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EAN : 9782081300729
405 pages
Flammarion (20/03/2013)
3.52/5   76 notes
Résumé :
Salie est invitée à dîner chez des amis. Une invitation apparemment anodine mais qui la plonge dans la plus grande angoisse. Pourquoi est-ce si « impossible » pour elle d'aller chez les autres, de répondre aux questions sur sa vie, sur ses parents ? Pour le savoir, Salie doit affronter ses souvenirs. Poussée par la Petite, son double enfant, elle entreprend un voyage intérieur, revisite son passé : la vie à Niodior, les grands-parents maternels, tuteurs tant aimés, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
3,52

sur 76 notes
Salie est une jeune femme établie à Strasbourg, exerçant le métier de romancière, originaire du Sénégal où elle a passé son enfance. Elle a des ami(e)s, les rencontre souvent dans des restaurants, ne recevant que très peu chez dans son appartement. Sa meilleure amie va provoquer une angoisse inexorable et des terreurs enfouies depuis son enfance, en l'invitant à dîner, dans deux jours, juste un repas familial. C'est justement le familial qui provoque cette angoisse.

Salie a esquivé toutes les invitations de Marie-Odile jusque-là et cette dernière a insisté, presque ordonné sa présence ce soir-là. Elle va ruminer pendant deux jours, sans pouvoir arrêter les pensées intrusives faisant remonter les causes de cette terreur de la famille, nous raconter sa vie d'enfant illégitime, protégée par ses grands-parents, maltraitée par ses oncles, tantes et sa mère qui a refait sa vie.

Le problème vient aussi de son double, la petite, qui lui rappelle ses tourments, lui demande d'être plus franche, sincère, plus honnête aussi vis-à-vis de son passé.

C'est un livre de thérapie, Une histoire d'enfant illégitime maltraité par les siens au nom de croyances stupides, certes, poétique, émouvante, qui parfois, s'égare sur de longs moments de pensées. Et puis, au détour de longs monologues, des mots plus percutants, des phrases jetées comme des cailloux, comme pour se frayer un chemin. C'est aussi une histoire sur l'amitié. N'impose-t-on pas sa propre vision de la vie à ses ami(es) ? Ne peut-on pas respecter et accepter les refus, sans demander de vastes explications et excuses ? L'amitié devrait être basée sur le respect et la bienveillance, non ?

Alors si devenir adulte n'est plus s'enfuir mais faire face, il serait bien, aussi, d'être aidé, en étant respecté dans ses choix de vie.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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En lisant "Impossible de grandir ", de Fatou Diome ,on retrouve presque la même thématique abordée dans un livre précédent ,Le Ventre de l 'Atlantique du même auteure .Cette dernière est une des figures marquantes de la littérature sénégalaise du 21 eme Siècle .Ses débuts dans la vie furent très difficiles .Enfant illégitime ,elle doit faire avec car lors qu 'on est dans un tel cas , il est vraiment difficile de faire son chemin dans la société et dans la vie tout court .Rejetée par la société elle fait des études , se marie avec un Français , elle rentre avec lui en France .Cette union ne dure pas longtemps , ils divorcent et la voilà ,une fois encore seule dans un autre pays et loin des siens .Elle entreprend des études dans la ville de Strasbourg .Elle obtient un doctorat en Lettres françaises .Elle est enseignante et se met à écrire des livres .
" Impossible de grandir" :est un roman largement autobiographique et où l 'auteure fait son introspection pour rejeter ou exorciser ses démons et affronter plus sereinement la suite de sa vie .La narratrice est Salie et elle nous conte ses phobies , ses tourments , les difficultés à trouver sa place dans la société .
Une partie de tout cela est exprimée dans la quatrième de couverture :
"Salie est invitée à dîner chez des amis .Une invitation apparemment anodine mais qui la plonge dans la plus grande angoisse .Pourquoi est-ce si "impossible"pour elle d 'aller chez les autres , de répondre aux questions
sur sa vie , sur ses parents ? Pour le savoir ,Salie doit affronter ses souvenirs Poussée par la Petite ,son double enfant ,elle entreprend un voyage intérieur ,revisite son passé : la vie à Niodor ,les grands-parents maternels ,tuteurs tant aimés ,mais aussi la difficulté d 'être une fille une fille dite illégitime ,le combat pour tenir debout face au jugement des autres et l 'impossibilité de faire confiance aux adultes ".
"A partir de souvenirs personnels ,intimes ,Fatou Diome ,nous raconte ,tantôt avec rage ,tantôt avec douceur et humour ,l 'histoire d 'une enfant qui a grandi trop vite et peine à s 'ajuster au monde des adultes ".
Beau roman de Fatou Diome .







