AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Aloysius3993


J'ai reçu le roman « Un dernier ballon pour la route » grâce à la masse critique de Babelio « Mauvais genres ». Je suis extrêmement contente d'avoir pu le découvrir. C'est un roman qui m'a fait un peu peur à la lecture de la quatrième de couverture. J'ai eu un doute sur le fait qu'il allait me plaire en lisant la liste des personnages qui pouvaient y apparaître… Je pensais lire une histoire complètement barrée. Et si j'aime bien un peu d'originalité je suis moins fan des récits complétement loufoques. Ici je n'ai pas été déçue : si le roman est un peu déjanté, le fil conducteur reste bien tracé. Voici donc le roman en quelques points …
C'est un livre édité dans la collection Equinox des éditions Les arènes. L'objet livre est top : j'ai eu plaisir à feuilleter le livre. La couverture est un mélange d'affiche de film des années 70 et de culture pop : elle attire à la fois l'oeil et la curiosité.
C'est un western contemporain qui nous est annoncé dans le résumé et, en effet, on retrouve la plupart des codes du western. Il se construit autour de plusieurs oppositions comme cow-boys/indiens, fort/faible, sauvagerie/civilisation ou nature/culture. le western actuel qui nous est présenté remplace le saloon par un bar, les indiens sont les marginaux et les cow-boys sont représentés par une famille huppée qui contrôle l'ensemble du village. le livre fait référence au surwestern, western post-années 50 qui ne montre plus les cow-boys comme bienfaisants et source de progrès mais comme destructeur du patrimoine des indiens. le texte est par ailleurs très cinématographique.
Des thématiques engagées sont présentes comme l'omniprésence de la société de consommation avec ces zones commerciales vertigineuses où il ne fait pas bon de se perdre. Il y a également la thématique de l'industrie qui prend de plus en plus de place dans certains villages, jusqu'à les détruire complètement.
Les personnages sont également très particuliers. Outre les trois personnages principaux, un peu alcoolos et déjantés, les personnages secondaires sont comme sortis d'une cuite hallucinogène. Et c'est presque un euphémisme ! Une enfant qui parle avec les loups, une chèvre dépressive, une veuve anarchiste, une femme bodybuildeuse qui mange des assiettes et même un macchabée qui conduit …. Malgré tout ce cortège déferlant pages après pages, le roman reste logique et construit. La folie douce reste cantonnée à ces personnages secondaires et ne vient pas empiéter sur le fond de l'intrigue. Personnellement je pense que c'est très bien comme cela. Là où ça peut me déranger quelquefois quand le déroulement de l'histoire en devient complètement incompréhensible, ici le bon dosage fait que les scènes sont cocasses et plaisantes à lire.
L'écriture de l'auteur est, elle aussi, très bien dosée. Un vocabulaire proche de celui des bistrots de villages accompagné d'une écriture intelligente et métaphorique. La manière de l'auteur d'arriver à combiner des mots presque douteux avec des images pertinentes et poétiques est presque magique. Je ne résiste pas à vous mettre une citation : « Les étoiles se reflètent par millions dans les flaques de boues, comme si la gadoue avait volé leur éclat à toutes ces minuscules divas de l'infini. »
C'est un roman également très marqué par les souvenirs du personnage principal. Les américains voyaient un peu les westerns comme des romans ou films d'apprentissage. On retrouve un peu de cela dans les souvenirs adolescents de Freddie. Un passé où il découvre des émotions de vie, des sensations… et qui est très bien mêlé à l'intrigue.
Très bonne lecture, vous l'aurez compris … Avec beaucoup de manières d'aborder la lecture. Il propose une intrigue aboutie, non conventionnelle, qui prend tout son sens dans les dernières pages.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}