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Alexandra Carrasco (Traducteur)
EAN : 9782070411917
192 pages
Gallimard (01/03/2000)
3.39/5   19 notes
Résumé :
Carlos Hernandez a une épouse extrêmement jalouse qui vient de le quitter, une maîtresse incapable de lui servir sa bière à bonne température et un nombre incalculable de femmes à séduire. Avec cinq gosses à entretenir, les fins de mois sont acrobatiques et malgré toutes ses combines de flic corrompu, il n'a pas une vie facile. D'autant plus que le Commander, son supérieur, vient de lui confier une enquête : la mort par balle d'un certain Jones. Entre son affaire, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Putain, ce n'est pourtant pas si compliqué de servir une bière fraîche. Glacée, en fait, chaleur du Mexique oblige, faut désaltérer le gosier et nettoyer la poussière. Mais attention pas trop glacée non plus, la bonne température, quoi. Et pourtant, le pauvre Carlos n'en peut plus. Oui, ô misère, comment peut-il vivre avec une femme incapable justement de lui servir sa bière à LA bonne température. D'ailleurs, elle est partie en lui laissant en plus les gosses. Pourtant, c'est un bon gars ce Carlos, il aime quand même sa femme, même lorsqu'elle lui sert sa bière trop glacée, il aime aussi sa maîtresse, même lorsqu'elle lui sert sa bière pas assez fraîche. Oui, un bon type, humain, qui aime les relations humaines avec quelques crapules du coin, quelques putes du trottoir à l'angle du commissariat. Un bon gars qui sait ce qu'il veut, et il veut une bière, poupée, ni trop glacée ni trop tempérée.

Carlos est flic, et c'est désespérant à quel point les femmes qui l'entourent n'arrivent même pas, malgré tout l'amour et l'argent qu'il leur donne, à lui servir une bière à la température adéquate. Alors qu'il s'évertue à percer le mystère du crime et de la subversion humaine, il ne demande qu'une seule chose en échange… ça ne devrait pas être si compliqué, pourtant, putain… C'est ce que j'appellerai le mystère des femmes, incapable de savoir à quelle température l'homme chéri veut sa bière… Bon passons et revenons à nos brebis galeuses ou nos scorpions dans le mezcal. Carlos est un bon flic, malgré ses déboires et ses petites incursions en dehors de la légitimité de la loi. Enfin, normal, quoi, on est à Mexico ! Et puis c'est presque uniquement pour le bien de l'équipe et quand les neurones chauffent trop, il fait comme n'importe quel flic du coin, il va s'accouder au comptoir du bar. Et à la deuxième tequila, tous les sombres mystères de l'enquête s'évaporent, la brume autour de lui se distille entre les tabourets et les longues jambes de Gloria ou de Maribel, laissant entrevoir un nuage de papillons : c'est ce que j'appelle dans le jargon du métier – ou du chroniqueur pseudo-littéraire - « l'effet tequila ».

La tequila étant la clé du mystère et la bière celle de la vie, l'enquête passe au second plan. Je prends le pouls de la ville, traine ainsi mes vieux sabots crottés dans la poussière de Mexico, le regard spleen sur ses putes et ses bars - dans le genre envie d'une langue qui viennent titiller mon esprit - et surtout boire une bière juste glacée, un roman en poche tout en drôlerie satyrique, à ne pas prendre au sérieux mais qui donne bougrement soif... pour celles qui savent servir une bière à la bonne température.
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Faut pas vraiment chercher le polar dans L'effet Tequila mais plutôt le ressenti d'un mec, flic au Mexique qui cumule les statuts d'emploi : maquereau, polygame, extorsion de fonds ? oui, ça aussi, il pratique et bien d'autres activités illégales. Bref une belle canaille ! Mais il m'a bien fait rire et surtout grâce à lui, Rolo Diez balance, avec une ironie vorace, des vérités sur la société, les rapports humains... sur la vie.
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Marié, deux enfants, une maîtresse à entretenir, Carlos Hernández a des frais. Ça tombe plutôt bien puisqu'il est policier à Mexico, métier qui permet de pouvoir compter sur de régulières rentrées d'argent destinées à compléter de manière conséquente un salaire trop faible. Carlos a donc trois prostituées qui lui versent une commission sur leurs honoraires, des commerçants qui le paient pour leur protection et des hommes d'affaires qui lui achètent de la fausse monnaie. Cela pourrait sembler être de l'argent facilement gagner, mais il ne faut pas se fier aux apparences. D'abord, Carlos à un chef qui veut sa part. Ensuite, tous ceux qui lui doivent de l'argent n'ont pas forcément envie de le lui donner. Il faut donc régulièrement insister – parfois même un peu fort. Quand un gringo se fait descendre et que Carlos doit enquêter, cela perturbe son emploi du temps. Carlos doit recruter de l'aide et même investir un peu de ses propres fonds dans cette enquête, en espérant qu'elle finira bien par lui rapporter.
Il est indéniable que l'intérêt de L'effet tequila se trouve moins dans l'enquête foutraque de Carlos Hernández que dans les pérégrinations agitées de ce dernier et dans ses admirables sentences sur son métier, ses collègues, les femmes avec lesquelles il couche ou voudrait coucher et la température de sa bière du petit-déjeuner. Policier instruit, féru de littérature et même de philosophie, mais surestimant certainement sa capacité à éviter les ennuis, machiste et un brin alcoolo, flirtant avec le burnout, Carlos Hernández est aussi déplaisant dans l'absolu que plaisant à voir évoluer tant Rolo Diez le charge d'une dose de cheval d'autodérision et de second degré.
