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EAN : 978B08DFZDY67
204 pages
J.-C. Lattès (16/09/2020)
3.39/5   27 notes
Résumé :
Moussa est « balanceur » sur un gbaka à Abidjan, une fourgonnette qui chaque jour fait la liaison entre la commune d'Abobo et le centre commercial d'Adjamé. Accroché à la portière, il sillonne la ville. Mais il ne voit presque rien de ce qui l'entoure. Ses rêves sont ailleurs. Il les porte depuis son enfance dans le quartier de Marley. Moussa veut aller à Bengue, en Europe. Peu importe le prix à payer, il veut partir, et que sa réussite là-bas profite aux siens ici.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Mozess, le petit cireur d'Abobo Marley, quartier dangereux d'Abidjan n'a qu'un seul rêve, Bengue*. L'aîné de six enfants, il galère pour économiser de l'argent pour pouvoir s'y rendre . Sauf qu'il est mineur, et aidant financièrement sa mère et ses frères et soeurs il n'arrive pas à mettre de l'argent de côté . Sa mère qu'il adore est une femme mal aimée dans un foyer polygame avec un mari violent , agressif , toujours prêt à l'humilier. Quand à son père, ce dernier l'a renié . Mais c'est sans compter que Mozess a une volonté et énergie de fer qu'il va déployer pour s'en sortir à tout prix. Dans un pays où suite à des retournements politiques un vigile des docks peut devenir un richissime homme d'affaire en quelques années, les occasions ne vont pas manquer à notre Mozzzzz,...... Avec la chance qui lui sourit puis le lâche constamment et dont il en est partiellement responsable, le rêve de Bengue va s'éloigner peu à peu. Mozess de Bengue est rebaptisé Mozess La Galère.....re- rebaptisé Mozess le Diabolique.....pour finalement en revenir à son rêve de Bengue.....

Des africains qui rêvent d'Europe ou d'Amérique est un sujet fréquent dans la littérature africaine, comme le bordel économique et sociale qui y règne avec les gouvernements corrompus, souvent des dictatures que ces pays changent comme des chemises. Donc nous sommes ici en terrain connu. Alors d'où vient le charme de ce livre ? de son héros, dont on suit le parcours de combattant à partir de ses dix ans pendant plus deux décennies, un garçon extrêmement touchant. Petit il se bat pour offrir un jour à sa mère le pèlerinage à La Mecque, plus tard en soldat de la rébellion, ou en “général “, il garde intacte son côté humain et attachant, et son lien très fort à sa mère et une de ses soeurs.
Un parcours de combattant est aussi celui du jeune écrivain ivoirien Yaya Diomandé qui à presque 30 ans, bien que surdiplomé vivote à Abidjan de boulots passagers de traducteur. Grand lecteur et écrivain depuis longtemps, son manuscrit refusé dans son pays n'a pu être édité que grâce au prix Voix d'Afriques, mis en place par les éditions JC Lattès et RFI, qu'il vient d'ailleurs de remporter parmi 372 manuscrits reçus. C'est un premier roman pas extraordinaire ni dans le fond ni dans la forme, mais une lecture émouvante écrit avec le coeur. Il mérite vraiment un détour même si vos Pals croulent comme les miennes, et j'espère que vous serez nombreuses et nombreux à le lire.


*bengue est le terme consacré en Côte d'Ivoire, pour dire qu'on est passé au nord, au pays des Blancs.
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Il a bon dos le confinement quand la fermeture des librairies est une excuse pour acheter des livres sans trop regarder à la dépense... En tout cas, c'est une excuse dont j'ai usé quelques fois; et pour ce livre-là notamment. J'ai entendu parler de ce prix, Voix d'Afrique, monté par RFI et les éditions Jean-Claude Lattès, à la radio, alors que le lauréat était l'invité de l'émission Littérature sans frontière, que je suis avec assiduité même si souvent avec retard grâce à la baladodiffusion.
