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3,68

sur 306 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Retrouver Sophie Divry romancière est un plaisir car elle m'avait surpris dans La cote 400 puis amusé avec Quand le diable sortit de la salle de bain. Ensuite, dans Rouvrir le roman, elle avait développé ses idées, au plus près de son métier d'autrice. La revoilà donc avec Trois fois la fin du monde, roman d'anticipation plein d'enseignements.

Comme le titre l'indique, le monde va s'effondrer trois fois pour le héros dont le nom complet n'est pas tout de suite délivré. Par contre, sa première épreuve, la prison, est terrible et c'est bien que Sophie Divry rappelle tout ce que cette épreuve fait subir à des êtres humains, coupables ou innocents : « L'horreur de la prison s'immisce en moi. Je n'arrive pas à me rendormir. »
Il faut lire ce qui se passe derrière ces murs, ce qui va bien au-delà de la privation de liberté. Sophie Divry le fait bien et ne se prive pas de dire tout ce que son héros subit de la part de ses congénères mais, pire encore, de la part de ses geôliers.
Intitulée La catastrophe, la seconde partie m'a plongé en plein accident nucléaire dont seuls quelques immunisés ont pu survivre. Notre homme est toujours là, se défend et ne veut plus se laisser prendre car il a pu échapper à l'horreur de l'enfermement et se retrouve livré à lui-même.
Alternant descriptions et pensées de son héros, Sophie Divry nous fait partager la vie de ce Solitaire qui tente de survivre, même si cette solitude lui pèse. Nous sommes dans le Lot, sur le causse où toutes les interdictions, panneaux divers et variés, paraissent complètement ridicules.
Enfin, c'est une véritable ode à la nature, cette nature que découvre notre homme, dans cette ferme où il a élu domicile. Dès qu'il peut écouter de la musique, grâce à des piles récupérées, la vie repart avec émotions, travaux saisonniers et approvisionnement dans les maisons abandonnées. L'hiver est une rude épreuve mais quelles pages merveilleuses sur le printemps ensuite ! Magnifiquement décrit, si bien mené, c'en est juste sublime de clarté et de justesse.

Même si elle nous laisse un peu en suspens, Sophie Divry mène son roman avec talent, combinant habilement séquences traumatisantes, très dures, puis avec cette nature qui reprend le dessus quand l'homme disparaît. Quant au héros, personnage attachant victime de la bêtise humaine, de l'incarcération abrutissante, il se révèle un compagnon de lecture passionnant. Sa façon de récréer un petit monde autour de lui avec Fine, sa chatte, et Chocolat, son mouton, émeuvent et ouvrent en même temps les yeux sur tout ce que nous avons oublié dans notre mode de vie dit moderne.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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(Lu dans le cadre des Masses critiques Privilège)

Joseph Kamal, 22 ans. Un parcours scolaire ordinaire. Bachelier. Apprécié dans la boîte d'intérim où il travaille. Une petite vie sans histoires. Jusqu'à ce coup de main donné à son frère Tonio, sa seule famille, délinquant, braqueur, récidiviste, jusqu'à cet excès d'amour, de solidarité fraternelle, et sa vie qui bascule brutalement : son frère abattu sous ses yeux par la police, et son incarcération pour complicité de braquage.

Commence alors pour notre héros une longue descente aux enfers, qui va durer trois ans : la prison, où il fait le deuil de sa pureté et de son innocence, où il découvre la violence extrême et gratuite des matons comme de ses co-détenus, l'humiliation et la loi du plus fort. Un enfer où il apprend la haine. Une haine absolue, totale.

Et puis… coup de théâtre. Une explosion nucléaire, la “Fissure”, qui détruit la moitié de l'humanité. Evacuation de la prison. Evasion. Et une nouvelle vie qui commence. Une vie différente. Avec cette haine, toujours, fichée au plus profond du coeur. Brûlante. “Emmitouflé dans ses laines, Joseph regarde la fin de l'homme. Parce que, là-haut, il en est sûr, il n'y a plus d'hommes, enfin. Il faudrait parvenir à détruire ce monde.”
La haine. La peur. La solitude. La survie. le meurtre, aussi. Et le besoin de tendresse, inconscient mais intact.

