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Antoine de Baecque (Préfacier, etc.)
EAN : 9782228906319
142 pages
Payot et Rivages (09/03/2011)
3.21/5   24 notes
Résumé :

Avoir la maîtrise de soi et de son corps en société : cette question est au cœur de L’Art de se taire (1771), qui appartient à la catégorie des manuels de la prudence et des règles du « beau paraître » dont le modèle est L’Homme de cour (1655) de Baltasar Gracian. Le livre rencontre dès sa parution un immense succès et provoque une vive polémique : son auteur est soup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le silence est d'or...
Il faut tourner 7 fois sa langue avant de s'exprimer.
Dinouart fustige les philosophes qui abusent des mots tant dans la parole que dans leurs écrits. Il prône les bienfaits du mutisme qu'il oppose à l'immédiateté de la parole.
Il est vrai que trop parler nuit à soi-même et pis encore aux autres. Mais dans ce livre, on peut reprocher à l'Abbé Dinouart de vouloir censurer les philosophes (ou tout autre érudit) qui assumeraient la diffusion de leur savoir.
L'Abbé Dinouart veut en fait sacrifier les philosophes des Lumières pour préserver l'Etat et la Religion.
Hélas, Il ne cesse de se répéter tout au long de ce petit traité.
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Un ouvrage édifiant...
J'adhère à l'esthétique classique, à l'idéal de mesure, de retenue, car, comme chacun sait, il vaut mieux se taire et prendre le risque de passer pour un imbécile que de parler et de ne laisser aucun doute à ce sujet. Idéal de sobriété, d'économie, donc. le style ne manque pas d'énergie: il faut lutter contre la démangeaison de parler et d'écrire, contre les empoisonneurs du genre humain, qui polluent les esprits et corrompent les états. D'accord avec la classification des types de silence, les maximes de bon sens.
On retrouve aussi l'idée chère à Pascal que l'homme, dévoré par l'amour-propre, cherche à user à tort et à travers de sa raison, pour percer les mystères divins que le Créateur n'a pas cru bon de lui révéler.
Mais l'art de se taire est avant tout une partie de la rhétorique, et donc de l'art de parler. Jusque là, ça va encore.
Là où, bien évidemment, on ne saurait plus suivre ce brave abbé, c'est lorsqu'il justifie son éloge du silence par des raisons religieuses et politiques: on doit se taire plutôt que d'émettre la moindre critique à l'égard de la religion ou du prince, à qui Dieu a confié le pouvoir. Et le peuple, à cause de l'empire des passions et de son ignorance des affaires d'état, ne saurait en juger correctement. Quand bien même le prince se tromperait, ce serait dans l'ordre de la Providence et nous devrions nous en réjouir. Et l'abbé de se lancer dans un plaidoyer pour la censure à faire frémir le citoyen français du XXIè siècle.
Bien sûr, il faut rappeler le contexte: l'art de se taire paraît en 1771 et prétend lutter contre ces pernicieux philosophes des Lumières qui corrompent l'Eglise et l'Etat.
Pour conclure, même si on ne peut partager les idées de l'auteur, la lecture de l'ouvrage, qui a le bon goût de la brièveté, reste instructive.
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Voici un opuscule sur l'art de tourner sa langue dans sa bouche sept fois avant de parler, et d'y regarder à deux fois avant d'écrire.
Fort à propos, l'éditeur a sollicité un éminent spécialiste ( Antoine de Baecque) pour une préface indispensable à la bonne compréhension de ce petit traité.
On y apprend que la forme était très courue à l'époque, qu'il était de bon ton de pratiquer dans ce type d'ouvrage ce que l'on nommerait aujourd'hui "comportementalisme". Bref un authentique guide de savoir être version 18ème siècle. Comme les ecclésiastiques s'étaient fait les spécialistes de ce genre, il n'est pas étonnant que la religion y occupe une place importante.
L'ouvrage est articulé en deux grandes parties : "Principes nécessaires pour se taire" puis "Conduite pour s'expliquer par les écrits et par les livres", dont du reste les deux premiers chapitres sont " on écrit mal" et "on écrit trop".
Le chapitre sur les "principes nécessaires pour se taire" est décliné en 14 aphorismes ensuite largement déclinés.
Alors évidemment, oui, tout cela nous est aujourd'hui bien connu, le ton est moins plaisant que celui d'une morale d'une fable De La Fontaine, mais si l'on fait le tout petit effort de rapporter ces recommandations par exemple à la pratique des réunions professionnelles, des commentaires de journalistes, de certaines émissions "talk show" de la télé, on se dit que certains préceptes mériteraient bien d'être remis en vigueur.
Quand à l'écrit, si le propos se destinait originellement à des auteurs de livres, en adaptant le sujet par exemple à nos courriels, on se dit qu'effectivement on écrit mal et on écrit trop, ce que sans doute je suis en train de faire, du reste.

Bref un moment de lecture fort sympathique, et potentiellement un outil sans prétention de management de soi ou des autres.
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Ce livre devrait être lu par tous les grandes bouches qui pullulent dans les médias .....!
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Quand on a une chose importante à dire, on doit y faire une attention particulière : il faut se la dire à soi-même, et après cette précaution, se la redire, de crainte qu'on ait sujet de se repentir, lorsqu'on n'est plus le maître de retenir ce qu'on a déclaré.
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Il y a le silence « artificiel », silence trompeur de la dissimulation « quand on ne se tait que pour surprendre » ; le silence « complaisant » de la flatterie, rouage essentiel de l'art du courtisan, silence en miroir ; le silence « moqueur », jouissance secrète de l'autre. ; Le silence de « mépris », usage tactique de la réserve et de l'attente ; le silence de la froideur impassible, quand se taire c'est faire parler l'autre, l'amener à se déclarer, à faire le premier mouvement. Dissimuler, contraindre le visage au silence de l'impassibilité ou bien aux artifices du trompe-l'œil c'est alors, comme pour Machiavel ou pour Gracian, gouverner.
Page 25
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Le silence parle le langage du visage. L'art de se taire est un art du visage. Il participe à l'action rhétorique, cet art de l'éloquence muette qui est un art du corps parlant.
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Le temps de se taire doit être le premier dans l'ordre ; et on ne sait jamais bien parler, qu'on n'ait appris auparavant à se taire.
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La paresse, la méfiance de ses propres forces, la modestie et la retenue sont les causes de ce mal qui prive souvent le public d'un grand nombre d'ouvrages utiles et curieux.
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