Yaya Diomandé, l'auteur, est un jeune Ivoirien d'une trentaine d'années. Il a suivi le parcours classique d'un jeune de son pays, des études dont il est plutôt fier, intégralement réalisées dans son pays. Et il se retrouve incapable de décrocher un boulot en accord avec ce que sa réussite universitaire lui avait fait espérer. Alors, comme d'autres jeunes, il rêve de l'Europe. Tout cela, il le dit sans beaucoup de détour dans l'entretien que j'ai écouté. Et il le dit avec les expressions d'une personne qui n'est jamais sorti de son pays, on entend tout de suite, avec son accent ou les expressions qu'il utilise et que la journaliste est parfois obligée d'expliciter pour les auditeurs, qu'il n'a pas les codes de la France dont il rêve, il n'a pas non plus les codes de l'auteur interviewé pour son premier roman. Non, il est naturel, comme il a toujours été.
Et je crois que c'est ce naturel qui m'a donné envie de lire ce livre. Je me doutais bien qu'il ne serait pas excellent, premier roman issu d'un concours aux règles assez peu propices à la littérature. Et je suis contente de m'être laissée tenter. le roman n'est pas excellent, comme je m'y attendais, mais il est intéressant quand même. le personnage de Mozess n'a qu'un rêve, améliorer son sort et celui de sa famille. Pour cela, il ne voit qu'une route, celle de Bengue (un nom derrière lequel se cache la France, ou bien l'Europe). Il abandonne l'école pour des petits boulots qui lui permettent de mettre de côté le coût de son passage mais, si les tentatives sont nombreuses, elles sont aussi nombreuses à échouer, et c'est en fait à une dégringolade que nous assistons. Dégringolade le long de l'échelle sociale, dégringolade morale ensuite. Mozess semble à chaque fois faire les mauvais choix, des choix qui l'emmènent dans des recoins de plus en plus noirs de la réalité de l'Afrique de l'Ouest de ces dernières décennies.
Le propos est très didactique, le style est peu affirmé, mais la volonté de dire est forte et elle irrigue le livre, qui avec ses quelques cent pages écrites assez gros, se lit assez vite. Si ce n'est pas une lecture qui me laissera un souvenir impérissable, je trouve que c'est un bon premier pas pour un jeune romancier et pour un prix qui nous révélera peut-être de belles plumes. Sur le sujet, on est loin de la puissance de [La Prière des Oiseaux], qui est elle une lecture mémorable, mais la simplicité du propos et la confrontation ente la fin de ce livre et les propos de l'auteur qui, quand il parle de lui-même, dit qu'il serait prêt à tout, voie légale ou voie illégale, pour décrocher un passage en Europe où il se dit que son salut est plus envisageable que chez lui, me laisse songeuse et un brin mal à l'aise, moi qui suis née du côté de la méditerranée où ces questions ne se posent même pas.
Une curiosité livresque, donc, à aborder pour ce qu'elle est, et qui vaut un petit détour livresque pour un auteur qui, j'espère, n'a pas dit son dernier mot.
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Nouveau prix littéraire : "Prix voix d'Afriques". Et le tout premier lauréat est ce livre de Y. Diomandé. Partons pour un voyage en Côté d'Ivoire. Moussé n'a qu'un rêve : partir vivre sur le vieux continent. de petits boulots en grosses erreurs, il survit. Sa naïveté est souvent agaçante. Il passe à travers coups d'État et massacres, avant de nous raconter l'horreur du voyage vers l'Eldorado. Est-ce que toute sa vie d'opportuniste, ses errements, ses sacrifices, ses trahisons, méritaient ce rêve au final ? le DIESE : ce livre a du rythme, il est dense en situations vécues par le héros, ce qui fait qu'on a peut être pas le temps de s'attacher émotionnellement (le BEMOL).
