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EAN : 9782021460315
128 pages
Seuil (01/10/2020)
4.38/5   53 notes
Résumé :
« Je m’appelle Gabriel, j’ai 22 ans. Je m’appelle Sébastien, j’ai 30 ans. Je m’appelle Antoine, j’ai 27 ans. Je m’appelle Frédéric, j’ai 36 ans. Je m’appelle Ayhan, j’ai 53 ans. C’était le samedi 24 novembre. C’était le 1er décembre. C’était le 8 décembre. C’était à Bordeaux. C’était à Tours. C’était place Pey-Berland. C’était place Jean-Jaurès. C’était sur le boulevard Roosevelt dans le XVIe arrondissement. Ça s’est passé le 9 février devant l’Assemblée nationale, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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" 5 mains coupées" donne la parole à ceux qui ont été amputés de leur main lors des manifestations des gilets jaunes. Ces 5 personnes ne se connaissent pas, n'habitent pas la même ville n'ont n pas le même métier ni le même âge ni la même vie, ils sont juste là dans une des manifestations pour plus de justice, plus de pouvoir d'achat, pour défendre sans violence leurs idées.
Gabriel Sébastien Antoine, Ayhan, Frédéric vont tous avoir la main droite amputée car ils se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.
Ce n'est pas un plaidoyer contre la police, on ne trouve pas, dans leur parole, de haine envers la police, juste des sentiments d'injustice, d'incompréhension de sidérations et de colère et pourtant c'est bien leur vie qui est complètement bouleversée à tout jamais parce que la police a usé abusivement de son pouvoir, parce qu'elle a l'autorisation d'utiliser des grenades bourrées de TNT véritable arme de guerre .
Sophie Divry donne la parole à 5 de ces victimes. Elle se sent le devoir de dire, de montrer , de dénoncer cette violence. Elle va alors retrouver quelques-unes des victimes et leur faire raconter pour qu'enfin on les écoute puisqu'ils ne l'ont pas été dans la rue. Je terminerai ce billet par une des réflexions de Sophie Divry qui ne peut que nous interpeller si ce n'est déjà fait ...
" Nos gouvernants se sont indignés des tags peinturlurés sur l'Arc de Triomphe le samedi 1er décembre 2018 parce que l'Arc de Triomphe, c'est un symbole de la République. Mais comment osent-ils nous parler de République ? Alors qu'ils ferment des gares et des maternités ? Alors qu'ils attaquent notre système de retraites et qu'ils ont laissé ce clochardiser l'hôpital ? Mais surtout, en quoi la main d'un jeune chaudronnier de 21 ans,une main habile, une main passionnée, n'est-elle pas, davantage même qu'un vieux monument parisien, un symbole de notre République ?"
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"La France a vécu non seulement un mouvement historique, mais une répression de masse. Officiellement : 2500 blessés, 12 000 arrestations. 314 personnes atteintes à la tête par un flash-ball, dont 24 personnes ayant perdu un oeil, Mme Redouane tuée des suites d'une grenade lacrymogène tirée vers sa fenêtre, et, donc, cinq mains coupées."
Tel est, aux yeux de Sophie Divry, journaliste et écrivaine, le bilan "humain" qui résulte de ce qu'on a appelé les "Actes... 1,2,3...15... 25... ) du mouvement des Gilets Jaunes.
Ce faisant, elle a choisi d'écrire un livre témoignage sur cinq de ces Gilets Jaunes qui, en voulant ou pas s'en saisir, ont perdu une de leurs mains après l'explosion d'une grenade (GLI-F4) offensive, lancée par les forces de l'ordre... à des fins... ???
Ces cinq manifestants sont Antoine, étudiant animateur, Bordelais de 27 ans, Frédéric, lamaneur , Girondin de 36 ans, Sébastien, tourneur-fraiseur, Parisien de 30 ans, Gabriel, compagnon chaudronnier, Manceau de 21 ans, Ayhan, ouvrier-syndicaliste en usine, de Saint-Pierre-des-Corps âgé de 53 ans.
Sophie Divry va recueillir et retranscrire fidèlement chacun de leurs cinq témoignages.
Ces témoignages sont structurés sur "un schéma" identique.
