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Guy Sajer, jeune alsacien, sera incorporé dans la Wehrmacht, puis partira pour le front de l'Est.
Il y découvrira la « Kameraderie » et l'enfer des combats face aux « Ivan ». C'est un récit d'une rare intensité, d'un réalisme étourdissant, les descriptions des affrontements sont impressionnant, on y découvre le quotidien de ces soldats lors de leur retraite de Russie. Ils étaient partis au son de la chevauché des Walkyries, c'est à celui du crépuscule des « Dieux » qu'ils rentreront.
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Une note de l'éditeur indique que le Soldat Oublié , paru en 1967, est l'oeuvre de Guy Sajer, un homme malade qui a retracé sur "dix-sept cahiers, écrits au crayon, illustrés par des dessins précis comme des planches d'anatomie", son parcours dans la Vermacht de 1942 à la capitulation. Alsacien, Français par son père, Allemand par sa mère et par les jeux de la guerre, ce Malgré-Nous a seize ans lorsqu'il rejoint le front de l'Est et la division Grossdeutschland.

Précisons d'emblée que son récit fait preuve d'une conviction dérangeante : "Qu'Adolf Hitler repose en paix", s'épanche-t'il, "je ne lui en veux pas plus à lui qu'à tous les autres grands dirigeants de ce monde. Lui, au moins, bénéficie du doute puisqu'il n'a pas eu l'occasion d'établir ces lendemains de victoire". Et, pour enfoncer son clou : "Les Allemands ont fait une grave erreur pendant toute cette guerre. C'est de faire mener à leurs soldats une vie pire que celle des prisonniers au lieu de nous laisser le droit de viol et de pillage pour lesquels nous avons été en fin de compte jugés."

Dommage : si l'auteur ou l'éditeur avaient expurgé ces rares passages et quelques observations déplacées et agaçantes sur un moniteur auto-école "pauvre pédéraste" et sur le "flic parisien, londonien, belge - qui dresse une contravention à un petit bourgeois chiasseux", on obtenait un récit romanesque à classer au Panthéon des meilleurs ouvrages du genre. En effet, il décrit d'une manière frappante la vie et les préoccupations des combattants, les tracasseries de la hiérarchie, l'arrière, l'animalité de l'homme face à la mort. Il le fait avec maestria, tant dans les effets comiques (la garde du wagon de matériel militaire de la page 30 ; les oeufs de la grosse Polonaise de la page 418) que dans les passages dramatiques (l'inquiétante infanterie en déroute de la page 449, le pillage du véhicule d'intendance de la page 454). La permission de Sajer dans Berlin dévasté donne aussi lieu à quelques très bonnes pages (page 160). Un souffle cinématographique traverse le lecteur de ce récit, à peine ralenti par les émanations citées dans le paragraphe précédent.

Tant et si bien qu'au fil des 540 pages, il devient de plus en plus douteux que l'auteur soit vraiment ce Sajer amateur et malade, dont les manuscrits n'ont donné naissance au livre que par l'effet d'une sorte de hasard. Le mystère est vite élucidé par les recherches : Sajer est un pseudo de circonstance du nommé Guy Mouminoux, à l'époque dessinateur au magazine Pilote. Démasqué, Mouminoux perdra son travail pour cause de réminiscence fasciste. Il rebondira sous le pseudo Dimitri chez Charlie Mensuel ou L'Echo des Savanes.

La reconstruction malaisée de Mouminoux, ("Mes parents m'imposeront un silence absolu et jamais conversation sur ce qui me soulagerait de raconter ne sera envisagée. J'écouterai avec beaucoup d'attention l'histoire des héros d'en face, des héros tout court auxquels je n'ai pas eu la chance d'appartenir."), les immenses qualités littéraires du Soldat Oublié, qui décroche en 1968 le prix des Deux Magots, valent qu'on néglige ces quelques pages dérangeantes. Selon la revue Guerre et Histoire, la lecture du Soldat Oublié fut recommandée aux officiers américains comme un exemple de ce que vit un soldat dans une guerre de haute intensité. On veut bien y croire !