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Voix d'Afriques, un nouveau prix littéraire destiné à faire émerger les jeunes auteurs et auteures de langue française du continent africain, a couronné l'ivoirien Yaya Diomandé pour Abobo Marley. Pour le néo-romancier dont le manuscrit a été refusé par toutes les maisons d'édition de son pays, c'est une douce revanche et une sorte de clin d'oeil au personnage principal de son livre qui n'a qu'un rêve, régulièrement battu en brèche, celui de partir à Bengue, comprenez en Europe. Abobo Marley, du nom du quartier le plus dangereux d'Abidjan, conte au galop la destinée de Moussa, un garçon obstiné (euphémisme), en conflit avec son père et en adoration de sa mère, quoiqu'il passe son temps à la décevoir. Cireur de chaussures, apprenti mécanicien, "balanceur" sur un gbaka, chauffeur de taxi, soldat de la rébellion, chef de bande, Moussa fréquente aussi de temps en temps la prison dont il sort souvent par miracle, ou plus exactement à cause des coups d'État successifs. Comparé aux grands auteurs africains francophones (Mabanckou, Bofane, Dongala ...), le style de Diomandé est un poil moins truculent mais l'ironie est bien présente pour éviter le misérabilisme et les péripéties s'enchaînent à un rythme effréné. C'est peut-être là où le bât blesse un peu, notamment dans la deuxième partie du livre, trop rapide (sur la guerre civile, entre autres) où l'auteur a du mal à maîtriser ses folles ellipses. Malgré cela, Abobo Marley est un livre plaisant et plein de vitalité, symbole d'une certaine jeunesse africaine dont la présumée candeur se heurte sans cesse aux réalités de l'existence et de la société, sans que cela soit un frein pour continuer à avancer.
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La première partie du roman est bien faite et intéressante. Elle apparaît comme le récit de vie d'un jeune homme issu d'un quartier populaire d'Abidjan. La forme du récit colle parfaitement à l'histoire de ce gamin qui n'a pas froid aux yeux. Mais ensuite le gamin en question est happé par la grande histoire et on le retrouve enrôlé dans l'opposition armée durant la guerre civile ivoirienne. Toute la faiblesse stylistique de l'auteur se révèle alors. Ce n'est plus un roman mais le récit d'un Ivoirien qui maîtrise mal son écriture. On passe sur des évènements en quelques paragraphes alors qu'ils auraient demandé de longs développements. Toute la partie sur la guerre civile en Côte d'Ivoire devrait être le sujet d'un autre roman et Yaya Diomandé aurait dû s'en tenir aux tribulations de son personnage dans la jungle urbaine qu'est Abidjan. Mais Diomandé a décidé de tout raconter et c'est la raison pour laquelle il nous sert en finale un assez long développement sur la migration clandestine vers l'Europe. Là encore, c'est le sujet d'un autre roman. Yaya Diomandé n'a en tout cas pas la maîtrise stylistique pour faire tenir ensemble trois thématiques – la vie urbaine d'un garçon pauvre, la guerre civile et la migration – en un seul roman. Quoi que laisse entendre l'éditeur à la fin du livre, Diomandé n'est pas une nouvelle voix de la littérature africaine. L'éditeur, plein de bonnes intentions, aurait été bien inspiré de faire un travail d'éditeur, c'est-à-dire inviter Diomandé à reprendre son texte et à s'en tenir à la première problématique qui est bien traitée. La quatrième de couverture nous parle de « énergie vitale contagieuse, une odyssée moderne renversante, la découverte d'une voix magnifique ». Cela a beau être une quatrième de couverture, c'est-à-dire un argument publicitaire, je ne sais pas s'il faut en pleurer ou en rire.
