (or dialogues, où là, tout est permis).

Au final, un livre qui ne s'adressait pas tout à fait à moi (un délire éthylique pour un lecteur sobre) qui a bien failli me perdre, mais qui a réussi à m'accrocher un peu dans sa seconde partie plus intéressante et plus rythmée.
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Enorme ce bouquin. Je n'ai mis aucune citation car il y en avait trop a ecrire. Pour celui qui aime les dialogues de charretiers et les metaphores grossieres, il est impossible de passer a coté. Ca picole, ca se drogue, ca tue salement, c'est raciste, les personnages sont haut en couleurs mais au font c'est l'amour qui derriere ce livre. L'histoire est parfois fantasque mais s'en est marrant. J'ai adoré
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"- Ben alors, a dit Gwenolé en me balançant un coup de coude, tu dis pas bonjour à Josy ?"
- Josy ?
- Ben oui, ma Josy, qu'il a dit en montrant une chèvre qui venait d'entrer dans la pièce. Comment ça va ma chérie ?
Pour toute réponse la chèvre m'a bêlé dans les oreilles, et j'ai remarqué à ce moment-là qu'elle avait une alliance en or sur sa patte droite, ainsi qu'une coiffure au gel et du rouge à lèvres"

Benjamin Dierstein en totale roue libre dans ce roman complètement barré, du Carl Hiaasen sous acides. Je ne sais pas dans quoi l'auteur breton a trempé sa plume, mais ce qui est sûr c'est que ce n'était pas dans de la Vittel. Mais plutôt dans un mélange de ricard, de suze, de bière, de rouge.

Je m'arrête là car la liste des substances liquides ingurgitées par les deux personnages principaux du livre est impressionnante. Sans parler de sa quantité. C'est bien simple, si je passais une seule journée en compagnie de Freddie et Didier, je finirais direct à l'hosto après être tombé dans un coma éthylique probablement fatal. D'ailleurs chaque chapitre de cet ovni littéraire débute par un proverbe de bistrot, celui-ci étant mon préféré : "L'alcool n'a jamais aidé personne à résoudre ses problèmes, c'est vrai. Mais le lait non plus."

Un dernier ballon pour la route est une sorte de parenthèse complètement destroy au milieu de la trilogie politique Echos des années grises. Bon, dans ces trois romans aussi ça déménage et ça dézingue à tout va, mais dans un tout autre registre. Tout aussi passionnant mais beaucoup moins marrant. Pas marrant du tout.

Dans Un dernier ballon pour la route, on se marre globalement du début à la fin, mais pas que. En effet, Benjamin Dierstein illustre brillamment une veine encore assez peu représentée dans le polar, le tragi-comique, par une histoire pleine de rebondissements tordus mais franchement noire, malgré son aspect déjanté. Que voulez-vous, on ne se refait pas, même si le duo infernal, qui porte ce roman, est entraîné dans un tourbillon d'aventures drôlissimes et complètement frappadingues. Avec toute une galerie de personnages improbables et tordus. Par exemple, Buffalo Binche. "On l'appelle comme ça pasqu'il descend les bières plus vite que son ombre."

Attention, il n'y a pas que de l'humour trash et des scènes chocs dans ce polar rural. Mais aussi de la tendresse et de la poésie. Un dernier ballon pour la route raconte avant tout l'histoire de Freddie, qui revient dans son bled natal après l'avoir quitté quatorze ans plus tôt. Un retour aux sources qui sera explosif, c'est le moins que l'on puisse dire, dans ce village perdu au fin fond de la Bretagne.

Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le soin de découvrir ce polar décapant, sorte de western rural à la fois hilarant, sanglant et noir comme le cauchemar.
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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J'ai reçu le roman « Un dernier ballon pour la route » grâce à la masse critique de Babelio « Mauvais genres ». Je suis extrêmement contente d'avoir pu le découvrir. C'est un roman qui m'a fait un peu peur à la lecture de la quatrième de couverture. J'ai eu un doute sur le fait qu'il allait me plaire en lisant la liste des personnages qui pouvaient y apparaître… Je pensais lire une histoire complètement barrée. Et si j'aime bien un peu d'originalité je suis moins fan des récits complétement loufoques. Ici je n'ai pas été déçue : si le roman est un peu déjanté, le fil conducteur reste bien tracé. Voici donc le roman en quelques points …
C'est un livre édité dans la collection Equinox des éditions Les arènes. L'objet livre est top : j'ai eu plaisir à feuilleter le livre. La couverture est un mélange d'affiche de film des années 70 et de culture pop : elle attire à la fois l'oeil et la curiosité.
C'est un western contemporain qui nous est annoncé dans le résumé et, en effet, on retrouve la plupart des codes du western. Il se construit autour de plusieurs oppositions comme cow-boys/indiens, fort/faible, sauvagerie/civilisation ou nature/culture. le western actuel qui nous est présenté remplace le saloon par un bar, les indiens sont les marginaux et les cow-boys sont représentés par une famille huppée qui contrôle l'ensemble du village. le livre fait référence au surwestern, western post-années 50 qui ne montre plus les cow-boys comme bienfaisants et source de progrès mais comme destructeur du patrimoine des indiens. le texte est par ailleurs très cinématographique.
Des thématiques engagées sont présentes comme l'omniprésence de la société de consommation avec ces zones commerciales vertigineuses où il ne fait pas bon de se perdre. Il y a également la thématique de l'industrie qui prend de plus en plus de place dans certains villages, jusqu'à les détruire complètement.
Les personnages sont également très particuliers. Outre les trois personnages principaux, un peu alcoolos et déjantés, les personnages secondaires sont comme sortis d'une cuite hallucinogène. Et c'est presque un euphémisme ! Une enfant qui parle avec les loups, une chèvre dépressive, une veuve anarchiste, une femme bodybuildeuse qui mange des assiettes et même un macchabée qui conduit …. Malgré tout ce cortège déferlant pages après pages, le roman reste logique et construit. La folie douce reste cantonnée à ces personnages secondaires et ne vient pas empiéter sur le fond de l'intrigue. Personnellement je pense que c'est très bien comme cela. Là où ça peut me déranger quelquefois quand le déroulement de l'histoire en devient complètement incompréhensible, ici le bon dosage fait que les scènes sont cocasses et plaisantes à lire.
L'écriture de l'auteur est, elle aussi, très bien dosée. Un vocabulaire proche de celui des bistrots de villages accompagné d'une écriture intelligente et métaphorique. La manière de l'auteur d'arriver à combiner des mots presque douteux avec des images pertinentes et poétiques est presque magique. Je ne résiste pas à vous mettre une citation : « Les étoiles se reflètent par millions dans les flaques de boues, comme si la gadoue avait volé leur éclat à toutes ces minuscules divas de l'infini. »
C'est un roman également très marqué par les souvenirs du personnage principal. Les américains voyaient un peu les westerns comme des romans ou films d'apprentissage. On retrouve un peu de cela dans les souvenirs adolescents de Freddie. Un passé où il découvre des émotions de vie, des sensations… et qui est très bien mêlé à l'intrigue.
Très bonne lecture, vous l'aurez compris … Avec beaucoup de manières d'aborder la lecture. Il propose une intrigue aboutie, non conventionnelle, qui prend tout son sens dans les dernières pages.
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