Unique et indispensable malgré ses défauts, le récit de Sajer / Mouminoux / Dimitri, quels que soient au fond son nom et son camp, est celui d'un individu emporté par la folie des hommes. Éloigné des thèmes traditionnels de la seconde guerre mondiale, il m'a rappelé les classiques de la grande guerre (Les Croix de Bois, Ceux de 14, A l'Ouest Rien de Nouveau) et contribue finalement aussi efficacement, par les chemins inexplorés qu'il emprunte et ses solides qualités narratives, à dénoncer l'horreur universelle des guerres.
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« Quand la guerre commence, l'enfer s'ouvre ». Ce proverbe polonais, Guy Sajer l'a vécu en plénitude, une bien terrible plénitude. Celui qui est connu sous le pseudonyme de Dimitri a laissé un témoignage d'une rare intensité en écrivant le Soldat oublié.

Pour avoir lu nombre de romans de guerre, il m'a rarement été donné de percevoir un si profond élan de vérité sur ce que peut ressentir un homme confronté aux affres de la guerre, de la guerre totale. Et quand je dis un homme, je devrais plutôt dire un adolescent devenu un homme malgré lui (Sajer pris l'uniforme à 17 ans), par la force impitoyable des événements disloquant les éléments.

Guy Sajer, né de père français et de mère allemande, s'est retrouvé de l'autre côté du miroir, du mauvais côté de l'Histoire, malgré lui. Par les caprices hasardeux de la destinée, il revêtit l'uniforme allemand et s'incorpora à cette terrible machine de guerre, se plia à sa terrible discipline qui nourrit son efficacité. Son destin fut orienté, dès la tenue vert-de-gris mise, à l'Est. Convoyeur dans un premier temps, il rejoignit ensuite les effectifs de la division « Gross Deutschland » pour combler les pertes que la terre de Russie avalait sans discontinuer.

Il s'agit d'un grand livre, un très grand livre à mon sens, parce qu'il s'agit d'un témoignage d'une suffocante humanité. On ne peut qu'à peine imaginer, encore moins ressentir, ce que vécurent tous ces hommes, ces milliers, ces centaines de milliers d'hommes, quelle que soit la couleur de leur uniforme. Ce qui transparaît de façon éclatante à la lecture de ces pages, c'est l'absolue nudité du combattant sous l'uniforme, face à toutes les aberrations qui surgissent du chaos.

On comprend en lisant ce livre, que celui qui a connu la guerre, qui l'a vécue, se retrouve sur une rive qu'il ne pourra jamais vraiment quitter. Une part de lui restera retranchée du monde à jamais. Vérité singulièrement frappante et entière pour tous ceux qui se sont battus « à l'Est », ceux qui sortir vivants de ce chaudron glacé y ont cependant enterrer une partie d'eux-mêmes. Guy Sajer fut de ceux-là.
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Au risque de déplaire...
Cette autobiographie m surprise,saisie,anéantie.
Ce long travail de mémoire n est que souffrance,sang et inhumanité.
Mais c est aussi un ouvrage qui raconte les malheurs,les affres d hommes,de femmes et d enfants qui nous sont inconnus mais a qui il faut néanmoins penser,pour ne pas oublier...
L auteur dit souvent que les mots ne sont pas assez forts pour rendre son vécu, cette horreur de la guerre,de la haine,de la famine,du froid,des conditions inimaginables de vie et de survie.
Je recommande vivement la lecture de cette brique car la guerre c est avant tout le courage des hommes quelque soit leurs nationalités, leurs opinions.
Ce livre est pour moi très bouleversant,et je ne regrette pas de l avoir lu.
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Une BD découverte « Haute mer » … Dimitri, un auteur que je n'avais jamais lu … des recherches sur ce monsieur dans Mejesaistout (1) … ma bibliothèque propose « le soldat oublié ».
L'occasion d'essayer de comprendre comment un gosse de même pas dix sept ans se retrouve enrôler dans l'armée allemande. Je n'ai pas l'impression qu'il s'agit là d'un « malgré nous », ce gosse se trouve ravi de pouvoir enfiler un bel uniforme, de pouvoir parader et de faire partie d'une bande … destinée à faire la guerre ? Pourquoi pas ? … un rêve intégrer la Luftwaffe, la vie prestigieuse d'aviateur ne sera pas pour lui … recalé… ce sera juste une vie dans l'infanterie.
Nous suivrons pas à pas le parcours de cet ado, dans l'univers malsain de la guerre, confronté à ce qu'il prenait pour un jeu mais qui se révèle très vite comme étant un enfer … il croyait jouer à la guerre … mais la guerre n'est pas un jeu !
Nous partirons tout à l'ouest, vers le front russe, échappant de peu à la bataille de Stalingrad, ce ne sera que le front de Vorone … puis l'enfer du siège de Kharkov … ensuite ce sera le rêve d'une permission … retour sur Bielgorod, encore le front russe … la débâcle s'annonce … les retraites s'enchaînent … pour finir dans son village natal.
Lire « le soldat oublié », c'est un devoir de mémoire, il y a bien sûr la narration des scènes de combat, de mises à mort devrais je plutôt dire, mais il y a et à mon sens c'est le plus important, l'analyse de l'évolution de l'état d'esprit de l'auteur et de ses compagnons d'infortune.
Comment survivre, aux conditions effroyables, aux scènes de meurtres de civils innocents, aux disparitions de compagnons d'arme,