Dans ce monde déserté où seuls subsistent de l'ordre ancien des panneaux dérisoires (“Défense de stationner”, “Attention alarmes”, “Propriété privée”...), il creuse le sillon de sa solitude, de sa liberté fragile et possiblement menacée, et naît lentement à un autre lui-même : “Il est là, sans pensée aucune (...) Il n'est pas dans un pays étranger, mais dans un pays parallèle. Un monde sans ces hommes et ces femmes-ci. Un monde de chênes et de pins, un monde qui griffe, qui chante, qui cailloute et cogne avec le soleil, un monde qui bruisse sous l'eau, et maintenant broute. C'est dans la grande Zone du contre-monde, son Domaine à lui.”

Seul avec lui-même, dans la simplicité de la nature, dans l'amitié des arbres, de la pluie et de quelques bêtes survivantes (un mouton, des oiseaux, des chats), est-il sur le chemin d'un apaisement, d'une forme de pardon, de reconstruction, de rédemption, peut-être ? Ce serait sans compter avec l'intelligence du récit dont fait preuve Sophie Divry. “Trois fois la fin du monde”... Après l'incarcération, après la Fissure, il y aura bien pour Joseph une troisième “fin du monde”, un désastre absolu qui viendra clore ce récit intense et bouleversant… dont je vous laisse découvrir la fin.

J'ai vraiment tout aimé de ce roman crépusculaire que j'ai lu d'une traite et quitté avec peine, le coeur serré : sa langue -ou plutôt ses langues- (celle de Joseph, tendance “9-3” contrastant fortement avec celle, somptueuse, de l'auteur), sa construction, la véracité des personnages, comme la finesse des analyses psychologiques et des situations, la poésie sensuelle et forte avec laquelle sont rendus (un peu comme chez René Frégni ou Christian Bobin) ces petits “riens”, si importants, de la nature. Et j'ai beaucoup aimé également l'originalité de ce livre qui n'est ni un récit carcéral, ni un roman post-apocalyptique… mais un “objet littéraire” un peu à part, une forme de quête personnelle à la fois lumineuse et sombre, une exploration tout en finesse de la solitude extrême et du chagrin, qui m'a beaucoup touchée.

