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Marie-Odile Probst-Gledhill (Traducteur)
EAN : 9782877308458
377 pages
Editions Philippe Picquier (30/03/2006)
3.81/5   50 notes
Résumé :
"Et un mot vous vient du ciel qui s’ouvre. Le mot amour. Vous vous rendez compte que vous ne l’aviez jamais compris auparavant. C’est comme la pluie, et quand vous levez votre visage, comme la pluie, il vous lave de tout ce qui n’est pas essentiel, vous laissant vide, propre, prête à commencer."

Au mot « amour », une mère indienne respectueuse des traditions ne donne pas la même signification qu’un jeune amant américain. Comment concilier la puissance... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Onze nouvelles sur la place des femmes dans la société indienne, qu'elle vivent dans leur pays d'origine, ou qu'elles se soient, comme c'est souvent le cas dans ce recueil, expatriées aux États-Unis. Onze nouvelles d'une terrible acuité, qui dénonce un système de traditions peu réjouissant, dans lequel les femmes elles-mêmes se laissent parfois plus ou moins volontairement enfermer. Onze nouvelles douloureuses, qui traitent des femmes battues, du deuil, des illusions et des désillusions portées par l'étincelante Amérique, de la maternité, de la famille qui, souvent, dévore ses enfants. Onze nouvelles douloureuses.

Pourtant, même à travers les pires histoires de ces femmes, toutes poignantes, et dont certaines se révéleront véritablement terribles, Chitra Banerjee Divakaruni ne laisse jamais tomber les bras. Plus que la société indienne, c'est la société tout court, quelle qu'elle soit, qui enferme ses individus dans des réseaux qu'on peut croire inextricables: famille d'origine, mariage, maternité, travail, richesse ou pauvreté, tout est bon pour étouffer. Mais là où certaines de ses femmes échouent, d'autres se relèvent, et ce n'est pas la moindre qualité de l'auteure que d'avoir su mettre en avant la liberté humaine et l'absence de fatalité.

Quelques unes de ces nouvelles sont particulièrement tristes, désespérantes. le choix que fait Chitra Banerjee Divakaruni, celui de se montrer sans concessions face à deux sociétés, celle dont elle est issue et celle où elle a émigré à dix-neuf ans, l'oblige à se montrer implacable. L'envie de susciter l'émotion l'a également menée à choisir des destins de femmes qui souffrent. Mais qui, somme toute, souffrent à l'image de chacun sur Terre - certains plus que d'autres.

Et s'il existe dans ce recueil un message plus prégnant que les autres, c'est sans doute celui que la narratrice trouve à l'histoire que lui raconte sa tante dans L'histoire de la servante (une des plus difficiles à encaisser) : ne répétons pas les erreurs de nos parents. Choisissons de ne pas nous laisser enfermer et de ne pas nous enfermer nous-mêmes.
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L'auteur, surtout connue pour son roman "La maîtresse des épices", nous propose ici un très beau recueil de nouvelles sur le thème du mariage et de l'amour.

Ces onze nouvelles décrivent comment les femmes vivent aujourd'hui la tradition du mariage arrangé, tradition toujours vivace en Inde. Qu'elles soient en Inde ou aux Etats-Unis, comment peuvent-elles concilier à la fois l'appartenance à une culture et le respect de la liberté individuelle ? Ces nouvelles offrent de magnifiques portraits de femmes indiennes contemporaines, courageuses et volontaires qui essaient de prendre en main leur destin avec toutes les difficultés que cela comporte. Il n'y a pas de réponse unique, chacune essaiera de se construire un avenir meilleur que ce qu'elle vit aujourd'hui. L'une décidera de quitter l'homme (américain) qu'elle aime parce qu'il refuse de comprendre qu'elle attend l'approbation de sa mère. Une autre, au risque d'être bannie par tous, quittera sa belle-famille où elle habite pour éviter qu'on lui impose un avortement (elle attend une fille). Une autre, qui habite aux Etats-Unis avec son mari indien, ne supportera pas que l'ami d'enfance de son mari vienne s'installer chez eux pendant des mois en recréant le mode de vie indien et l'affirmera haut et fort.