(1)
Né à Paris d'une mère allemande et d'un père français, Guy Mouminoux grandit en Alsace. Dans son enfance, il lit beaucoup de bandes dessinées. En 1940, la région est annexée par l'Allemagne, et ses jeunes envoyés dans des camps de jeunesse allemands. Engagé dans la division Grossdeutschland de la Wehrmacht en mai 1942, Mouminoux connaît, à seize ans, les combats sur le front de l'Est. Cette expérience le marque profondément, comme le montre son oeuvre, hantée par les thèmes de la guerre et de l'ambiguïté de tout engagement.
En 1967, Mouminoux publie chez Robert Laffont « le soldat oublié », récit autobiographique relatant ses trois ans comme « malgré-nous ». Il dira plus tard avoir alors été fasciné par la force et l'ordre allemand. L'ouvrage, bien reçu par la critique est un succès de librairie, particulièrement à l'étranger. Bien que Mouminoux ait pris soin de le signer du pseudonyme Guy Sajer (d'après le nom de jeune fille de sa mère), on découvre assez vite qu'il en est l'auteur, ce qui lui vaut une image de « facho » et le renvoi du magazine Pilote.
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Voilà un livre fort, mais surtout très profond, tellement intense qu'il en devient dérangeant, même que l'on pourrait pasticher le titre en renommant cet ouvrage, non pas le soldat oublié, mais le livre oublié !

Oublié le soldat, oublié ce livre car cette littérature nous ramène à nos démons les plus profonds, à nos sentiments les plus primitifs, à nos angoisses les plus sombres.

Le parallèle avec le livre d'Erich Maria Remarque : À l'Ouest, rien de nouveau est inévitable, même brutalité, même fureur, même facilité apparente dans la description des personnages : leur douleur, leur faiblesse, leur exaltation et leur détresse.


Ces guerriers du Reich sont rarement paisibles, directement innocents ou coupables. Ils sont troubles.

