Je sais que c'est travaillé, recherché, mais on dirait VRAIMENT un journal intime. J'ai eu l'impression de lire le journal d'une prof (intercalé de pages du journal d'une écrivaine). J'ai l'impression qu'une prof a écrit ses pensées, ses sentiments, ses journées, puis que ça a été publié, comme ça. Ça m'a mis mal à l'aise, de lire ça. J'ai un peu trouvé le temps long aussi, je dois l'admettre. C'est inégal. Les chapitres sont courts, en général j'aime ça, mais là j'étais presque soulagée de voir qu'un chapitre ne fait que deux pages et des poussières. C'est paradoxal, parce que je n'ai pas détesté ça. Peut-être que c'est le genre de livre qu'il faut lire à petite dose. Un chapitre de 3 pages au détour de la journée. Et non d'une traite.
Il y a de beaux mots, de belles images. J'en ai d'ailleurs tiré plusieurs citations que j'ai postées sur le site. le fait de travailler sans point ni virgule, aussi, sans ponctuation (ou presque)… je suis ambivalente, je ne sais pas vraiment ce que j'en pense. En fait, j'adore l'idée, mais – concrètement - c'est troublant. Au lieu de rendre la lecture plus fluide, ça m'a ralentie. Je trébuchais dans les phrases, devait reprendre au début de la ligne, essayer de comprendre. Ah non, la virgule va là, c'est ça que ça veut dire, pas ça. Là il y a une idée, là il y en a une autre qui commence. C'est un exercice assez intéressant, le cerveau s'habitue rapidement à la manoeuvre, mais ça ralentie forcément. Mais, au contraire, d'autres fois ça coule ça coule ça coule.
Quant au fond, je n'ai pas réussi à percevoir la différence entre les pensées, les déclarations de l'auteure VS celles du personnage. Je sais que c'est normal, surtout dans ce genre d'ouvrage, mais ça m'énerve. Je ne sais pas à qui en vouloir. Parce que oui, quand je lis des trucs comme « la distance que je garde pour me protéger des attaques affectueuses de certains élèves en mal de reconnaissance », ça m'énerve. Je ressens une haine irrépressible envers celle qui pense ça. Et ça m'énerve de ne même pas savoir s'il s'agit d'une véritable enseignante ou d'un personnage.
Je peux comprendre, au moins partiellement (« s'il fallait que je leur accorde toute l'attention qu'ils réclament je serais aspirée entraînée dans le tordeur de leurs confidences le puits sans fond du besoin qu'ils ont de la présence adulte ») mais je ne peux m'empêcher de me sentir blessée. Comme s'il s'agissait d'une attaque personnelle à mon égard. L'attention des profs a toujours tellement compté pour moi. J'aurais voulu être leur amie, développer une relation spéciale avec eux/elles... Je crois que je n'ai pas lu ce livre au bon moment de ma vie. Je suis probablement encore trop proche de mon passé d'élève du secondaire. J'en veux personnellement à l'auteure d'avoir écrit ce qu'elle a écrit.
C'est pas vrai qu'elle est détachée, ça l'affecte tellement des fois : « j'ai échoué avec lui l'admettre ne change rien ça ne passe pas j'ai quelque chose de pris dans la gorge chaque fois que je pense à lui », mais pourquoi s'évertue-t-elle à oublier tous les autres? Pire, à ne pas s'en rappeler, dès le départ?
Je ne sais pas quel était le but de l'auteure, mais ce petit roman m'a dérangée. Tout le long, on se sent partagé, déchiré. Entre l'envie de brasser le personnage, de forcer
la maîtresse à aimer ses élèves, à développer une véritable relation avec eux. Et la compréhension, que tout ça c'est trop. Trop exigeant, trop épuisant, trop je ne sais quoi. J'ai eu envie de la brasser, mais en même temps je me disais « putain, je ne ferais jamais ce métier, elle est bonne de continuer ». Tout ce doute qu'elle vit aussi, que ce soit en tant qu'enseignante, écrivaine, fille, mère, amante… En tant que femme, tout simplement… C'est beaucoup.
Et puis la fin… À la fin, on comprend. On lui pardonne tout.
Elle est maternante, mais à la façon de sa mère. Elle joue l'indifférente, comme elle.
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