Toutes les histoires de ce recueil sont quasiment des études sociologiques sur le mariage arrangé, le poids des traditions en Inde et le choc subi au contact de la civilisation américaine. L'auteur sait avec beaucoup de sensibilité exprimer la douleur et les questionnements des femmes indiennes d'aujourd'hui, surtout chez celles qui ont adopté un mode de vie américain, c'est une extraordinaire conteuse et j'ai eu l'impression que l'on me racontait des histoires tous ces soirs où j'ai lu ce recueil ! Voilà vraiment une belle manière de découvrir la littérature indienne.
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Dans ce recueil de onze nouvelles, onze femmes connaissent, d'une façon ou d'une autre, la cruelle déception de ce que la culture indienne, et leurs mères, leur faisaient miroiter comme le mariage parfait.
Qu'il s'agisse du mariage conventionnel arrangé par leurs familles, ou de celui qu'elles décident seules, à l'encontre de la tradition familiale ; qu'il les amène à vivre en Amérique, le pays de la liberté, ou en Inde, enfermées dans la servitude des obligations maritales, elles auront, toutes, à éprouver le choc de la désillusion. Parce que leurs maris, tous indiens d'origine, sont violents, autoritaires, machistes, hypocrites, jaloux ou radins et que, quand ils sont bons, ils meurent...
Parce que celles qui ont fui en Amérique, pensant y trouver la liberté et la possibilité de brillantes carrières se retrouvent engluées dans des schémas identiques à ceux de l'Inde ou alors quand elles le sont moins, engluées dans ces schémas, c'est la nostalgie de leur pays d'origine qui les poursuit et les atterre

En véritable conteuse, Divakaruni nous introduit à la vie de ces femmes nées en Inde qui, élevées dans le culte du mariage et le respect des conventions, rêvent d un mariage utopique et enchanté. Dont elles déchanteront toutes...

De ce déchantement, elles sortiront résignées ou refroidies ; prêtes à recommencer, autrement, ou à accepter leur sort..

Certes, les rôles conférés aux mères, soucieuses d'un mariage respectable et de la virginité de leurs filles, ceux prêtés aux hommes, maîtres machistes et incontestés de leurs femmes ; ceux enfin donnés aux femmes, se devant d'être obéissantes envers leurs maris, dévouées et bonnes ménagères, semblent tous stéréotypés, mais tel apparaît bien être le stéréotype d'une culture où les places (et les castes) sont inamovibles.

Par sa prose fluide et enlevée, son style riche et coloré, son talent de conteuse qui nous captive et nous émeut, Divakaruni nous fait partager les aspirations, les émois et les pensées de ces femmes indiennes et nous tient, auprès d'elles, en haleine jusqu'au bout
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Coincée entre modernité et tradition, voici la femme indienne., soumise à la famille de son époux, à son époux. Tant mieux si elle est heureuse mais ce n'est pas ce qui compte.
Ces nouvelles nous présentent les dilemmes de jeunes femmes qui se cherchent et cherchent leurs voies.
Le plus déconcertant est la fin de chaque nouvelle, elle donne un sentiment d'inachevé, m'a laissée sur ma faim.
Vivement ce soir que je lise.
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L'inde, son système de castes, plus vieille démocratie du monde dit-on, ou alors plus grande... On la découvre enfouie sous des tonnes de traditions, d'archaïsmes, de machismes quand on suit, au gré des nouvelles du livre, les rêves de femmes.

Certaines veulent s'émanciper. D'autres se soumettent. Certaines mentent, courbent le dos, d'autres lèvent la tête ou écartent les cuisses. Certaines maintiennent les traditions, d'autres les bousculent. Au risque d'y perdre leur identité. Ou de la gagner.

C'est poignant. le ton est juste. Sans ton moralisateur. Sans jugement. Des portraits de femmes indiennes... et si c'étaient des portraits de femmes, tout simplement? le lecteur aura beau jeu de débusquer la paille qui s'est fichée dans la société indienne, sans voir la poutre qui obscurcit notre société.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Puis, avec l'égocentrisme des jeunes, je m'envole sur les ailes de l'imagination vers des sujets plus exaltants. Je me vois assister à mon cours sur le roman moderne à l'université, habillée d'une veste écossaise et d'une veste assortie. Mes jambes, élégantes dans des bottes qui montent jusqu’aux genoux comme celles que j'ai vues dans un des shows télévisés de l'après-midi qu'affectionne ma tante, sont croisées avec désinvolture. Mes cheveux coupés au carré se balancent autour de mon visage, tandis que je conteste avec brio l'interprétation de la philosophie de Dreiser du séduisant professeur. Je disserte intelligemment sur le personnage de Sister Carrie jusqu'à le rallier à mon opinion, et après le cours, nous allons dîner dans un petit restaurant français tranquille. La lumière des chandelles illumine les cheveux d'un blond roux du professeur, la monture dorée de ses lunettes. Le bord de nos verres à vin. On passe du Chopin en musique de fond quand il m'avoue son admiration, son amour pour moi. Il me glisse au doigt une bague avec des pierres qui étincellent comme ses yeux et me parle des voyages que nous allons faire autour du monde, des livres que nous allons écrire ensemble quand je serai sa femme. (Pas de mariage arrangé comme celui de Tante pour moi!) Après le dîner, il m'emmène dans son appartement surplombant le lac, où clignotent et frissonnent sur l'eau des lumières enchanteresses. Il m'attire, respectueusement mais ardemment sur le divan. Ses lèvres sont chaudes contre ma gorge, son...
Mais ici se tarit mon imagination, conditionnée par une vie entière de censure maternelle.