Guy Mouminoux et l'époque l'étaient eux-mêmes...
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J'avais déjà livré mon impression sur le "Cahier d'un survivant" de Dominique Richert. Voici maintenant le témoignage d'un autre « soldat de l'entre-deux » Guy Sajer (de son vrai nom GuyMouminoux). Né en 1927 d'une mère Allemande et d'un père français, Guy grandit en Alsace. En 1942, âgé de 17 il est appelé pour le Reichsarbeitsdienst, le service de travail forcé pour tous les jeunes Allemand(e)s précédent inévitablement pour les hommes leur intégration dans la Wehrmacht.
Cela va aussi être le cas pour l'auteur qui se retrouve, encore adolescent, incorporé. En raison de son jeune âge il est désigné pour servir dans le train des équipages et envoyé en Russie. Sa mission principale consiste en des norias entre l'arrière et le front qu'il doit ravitailler. C'est donc en tant que conducteur que se font ses premiers contacts avec la guerre. On sent au fur et à mesure de ses lignes la déliquescence de l'armée allemande : les missions sont de plus en plus difficiles, les partisans harcèlent les colonnes de ravitaillement et bientôt, l'aviation russe s'en mêle quand l'Allemagne perd le contrôle de l'espace aérien.
Lors d'une de ses permissions en 1943, Guy se porte volontaire pour la division Grossdeutschland : unité d'infanterie motorisé d'élite. C'est donc en tant que fantassin qu'il repart en Russie ou nous le suivons dans les combats (la bataille de Koursk entre autres), la retraite (il participe au terrible franchissement du Dniepr comparé à la Berezina de l'armée allemande) durant l'hiver 1943-1944. C'est en Prusse que se poursuit sa guerre après une période de convalescence suite à une maladie. Il se bât aux côtés d'enfants et de vieillards incorporés d'urgence pour défendre coûte que coûte le Reich. Encerclé, il arrive à quitter la Prusse pour le Danemark ou il est censé se battre contre les anglo-américains. C'est à eux qu'il se rend. Il est rapidement libéré en raison de sa nationalité française et retrouve la vie civile chez lui, à Wissembourg.
Le style de Sajer est précit : il arrive à susciter l'émotion en décrivant les faits de manières brutale et réelle. Il ne nous cache rien de la vie quotidienne du soldat allemand : les rations, le matériel mais aussi le rapport aux russes, aux femmes. On ne sent pas de haine du soldat ennemi chez lui, en revanche une haine farouche des partisans. Il parle très peu d'ailleurs des exactions que les soldats allemands ont fait subir aux civils. Son témoignage est surtout précieux pour une chose : loin des clichés des manuels scolaires (les méchants allemands contre les gentils alliés) nous avons la le récit d'un Alsacien volontaire pour l'armée. Il aurait pu se contenter de son service en tant que conducteur mais non, il veut se battre aux côtés de l'Allemagne et ne s'en cache pas. Il tente de s'expliquer sur ses motivations : il se dit fasciné par la force et la discipline de l'Allemagne qui est, pour lui, la seule à pouvoir lutter efficacement contre le « cancer bolchévik ». Il déplore les combats contre les Français et les Anglais : tous devraient combattre ensembles, en tant que frères européens, contre la menace qu'est l'URSS. Conviction véritable ou résultat de la propagande qu'il subit depuis son adolescence ? Son livre ne permet pas vraiment de trancher.
Je vous invite quoi qu'il en soit à découvrir ce magnifique témoignage qui m'a laissé une impression de récit d'aventure. Quand j'ai terminé sa lecture, devant tout ce qu'avait vécu l'auteur avant ses 20 ans je n'avait qu'une pensé en tête : « dire que ceci est une histoire vraie ».
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Voilà un roman-témoignage qui m'a laissé un profond sentiment de malaise. Je vais tenter d'expliquer pourquoi.

Les récits des soldats de "l'autre camp" ne sont pas rares, et ont le mérite de contrebalancer l'adage qui affirme que L Histoire est écrite par les vainqueurs. Cependant, peu de ces récits possèdent le souffle, l'envergure, l'ambition et les qualités littéraires du soldat oublié.
Cette oeuvre imposante souffre de certaines baisses de rythme et d'un style inégal. Mais il faut reconnaître le talent avec lequel l'auteur nous immerge en première ligne d'une guerre hallucinante, succession de batailles desespérées contre un ennemi sans pitié, contre le froid mortel, contre l'immensité russe, contre l'absence de ravitaillement et le délitement inéluctable de la wehrmacht. Nous suivons en sa compagnie la retraite sur plus de 2000 kilomètres de cette armée qui semblait invincible trois ans plus tôt.