Pour cet excellent moment de lecture, un grand merci à Babelio, aux éditions Noir sur Blanc… et à Sophie Divry, un auteur que je ne connaissais pas et dont il me tarde de découvrir les précédents romans !
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Avec « Trois fois la fin du monde » , Sophie Divry nous embarque non pas dans un mais deux univers bien particuliers, deux univers diamétralement opposés où la liberté est complètement brimée pour ne pas dire absente dans un et presque infinie dans l'autre
La question de la promiscuité est traitée avec dureté lorsque Joseph se retrouve en prison suite à un braquage avec son frère qui a mal tourné. Ce sera la première fin du monde pour Joseph puisqu'il aura perdu son frère. Puis après une catastrophe nucléaire, la deuxième fin du monde arrive et un contraste saisissant se fait sentir, de la promiscuité Joseph se retrouve seul.
Joseph va devoir s'organiser pour vivre et va alors devenir une sorte de Robinson. Cette partie est décrite avec beaucoup de poésie, on prend plaisir à contempler avec joseph cette nature fascinante au gré des saisons. Mais cette liberté n'est pas si facile à vivre quand on est seul. La liberté parmi une foule de gens n'est pas la liberté dans la solitude et ici Sophie Divry nous amène à réfléchir sur l'Homme et sa « nature », la nécessité de l'autre, de l'humanité.
La fin du livre nous amène à considérer la troisième fin du monde qui nous est annoncée dans le titre.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'incite fortement à découvrir les autres romans de Sophie Divry.
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Dans la première partie du récit, un jeune homme se retrouve en prison pour avoir assisté son frère lors d'un hold-up. La vie quotidienne dans ce sombre lieu est un vrai calvaire pour lui, victime de la violence des uns et des autres.
Dans la deuxième partie, il se retrouve libre après une catastrophe nucléaire dont il est un des rares survivants. Nous assistons à l'organisation de sa vie de solitaire, entouré de quelques animaux, qu'il affectionne particulièrement.
Le titre peut s'expliquer par les trois bouleversements majeurs que connait notre héros (ou plutôt anti-héros).
J'espère que le milieu carcéral français n'est pas aussi dur que le laisse supposer cette description, mais j'ai bien peur qu'il s'en approche.
Les passages concernant la nature sont très beaux. Les efforts qu'il fait pour subvenir à ses besoins sont émouvants, tout comme le lien qui unit Joseph et ses animaux. J'ai eu le coeur serré à plusieurs moments de ma lecture.
C'est jusqu'ici le meilleur livre que j'ai lu de cette autrice (je n'avais pas du tout apprécié "La condition pavillonnaire", j'ai eu cependant raison de persévérer).
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Ce livre était le dernier de ma PAL. Vendredi 24 Sophie Divry était l'invitée de la médiathèque de ma ville dans le cadre des "Assises Internationales du Roman". Manque de chance, elle a eu un malaise et la rencontre a été annulée. du coup, ce livre s'est retrouvé le premier de ma PAL.
Joseph Kamal a fait une grosse bêtise qui va lui coûter très cher car il se retrouve en prison, en enfer.
Sauvé par le Désastre qui a frappé la Terre, vient la délivrance, le paradis.
Après toute cette promiscuité, il apprécie sa solitude avec pour seuls compagnons un mouton et un chat.
Mais après quelque temps de joies et de peines va-t-il rester au paradis ou se retrouver en enfer ? Telle est la question.
J'ai beaucoup aimé ce livre grâce à l'écriture lumineuse de Sophie Divry. C'est un délice, une gourmandise. J'en redemande.
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Joseph Kamal a suivi son frère pour faire le casse d'une bijouterie. Résultat : Tonio, le frérot est mort et Joseph se retrouve en prison. La prison c'est un coup de massue : le début de l'horreur entre la violence des gardiens et celle de ses codétenus, il ne sait plus où donner de la tête. Puis, il y a la Catastrophe, l'explosion d'une centrale nucléaire. Beaucoup de gens meurent, lui, il survit. Il se réfugie dans une maison de campagne, loin de tous.
Trois fois la fin du monde, trois épreuves pour Kamal qui tente de garder la tête haute et de préserver sa liberté dans sa cage dorée dont il craint de sortir. Ca m'a fait penser à le mur invisible de Marlen Haushofer, les deux livres évoquent l'enfermement dans un endroit ouvert, même si pour Joseph Kamal, celui-ci est en partie volontaire pour sauver sa liberté, ne pas être sous la contrainte. Les deux personnages des deux romans se créent leurs environnements et leurs animaux domestiques respectifs.
Il reste tout de même bien différent, mais tout aussi prenant, Sophie Divry alterne le narrateur extérieur et Kamal qui se s'extasie sur des petits riens, avec son langage de cité : des truites mis en élevage, la construction d'une barrière... Un livre qui peut faire peur car il s'élève contre le danger du progrès mais le réconcilie avec la beauté (et la cruauté) de la nature.
Merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc pour cette belle découverte, il me tarde de lire d'autres livres de Sophie Divry.
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Suite à un braquage où son frère a été tué, Joseph se retrouve en prison.
La violence de l'institution, l'absurdité des ordres et l'implacable hiérarchie entre détenus le frappent de plein fouet et il va essayer de se créer une armure pour survivre physiquement et psychologiquement dans cet enfer.
Mais, seconde partie du livre, un accident nucléaire a détruit tout son environnement et il se retrouve seul dans la zone interdite.
Là, en pleine, nature, il va faire l'expérience de la solitude et de la survie, comme un Robinson moderne.
Lui qui avait tant souffert de la promiscuité en prison et de la violence des hommes, il va devoir apprendre à vivre seul et à apprivoiser la nature qui sait aussi être violente.

Dans ce livre que j'ai lu comme une fable, Sophie Divy a su parfaitement créer des atmosphères différentes dans les deux parties du récit, notamment grâce à un style subtil.
A la violence du langage du début, succède un lyrisme et une prose poétique pour la seconde partie.
La nature est magnifiquement décrite et les sensations de Joseph au milieu des arbres, des champs et près de la rivière sont très réussies.
J'ai eu l'occasion d'en faire lire des extraits lors de « La nuit de la lecture » et la lecture à voix haute a encore magnifié la beauté du style.
Un coup de coeur donc pour ce roman très original sur le thème « l'enfer c'est les autres », mais tout seul c'est pas facile non plus … ;-)
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"Trois fois la fin du monde" est un roman doux amer, on y voit la cruauté de l'humanité, la solitude morale, l'enfermement, puis viennent la liberté, la reconstruction de soi, et toujours cette solitude, plus douce, différente, mais tout de même très présente, l'espoir ou l'illusion d'une vie meilleure, plus simple, en paix, puis vient les remises en question, le besoin de vie humaine.

