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EAN : 9782081213531
270 pages
Flammarion (15/08/2008)
3.74/5   82 notes
Résumé :
Betty passe son temps à observer l’immeuble d’en face.
Son attention se focalise sur une vieille dame ; à son air joyeux, elle la baptise Félicité et se prend d’affection pour elle.
Lorsque Félicité est envoyée contre son gré dans une maison de retraite, Betty remue ciel et terre pour la retrouver.
Une véritable amitié va les lier.
Une nouvelle va plonger Félicité dans le mutisme. Impuissante, Betty prend du recul et part quelques jours. ... >Voir plus
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"Inassouvies ,nos vies" , est un roman de l 'écrivaine sénégalaise ,Fatou Diome .Son oeuvre explore notamment les thèmes de l 'immigration en France , la relation entre cette dernière et ses ex-colonies africaines dont le Sénégal .Fatou Diome , fille naturelle , elle est rejetée par toute la société y compris par les membres de sa famille .Elle est élevée par sa grand-mère et son grand-père .Elle va à l 'école et poursuit ses études jus qu 'au baccalauréat .A vingt-deux ans , elle tombe amoureuse d 'un Français ,se marie et décide de le suivre en France . Rejetée par la famille de son mari , elle divorce deux ans deux ans plus tard .En grande difficulté et abandonnée à sa condition d 'immigrée en France ,pour pouvoir subsister et financer ses études , elle doit faire des ménages pendant six ans .En 1994 , elle s 'installe à Strasbourg . Elle y poursuit ses études et obtient un diplôme d 'études supérieures .Elle s 'y consacre à l 'enseignement . C 'est une pédagogue .( j ' ai estimé cet éclairage sur la vie de l 'auteure , nécessaire) .
"Inassouvies ,nos vies", est un roman sur l 'amitié et la solidarité envers les gens du troisième âge .Betty , la trentaine , solitaire , passe son temps à observer les habitants de l 'immeuble d 'en face .Son attention se focalise sur une vieille dame . A cause de son air joyeux et
son entrain ,Betty la baptise Félicité .Cette dernière est une vieille très digne .Elle est placée, contre son gré par des enfants indignes ,dans une maison de retraite .Ayant
appris la nouvelle , Betty vient lui rendre chaque semaine .La vie de Betty est d 'une grande simplicité .Une grande
amitié s 'est établie entre elles .Le jour où Félicité meurt ,
son monde s 'écroule . Elle essaie bien de se raccrocher à
l 'amitié d 'un homme de rencontre , mais celui-ci meurt à
son tour . Alors Betty décide de larguer les amarres et de
partir sans laisser d 'adresse et sans espoir de retour .
Ce récit nous laisse apprécier la générosité de Betty et son amitié sincère pour Félicité .Le livre est triste et
mélancolique .



















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Betty, jeune femme célibataire, aimerait bien se laisser aller. Se laisser-aller à vivre. Mais la vie lui fait peur.
« Au beau milieu de ce mot, il y a le I de l'Inassouvi. Vie, trois lettres, pour les trois parts de notre existence : entre le V de vivre et le E de Exister, se dresse, impériale, la colonne, ce I de l'Inassouvi. Cette césure dans le mot vie, fend le coeur de l'homme et le fait vaciller, en permanence, entre le vide et le plein, entre le fuyant et le saisissable, entre le doute et l'espoir. »

Aussi pour se mêler aux autres à sa façon, entreprend-elle d'observer ses voisins, ceux de l'immeuble d'en face. Et c'est là que petit à petit, elle va s'ouvrir aux autres, apprendre à les connaître et à se connaître elle-même...
« De son étude des différentes vies qui l'entouraient, elle espérait tirer un solide enseignement afin de mieux orienter ses pas. Inassouvi, notre besoin de modèle pour vivre. »

Inassouvies, nos vies ? Oui, sans doute. Mais il me semble que c'est bien là le but de notre existence. Avancer. Essayer. Tomber. Se relever. Mais surtout oser. Oser en dépit de tout mais aussi de tous. Et c'est à travers de multiples réflexions, paraboles ou exemples que Fatou Diome nous emmène à écouter Betty. Il y a beaucoup de poésie dans son écriture et beaucoup d'acuité aussi dans le constat que l'auteure dresse sur notre société : la solitude, la vieillesse, le couple, l'immigration, mais surtout l'amour et le don de soi sont au coeur de ce roman très attachant.
Un petit bijou de lecture !
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Voilà un curieux roman qui met en scène une narratrice prénommée Betty et les habitants de l'immeuble en face du sien, gens qu'elle observe et finit, parfois, par rencontrer.

