AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 90 notes
5
5 avis
4
13 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
...Après les vrais coup de poing, coup de foudre et coup de coeur... de "ma" première lecture de cette auteure "Les putes voilées n'iront jamais au paradis", j'ai emprunté à la médiathèque trois autres textes , antérieurs... dont celui-ci... en attendant de dénicher un autre de ses ouvrages,tout aussi interpellant ,sur la condition des femmes, "Bas les voiles"...

Beaucoup d'émotion à découvrir le premier texte de cette auteure, à forte consonance autobiographique...tout ceci, exprimé dans la belle langue française...langue envers laquelle Chahdortt Djavann rend un très bel hommage ainsi que dans "La dernière séance" que j'achève... en ce moment. La beauté de la langue qui aide à changer de vie, de pays et contribue à une "Reconstruction- Renaissance.."...
Dans cet écrit...la langue aide à "dire" et à atténuer la violence des chagrins, des deuils et la perte du pays de ses racines...


"Il y a sept ans, je ne savais ni lire, ni écrire, ni parler. Pas un mot. C'était une nuit d'hiver, j'arrivais à Paris.
Je me promenai sur les quais de la Seine et sentis ma passion de l'écriture, ma passion d'enfance ressusciter. (..)

Cette langue a accueilli mon histoire, mon passé, mon enfance, mes souvenirs et mes blessures. Cette langue m'a accueillie. Elle m'a adoptée. je l'ai adoptée. Mais, quels que soient nos efforts mutuels, les vingt-quatre ans que j'ai vécus sans elle laisseront à jamais une lacune en moi. Une lacune qui n'est pas un vide.Une lacune remplie de langue persane. Et c'est pour cela qu'il y aura toujours du persan dans mon français.
On me demande souvent d'où je viens. Cette question, je me la suis posée à mon tour, et ce livre est ma réponse. Je viens d'où je parle. Je viens d'où je regarde. Je viens d'ailleurs. "(Autrement, 2002, p. 6-7)

Ce texte dit, redit l'exil, les années de terreur sous le voile, à partir de 1979, à la venue de Khomeiny...et de la montée des mollahs. Récit aussi des années d'études de la narratrice en France, son retour au pays, après des années...qui sera violent et désespérant, ne retrouvant que peu de ses anciens amis , avec lesquels elle avait débuté ses études, et avec qui elle avait partagé ses révoltes contre le régime montant...
Le bilan de ce retour dans son pays natal se révélera des plus sombres et attristants !!

" j'ai passé la nuit dans un délire fiévreux. Je pensais aux années perdues, à l'amertume des souvenirs qui s'étaient gravés dans ma mémoire, aux désillusions révolutionnaires, aux amis assassinés. Une haine implacable transperçait mon corps. La haine de l'endoctrinement religieux. La haine du capitalisme et de la politique néocolonialiste qui protègent et nourrissent l'idéologie islamiste afin de mieux exploiter le tiers-monde. La haine de tous ceux qui ont soif de soumission et qui, au lieu de réclamer leur droit à la vie, embrassent le rôle des opprimés. (...)
Sans l'islam, cette catastrophe historique qu'on a camouflée en révolution
n'aurait jamais été réalisable en Iran. sans l'islam, le sort de bien des pays
aurait été autre. (Autrement, 2002, p. 113)"

Un roman autobiographique aussi bref que dense, qui décrit au-delà de la vie malmenée de la narratrice, la privation de la liberté, liberté de penser, liberté d'aimer...le régime de terreur imposé qui oppresse toute une population .sans oublier les massacres engendrés par le fanatisme religieux, et la haine de la femme que cela induit , dans tous les recoins de la vie sociale, la vie quotidienne, l'Université, jusque dans le domaine privé !...

On se réjouit d'autant du courage inouï de la narratrice qui quitte son Iran natal, sa famille, ses amis... pour poursuivre, réussir des études , apprendre une autre langue, écrire et témoigner de ce qui se passe dans son pays de naissance, terre à la fois adorée et abhorrée à cause des viles transformations survenues avec la révolution ,l'arrivée au pouvoir de Khomeiny...et des mollahs, en 1979 !



