Diodore de Sicile vécut au premier siècle avant Jésus-Christ, et écrivit une
Histoire Universelle dont une partie nous est parvenue. le premier volume de l'édition bilingue des
Belles-Lettres présente l'introduction générale à cet auteur, et le premier livre de son
histoire. Bien sûr, l'introduction générale est indispensable pour connaître l'historien, son époque et son oeuvre ; la description des manuscrits et de leur tradition concernera un public spécialisé, mais le reste est accessible à tout le monde.
Quel est l'intérêt de ce livre I ? D'abord, Diodore ouvre sa Bibliothèque par un magnifique éloge de l'
histoire, de son utilité et de sa noblesse : il résume et reprend les principaux arguments que les Grecs avaient forgés depuis
Hérodote, cinq siècles avant lui, jusqu'à son époque, enrichis de l'apport des trois grandes écoles philosophiques de son temps. On doit préciser que la philosophie antique ne se limite pas, comme discipline, à ce que nous entendons par ce mot aujourd'hui, mais inclut toutes les branches du savoir humain, jusqu'à la physique et l'astronomie. Donc, lire l'éloge de l'
histoire par Diodore, c'est prendre connaissance des fondamentaux de la culture grecque de son temps.
L'ouvrage se poursuit par une pré-
histoire et une réflexion sur les origines de l'humanité et de la civilisation. Diodore place le début de tout en Egypte, où il voit l'origine de toute vie, de toute société et de toute culture humaines. Sa description de l'Egypte n'est pas une copie du livre II d'
Hérodote, qui avait marqué les esprits. Diodore s'appuie sur d'autres sources et se distingue souvent du grand modèle ancien : il spécule et raisonne sur les origines de l'espèce humaine, sur les dieux et les héros, les mythes et l'
histoire, à l'école d'Evhémère qui voyait dans les dieux et les demi-dieux de la mythologie des hommes supérieurs dont l'humanité fit des divinités pour les adorer. On ne cherchera pas dans ce livre des renseignements égyptologiques : mieux vaut se fier à la science moderne, car les auteurs antiques ne se conforment pas, évidemment, aux protocoles en vigueur aujourd'hui chez les égyptologues. La collection de faits et d'anecdotes qu'on trouve ici charmera par sa variété, la multiplicité des détails et des réflexions, plutôt que par l'exactitude de l'information. On prendra la mesure de la plus belle des vertus grecques : la curiosité pour autrui.
Enfin, le grec de Diodore a tout pour plaire à ceux dont le niveau de langue est insuffisant pour aborder
Hérodote,
Thucydide ou
Polybe. On est content de s'orienter, si peu que ce soit, dans le texte, en s'aidant de la traduction.