Ce livre a de quoi refroidir. On pourrait le qualifier de plagiat pur et simple du Petit Nicolas, d'autres s'émerveilleront devant la naïveté des sales gosses, j'ai envie de dire : tout ça, on s'en fout un peu. Non, ce bouquin m'a fait du bien parce qu'il m'a entraîné exactement dans le délire que je voulais, sans jamais trop en faire.
Voilà ce qui se passe avec les fêtes de fin d'année : tout part en saucisse et les élèves ne pensent qu'à se battre entre eux. Il y a ceux qui veulent être sur scène mais qui sont obligés de fabriquer les décors (du genre des châteaux dont les créneaux sont des rouleaux de PQ), il y a ceux qui ne veulent pas y aller, il y a ceux pour qui tout roule jusqu'au dernier moment où ils oublient leur texte. Tout cet univers,
Sophie Dieuaide arrive à le croquer avec la justesse de "Vive la République" et la dérision de Goscinny. Il y a même une annexe à la fin avec la pièce réécrite par les élèves (savoureuse, mais il faut lire le récit avant pour comprendre les références).
Alors, oui, il y aura un Nicolas, il y a aura un Agnan, il y aura des Rufus en pagaille, et tout partira en vrille. Mais ce sera éminemment mieux dosé qu'un grossier, tiède et insipide "Petit Gus". Il faut des catastrophes, alors Sophie y va sans détour. Il faut aussi du réalisme, alors elle évite de s'enfoncer trop loin et surfe entre le réalisme et la dérision. Au final, on en arrive à une pièce ratée, tellement ratée qu'elle en devient merveilleuse, un nanar du 6e art porté par les fameux petits monstres qui avaient engendré l'année d'avant les aventures de Godzitor et les mutants débiles. Ici, on ne dézingue pas le mythe d'Oedipe. On l'atomise.