Leur identité sociale, économique, professionnelle, familiale, leurs goûts, leurs rêves, la ou les raisons de leur participation à l'un des "Actes" des Gilets Jaunes, les circonstances de "l'accident", la prise en charge de l'urgence, l'hospitalisation, l'intervention ou les interventions chirurgicales, la mutilation, la rééducation, la prothèse, le regard des autres, la réinsertion, la plainte et la décision de justice... les séquelles psychologiques et la survenue ou l'attente du choc post-traumatique.
Il est évident que je ne vois ces hommes que comme des hommes et des hommes victimes... lourdement victimes... de qui ou de quoi ... il ne m'appartient pas de le dire.
Je les plains, je déplore ce qui leur est arrivé et je comprends l'immensité indicible de leur(s) souffrance(s).
Je me propose de présenter un livre... c'est tout.
Ce livre est le réquisitoire partial d'une journaliste qui a d'emblée pris parti pour ce mouvement.
Tout, sans exception est à charge contre Macron, Castaner, Lallement et autres...
Certes, ces responsables ont des responsabilités.
Mais quid d'un mouvement, dès le début, récupéré par l'extrême-droite, les complotistes et les antitout ?
Pour Sophie Divry et ses cinq mutilés... ils allaient quasiment à un pique-nique... c'était bon enfant..."J'étais habillé en noir... c'est ma manière de m'habiller c'est tout, je ne suis pas un black bloc..." .
Pour nous, c'était plus une sortie familiale... quelques projectiles volaient de par derrière, mais rien de bien méchant..."
"Avec des amis, on avait acheté deux douzaines d'oeufs pour lancer sur les policiers, parce qu'on ne se sentait pas de lancer des pavés ! On les a lancés, ces oeufs, c'était rigolo. C'était quelque chose d'un peu potache."
"J'ai un peu tapé sur des panneaux métalliques, mais juste pour faire du bruit".
Donc, rien que des "gentils, venus faire une excursion à Paris ou dans une ville de province... et ignorant que dès les premiers jours, il y a eu des violences et des morts... Gilets Jaunes et non-Gilets Jaunes.
Dès les deux premiers actes, il y a eu des émeutes, des pillages, des actes de vandalisme... bref, une extrême violence.
Dès le début, médias et manifestants ont fait mention des LBD, des granades etc
Et Sophie Divry nous affirme que ces cinq hommes ignoraient tout de la mise à feu et à sang de la France depuis le 18 novembre par 350 000 Gilets Jaunes ( au plus fort du mouvement )... !
Je n'aurai pas la cruauté de rappeler ici qui étaient les figures de proue,, les leaders dudit mouvement, mais cette révolution "à l'envers" conduite par des pieds nickelés extrêmistes, putschistes, complotistes aux QI de bulots, ne pouvait qu'entraîner des braves gens, mus au départ par des revendications légitimes, vers des impasses désastreuses.
Ça aussi, j'aurais aimé le retrouver dans le bouquin de Sophie Divry... qui ne présente qu'une vision, je le répète, à charge contre les autorités... allant jusqu'à dire de manière pathétique qu'une main "habile et passionnée" vaut davantage que le saccage de ce vieux monument qu'est l'Arc de Triomphe.
Et de terminer son réquisitoire ainsi :
"Que va devenir ce pays où on coupe des mains à des ouvriers et à des étudiants ?"
En ce qui me concerne, le parti pris de la journaliste-écrivaine est contre-productif.
Certes, les forces de l'ordre face à un mouvement inédit, réfutant tous les codes, toutes les règles liés au droit à manifester : autorisation, itinéraire, encadrement... préférant l'effet de surprise, jouant la mobilité, la dispersion, le cache-cache, le chat et la souris, se livrant à la guérilla urbaine dans la plus grande pagaille, le plus grand chaos...ces forces de l'ordre ont apporté de mauvaises réponses.
La question est... en l'état que pouvaient-elles faire ?
Laisser le chaos prospérer... pour dériver vers quoi ? Une guerre civile ? Un putsch ?
Les Gilets Jaunes en se lançant dans une aventure à laquelle ni eux ni le pays n'étaient préparés ont ouvert une boîte de Pandore... de laquelle est sorti le pire pour ces cinq mutilés et leurs compagnons éborgnés.
Mais ça, Sophie Divry ne veut pas en entendre parler.
L'Histoire, ou peut-être avant elle, la justice déterminera les responsabilités de chacun.
En attendant, je suis persuadé... je l'ai été depuis le début du mois de novembre 2018... que ce mouvement qui n'a pas voulu se structuter, a payé cher les fruits de son "astructuration".
