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Annie Dillard, une petite fille, à déjà cinq ans, à l'imagination débordante et dotée d'un sens aigu de l'observation. Nous sommes en Pennsylvanie, dans les années 50 à Pittsburgh, chez les Dillard, une famille presbytérienne, dans une communauté à majorité irlandais-écossaise catholique. Une mère au foyer, intelligente, tolérante, qui laisse une grande liberté à ses enfants, un père fantasque, cadre dans la société de famille, qui ne vit que pour les divers copies d'un seul livre, "La vie sur le Mississippi ", une petite soeur amorphe, une deuxième petite soeur qui suivra, et notre Annie. Petite fille originale, très éveillée, elle nous raconte dans ce roman d'apprentissage, l'évolution de sa prise de conscience jusqu'à la fin de l'adolescence , dans une famille atypique. Des parents qui ne vont pas à l'église le dimanche mais y envoie leurs enfants. À huit-neuf ans, très curieuse, elle lit déjà beaucoup, traîne dans les rues, joue au foot avec les garçons, pleine d'énergie, toujours prête à faire les 400 coups....et elle observe. La découverte des livres dans une bibliothèque dans le quartier noir de la ville, fréquentée quasiment par les Noirs, les étés passés chez les grands parents paternels aisés, l'école de danse et la prise de conscience des garçons et de ce qui en suit, les défis de langage stimulants que lui lance sa mère, “Samson enchaîné”, au talent inventif méconnu, sa rencontre avec les minéraux et “L'homme qui marche” de Giacometti....une enfance américaine foisonnante, passionnante, où ses parents lui procurent tous les moyens, sans interférer à son indépendance. Une sensation de légèreté, de bonheur se dégage de ces souvenirs, de ses personnages et de son environnement , à travers un mode d'expression spécial, que je qualifierais étrange mais ô combien familier, “ J'aurais voulu aller en prison avec les Schoyers. J'adorais ma famille, mais les Schoyers me fascinaient “, (“I would have liked going to prison with the Schoyers. My own family I loved with all my heart; the Schoyers fascinated me.”). Une légèreté qui va basculer à jamais et disparaître avec l'adolescence. Elle qui ne voulait jamais grandir, quittera Pittsburgh et sa société bling-bling, pour s'engouffrer dans le tourbillon de l'existence. C'est lucide, émouvant, bref c'est la vie ! C'était mon premier Anne Dillard. J'ai été fasciné par sa prose aussi bien dans le fond que la forme, tout aussi insolite que sa personnalité. Une écrivaine qui a reçu le grand prix littéraire Pulitzer, qui me reste à découvrir. + Lire la suite |