Ainsi en sera-t-il de la revêche vieille dame qu'elle surnomme Félicité avec humour, car cette voisine découragerait toutes tentatives d'approche. mais pas Betty, qui lui offre du kouglof (nous sommes en Alsace) et se fait rabrouer. Quand l'âge aidant, Félicité est littéralement « placée » par ses neveux et nièces en maison de retraite, Betty va fidèlement la voir tous les jours. Là, elle élargit son cercle de connaissances et écoute les vieillards raconter « leur » guerre », dans l'intention d'en faire un livre.

Avec l'aide de la boulangère, elle apprend mille petites choses sur les gens d'en face. On pourrait s'indigner de l'indiscrétion de la brave commerçante. Mais apparaissent ainsi des sortes de « types », comme on dit en cartophilie : la prof de lettres intello-bio-écolo qui ne trouve pas l'amour, refuse d'avoir des enfants, mange végétarien et achète ses draps aux « Artisans du Monde », l'avocat qui travaille presque toute la nuit et délaisse sa femme jusqu'à la faire fuir, le couple attendrissant de petits vieillards qui ne se lâchent pas la main et attendent la mort « comme des siamois », etc.

Devenue sorte de petit Diable boiteux façon Lesage, Betty observe, s'informe, prend des notes et raconte à sa vieille amie. Jusqu'au moment où une nouvelle tragique va grandement déstabiliser cette dernière.

Ainsi raconté, il semblerait qu'il y ait un récit, des personnages, des événements. En fait, très peu. L'essentiel du roman consiste en des constatations désabusées sur les êtres humains et la vie, en aphorismes multiples, parfois bien trouvés parfois très clichés, avec ce leitmotiv à la fin agaçant : inassouvi ceci ou cela. Comme si pour l'auteure la vie était avant tout un grand manque.

Puis elle adopte ce parti pris stylistique de topicalisation des adjectifs rejetés en tête de phrases : agaçantes sont ces manies de considérer que le style doit être avant tout une forme répétitive !

Le livre change de direction quasiment à la fin, lorsqu'on en apprend un peu plus sur le passé de Betty, ses origines, ses blessures. Et arrive une déferlante d'idées déjà bien acquises (mais pas fausses) sur l'Afrique, victime du post-colonialisme et de ses propres incapacités à s'en sortir.

In fine, un roman qui était resté un peu oublié depuis 2008 au fond de ma bibliothèque, ressorti à l'occasion d'un inventaire hivernal mais qui ne m'a guère passionnée...Seul le cas de la vieille dame dont on dispose à la fois de la personne et des biens m'a réellement touchée. Question de génération, peut-être...
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Inassouvies, nos vies; certainement, mais c'est la dynamique de nos vies humaines..
Impossible de dissocier la vie de l'auteure de cette fiction. Sénégalaise de culture française, Fatou Diome; femme passant d'un coup de baguette magique (ou pas) d'une vie rurale africaine à une vie européenne . Fatou Diome devenue célébrité pour ses livres remarquables. Dans celui ci "Inassouvies nos vies" sans doute pas le plus connu.. Betty observe l'immeuble d'en face, en déduit d'après les comportements observés à travers les vitres, les souffrances de chacun et aussi les siennes. Ensuite elle s'arrange pour nouer le dialogue avec ces gens dans la rue, un parc, un escalier.. bien sûr par ses observations elle a une longueur d'avance sur ses interlocuteurs.. c'est la trame du roman.
L'héroïne Betty le dit dès le début: "Remplir sa journée, remplir son devoir conjugal, on sait précisément ce que c'est. Mais remplir sa vie ?" Contre son gré, la petite vieille est mise en maison de retraite par ses enfants, la belle prof de Lettres quadra se fait refaire les seins pour refaire sa vie, le vieux couple rescapé d'Auswitch n'a jamais voulu d'enfant, la jeune veuve de 22 ans ne veux vivre que dans le souvenir de son mari, etc..
Fatou Diome connait la vie, en France: femme de ménages plusieurs années, puis prof en fac, elle a developpé une acuité sans concession sur sa vie et celle des autres.
Ensuite pour faire bonne figure dans ce livre, les africains aussi en prennent pour leur grade, si les européeens sont toujours colonisateurs, les autochtones se comportent toujours en colonisés..