Trottoirs d'argent, toits d'or
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Sharmila avait pressé sa joue contre la joue ridée du bébé, sur cette peau translucide, délicate tel un papier précieux d'une grande finesse, et m'avait jeté un regard brillant malgré les cernes creusés sous ses yeux. "Je n'aurais jamais cru pouvoir aimer avec cette intensité, cette fulgurance, Mira", avait-elle murmuré. Étonnante confession de la part d'une femme qui avait toujours clamé que ce monde était déjà trop plein de gens pour nous aggravions le problème de la surpopulation ! Preuve que l'amour maternel était une réalité. Une réalité primitive et dangereuse, enfouie quelque part dans les gènes féminins, surtout nos gènes indiens - qui attendaient de passer à l'attaque. J'étais résolue à rester aux aguets.

Une vie parfaite
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Cette année-là, Mère pleurait beaucoup, la nuit. Peut-être avait-elle toujours pleuré, mais c'était la première année où j'étais assez âgée pour m'en apercevoir. Je me réveillais dans l'obscurité chaude de Calcutta et le bruit oppressant de ses pleurs déferlait sur moi, vague après vague, me cernait au point que je n'aurais pu dire d'où il provenait. Les toutes premières fois, je me redressais dans l'étroit lit d'enfant qu'elle s'était mise récemment à partager avec moi et murmurais son nom. Elle m'attirait alors, me tenait serrée contre son corps tremblant et l'odeur humide de talc et d'amidon de son sari m'étouffait si bien que, n'en pouvant plus, au bout d'un moment je commençais à me débattre et à la repousser. Mais elle pleurait de plus belle. Ainsi, j'appris à ne pas bouger et, immobile sous le drap, je m'enfonçais les doigts dans les oreilles pour échapper à ses sanglots. Si je fermais les yeux très fort et les gardais clos assez longtemps, des petits points de lumière apparaissaient sous mes paupières et j'arrivais presque à me persuader que j'étais au milieu des étoiles.

Les chauves-souris
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Dans le miroir, mon visage est bouffi, mes yeux gonflés. Je me regarde fixement, avec le sentiment d'être une parfaite ratée. J'ai perdu mon mari et trahi mon amie, et maintenant, pour couronner le tout, j'ai souillé l'évier de mon vomi en présence de mon fils. Je pense que j'ai tout fait pour être l'épouse et la mère idéale, comme les héroïnes de la mythologie de mon enfance - Sita patiente, fidèle, Kunti altruiste. Pour la première fois, je pense avec stupeur que Mahesh avait peut-être lui aussi une image semblable en tête. Qu'il a peut-être fui pour ne pas rater une dernière occasion de ressembler à Arjun le viril, Bhim le fort. Et, un instant, je ressens de la tristesse pour lui, parce qu'il va se rendre compte, lui aussi, assez vite - un matin en se réveillant près de Jessica, ou en lui jetant un regard de côté tout en garant habilement la Mazda dans un parking - que la vie parfaite est une illusion.

Rendez-vous avec Mrinal
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Puis, soudain, à la manière capricieuse qu'a la pensée de se jouer de nous, apparaît à mes yeux douloureux le beau visage de Bijoy, charmant, rieur, mais - je n'ai jamais admis cela auparavant - implacable. Je me demande si cette histoire ( mais ce n'était pas l'intention de ma tante) est pour moi un avertissement, un aperçu de ce que pourrait être ma propre vie que je croyais avoir façonnée si intelligement, si différement de celle de ma tante, mais qui n'est qu'une répétition, un raga différent, de sa chanson tragique. Peut-être en va-t-il ainsi de toutes les filles, condamnées à choisir pour elles-mêmes, encore et encore, les hommes qui ont détruit leur mères.
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Vidéo de Chitra Banerjee Divakaruni
An Interview with Chitra Banerjee Divakaruni
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