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EAN : 9782290003558
223 pages
J'ai lu (28/09/2007)
3.88/5   73 notes
Résumé :
" Elle était sale, elle était laide, elle sentait le tabac à priser. Elle, c'était la mère Suprin, la concierge. Daumier avait dû la dessiner pour Le Charivari et depuis, elle était restée, méchante et rusée, dans sa loge du 249. Trois chiffres incrustés dans ma mémoire qui situent l'immeuble du faubourg Saint-Antoine où j'ai passé ma jeunesse. " Quand son père rentre de la guerre en 1918 et reprend ses outils de sculpteur sur bois, c'est l'occasion pour le petit J... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre est une biographie romancée : «249, faubourg Saint-Antoine est le livre d'une maison et d'une famille au temps où ce faubourg avait une âme, celle des gens du bois, des descendants de Boulle, de Riesener, de Jacob. Ces pages arrachées à un passé déjà bien estompé - le récit débute en 1914 - ne sont pas des mémoires. le ‘'je'' est certes un peu moi mais aussi un autre, plutôt des autres. Et si Jean-Baptiste Benoist, la plus ‘'fine lame'' des sculpteurs sur bois, collectionneur fantasque, chef de famille et mari exemplaire, ressemble à Jean-Baptiste Diwo, mon père, il reste un personnage largement imaginaire, comme les autres acteurs de cette comédie parisienne. Car à travers eux, j'ai souhaité retrouver l'atmosphère si particulière de mon enfance, les copeaux, le bruit de la varlope et l'odeur de la colle d'un quartier aujourd'hui disparu.»

Bien qu'à 30 ans de distance, j'ai retrouvé les souvenirs d'une enfance partagée entre ville et campagne dans un foyer uni avec un grand frère protecteur, des parents stricts sur le comportement mais soucieux de développement intellectuel («un homme qui ne lit pas mène une vie d'estropié»), des oncles et tantes proches et bienveillants, des réunions de famille ; sans parler de l'école primaire (avec maître en blouse), les récréations et les trajets maison-école avec les amis et les distractions sur le chemin (le couteau suisse dans une vitrine, le gâteau alléchant dans tel autre, les arômes s'échappant de l'épicerie et qui donnaient faim, etc…)
Jean Diwo aime son quartier d'enfance et en parle magnifiquement : le faubourg Saint Antoine, les marchés et brocantes de la place d'Aligre, l'univers du bois et des sculpteurs sur bois, un quartier populaire entre Bastille et Nation... il fait revivre un Paris qui n'existe plus.

C'est l'évocation de la Grande Guerre, du régiment d'aérostiers auquel appartenait le père du narrateur et de la mort de Roland Garros. C'est l'apparition de l'automobile, du cinéma parlant, du mobilier industriel et de ses marchands. C'est le branchement de l'électricité dans les appartements et l'installation du chauffage central. C'est le Paris de l'entre deux guerres où les gens riches et les célébrités vont s''encanailler'' dans les dancings des quartiers populaires.
Subsidiairement, j'ai appris l'existence d'un petit métier que je ne connaissais pas : le marchand d'arlequins…

J'ai découvert Jean Diwo, écrivain, avec ce roman. Je n'ai guère envie de lire la suite, ‘'Le jeune homme en culotte de golfe'' car je n'y retrouverais probablement pas les similitudes de parcours d'enfance qui m'ont tant plu. Mais je vais sortir ‘'Les violons du roi'' de ma PAL pour le lire à brefs délais…
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On connaît plusieurs romans de Jean Diwo dont l'intrigue se situe dans le monde des artisans du meuble du Faubourg Saint-Antoine. Cette fois, il s'agit d'une « presque » autobiographie, un peu revisitée mais sans doute proche du vécu de l'auteur. Fils d'un sculpteur sur bois, ces maîtres du ciseau et de la gouge, il raconte la vie de Jean Benoist, de sa naissance à l'âge presque adulte.

Je retrouve avec bonheur ce quartier et ces artisans que je connais bien pour y avoir vécu dans un monde où la perfection du travail d'artisan est une quête quotidienne. En revanche, il me semble que Jean Diwo passe un peu trop sous silence les difficultés de ces artisans, victimes de la massification de la production (merci Ikéa et consorts), des difficultés financières des clients, partant, des artisans eux-mêmes, du désintérêt pour « la belle ouvrage » au profit de réalisations fonctionnelles et peu onéreuses.

Jean vit entre des parents attentifs, bienveillants, des frères gentils et soucieux de son bien-être, une famille chaleureuse et désireuse de réussir, ce qui n'implique pas seulement une certaine ascension sociale mais aussi l'accomplissement d'une vie intéressante et utile. Ainsi, le père, dit « le chef » par les aînés, ne conçoit pas la vie sans lecture, sans musique (il ira jusqu'à acheter un violoncelle mis en scène avec support, archet et partition devant la fenêtre!). Il fait aussi donner des cours de violon à Jean, sans grand succès.