A cheval sur deux cultures, Fatou Diome est une femme émancipée, cela engendre peut être un sentiment de vie inassouvie . En Afrique on l'envie, en Europe on s'en sert comme faire valoir, après reste son oeuvre d'écriture, ce qui est essentiel pour nous lecteur .
D'un livre chacun tire ses conclusions , j'ai aimé ce livre plein d'humour désabusé.
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"Betty avait pris sa décision, elle saurait quelles existences se cachaient derrière les fenêtres d'en face"
C'est le postulat de départ. Betty la Loupe va s'incruster dans la vie de l'immeuble en face du sien, en observant les fenêtres. le degré de luminosité, la durée de l'éclairage dans une pièce renseignent sur les fonctions de celle-ci. Les jeux d'ombre des personnes observées à la jumelle permettent d'étudier le comportement des hommes et des femmes et de s'immiscer peu à peu dans leur vie jusqu'à comprendre leur état d'âme. Inassouvi notre besoin de tout connaitre des autres. Son voyeurisme l'amène à se lier d'amitié avec une dame âgée, Félicité. le placement de celle-ci en maison de retraite est pour Betty l'occasion d'entrer vraiment en contact avec cette génération. L'occasion de connaitre le passé des pensionnaires et la perception de chacun des événements de l'Histoire dont ils ont été témoins (seconde guerre mondiale, déportation).