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« Une petite fille me poursuit, me harcèle, m'assiège ; après quelques décennies de lutte, je ne peux toujours rien contre ses assauts ; parfois croyant agir à sa guise, je découvre avec stupeur que je ne fais que succomber à ses humeurs : grandir est impossible ! » (p. 14) Salie traîne les douleurs d'une enfance illégitime et une peur panique de quitter son appartement pour celui des autres. « Pourquoi personne ne se sent jamais concerné quand je dis que je n'aime pas aller chez les autres ? » (p. 15) Sans cesse tenaillée par son amie Marie-Odile qui organise dîner après dîner, Salie ne sait plus comment repousser les avances d'un monde qui l'effraie. Sa hantise s'incarne dans la Petite, à la fois némésis et réminiscence d'elle-même quand elle était enfant : cette entité la place face à ses peurs et à ses questionnements. Après des décennies à se cacher, il est temps de grandir, mais comment ? Et pourquoi ? « J'écris pour tous les bâtards du monde, qui se font insulter, torturer et mépriser par des gens moins dignes que leurs parents, car ceux qui égrènent les leçons de morale comme un chapelet sont souvent plus tordus et plus condamnables que ceux qu'ils jugent coupables, uniquement pour avoir osé aimer. » (p. 311)

Que la plume de Fatou Diome est belle ! Mais que la plume de Fatou Diome est complexe ! Je n'ai pas tout compris aux réflexions intimes et philosophiques de la narratrice/auteure. Elle lutte contre son enfance, contre les autres, mais surtout contre elle-même. Et parfois, elle a bien du mal à s'en sortir. « Bande de chafouins ! J'ai peut-être les neurones en compote, d'après vous, mais ce serait là une bonne raison de ne laisser personne me les touiller. » (p. 21) Est-il prudent de se battre contre ses douleurs et ses manques, même s'il s'agit de dessiner la géographie d'une vie nouvelle ? C'est ce qu'explore Fatou Diome dans ce roman exigeant aux accents si personnels.
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Fatou Diome, Impossible de grandir.

Ce livre peut se lire indépendamment du Ventre de l'Atlantique, publié il y a onze ans, mais pour avoir lu ce volume à plusieurs reprises, je me suis immédiatement rendue compte, dès le premier paragraphe, qu'on restait dans la lignée du précédent.
Même écriture très riche en images, en métaphores, reprises à l'identique du premier livre, mot à mot, comme un fil conducteur. ‘'Je m'appelle Salie, (…), je me voudrais sorcière, avec un chaudron assez grand et un feu assez vif pour mijoter des rêves trop durs à cuire''. Cela donne le ton. Des rêves, des souvenirs durs à cuire, qu'il faut cuisiner pour les rendre digestes. Comme une sorcière, elle mijote et analyse ses nombreux souvenirs sur 24 heures, dans un contexte précis.
Salie a une phobie, être invitée chez les autres. Pour affronter sa panique, elle laisse la Petite prendre le dessus sur son esprit. ‘'Une petite fille m'accompagne et m'apprend à vivre''. Un stylo à la main et un carnet sur les genoux, Salie couche sur le papier les souvenirs qui lui remontent en mémoire par la bouche de la Petite qui l'invective et fustige ses peurs.
Niodior, son intégration dans son village, ses études, sa volonté. Salie se bat, elle n'a qu'une solution : les études. de son enfance à aujourd'hui, du temps du récit au temps de l'écriture, Fatou Diome remonte dans le passé de son héroïne, qui est aussi le sien, car c'est un roman fortement autobiographique. Ce qu'elle dit des petits boulots que Salie effectue pour payer ses études est corroboré par certaines des nouvelles de son recueil La préférence nationale et autres nouvelles.
Fatou Diome est représentative d'une intégration réussie au prix d'efforts acharnés, et il est aussi intéressant d'avoir son opinion sur la société qui l'a intégrée : la perception de son mariage mixte par sa belle-famille, la vision de ses employeurs, et son point de vue sur la présidence précédente n'est pas piqué des hannetons.
Au final, une lecture agréable mais qui m'a un peu déçue. En effet, connaissant assez bien son écriture, je trouve qu'elle ne se renouvelle pas assez et de ce fait j'en suis venue à m'ennuyer par moment. C'est le bémol de se livre. Cependant, l'écriture est très caractéristique car les phrases sont si ciselées que la plupart d'entre elles pourraient être reprises en citations.

