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Citations sur Orient extrême (7)

Sinoun n'a rien dit et ne se confiera peut-être jamais à moi, à cause de la honte qui engendre un silence de béton armé chez nous. On n'a pas appris à gémir, à dire le mal qu'on nous fait, surtout pas aux proches qu'on risquerait de salir avec. Et Sinoun et moi étions les plus proches de l'univers avant son départ.
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Des brumes de chaleur remontent du lac et envahissent les rizières. Je vacille sur mes jambes. Nous enfuir ? Tout de suite ? Et il va signer ? Après le choc de ce que Sinoun a vécu, vient la trahison du père...
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- Ce que j'ai osé, sur la place du village, danser devant les hommes, c'est ce que je devais faire devant mon patron et ses amis saouls. La première fois, je suis morte. Celle que j'étais avant a disparu pour toujours. La preuve, après, quand ça a recommencé, ma peau est devenue du carton. Je n'ai plus rien senti. Tu comprends ? Une poupée avec rien dedans. Pas de tête qui pense ou ressent. Juste un corps de carton ou de plastique inerte pour leur échapper.
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Lui, 18 ans et des poussières, adolescent sur les bords et encore habité par l’incandescence, trouvait que tout était parfait à Bali. Les rizières inondées de lumière à Ubud, les stridulations d’insectes qui laissaient penser que l’été durerait toujours, le ciel de lave quand le soleil s’enfonçait dans la jungle, les boutiques à la pelle où pêcher des souvenirs « trop drôles ». Et le soir, l’apothéose avec les danses sacrées du Pura Taman Saraswati, le gamelan, sa musique céleste, la mare de lotus en fleurs et les moustiques qui y pondaient pour dévorer les vivants… Mange, prie, aime ! Il était fou de Bali.
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Quand je me retourne vers notre mère, elle n’a pas bougé. Telle une statue qui s’abîme sous le soleil et me regarde m’éloigner d’elle. Dans ses yeux, je trouve la force qu’elle y concentre pour nous aider à quitter la famille et le lieu où nous sommes nées. Dans ma tête, et dans ma tête seulement, je cours vers elle une dernière fois et la serre très fort, comme si on n’allait plus jamais se revoir sur terre. C’est peut-être le cas, qui peut savoir ? Je ressens quelque chose de fort, pour elle. Une affection, qui ne se concrétise jamais en vrai, mais qui pourtant existe. Un fil invisible qui nous tresse ensemble.
J’enregistre son visage maigre. Sa jupe bleue avec un accroc reprisé devant. Ses cheveux noirs très longs, attachés en queue de cheval avec une barrette argentée. Ses mains qui ne savent pas s’arrêter de travailler. Et sa voix, que je n’entendrai plus que dans ma tête. J’enregistre ma mère toute entière, avant de la laisser derrière moi.
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Quand nous pénétrons dans la cabane, les bambous de la cloison se mettent à grincer comme si quelqu’un s’y appuyait. J’éteins aussitôt la lampe pour que nos yeux s’habituent à la pénombre et distinguent ce qu’elle cache. Immobiles et silencieuses, nous écoutons. Rien en dehors de la pluie inondant la terre. On entend l’eau s’agiter sous le mince plancher et dévaler vers les rizières.
À nouveau, un bruit de pression contre les bambous. Et si quelqu’un nous trouvait ensemble et allait nous dénoncer sur la place du village ? Pourtant, si un danger nous guettait, le chien grognerait en montrant les dents. Mais je ne le vois pas…
- Yong ?
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Après ça, le temps s’est accéléré. Elle est partie travailler à l’étranger. Ils engageaient des jeunes en parfaite santé. Ce jour-là j’avais de la fièvre - la Malaria, d’après l’agent recruteur, et ils ne m’ont pas embauchée. Maintenant, je comprends que j’ai eu de la chance, par rapport à ma sœur.
Elle et moi sommes nées le même jour, à la saison des pluies, dans les relents d’humidité et de limon gras du Tonlé Sap. Et jusqu’à ce qu’elle ne quitte la maison pour la Malaisie, de l’autre côté de la mer, jamais encore nous n’avions été séparées.
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