Ce roman de Fatou Diome est une plongée au coeur de l'humain. Son écriture est particulière et un peu déroutante. Chaque phrase est ciselée et imagée, à tel point que dans certains passages, chacune pourrait faire l'objet d'une citation par le message ou l'observation ainsi transmise.
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Combien d'amitiés, déchirées ou perdues, en cours de route, inassouvies? Combien d'amours, larvées, enterrées sans requiem ni fleurs, inassouvies? Combien de rêves, malgré la volonté d'oubli, continuent d'alimenter nos soupirs, inassouvis? Combien de désirs, devenus dépits, parce que, inassouvis? Combien d'êtres chers, partis à l'aube de notre affection, nous laissent inassouvis? Et puis, parce que vivre c'est survivre à quelqu'un ou à quelque chose, à qui, à quoi renonçons-nous, humblement défaits ou dignement amputés, mais toujours inassouvis?
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Les gens n'ont pas idée de la violence qu'ils exercent sur les autres, en les transformant en déversoirs d'états d'âmes. Ils vous prennent pour une terre en jachère, vierge des soucis inhérents à la vie et, au premier sourire, ils mettent la charrue avant les boeufs, labourent votre mémoire jusqu'à la saigner et déterrent, sans s'en rendre compte, tout ce que vous vous évertuiez à oublier. Le choc est alors terrible. Tout se passe comme au jeu de quilles, une confidence c'est parfois une dégringolade dans la tête ; en vous balançant les grumeaux de leur vie, boulet par boulet, ils finissent par ébranler les béquilles qui vous soutiennent le moral. Certains sont parfois plus solides que vous, mais parce que vous gérez vos peines en silence, afin de ne pas déranger autrui, ils vous attribuent une sérénité bouddhique et vous demandent de partager le poids de leur choix.
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Elle, elle voulait vivre. Mais la vie lui faisait peur. Au beau milieu de ce mot, il y a le I de l'Inassouvi. Vie, trois lettres, pour les trois parts de notre existence : entre le V de vivre et le E de Exister, se dresse, impériale, la colonne, ce I, de l'Inassouvi. Cette césure, dans le mot vie, fend le coeur de l'homme et le fait vaciller, en permanence, entre le vide et le plein, entre le fuyant et le saisissable, entre le doute et l'espoir.
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Betty restait sur sa faim, car tout cela ne la renseignait guère sur la nature et la teneur des vies qu'elle devinait. Tenaillée par la curiosité, rendue fébrile par l'attente de détails qui ne venaient pas, l'observatrice décida de se muer en brodeuse. Il a bien fallu que quelqu'un imagine la laine ailleurs que sur le dos des moutons, le coton hors des champs, pour que nous ayons des châles au cou et de beaux draps pour couver nos amours. Betty avait trop de métier pour ne pas rêver de dentelle. Elle se mit à l'oeuvre. Elle ne serait plus passive, à tendre l'oreille et à jeter des coups d'oeil. Désormais, les quelques signes qu'elle percevrait lui serviraient de coton brut qu'elle filerait délicatement afin de tisser de quoi habiller les vies qu'elle subodorait. Elle était devenue une loupe, réfléchissant et agrandissant tout ce qui taquinait sa vue, depuis l'autre côté de l'avenue. Scotchée en face, elle humait, butinait, écumait, captait de quoi rassasier son oeil avide. Ayant réalisé qu'un carré de nuages découpé dans un Velux suffit à l'esprit pour concevoir l'azur, Betty se contentait d'un verre d'eau pour appréhender des immensités océaniques. Dès lors, la coupe d'une robe lui racontait la nature d'un rendez-vous. Une simple mine lui évoquait l'épanouissement d'une romance ou le cataclysme d'une rupture, imminente ou consommée. L'éclat d'un sourire lui exposait un bonheur serti de diamants ou mille plaies, pudiquement cachées sous la neige d'une existence marquée au sceau de l'hiver. Au gré des jours, des rencontres et de ses perceptions, l'humanité se révélait à elle, pleine de nuances.
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A l'heure du thé, quelques rescapés à la mémoire criblée de balles racontaient avec pudeur leurs douloureuses années. Ayant trop longtemps tu leurs actes de bravoure, ils se sentaient presque obligés de s'excuser avant toute évocation. Attitude réservée que la leur, touchante. Une façon, peut-être, de s'éloigner de toute vanité ou d'éviter de malmener la délicate sensibilité d'une enfant de la paix, une paix née de leur âpre et longue lutte. Paroles au compte-gouttes. Souffle court. L'Everest de l'âge est sans pitié. Les mots se laisaient désirer, se livraient, s'entrechoquaient, se disloquaient, bifurquaient, puis se cramponaient les uns aux autres pour entamer le tissage de la toile. De son stylo, le scribe tricotait, mais on ne rafistole pas la vie. Les faits se dessinaient, moins affirmés que les lignes d'une peinture martiale. Betty ne se prenait point pour Picasso. Ici, rien que des ombres chinoises, même en forçant le trait. Le puzzle serait incomplet, elle le savait. A force de superposer les printemps sur leurs plaies, ces doyens avaient fini par cacher des pans entiers de leur vie. Mais lorsqu'on dit il était une fois, le présent réclame le temps ainsi proposé à sa gourmandise. Le regard de Betty disait : donnez-moi votre mémoire, comme une outre de lait au milieu du désert, un repas de fin de jeûne, une galette de Pâques, un mets de Noël. Dites aux aînés de nous offrir les notes de leur murmure pour rythmer la musique de notre jeunesse.
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Vidéo de Fatou Diome
Au verbe contraint par les exigences d'un éditeur, Fatou Diome, pour qui l'écriture est pourtant une jouissance, une revanche, une nécessité, préfère le silence. C'est la thèse de l'essai flamboyant, drôle et imagé qu'elle publie en cette rentrée chez Albin Michel.
#littérature #écriture #rentréelittéraire
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