AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782882503060
80 pages
Noir sur blanc (19/04/2013)
3.39/5   19 notes
Résumé :
"Journal d’un recommencement" est un regard neuf sur une institution vieillissante, regard posé par la jeune narratrice sur l’Église catholique. Elle s’interroge sur les rituels qui réunissent les chrétiens tous les dimanches, elle qui perçoit sa propre croyance non pas comme un aveuglement mais comme une énigme. À travers le journal de visites paroissiales, alliant introspection et observations teintées d’humour, Sophie Divry parvient à dresser un tableau tout en s... >Voir plus
Que lire après Journal d'un recommencementVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie Masse Critique et les éditions Noir sur Blanc de m'avoir permis de découvrir ce Journal d'un recommencement, que l'on pourrait qualifier de journal d'une personne qui se nourrit de foi chrétienne abandonnée puis retrouvée, de questionnements sur l'institution de l'Eglise, de communion spirituelle avec les autres, d'abandons et de retours...

"Elle voudrait comparer son retour à l'Eglise avec cette image : regardant une nuée d'oiseaux en migration dans le ciel, parfois on pense que l'un d'eux s'éloigne, mais bientôt son ombre noire revient danser avec les autres, sans qu'on sache pourquoi il s'est écarté, ni pourquoi il se confond à nouveau ; le comparer à l'envie de jouer d'un instrument de musique, au besoin de retrouver un ami, à un rendez-vous avec un amant, à l'image de la famille, à une plaie qui se rouvre, à la peau d'un vieillard, à la chaleur d'un animal posé contre son ventre, son retour à l'Eglise ; avec quoi comparer si les mythes ne sont plus possibles. Faut-il seulement comparer".

"Elle pense que Dieu est le nom qu'on peut mettre sur ce qui travaille et constitue la conscience de chacun et qu'en ce sens un Dieu autonome extérieur n'existe pas."

"Elle pense que l'athéisme est une croyance puisqu'il répond à la question de savoir si Dieu existe."
Commenter  J’apprécie          120
Ce livre, c'est une espèce de journal. Les constations d'une jeune femme, son regard sur la vie, l'Eglise, la foi. A 14 ans, elle décide de devenir athée, écrit une lettre à son curé et ferme cette partie de sa vie. Bien des années plus tard, elle se retrouve un beau midi à lire la Bible. A plonger dedans les pieds joints sans se rendre compte de rien. Et là, c'est une révélation. Elle a retrouvé quelque chose, elle se sent à nouveau.. Remplie. Et recommence à aller à l'église tous les dimanches.

Ce sont ses constations donc. Sur les gens, sur les messes dans toutes les églises différentes où elle se rend. Et il y en a, crois-moi. Tout change, tout est profondément différent. La lumière, les fidèles, le curé, les discours, ce qu'on y pense, ce qu'on y dit. le milieu social, les moeurs. C'est au milieu de ce genre de détails que l'on apprend, petit à petit, le parcours de cette jeune femme. Perdue, puis retrouvée. C'est aussi un questionnement constant. Pourquoi se rend-t-elle là-bas? Pourquoi en ressent-elle le besoin?

Pour faire partie de quelque chose de grand? D'une famille? D'une communauté?

Pour ne pas être seule?

"Le noyau des fidèles paroissiens est là; les apéritifs du dimanche midi et les réunions d'organisation liturgique ne suffisent pas à nous dire des amis, mais nous nous reconnaissons; peut-être l'image de la famille correspond-elle le mieux; différent socialement, de tous âges, de tous caractères, nous partageons cette église comme une maison commune; et les dizaines, les centaines de messes vécues ensemble finissent par tisser un lien; lien étrange; d'une nature que je n'avais jamais connue auparavant; que j'imagine ancienne; organique. "

Ou peut-être est-ce ce côté rassurant des choses répétitives, des rituels instaurés que l'on suit, encore et encore. Une routine bienfaisante qui rend la vie plus douce et plus simple.

"Une fois revenue dans l'Eglise catholique je suis allée à la messe tous les dimanches. C'est un besoin désormais enraciné en moi, et cette heure m'est encore plus nécessaire après les émotions imprévues, les journées laborieuses ou les excès. La décantation qui s'opère dans mon esprit; cet effet de ralentissement soudain; cette gymnastique de l'esprit et du rite; ce calme, ce plat, ce noir, ce vide; me procurent un plaisir presque physique. Comme si je m'étais perdue pendant ma semaine et qu'entre ces colonnes je me retrouvais; à moins qu'au contraire une part de moi ne se révèle que dans les outrances et qu'ici le plaisir consiste à oublier, mais comment savoir?"