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Salie est en panique : invitée à dîner par Marie-Odile, cette situation la plonge dans une grande angoisse, car elle ne supporte pas d'aller chez les autres et pour connaître la cause de cette phobie, il lui faut replonger dans ses souvenirs d'enfance.
Pour se faire, Salie fait face à la Petite, son double enfant qui la pousse dans ses moindres retranchements pour faire surgir la vérité : "Une petite fille me poursuit, me harcèle, m'assiège; après tant d'années de lutte, je ne peux toujours rien contre ses assauts; parfois, croyant agir à ma guise, je découvre avec stupeur que je ne fais que succomber à ses humeurs : grandir semble impossible !".
Élevée par ses grands-parents, Salie est une enfant illégitime à qui l'on fait payer cette situation : elle est celle qui ne mérite rien, qui doit être sans cesse traînée dans la boue et dont on cherche à se débarrasser telle une disgracieuse verrue plantée sur le nez, en somme celle qui ne mérite pas de vivre.
Entre deux crises d'angoisse, Salie écoute de la musique et se laisse bercer par les mots et la musique : "Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".

Salie est un personnage très complexe : elle a un côté sauvage et aime sa solitude : "Est-ce moi qui suis trop sauvage où ce sont les gens qui se sont habitués à harceler les autres, à les attrouper, afin de ne jamais se retrouver seuls, confrontés à eux-mêmes ?", d'un autre elle ne refuse pas non plus le contact avec tout individu et prend plaisir à entretenir des relations amicales.
Non, ce que n'aime pas Salie, c'est que l'on cherche à lui imposer un désir qui n'est pas le sien : "Agir en adulte, est-ce devenir assez hypocrite pour se plier à toute injonction, surseoir à toute volonté personnelle, pour assouvir les désirs des autres au détriment des siens ?".
Salie est un personnage entre deux eaux : elle est une femme évoluant dans le monde adulte de par son âge mais coincée dans les limbes de l'enfance de par son passé.
Elle porte un regard parfois juste sur les relations avec autrui : "Les êtres les plus coriaces à gérer dans la vie sociale, ce ne sont pas les éventuels ennemis; ceux-là, il est aisé de vivre avec, car il suffit de se soustraire à leur présence pour ne pas souffrir leur vindicte. le vrai supplice vient de tous ces gens qui, sans être des amis proches, vous affligent du bien qu'ils disent vous souhaiter, un bien défini exactement selon leurs propres critères, parfois si contraires aux vôtres.", mais cela n'a malheureusement pas suffi à me la rendre sympathique.
Je suis restée très détachée de ce personnage et plus généralement de l'histoire, même si j'admets que certains passages, notamment ceux concernant les souvenirs d'enfance, ont une certaine beauté et alternent entre la gravité et l'humour, tout comme la réconciliation finale avec la Petite marque une grande avancée pour la narratrice : "Cette Petite, même si elle m'incommode parfois, je l'aime quand, révoltée et déterminée, elle décide de vivre, de réagir au lieu de seulement subir, c'est ainsi qu'elle a toujours sauvé ma vie.".
L'autre point qui m'a dérangée est celui de cette narration à la première personne du singulier, le roman est clairement une autofiction, dans le cas présent que je ne pense pas que cette forme était la plus appropriée pour raconter cette histoire : ou l'auteur assumait et rédigeait une autobiographie, ou elle partait complètement dans la fiction.
Cette frontière trop mince entre réalité et fiction m'a gênée dans ma lecture, je ne savais jamais sur quel pied danser, me demandant sans cesse si la rancoeur sous-jacente et omni-présente venait de Salie ou de Fatou Diome.
La plume de Fatou Diome est belle mais exigeante, c'est à mes yeux ce qui sauve ce livre car l'auteur a un véritable style et donne du rythme à son récit, créant une musicalité mêlant harmonieusement les mots jetés sur papier et les musiques écoutées par Salie.

"Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".
Mon impression sur "Impossible de grandir" est à l'image de cette sempiternelle ritournelle qui vient ponctuer le récit parfois à bon escient souvent comme un cheveu sur la soupe : parfois charmée, souvent détachée, une lecture en demi-teinte donc.
Le style est beau mais la forme ne m'a pas séduite : la psychanalyse par l'écriture n'est pas une recette qui fonctionne à tous les coups et ce livre en est la parfaite illustration.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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critiques presse (1)
Actualitte
17 septembre 2013
Une écriture expressive et imagée, subtile, même musicale ; parsemée d'expressions drôles, où l'autodérision, la rage mais aussi la fragilité de la narratrice explosent avec talent et force.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
Grandir, devenir adulte, c'est peut-âtre admettre ls vacillations de cet enfant en nous et considérer l'instinct de survie comme le support des supports, le phare qui brille dans l'océan des doutes, le mât sur lequel hausser la bannière des derniers espoirs. L'instinct de survie est cette flamme, donnée à tous, que chacun peut alimenter du bois à sa portée. (..) On peut manquer d'amis ou de famille;, parfois, on manque de joie, de courage ou d'entrain, il arrive même qu'on accumule plusieurs de ses carences, mais la pire perte, c'est celle qui ôte le goût de vivre. Tant que persiste l'envie, l'horizon reste un toile qui invite à peindre ses rêves. Vivre c'est répondre à cet appel.
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Travailler plus, pour gagner plus ! Martelait celui qui n'a pas multiplié le pain de tous, mais uniquement son propre salaire, quand le chômage affamait un nombre croissant de Français. Française d'adoption, j'ai eu honte quand j'ai appris que le héros national, censé veiller sur le bien-être des citoyens, servait à table en commençant par sa propre assiette.
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« J’écris pour tous les bâtards du monde, qui se font insulter, torturer et mépriser par des gens moins dignes que leurs parents, car ceux qui égrènent les leçons de morale comme un chapelet sont souvent plus tordus et plus condamnables que ceux qu’ils jugent coupables, uniquement pour avoir osé aimer. » (p. 311)
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"Invitez-moi pour une ballade en forêt, une foulée à la plage, une chasse à l'arc-en-ciel ou une pêche à la mouche, je vous suivrai. Mais, de grâce, épargnez-moi vos intérieurs, déjà que j'étouffe dans le mien !"
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L'aspiration de ceux qui n'ont jamais eu une vie comme les autres, c'est d'arriver à se fondre dans la masse, d'être enfin quelqu'un parmi les autres sans extravagance aucune.
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Videos de Fatou Diome (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fatou Diome
Au verbe contraint par les exigences d'un éditeur, Fatou Diome, pour qui l'écriture est pourtant une jouissance, une revanche, une nécessité, préfère le silence. C'est la thèse de l'essai flamboyant, drôle et imagé qu'elle publie en cette rentrée chez Albin Michel.
#littérature #écriture #rentréelittéraire
______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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