Pour terminer sur une note un peu plus littéraire, cest cinq témoinages sont proposés sous une forme chorale. Les cinq voix racontent ensemble, indistinctement, créant un effet amplificateur, un effet groupe ou foule, déstabilisant le lecteur qui se sent pris au milieu d'une bousculade.
J'aime et m'efforce de penser contre moi-même, raison pour laquelle j'ai tenu à lire cet ouvrage.
Le choix d'en faire autant ou pas, appartient à chacun d'entre vous...
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Sophie Divry a recueilli le témoignage de cinq manifestants qui ont perdu leur main lors des premières manifestations gilets jaunes.
Je me souviens avoir suivi cela à la télévision et avoir été horrifiée.
Les assauts de la police étaient violents et disproportionnés.
Je ne savais pas alors qu'il y aurait tant de blessés, tant de mains arrachées, dans d'éborgnés.
Des armes de guerre étaient utilisées contre les citoyens.
Du jamais vu.
Ces violences inexpliquées n'ont pas été sanctionnées.
Restent des victimes à vie qui n'auront que leur vie foutue et ni réparations ni excuses.
Comment ne pas être empli de compassion et de révolte en lisant ces témoignages.
Ils sont mêlés les uns aux autres, comme l'était cette foule aux justes revendications.
Ça donne encore plus d'ampleur à leur réalité.
Merci et bravo à Sophie Dibry de leur donner la parole et de faire qu'on ne les oublie pas, et tout mon soutien à eux.
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J'ai commencé ce livre sans bien comprendre au début. Et puis je me suis rendue compte que les cinq témoignages de ces gilets jaunes étaient mélangés. Des phrases qui s'entremêlent. On a du mal à comprendre qui parle. Cela va très vite, à la lecture. Je m'y suis un peu perdue au début, mais ensuite j'ai apprécié ces voix qui disent la manif ( dans des lieux différents) , les mains arrachées, la douleur, la peur, les larmes et cinq vies gâchées. Sans raison, juste une violence voulue et assumée par l'état.
Ces voix sont pondérées, posées, sincères, douloureuses, colères aussi. On ressort de ces 100 pages un peu groggy, totalement écoeuré et sidéré par ces histoires.
Les gilets jaunes ce ne sont pas ce que beaucoup ont voulu faire croire. il y avait des hommes et des femmes qui ont vraiment espéré une vie meilleure, qui ont adhéré à un mouvement pour améliorer leur vie, la nôtre.
Ces voix comme un choeur unique qui racontent et mis en page avec talent par Sophie Divry ont une force bouleversante.
Je n'oublierai pas les mots de Sébastien, Gabriel, Antoine, Frédéric, Ayhan. On ne peut que ressentir de la colère ( et de la peur) pour cet état violent qui utilise des grenades et des LBD sur une foule.
Un court roman, comme un uppercut. Violent et poignant.
A lire absolument.
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"5 droitiers, 5 mains droites arrachées, 5 grenades au TNT, 1 livre fait des récits de 5 gilets jaunes mutilés. Ouvrier, artisan, apprenti, étudiant, amarreur à quai, 5 vies désossées à l'arme de guerre. 22, 27, 30, 36, 53 ans, ceux qui manifestaient pour ne plus être rien sont maintenant handicapés. Voix individuelles regroupées en un choeur, parole restituée, collectif aussi implacable que les 5 doigts d'un poing fermé."
Pierre-Romain Valère dans Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
...ce n'est que dans les romans que les grenades tombent sur les héros. En France aujourd'hui, des grenades offensives tombent sur n'importe qui, sur monsieur Tout-le-monde, sur sa mère, ou sa soeur. Ou pour le dire autrement, "n'importe quel" policier lance des grenades sur "n'importe quel" citoyen. On voudrait se rassurer en pensant qu'elles sont lancées par des policiers excités, ou qu'elles mutilent "des manifestants les prenant volontairement en main" (comme dit le ministre), mais c'est une erreur. A partir du moment où ces armes sont disponibles, leur usage sera dévoyé, et leurs victimes seront tout le monde, vous, moi, nous. (postface, p.119)
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C'est assez ambivalent comme situation. Quand je suis dehors avec la prothèse ca attire le regard, la curiosité et le dialogue. Les gens viennent vers moi, ils me demandent comment ca marche. Ah c'est incroyable.. Tout le monde trouve ca incroyable, j'ai l'impression qu'ils en veulent tous une !
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