Malgré cette image vieillotte que l'on pourrait avoir de l'héroïne, c'est une jeune femme somme toute banale. Elle fait la fête, boit, ne dort pas. Et surtout, on ressent une impression de honte. On ressent cette peur de parler de cette foi retrouvée. Cela serait-il aussi le reflet de notre société actuelle? Doit-on avoir honte de croire en quelque chose?

L'écriture de l'auteur est à l'image du roman, unique et moderne, encore une fois. Des phrases à rallonge ponctuées par de nombreux points-virgules. Étrange, agréable.

Nous avons donc ici des questionnements, une recherche profonde et une image intéressante d'un milieu trop critiqué vu par une jeune femme tout à fait normale. Un roman qui pourrait être lourd vu le sujet mais qui est léger et rapide. Un roman dont on ressort la tête plus remplie.. de questions?

Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
Commenter  J’apprécie          60
Rappelez-vous le mot fameux de Baudelaire : « J'ai toujours été étonné qu'on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelle conversation peuvent-elles tenir avec Dieu? ». Eh bien ce livre propose une réponse qui, malheureusement, n'affaiblit pas la pertinente acuité du poète : il semblerait qu'elles n'en tiennent aucune.
Je plaisante à moitié. Observons d'abord, d'un point de vue formel, que ce livre aurait gagné à se défaire de son envoi. Les trois dernières pages, qui tranchent avec le corpus de l'ouvrage, ont le malheur d'enfoncer des portes ouvertes (« l'athéisme est une croyance ») et de mettre à nu la faille fondamentale du livre, son intention : concilier la nostalgie de la messe dominicale (nostalgie de l'enfance ?) avec l'endoctrinement progressiste, révélant une pensée fondamentalement coupée de toute préoccupation théologique. Exemples : « Elle est pour l'ordination des hommes mariés et pour le droit à l'avortement. Elle ne croit pas en l'Immaculée Conception. (…) Elle s'est mariée à l'église et divorcée au tribunal. (…) La religion l'aide dans les chagrins d'amour, moins devant les injustices sociales. (…) Elle n'a jamais compris l'importance de la sainte Trinité. ».
La narratrice affichant sans vergogne « ne pas croire en Dieu mais en l'Homme », on comprend pourquoi ce « Journal d'un recommencement », annoncé comme un retour à l'église, aurait pu être celui d'un retour au Parc Astérix, au Bataclan ou aux clubs échangistes du Cap d'Agde. La narratrice a surtout besoin de chaleur humaine.
C'est dommage, parce que jusque-là, le livre tenait la route. Un peu malgré lui. On pouvait y lire un récit sociologique, du reste sympathique parce que sincère, bien que trop hanté par le spectre de Bourdieu. Un document somme toute formidable pour les historiens du siècle prochain – si notre humanité survit jusque là – témoignant de la désagrégation finale du christianisme en France, dans la ville (Lyon) comme dans la ruralité. Désagrégation, de fait, très bien chroniquée dans le livre, et magnifiquement symbolisée par le livre lui-même. le vrai regret est donc le titre : si j'étais l'éditrice, j'aurais proposé : « Chronique d'une mort annoncée ». Mais on me dit que c'est déjà pris.
©Cendre-Bleue
Commenter  J’apprécie          20
Je viens de terminer la lecture du roman que j'ai reçu dans le cadre de Babelio Masse critique.

A la lecture du résumé, il m'avait interpellée et il a su me tenir en haleine durant toute sa longueur, même si le sujet pourra paraître ennuyeux à certains.

Dans ce livre, l'auteur (ou la narratrice tout simplement, on ne sait pas vraiment), âgée d'une trentaine d'années, nous fait partager son cheminement, son expérience, ses questionnements, son ressenti... par rapport à sa pratique personnelle de sa religion, le catholicisme. Sous la forme d'un journal, elle nous raconte l'évolution de ses expériences au fil du temps. Son regard est plein de lucidité, sur des situations très simples, des scènes quotidiennes que l'on peut vivre lorsque l'on est pratiquant. Ses réflexions sont parfois piquantes.