Commenter  J’apprécie          380
Chahdortt Djavann, installée en France depuis 1993, raconte ses souvenirs d'adolescence dans un Iran qui a basculé dans la révolution islamique. A l'occasion d'un voyage dans son pays qui vit sous la terreur d'un régime tyrannique, elle se couvre du fameux voile qui est loin d'être pour elle l'expression d'une quelconque liberté mais celle de l'enfermement, du mépris de la femme et d'un puritanisme malsain. Et elle se souvient…

Quand à 12 ans elle militait avec ses deux amies Sara et Masha pour la liberté d'expression et leur foi en l'humanité. L'une a été exécutée avec toute sa famille et l'autre s'est résigné à épouser un islamiste…
Elle arpente ses souvenirs, rend visite à quelques amis restés là et revoit ce qu'est devenu son pays écrasé par la dictature religieuse, ses règles absurdes, sa jeunesse contrainte de se cacher, sa population terrorisée.

Le livre se termine par l'assassinat d'une enfant par les pasdaran, milice religieuse au service du pouvoir. Une enfant qui était trop belle, trop intelligente, trop libre. Un gâchis dont l'auteur dénonce les complicités internationales, dont un mépris néocolonialiste, une alliance nauséabonde entre capitalisme et islamisme… Un très beau texte, à glisser entre toutes les mains...découvert grâce à une boite à livres, il va continuer sa tournée…
Commenter  J’apprécie          340
Premier récit de cette autrice que j'aime beaucoup. On y trouve déjà tous les thèmes de son oeuvre, mais sous une forme beaucoup plus autobiographique, moins romancée je trouve que dans ses écrits suivants.
Elle nous parle de sa jeunesse en Iran en 1978 et en 1979, des bouleversements provoqués par la révolution islamique, de la folie des religieux, de ses amies qu'elle ne verra bientôt plus, de sa famille aussi, déjà et comme toujours dans une très belle langue où l'on a l'impression de sentir la poésie persane affleurer.
Dans la dernière partie, vingt ans plus tard, elle revient en Iran et y recherche à la fois des traces de son passé révolu et inaccessible et des désirs de nouveauté et de changements qui peinent à émerger.
Et déjà, au centre du livre comme de chaque chapitre, la femme iranienne, cachée, niée, étouffée, mais toujours présente, vivante et indispensable. Merci d'être sa voix.
Commenter  J’apprécie          200
Un petit livre au format et à la typographie très agréables (éditions Autrement), dont la très jolie couverture m'a attirée sur la table de la librairie...

...et me voilà partie en Iran, sur les traces d'une jeune iranienne révoltée par la violence du régime islamique installé par Khomeyni en 1979.
Née en 1967, l'auteure, Chahdortt Djavann, vit depuis sept ans à Paris et écrit en français, ce qui influe forcément sur son style.
Par bribes, sans fioritures, elle nous fait découvrir de l'intérieur la brutalité et les contradictions d'un régime qui cache ses femmes (individus de "seconde zone") derrière un voile, qui sépare officiellement les hommes et les femmes dans toutes les activités de la vie publique mais qui accepte les entorses à ses règles si l'on accepte de payer le régime en pièces sonnantes et trébuchantes!...

Débutant sur un magnifique passage décrivant l'arrivée de la narratrice à Paris, alors qu'elle réalise qu'en s'expatriant elle ne sait plus "ni lire, ni écrire, ni parler", le récit est poignant, émouvant et très réaliste.