J'ai donc refermé ce livre avec un sentiment de profond malaise. Ce ne sont pas les mots que j'ai lus qui ont provoqué ce malaise : ce sont ceux qui manquent.
Il est indéniable que l'auteur sait décrire les souffrances intolérables des soldats allemands, et qu'on peut difficilement ne pas compatir. La brutalité inhumaine de l'Armée rouge est puissament soulignée, et on ne peut la nier (elle est incontestable et documentée).
Mais un rappel historique s'impose. le 13 mai 1941, le maréchal Keitel (chef d'état-major de l'armée allemande, inféodé à Hitler) signa le décret Barbarossa. Ce document stipulait que la guerre à l'est serait une guerre d'extermination. Il amnistiait d'office tous les soldats allemands pour les crimes qui seraient commis contre les civils, les prisonniers de guerre ou les partisans russes (que l'auteur conspue abondamment, leur reprochant d'utiliser des techniques de guerilla et ne pas mener une guerre propre...).
Rappelons ici que la guerre à l'est a causé 20 millions de morts (estimation) dans la population russe, dont 9 millions d'enfants.
On sait aujourd'hui que la Wehrmacht a participé de manière active à de nombreuses exactions, et ce dès l'invasion de la Pologne. Tout cela est documenté, notamment dans l'ouvrage remarquable Les crimes de la wehrmacht de Wolfram Wette, sorti en 2009. On sait aujourd'hui que la wehrmacht a agi en compagnie des SS et des einsatzgruppen, ce n'est pas une supposition. Cela ne signifie pas pour autant que tous les soldats ont approuvé ces exactions. Mais les historiens estiment qu'entre 60 et 80 % des soldats sur le front de l'Est (sur un total de près de 10 millions) participèrent à des actes qualifiables de crimes de guerre.

Guy Sajer faisait partie d'une division d'élite, la Grossdeutschland, et ne quittait que rarement la première ligne. Il est vrai que ces crimes avaient lieu en général sur les arrières des lignes, et on pourrait avancer l'idée que les divisions les plus avancées ne savaient pas ce qui se passait plusieurs centaines de kilomètres sur leurs talons. Sauf que d'une part, étant donné l'ampleur, le volume inoui de ces violences, cela semble peu réaliste. Mais surout, il aurait été impossible de ne pas le savoir lors de la retraite, lorsque ces divisions de première ligne sont repassés par ces mêmes endroits envahis à l'aller... Tout comme il est difficile à croire que l'auteur n'ait pas même entendu de simples rumeurs.

Le fait que Guy Sajer (alias Guy Mouminoux, alias Dimitri) ait fait partie d'une division aussi prestigieuse que la Grossdeutschland doit faire tiquer le lecteur. On ne parle pas ici d'une division montée à la va-vite, mal équipée, mal commandée, qui recevait les restes de munitions et de ravitaillement, comme les divisions Roumaines et Hongroises, par exemple. Il s'agissait au contraire d'une des rares divisions qui n'était pas désignée par un numéro, mais par un nom, preuve de son immense prestige. N'importe qui ne pouvait y entrer, et de fait, Guy Sajer se porta volontaire (il ne s'en cache pas et relate en détail son entraînement). Pour suivre ses copains, et un peu sur un coup de tête. Pourquoi pas. Mais j'ai du mal avaler la légende vendue par la maison d'édition et par la presse, qui parle d'un engagé "malgré nous". Qu'il ne fut pas volonatire à la base, c'est possible, mais Guy Sajer, à aucun moment, ne cache son idéologie. Son témoignage prouve à de multiples reprises qu'il versait totalement dans celle du Troisième reich. Il ne conçoit pas que la France se trouve du côté des alliés et cela le révolte. Plusieurs fois, il fait part de ses regrets que les Français n'aient pas, selon lui, choisi le bon camp. Là non plus, aucun mot n'est dit sur les déportations, les délations, la Gestapo, les civils torturés, les résistants exécutés. On peut admettre qu'à l'époque, il n'avait pas connaissance d'Oradour-Sur-Glane, Tulle, Ascq, le Vecors. Soit.
Mais ce livre fut publié en 1967.

Les derniers chapitres décrivent une apocalypse cauchemardesque, dans laquelle l'auteur fait montre d'une grande émotion pour les civils allemands et notamment les enfants, piégés en compagnie de la wehrmacht en totale déroute. le lecteur ne peut que partager cette émotion. L'auteur, à juste titre, dénonce les actes condamnables de l'Armée rouge. de manière naive, il juge que les alliés de l'ouest menèrent une croisade aveugle et acharnée contre l'Allemagne. Pourtant, jamais il ne s'interroge sur un fait crucial : l'Allemagne a bel et bien mené une guerre d'agression et d'invasion contre la Pologne, la France, l'Angletterre, les balkans, l'URSS. Personne ne mérite le sort qui fut réservé aux civils allemands, ni même à ces soldats. Mais ce ne sont pas les alliés qui ont poursuivi la Guerre envers et contre tout, comme le laisse entendre l'auteur : c'est l'obstination de Hitler et de sa garde rapprochée, fanatiques, psychopathes jusqu'au boutistes qui préféraient voir leur peuple et leur pays détruit de fond en comble que subir la défaite. Ce Hitler que l'auteur ne condamne à aucun moment, prenant même sa défense.