Il s'agit d'un roman très court mais dont j'ai trouvé la lecture exigeante. Selon moi, chaque mot y a toute son importance. J'ai trouvé très intéressant le fait d'insérer, en italique, des extraits de la Bible ainsi que les phrases rituelles de la messe catholique. le texte prend un sens plus fort. On peut d'ailleurs décider de lire ces phrases en italique de bout en bout, ou bien en faire abstraction durant la lecture du texte.

J'ai trouvé le tout dernier chapitre du livre particulièrement bon (j'avoue l'avoir lu bien avant la fin de ma lecture). La narratrice dresse un portrait d'elle-même en se définissant, en expliquant sa position, la place qu'elle semble tenir au sein de l'Eglise.

Bref, une belle découverte. Un livre tout à fait atypique selon moi. Je l'ai beaucoup apprécié.
Commenter  J’apprécie          40
Sophie Divry, catholique en rupture de bans, renoue avec la religion. Elle prend alors l'habitude d'assister à une messe hebdomadaire. Dans son court récit, elle nous invite à un drôle de voyage à la fois intime et collectif. Entre besoin, dilution, doute, pitié, décomposition, manque et recommencement, comme autant de chapitres, l'auteur passe au crible ses relations avec la foi, sa pratique, celle des autres, dans une société où le catholicisme est en perte de vitesse. Sans illusion, ni prosélytisme, Sophie Divry dresse un état des lieux ambivalent entre aspiration profonde et démythification.
Si son style repose, dans l'ensemble, sur une phrase télégraphique et introspective pour mieux exprimer son ressenti personnel, les deux dernières pages s'achèvent sur un très percutant anti-credo, véritable portrait des contradictions d'une jeune femme d'aujourd'hui.