Il faut dire que créer un prix littéraire ayant 30 ans pour limite d'âge, c'est se fermer à tous les vrais écrivains qui émergent entre 40 et 50 ans et confirment leur talent après la cinquantaine. L'Afrique ne doit pas manquer de femmes et d'hommes férus de littérature mais qui n'arrivent pas à trouver d'éditeurs locaux et parviennent encore moins à toucher les éditeurs européens. Évidemment les organisateurs du prix, s'il mettait la limite d'âge un peu plus haut, aurait à gérer des milliers de manuscrits. Peut-être qu'à l'avenir, ce prix mettra en avant des Africains ayant étudié la littérature et étant capables de bâtir un roman qui respecte les exigences de cette forme. Diomandé en est très loin.
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critiques presse (1)
LeFigaro
29 septembre 2020
Lauréat du nouveau prix Voix d'Afriques, le jeune auteur séduit avec son incroyable histoire qu'il raconte dans Abobo Marley (JC Lattès).
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
À la maison, ma mère était déçue. J’étais son fils, son premier fils, l’aîné de ses cinq enfants. Mon père l’insulta. C’était elle qui m’encourageait selon lui à aller me promener sous le soleil au lieu d’étudier. Maintenant, c’était fini. Il n’avait pas les moyens de payer ma scolarité dans une école privée. « Tu es une mauvaise femme. Regarde ton premier fils, c’est l’exemple identique de ton père. Vous êtes tous idiots dans ta famille. Ton enfant a refusé d’aller à l’école et tu l’as encouragé sur la mauvaise voie. Je devrais épouser une deuxième femme sinon ma descendance ne sera qu’une bande de fainéants. Je ne nourris pas les paresseux. Tu vas apprendre un métier ou vous quittez ma maison, ta mère et toi. » Tous les voisins de la cour commune avaient entendu les injures à l’endroit de ma pauvre mère.
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Chaque soir, après le travail, j’allais au grin des Benguistes. Le grin, c’est une place publique où les jeunes gens se retrouvent autour d’une tasse de thé. Je les écoutais. Ils nous parlaient de cet El Dorado, ce paradis sur terre. Ils ne cessaient de décrire avec fierté ces grandes villes dans lesquelles ils vivaient, Paris, Londres, Madrid, New York, ces grands monuments qu’ils avaient eu la chance de voir : la tour Eiffel, la statue de la Liberté… Je me plaisais à écouter ceux que je voyais comme des modèles, des idoles. J’imaginais la facilité avec laquelle ils s’enrichissaient dans les pays des Blancs.
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Pour mieux me connaître, il faut revenir plusieurs années en arrière. Je suis le premier fils d’une famille d’une demi-douzaine d’enfants. Nous habitions à Abobo, la commune la plus dangereuse d’Abidjan, et à Marley, le quartier le moins sûr de cette commune. J’ai dû quitter l’école en CM2. L’école n’a jamais été la priorité chez nous les Dioulas. Ma famille vient du nord de la Côte d’Ivoire. Les ressortissants de cette partie du pays, ignorée par l’État, accordent peu d’importance à l’école. Il est difficile, voire impossible d’avancer dans les études dans de telles conditions.
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Bizarrement, dans mon pays, à cette même époque, un concept régnait royalement : « Quand on n’a pas son père dans une entreprise, on ne peut pas espérer y travailler. Seul le fils du docteur peut être infirmier et le fils du magistrat, avocat. » Moi, fils de pauvre commerçant, qu’est-ce je pouvais espérer ? Je craignais déjà de me perdre dans ce « régime héréditaire », dit transparent. On nous disait aussi que seuls les hommes formés à l’étranger pourraient travailler au pays. Je n’en savais pas grand-chose, j’avalais juste cette vérité.
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Sur son lit d’hôpital ma mère me promit de guérir si et seulement si je renonçais à tous ces vices. Elle me parlait comme si elle avait le pouvoir de se guérir seule. Sur le champ, je lui promis de renoncer à toutes ces activités « souillées ». Comme un miracle, à la grande surprise de tous, j’abandonnai cette activité de gnan-boro pour faire plaisir, une fois au moins, à ma mère. J’ouvris un magasin de vente de pièces détachées d’automobiles à la casse d’Abidjan.
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