Cette absence de regard critique ne peut que jeter une lumière obscure sur ce témoignage néanmoins important. Ce récit est ainsi l'un des meilleurs qui a été écrit sur le quotidien d'un soldat pendant la guerre de l'est (ou sur le quoitidien d'un soldat en temps de guerre, tout court).

En résumé, ce témoignage poignant de l'aventure post-traumatique d'un adolescent de 17 ans confronté aux pires batailles que l'humanité ait connue, est aussi le roman de la négation. Alors que les derniers survivants de cette époque disparaissent peu à peu, alors que de vieux spectres qu'on espérait oubliés resurgissent sur l'Europe et le monde, le devoir de mémoire devient plus que jamais une nécessité. le but de ce long article n'est pas le faire le procès absurde de l'homme qui a écrit ce document, mais d'expliquer que ce genre de livre doit s'accompagner impérativement d'une mise en garde, à tout le moins d'une explication de contexte.
Un impératif dont l'éditeur semble bien peu se soucier...



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"Le soldat oublié" de Guy Sajer, ed 1967, robert laffont, 549 pages, semblait m'attendre sur un rayon de la petite bibliothèque que je fréquente,Tant pis pour ma pal. Il s'agit d'une biographie écrit a la première personne du singulier. c'est sans doute ce style qui rend le livre si prenant, le personnage si attachant.
C'est pour une fois ( seconde fois que je lis un livre sur un allemand de base pendant la guerre) c'est l'histoire d'un très jeune homme alsacien, français par son père, allemand par sa mère, qui après une courte période d'exode sur les routes de France, il a 14 ans en 1940 revient en Alsace et est incorporer par les allemands, un camp de jeunesse. Par un enchaînement naturel et imposé il devient un soldat allemand dans l'infanterie. Apres quelques semaines en 1942, il a donc 16 ans, dans une caserne pour sa formation, il est est mutée à cause de son jeune age, dans un groupe de convoyeur dans les trains et les camions qui amènent ou sont censés amener le ravitaillement en tout sur le front de l'est. Mais ils n'arriveront jamais a Stalingrad, première grosse defaite allemande. Il connait son premier hivers russe. puis il est incorporer aussi un peu par hasard, dans une unité d'élite la Gross Deutchland, il a 17 ans. Il rencontre alors la véritable guerre, le front, toutes les privations, les retraites, les tentatives de reprendre un bout de terre russe, jusqu'à la retraite final. IL sera finalement fait prisonnier par les alliers, et comme il est français par son père, ( j'apprends ici que la nationalité de la mère ne compte pas) il n'est pas considéré comme un traite à sa nation, il se sera libéré immédiatement. Son retour chez lui ne sera pas simple. il ne reverra jamais son ami Halls avec qui il a traversé la Russie et l'enfer, ni son amour berlinoise: Paula.
j'ai beaucoup appris dans ce livre, l'horreur, la peur, la terreur du soldat. les conditions pitoyable dans laquelle l'armée laisse ses soldats, véritable chaire a canon. La manque de tout, de nourriture, de sommeil, d'endroit pour dormir, pour se protéger, d'essence pour avancer, de vêtements, ( a un moment on lui redonne toutes la panoplie de vêtements propres et "neufs" mais il n'y a plus de chaussettes....) de soins, de permissions, de tout....on est bien loin de la vie des officiers supérieurs. des décisions stratégiques que le soldat de bases, le Landser ou le Feldgrau, ne connaîtra jamais. A la fin meme les couriers ne circulerons même pas, par décision allemande. Il n'y a pas de politique dans ce livre, ce qui le rend lisible. Juste le récit d'un jeune homme qui a traversé l'enfer sans savoir pourquoi. un veritable coup de coeur.
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Un très bon livre de et sur la guerre sur le front de l'Est.
On ne le quitte plus.
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