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Critique de Lutvic


Pendant quelques bonnes années, le surréaliste Victor Brauner peignit ingénument, comme dans un cauchemar enfantin, des personnages humanoïdes énucléés ou des silhouettes totémiques assimilables aux cyclopes.
Un jour, il perdit lui-même un oeil.
Son geste artistique en était une prémonition ou une façon d'attirer le réel ?
Juteuse question, dans le contexte du hasard objectif et des "pétrifiantes coïncidences"...

Le hasard de ma mémoire m'a vivement actualisé le souvenir des toiles de Victor Brauner lors de la découverte de Luc Dietrich.

Tout au long du "Bonheur des tristes" et de "L'apprentissage de la ville", j'ai pensé que sa transcription des sensations et des sentiments - d'un angle enfantin rendant le monde encore plus cru et cruel, en privilégiant les associations d'idées inattendues et le détail qui déraille insolitement - pourrait aisément l'approcher des surréalistes ; comme reflétée dans les yeux d'un enfant contrarié, la vie gagne en étrangeté et en brillance pathologique et nous dévoile, dans ses pages, la poésie des meurtrissures et des brisures.

Mais Luc Dietrich brille aussi par sa capacité d'entrevoir la pourriture dans le fruit mûr et goûteux, la fin de l'amour dans une étreinte passionnée, la mort dans les instants d'épanouissement de l'être. Cette grave intensité de ses livres traversés par le souffle de la fatalité, irrigués par le jaillissement du malheur (solitude, agonie, toxicomanie), l'apparente au romantisme : extraordinaire hybride humain-littéraire que j'ai honte d'avoir rencontré si tard. Un grand merci au proche qui a comblé cette lacune.

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