Ce qui frappe aussi, outre le clan familial, c'est la notion d'immeuble, lieu de toute une vie sociale : on se connaît, on se parle, le voisin M. Laurent guette Jean tous les soirs pour lui raconter des histoires, la gardienne sent fort et est revêche comme une vraie Pipelette mais on l'aime bien quand même. C'est tout un petit monde qui vit là. le quartier lui-même est dépeint comme une collectivité spécifique : il y a à droite ou à gauche quand on sort de l'immeuble, direction Nation ou Bastille, ce n'est pas la même chose. les boutiques insipides d'un côté, les ateliers d'artisans de l'autre.

A l'heure de l'hyper communication via les réseaux sociaux, il me semble que les relations sont bien plus frileuses entre les êtres humains. Quand on pense que les « gilets jaunes » affirment adorer trouver des contacts et de la chaleur humaine avec leurs congénères sur les ronds-points !

Nous sommes en 1920, l'Art Déco s'empare du milieu artistique, les ébénistes parviennent à suivre, les sculpteurs sur bois beaucoup moins puisque les lignes s'épurent et qu'on cherche un retour à la simplicité classique. Leleu et Ruhlmann s'imposent tandis que Riesener et Oeben, créateurs du superbe bureau de Louis XV, sont relégués au musée du Louvre.

Les Benoist vivent bien cependant : électricité dans la maison (un grand jour que celui du branchement!), résidence secondaire pour les week-end et les étés à La Varenne (aujourd'hui, banlieue peuplée de Parisiens qui font deux heures de RER chaque jour).

Dans ce milieu chaleureux, Jean réussit bien à l'école, au collège Charles Baudelaire (que j'ai fréquenté, enfin, celui des filles, évidemment), puis au lycée Arago. Il fait des études correctes et aura sans doute une bonne situation.

Un livre qui forcément m'a touchée, mais aussi qui est intéressant par la restitution d'un monde qu'il propose, monde aujourd'hui presque disparu mais pas tout-à-fait. Il reste encore des artisans du meuble dans le faubourg, même si les ateliers se sont souvent métamorphosés en lofts pour Parisiens de fraîche date.
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Une fois de plus je suis sorti de mes classiques Policiers-Thrillers en ayant choisi (il a 2 ans et demi !) ce petit joyau de la littérature française. Jean Diwo évoque son enfance au début du siècle dernier au 249 faubourg St Antoine. Même si le récit est en grande partie romancée, ponctuée de faits et de personnages imaginaires, on ressent très bien l'ambiance de l'époque, les joies et les peines

L'absence du père parti à la guerre, son retour, la reprise d'une vie « normale » après la grande guerre, les hobbies de l'époque, le début de l'automobile, la vie à l'école, les premiers émois amoureux : tout est admirablement décrit avec beaucoup de chaleur.

J'aime beaucoup de style de lecture, je vais essayer d'en trouver d'autres. Il me semble avoir encore dans ma PAL plusieurs livres de Marie Paul Armand dont « La Courée » m'avait bien plu.
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Jean Diwo avait l'art sur la base d'une documentation scrupuleuse de raconter l'histoire et la vie quotidienne sous la forme romanesque. Mais c'était aussi un enfant du siècle. C'est son histoire qu'il raconte là. Sa jeunesse parisienne, dans le quartier du faubourg Sain-Antoine explique sa fascination pour les métiers du bois, des artistes du mobilier aux luthiers. Un livre sympathique et frais.
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c'est un délice de se perdre dans les souvenirs de cet écrivain sensible. Il se prête au jeu de faire revivre ses souvenirs dans le quartier des métiers du bois à Paris. On croit rêver de voir cette famille qui semble tellement unie. Ce bouquin fait furieusement penser aux souvenirs d'enfance de Pagnol, pour n'être pas de la même région, ces deux auteurs n'en sont pas moins aussi poétiques l'un que l'autre et cette tranche de vie est vraiment un régal. Tout y a la fraîcheur, la tendresse parfois l'espièglerie de l'enfance... On en rêve.
Saluons ici cet écrivain qui nous a quitté en juin 2011 et qui vient de nous laisser une merveilleuse carte postale.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Elle était sale, elle était laide, elle sentait le tabac à priser. Elle, c'était la mère Suprin, la concierge. Daumier avait dù la dessiner pour le Charivari et depuis, elle était restée méchante et rusée, dans sa loge du 249. Trois chiffres incrustés dans ma mémoire qui situent l'immeuble du faubourg Saint-Antoine où j'ai passé ma jeunesse."
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(Le père du narrateur l’emmène pour la première fois à la bibliothèque municipale)

Ce fut un éblouissement. De cet instant date, je crois, la passion qui m’a conduit sur les chemins magiques des bibliothèques. Aucune autre, même la Mazarine, la Nationale, la Vaticane ou celle du Congrès à Washington ne m’a paru aussi intimidante que la municipale de la rue Titon découverte à huit ans. Une pièce, une seule, celle-là, me parut vaste et sonore comme une cathédrale, cernée par des murs de livres si hauts qu’il fallait user de grands escaliers à roulettes pour y accéder. Deux femmes et deux hommes, perdus dans ces sommets, cherchaient avec application le volume relié de toile rouge qui allait leur apporter un bonheur que la vie peut-être leur refusait.
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Un homme qui ne lit pas mène une vie d'estropié.
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"Chez Lipp" livre de Jean DIWO
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