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Critique de Meps


Deuxième lecture de Chahdortt Djavann pour moi et deuxième bonne expérience. J'ai tout simplement dévoré le livre en une journée. Merci à Net Galley et aux éditions Grasset pour cette journée littéraire.

La construction que l'auteure impose à ses livres est bien huilée avec des passages autobiographiques qu'elle entrecroise avec des portraits de femmes iraniennes qui lui permettent de mieux décrire la condition des femmes dans son pays d'origine. On pourrait penser que c'est donc la question du genre qui obsède Djavann mais pour moi elle sait surtout bien conjuguer le singulier au pluriel. C'est par le récit individuel multiplié qu'elle parvient à un portrait réaliste, ne se privant pas non plus d'ajouter ses propres réflexions. Elle nous livre donc un objet hybride, entre témoignage et roman, avec en plus le choix de s'adresser régulièrement directement à son lecteur. Comme pour le théâtre moderne, c'est ici le quatrième mur de la page qu'elle brise pour s'adresser directement à nous, pour nous prendre à témoin, pour que nous ne puissions pas dire que nous ne savions pas.

Le livre de cette exilée n'est pourtant qu'une grande lettre d'amour à son pays, ses traditions, son histoire, ses paysages, ses habitants et en même temps un brûlot révolutionnaire contre un régime qui l'aura obligé à le quitter et aura imprimé sa marque indélébile sur sa vie. La découverte plus intime de l'Iran qu'elle permet ainsi m'a vraiment passionné, moi qui ai toujours eu un intérêt prononcé pour ce pays si particulier, musulman mais avec une tradition religieuse antérieure bien présente (le zoroastrisme). La partie finale est totalement en adéquation avec l'écrivain, qui décide de s'affranchir de toutes les règles du récit tout en prenant la précaution d'en avertir son lecteur. On finit la lecture interdit, se demandant si elle tient du rêve, de l'utopie, de la recréation de réalité...

A l'image du titre provocateur de son roman précédent "Les putes voilées n'iront jamais au paradis", les livres de Djavann ne peuvent laisser indifférent. Sa sincérité et les horreurs qu'elle pointe du doigt, du sort réservé aux enfants des rues aux violences faites aux femmes en Iran, m'ont touché au coeur et me donnent envie d'aller découvrir ses précédents ouvrages pour voir comment l'auteure s'est construite.
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