Un très beau texte, à l'écriture parfois étonnante, clairsemée de subjonctifs inattendus et de phrases courtes qui claquent, qui fait toucher du doigt le prix de la liberté!...
Commenter  J’apprécie          160
« Au bord de la mer, la brise fait voler le voile des femmes pour caresser voluptueusement leur cou. C'est fou comme l'interdit nous apprend à jouir de peu. »

Court et premier roman qui a l'allure autobiographique, Je viens d'ailleurs nous plonge au coeur de l'Iran noir, cet Iran des Mollah qui au nom d'Allah en ferme, brime, isole, et au final finit par tuer à petit feu les femmes de ce pays.
Depuis la fin du régime impérial, pas forcément au meilleur de sa forme, jusqu'à l'installation du régime théocratique, la narratrice nous narre cette traversée chaotique, cette jeunesse sacrifiée, ces vies volées. Si, elle, a pu s'exiler, partir faire ses études, et se reconstruire ailleurs, combien n'ont eu d'autres choix que de se recroqueviller, et s'étioler ?
Chahdortt Djavann, s'exprime ici directement en français, langue qui n'était pas la sienne au départ, et d'une bien jolie manière. Avec réalisme, elle montre l'absurdité du régime, ses horreurs, ses compromissions, et ses limites.
La muette, paru en 2008, m'avait laissé un excellent souvenir ; nul doute que je reviendrai vers d'autres ouvrages de cet auteur qui à lin sens est pleine de talent.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          120
Petit livre rapide à lire et toujours emprunt de nombreuses émotions, de beauté, de tristesse, de colère et de rage. Chahdortt Djavann raconte son enfance, adolescence et début de jeunesse dans son pays d'origine, l'Iran, sa brusque transformation politique, économique et religieuse, les conséquences sur la vie quotidienne. Elle en partira puis reviendra pour deux semaines qui confirmeront qu'elle n'y avait pas sa place. Retour à Paris.
Commenter  J’apprécie          90
Dans ce premier roman "Je viens d'ailleurs", que Chahdortt Djavann, d'origine iranienne, a directement écrit en Français, la langue de son pays d'adoption, elle revient à Téhéran, où elle a connu à l'adolescence des amitiés fortes avec deux filles, dont l'une a ensuite été assassinée avec sa famille contestataire, par le régime des mollahs. Cette autobiographie est empreinte du sentiment de perte, d'un pays et d'un peuple écrasé par le poids d'un obscurantisme religieux. Lors du début de ses études d'ailleurs, les professeur.e.s sont progressivement remplacés par des fidèles de Khomeiny plus aptes à surveiller faits et gestes et à dénoncer, qu'à enseigner. "La Muette" lue en 2016 m'avait déjà beaucoup marquée. "Je viens d'ailleurs" m'a attendu patiemment depuis de longs mois, et n'a que renforcé l'envie d'ajouter d'autres écrits de cette autrice à ma PAL.
Commenter  J’apprécie          80
Encore un livre sur l'Iran de l'Ayatollah Khomeini. Mais les mots sont tellement beaux et tellement puissants que je suis tombée sour le charme du livre. Chahdortt Dhavann parle de la réalité de la vie quotidienne des jeunes filles sans tomber dans les descriptions trop dures. Elle nous raconte juste sa jeunesse et à travers ses mots, on comprend tout...
Commenter  J’apprécie          71
Loin de son pays natal, qu'elle a quitté faute de pouvoir continuer à y vivre, le passé ressurgit, comme une brûlure car
" Il y a des souvenirs plus graves que la vie elle même "...

Grace à l'histoire de cette jeune femme, on découvre des pans furtifs de l'histoire iranienne, dont les bouleversements de la société avec la révolution, les conséquences sur la vie quotidienne...
Premier roman de cette auteure, écrit en français, d'une grande beauté et simplicité qui donne envie de lire tous les autres.
Commenter  J’apprécie          70
C'est à chaque fois une claque de lire les mots, les pages d'un "roman" et de se dire à chaque fois que l'on commence un nouveau chapitre que c'est la réalité. La vérité historique...
On perçoit à travers les mots de l'auteure, son émotion, sa tristesse à retrouver son pays l'Iran, après plusieurs année passées en France, l'Iran ce pays dans lequel elle ne peut plus trouver sa place.
Roman autobiographique : l'enfance à Téhéran et l'arrivée de Khomeiny au pouvoir, le régime islamique qui se met en place et les privations de liberté qui vont avec. La montée de l'islamisme religieux, les droits des hommes et des femmes bafoués au nom de la religion, la répression, la traque des opposants et des intellectuels, la révolution iranienne qui fut un drame pour ce pays.
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (235) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..