L'effet tequila est un roman échevelé, violent et porté par un humour aussi cynique que salutaire. Il a par ailleurs la politesse d'être relativement court – un peu moins de 200 pages qui défilent bien vite – épargnant au lecteurs de longs bavardages inutiles ou des descriptions interminables au profit de bavardages inutiles, certes, mais marrants et d'une absence de description réelle des faits qui ôte certes un peu de sens à l'enquête de Carlos Hernández (de toute façon, on s'en fiche presqu'autant que lui), mais qui en compensation permet de plonger au coeur de son esprit pour le moins désordonné.
Si vous aimez le roman et l'humour noirs et un rien désespérés et que vous êtes plus intéressés par les tourbillons de folie dans lesquels se laissent parfois entraîner les personnages de ce genre de roman que par la cohérence des enquêtes, il est fort possible que vous puissiez bénéficier avec profit de L'effet tequila.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis réveillé à neuf heures. On me tendait une bière et on me passait une main dans les cheveux. La caresse était aux petits oignons. La bière était un peu trop froide à mon goût mais je n'ai pas eu le courage de le dire à Gloria, compte-tenu de l'amour qu'elle me donnait. Je sais que ce sont des pièges que nous tendent les femmes, mais je sais aussi à quel point il importe pour un homme de ne pas être coiffeur ou rond-de-cuir et de commencer la journée en se faisant dorloter. Malinche devait réveiller Hernan Cortes de cette façon. C'est ainsi que nous tombons dans le panneau et que nous terminons en pleurs sous un grand arbre ou assis dans le salon à regarder la télévision.
- Debout fainéant ! m'a-t-elle dit avec le sourire, comme si ce n'était pas elle qui m'avait empêché de dormir.
- Je devrais être au travail, ai-je répondu, contrarié, en lui montrant le réveil. Je t'ai demandé de me sonner à huit heures.
- Je t'ai sonné à huit heures. Tu m'as dit que ceux qui se levaient de bonne heure étaient des bœufs, tu t'es retourné et tu t'es mis à ronfler.
- Cette bière est trop froide.
- A huit heures, elle était à la bonne température.
Elle ne souriait plus.
J'ai bu en silence. J'ai réfléchi à la facilité avec laquelle les femmes changent d'humeur.
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- A quelle heure revient-il ? ai-je demandé.
- Il ne va pas tarder, répondit sa secrétaire.
Une vraie nymphe, une poupée. Elle était bandante, mais pas autant qu'elle le croyait.
Le bureau où elle m'a reçu était tout en verre, en tapis, en tableaux et en diplômes accrochés aux murs. J'ai déboutonné ma veste et je me suis assis de façon à ce que la bêcheuse ne puisse voir la tache de graisse qui souillait mon pantalon. Avant, j'arrivais à m'asseoir sans déboutonner ma veste, mais depuis quelques temps, j'ai l'impression que mon estomac assimile rétroactivement tous les tacos et les bières avalés pendant quatre décennies.
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La deuxième tequila m'a aidé à résoudre l'affaire. La clé du mystère était une blonde qui savait se transformer en blond. Or, tout le monde sait que le meilleur endroit pour cacher un arbre, c'est la forêt. N'avons-nous pas eu une blonde sous les yeux depuis le début ? Et cette blonde menait-elle pas une vie tortueuse auprès de Jones ? Ne l'avais-je pas vue - moi qui ne rate jamais une belle paire de fesses - les cheveux massés en chignon ? Un chignon qu'on pouvait aisément dissimuler derrière le col relevé d'un blouson de cuir... Le responsable de l'hôtel assurait avoir vu un travesti. Outre la facilité avec les témoins transforment un métisse en noir et un Péruvien en Japonais, un travesti n'est rien d'autre qu'un homme déguisé en femme, et entre un homme déguisé en femme et une femme déguisée en homme, on a vite fait de se tromper.
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Ils vont et viennent. Ils m'observent d'un œil scientifique, comme si j'étais un cafard de laboratoire dont on étudie les réactions. Parfois je me réveille et je suis seul. Peu de temps après apparaît une infirmière brandissant une seringue et cherchant un endroit pour me planter. Dieu sait quel poison elle m'injecte. Celle que je crains le plus me rappelle Mengele et l'histoire du prisonnier qui a échappé à la mort en devinant que l'œil de verre d'un certain officier allemand était celui où brillait une lueur d'humanité.
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Quasimodo me regarde d'un air triste et je découvre que la tristesse est amplifiée par la laideur. La tristesse la plus discrète du monde est celle de Kim Basinger car elle est très belle quand elle pleure. Kim sourire, Kim lunettes, Kim larmes ne sont que différentes versions de ses lèvres, de ses yeux, de sa peau. La tristesse du laid est si pure qu'elle en devient pathétique. D'où le succès de Frankenstein, de Quasimodo (celui de Victor Hugo) et autres monstres "gentils". Laids et tristes, ils sont convaincants. La laideur se dissout et s'intègre à la tristesse, s'ajoute à celle-ci et l'accroît.
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