Lu dans le cadre de Masse critique du 18/05/2013
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
LaPresse
22 juillet 2013
Étrange petit livre, ce Journal d'un recommencement relate le difficile retour à la foi catholique d'une jeune narratrice: pour essayer de (se) comprendre, elle tient un journal des messes auxquelles elle assiste, dimanche après dimanche.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je suis dans mon appartement ; trop fatiguée de ma journée pour recourir à la froide messe d'un dimanche soir ; je décide de prier seule chez moi ; cela vaut mieux que de s'ennuyer dans une messe plate. A dix-neuf heures trente ; allumer une bougie, sortir la Bible ; faire un signe de croix ; commencer quelque chose. Il est extrêmement rare que je prie seule ; une fois ou deux l'an peut-être. Je me promets de le faire plus souvent les jours de grandes résolutions mais je n'y parviens pas. Parce que cela demande un effort important ; créer son propre rituel au lieu d'assister à une célébration préparée ; faiblesse ; fatigue ; ne serait-ce que ranger la table basse. Et puis ; on n'est pas chrétien tout seul : cela, je n'en doute plus ; je n'en doute pas ; de quoi doutais-je déjà ? Elevons notre coeur Nous le tournons vers le Seigneur Bougie ; je lis la Bible au hasard, je chante ; ici je ne risque de déranger personne. Je me concentre pour prier ; ferme les yeux ; me concentre dans le noir des paupières baissées ; j'essaie de n'avoir qu'une seule ligne de pensée ; j'essaie et je cherche ; je cherche à ouvrir une espèce de porte à l'intérieur de quelque chose qui serait moi. De t'offrir notre action de grâces Sans idées, je récite le "Notre Père", plutôt par habitude ; cette prière ne m'évoque rien ; à part cette impression de solidarité propre à toute récitation collective ; je lui préfère le "Je vous salue Marie", il a des accents un peu naïfs qui déclenchent une émotion douce ; il m'arrive de le reconnaître durant les messes, cet état ; cet état de troisième poumon (élargissement du coeur ; satisfaction de soi comme après une grande marche parvenir au sommet ; ivresse légère ; niaiserie assumée ; envie d'être gentille ; douceur au creux du ventre ; comme après un orgasme aussi ; élan vers les autres ; détente des épaules ; sentiment que "Jésus" me connaît ; bonnes résolutions ; apaisement global ; besoin de pardonner ; envie d'être polie ; vague faim, et, le cas échéant, disparition du stress).
Commenter  J’apprécie          122
Je me rappelle ; mon retour à l'Eglise, six années auparavant ; j'assiste de nouveau à un attroupement catholique et je reste surprise. Ces assemblées hebdomadaires, ces gens se regroupant dans des bâtiments austères ; qui ne se connaissent pas ; qui doivent se côtoyer en silence ; pourquoi viennent-ils ; quel est leur intérêt ; ils ne sont là ni pour se distraire, ni pour parler, ni pour apprendre, ni pour consommer. Debout assis debout ; et quand ils chantent ce n'est pas toujours beau. Chacun vient chercher une chose ; les vieilles, une compagnie, une habitude ; d'autres, des textes dits ; de l'intelligence aussi ; est-ce que chacun sait. Moi elle m'a apprivoisée, cette modeste gratuité ; par ces rendez-vous le dimanche matin ; je me suis fait prendre, reprendre. Peut-être y avait-il, déposé au fond de moi, le besoin d'un tel rituel ; besoin d'y participer ; je pensais m'ennuyer mais j'avais sous-estimé la force de ce charisme froid, sans sympathie, sans plaisir et sans utilité ; sous-estimé la puissance de cette liesse plate qui m'anesthésie l'esprit ; là ; qui tendrement m'envahit et une heure plus tard me laisse avec le sentiment de ressortir moins bête, plus calme et plus humaine. Mais c'est sans doute un effet de ma croyance qui me fait écrire cela.
Commenter  J’apprécie          153
Jadis les églises avaient davantage les moyens d'impressionner les gens : morceaux d'orgue assourdissants, flopée d'enfants de choeur, grandes chasubles, nuages d'encens et terribles sermons prononcés d'une hauteur. Ces moyens permettaient d'asseoir une autorité ; avant. Quand cela s'est-il arrêté ? Je me le demande aujourd'hui ; tandis que l'organiste emplit l'église de sons si longs, si fors, si puissants qu'ils soufflent les conversations ; soufflent ; et qu'à leur arrêt l'assistance se trouve surprise, silencieuse, prête à recevoir "La Parole". C'est l'effet escompté. Un temps les gens restent graves. Puis les choses reprennent leur tour ordinaire : le sermon nul, les chants faibles ; une messe du dimanche soir exécutée à la va-vite par des prêtres un peu las, écoutée sans attention par ceux qui ont raté celle du matin pour avoir trop dormi. L'indifférence est générale ; le spectacle, inintéressant. Je me trompe peut-être en disant que la pompe catholique n'existe plus ; lors des grandes fêtes ou dans les paroisses traditionalistes, on la retrouve ; il semble pourtant que personne n'est dupe ; c'est du "comme si" ; artifices regardés avec curiosité, voire photographiés ; ce n'est plus qu'une trace, un souvenir ; un remake en somme. A quel moment est-on passé sur ce point du naturel au surfait ?
Commenter  J’apprécie          140
Ma dernière confession a lieu dans l'église de mes parents ; je suis assise sur une chaise en plastique en face du prêtre chargé du catéchisme ; l'homme m'écoute le front incliné vers le sol, sans prononcer un mot ; j'avoue quelques méchancetés d'enfant ; bientôt je ne sais plus quoi dire ; je suis à court ; mais son silence dure, m'affole, alors j'invente, j'invente ; sans doute ai-je fini par me taire et m'a t-on donné une prière à réciter, des bonnes résolutions à formuler ; aucun jugement ni punition ; mais je me souviens du silence et de mon angoisse devant cette écoute sans fin. J'avais dix ans. Depuis rien. Comme l'immense majorité de mes coreligionnaires, j'ai déserté sans regret cette pratique. Aller en confession, ce serait surfait, ce serait de l'imitation, faire ouvrir une table de jeu quand il n'y a plus de joueurs.
Commenter  J’apprécie          70
Sans doute nos anciens savaient nommer ces émotions : béatitude, grâce, oraison, mais là ; cette musique ; cette douceur ; cet échec pour les dire. Ainsi de toutes ces questions transmises de génération en génération , « vivre en conformité avec l’évangile », ces voyages dans l’âme, ces combats du tréfonds : chacun les saisit par ses propres moyens, de plus en plus faibles ; les réponses ; de plus en plus obscures ; nous sommes balbutiants ; car s’il n’y a plus de mots, notre for intérieur, comment survivra-t-il ? Ainsi de mon ignorance devant cette musique que je ne peux nommer ; qui correspond pourtant à un dépôt de mémoire en moi ; un dépôt que d’autres auraient laissé et que j’écoute sans comprendre.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Sophie Divry (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Divry
L’art de (bien) faire l’amour
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1815 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}