Différents grands thèmes sont abordés dans ce roman, tout d'abord la prison, l'incarcération et les dérives diverses que l'on y trouve, la corruption, la tromperie, la loi du plus fort, ou du plus malin, les humiliations, les abus de pouvoirs.
Ensuite la liberté. Mais qu'est-ce que la liberté quand on se retrouve seul au monde, sans humains, sans toutes les choses qui définissent notre époque et de quelle façon se reconstruire après une catastrophe ?
Le besoin de vie, qu'importe sa nature, hommes, animaux, qui sera le plus à même de redonner vie aux yeux de celui qui n'a plus confiance en rien.

"Trois fois la fin du monde" n'est pas un roman post-apocalyptique, c'est une réflexion sur l'homme et sa condition, sur la nature, sur la planète, c'est un roman fort qui ne peut laisser indifférent et c'est mon premier coup de coeur de cette rentrée littéraire 2018.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Noir sur blanc et Babelio pour l'opération Masse critique qui m'a permis de découvrir cette auteure.

Trois fois la fin du monde. Pourquoi pas deux ou simplement une ?
Parce que dan la vie de Joseph Kamal, dans son long parcours vers la rédemption il fallait qu'il chute trois fois pour se relever.
Mais quelles chutes !
D'abord la prison ; pris en flagrant délit suite à un braquage qui a mal tourné (son frère y perdra la vie) Jo se retrouve dans le milieu carcéral où son monde pour la première fois s'écroule. Déshumanisé, brutalisé, avili, le héros mourra et deviendra autre. Ce parcours initiatique éliminera en lui tout espoir envers les hommes.
Puis viendra la Catastrophe. Salvatrice. La liberté retrouvée, Joseph se transformera en paysan d'opportunité, s'obligeant aux arts ancestraux de la culture des sols avant de soi-même se cultiver. Ses animaux le ramèneront vers l'amour des autres.
Enfin, l'incendie, catastrophe de petite échelle, dévoilera le regard de Joseph sur son avenir. Seul, ignoré du monde sauvage dans lequel il vit, il fera le constat brutal que la vie est trop dure sans autrui. Un signe dans le ciel, mystique, le guidera.
D'une puissance insoupçonné, Trois fois la fin du monde est un roman d'anticipation, de survie. Superbement écrit, il ne peut laisser indifférent le lecteur. La première partie du récit fait froid dans le dos. L'univers carcéral est parfaitement retranscris dans sa violence psychologique. La terreur qu'il inspire paraît juste.
La deuxième partie fait un peu penser au roman de Marlen Haushoferle mur invisible. On a parfois l'impression, comme le héros d'ailleurs, qu'un mur le sépare du reste du monde et d'observer Jo dans une immense cage vivarium où des éléments sont ajoutés avec minutie.
La troisième partie, la plus courte, laisse le lecteur pensif. Tout ça pour ça finalement ?
Mais oui, le chemin de la rédemption est parfois long et tortueux. le parcours de Joseph ne ressemble à nul autre pareil et en cela il est magnifique.
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Trois fois la fin du monde. Joseph K l'aura vécue trois fois.

La fin de son monde à lui, brisé par la Prison.
Plus de famille, plus de frère, plus d'amis. Ne reste que la violence.

La fin d'un monde, dévasté par la Catastrophe.
Plus d'humanité. Ne reste que quelques survivants.

La fin d'un homme ?
Survivre. Apprivoiser la Nature. Surmonter la solitude.

Un roman de science-fiction court et efficace, troublant mais n'est-ce pas là justement la patte de Sophie Divry ?

Du Tout au Rien, à moins que ce ne soit le contraire… Il y avait les hommes et leur inhumanité, ce qui les a conduits à disparaître, laissant place à un monde vierge de toute cruauté. Joseph peut enfin goûter à la liberté, à une solitude tant rêvée qu'elle pourrait être synonyme de bonheur, lui apportant apaisement et quiétude.
Si ce n'est que… se confronter seul à une Nature qui reprend ses droits, c'est dur, surtout quand on n'y est pas préparé. Il faut vaincre ses peurs, abandonner ses colères, se défaire de tout contact social, au risque de côtoyer sa propre folie.

Un livre d'une grande poésie, à portée philosophique.
Sophie Divry possède ce talent rare d'écrire avec une grande justesse les états émotionnels, depuis une palette large pour ne garder sur le final que les fondamentaux.

J'ai aimé. Beaucoup aimé.
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