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sur 657 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un achat d'impulsion... fortement influencé toutefois après avoir écouté l'auteure, Chahdortt Djavann, il y a une dizaine de jours à l'émission matinale "Thé ou café" où elle était invitée parallèlement à un autre invité, scientifique et féministe convaincu, Axel Kahn...

Un grand coup de poing avec cette dernière lecture spontanée , au titre des plus frappants !!!
Le premier écrit que je découvre de cette femme, d'origine iranienne, qui a déjà une douzaine de publications à son actif...dont plusieurs où elle décrit , dénonce le radicalisme, les excès islamistes...et les comportements indignes faits aux femmes !
Dévoré cet ouvrage entre roman et documentaire, qui prend "aux tripes"...par son sujet et son style cru et direct... qui épingle avec une force inouïe la tartufferie infinie des intégristes !!

"Je prends mon pied avec vos pères, vos frères, et vos maris. Ca vous choque ? Eh bien, c'est votre problème, bande d'hypocrites ! je ne vends pas mon corps. Je couche en échange d'argent. C'est un métier honnête et les gens en ont pour le fric. (...)
C'est drôle que, dans ce monde de putes où la corruption, le crime et la prostitution de tout genre gangrènent les sociétés, on s'en prenne à nous, ça en dit long sur la régression de notre époque. Ce n'est pas pour rien que , dès que les extrémistes islamistes s'emparent du pouvoir, ils s'en prennent tout de suite au plaisir en général, et au plaisir sexuel en
particulier. Comme les mollahs ici ou les Frères Musulmans en Egypte...
Ils ne supportent pas l'idée que leur mère ait écarté les jambes pour les fabriquer.Remarquez, elles auraient mieux fait de s'abstenir." (p. 79-80)

Il est question à travers ce texte bouleversant, à partir de faits malheureusement réels, de constats essentiels, qui font perdre à une communauté humaine toute dignité et respect envers elle-même: la misère affective, l'ignorance, l'intolérance religieuse , ainsi que le mépris et les maltraitances faites aux petites filles, aux femmes... sans omettre la maintenance sous terreur de toute une population... les premières victimes, et personnes sacrifiées se trouvant toujours être en première ligne les "Femmes".....

Un ouvrage inoubliable dont on ne ressort pas indemne !!
Aussitôt achevé, je me suis précipitée à ma médiathèque emprunter trois
autres livres de cette auteure... et j'ai débuté immédiatement un texte
publié en 2013, chez Fayard, "La dernière séance"...

Un livre des plus dérangeants qui, au-delà de la dénonciation des maltraitances faites par les intégristes et les mollahs aux iraniennes
depuis 1979...met à mal également tous les préjugés, comportements
déviants quant la sexualité est rejetée, transformée en péché, en une "chose" répugnante"... où le Féminin devient "unique objet de
persécution"... et ceci dans trop de pays et d'époques. !!!!..

Je vous demande "excuse" de finir ces impressions de lecture par un extrait abondant qui exprime au plus près ce que l'auteure a voulu transmettre dans ce texte mi-roman , mi-documentaire ..

"D'outre-tombe. Je vais nommer ces prostituées, assassinées dans l'anonymat, leur donner la parole pour qu'elles nous racontent leur histoire, leur vie, leur passé, leurs sentiments, leurs douleurs, leurs doutes, leurs souffrances, leurs révoltes, leurs joies aussi. Certaines ont été assassinées sans que nul ne déclare leur disparition, sans que nul ne réclame leur corps ou pleure leur mort. (...)
Ces femmes parleront avec une Liberté Totale, avec une Liberté Absolue. sans la moindre crainte, puisqu'elles n'ont rien à perdre, puisqu'elles ont déjà tout perdu: leur vie.
Assassinées, pendues ou lapidées. Je vais exhumer ces femmes et les faire exister dans votre imaginaire pour le malheur des ayatollahs, et écrire noir sur blanc qu'elles n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que LEUR SANG N'ETAIT PAS SANS VALEUR. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas des coupables, mais des victimes assassinées. Des femmes mal nées, malmenées, mal loties, des femmes fortes, des femmes fragiles,vulnérables, sans défense, des femmes meurtries. Des écorchées vives d'une société hypocrite, corrompue, et surtout criminelle jusque dans sa pudibonderie.

Une société qui réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. Je ne chercherai pas à les décrire ni comme des anges, ni comme des putains, ni comme des pures victimes. Mais comme des femmes. des Femmes Etonnantes. Et ce livre sera leur sanctuaire. Leur Mausolée. (p. 63-64)"

© Soazic Boucard- -@ 25 avril 2016
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Toutes les femmes sont des putes sauf ma mère.. et bien même pas en Iran a partir du moment ou tu n'as pas un appendice dépassant quelques centimètres entre les jambes et bien tu es une pute... On pourrait penser que cette idée est valable pour le sexe masculin.. et bien même pas, toute la population le pense.

Ce roman te prend aux tripes. Il oscille entre fiction et réalité... mais cette dernière est bien là.
Tu as envie de vomir en lisant ces pages. le dégoût et l'incompréhension s'installe. Comment peut-on traiter ces jeunes filles (qui sont loin d'être des femmes, comme ça) ? Comment peut-on accepter une once de cette logique masculine au nom d'une politique sans nom? Ces hommes qui ont tellement peur du pouvoir de ces femmes si elles se révoltaient un jour..qui se cachent derrière une fausse religion pour se trouver des excuses . Mais surtout comment certaines gamines de nos rues peuvent penser que leur avenir se situe là bas ?

Enfin bref un livre qui fait mal. Je crois que du début à la fin j'en avais la chait de poule de dégoût et d'horreur... de ne pouvoir rien faire sur le futur de ces femmes.
Je sais que ce livre ne changera pas grand chose à la donne dans ces pays ou la politique et la religion intégriste sont les maîtres.. mais si il pouvait seulement ouvrir les yeux a certaines ou même a certains ce serait déjà énorme.
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01/09/16 : Première pensée après avoir refermé « les putes voilées n'iront jamais au paradis ! » de Chahdortt Djavann : ce livre est d'utilité publique ! Il devrait être lu au lycée ; on devrait inciter tous ces jeunes gens ou jeunes filles que le djihad fait rêver à le lire ; on devrait conspuer toutes les justifications de cet État-là – au nom de qui ? de quoi ? –, on devrait, on devrait, on devrait... Et cela changerait quelque chose ?
Dégoût, colère, incompréhension, rejet, condamnation, impuissance..., dans un premier temps tout se bouscule en moi. Une envie de crier et de coller certaines pages de ce livre sous les yeux de ceux et celles qui rêvent de cette société-là, de cet avenir-là, de cette loi-là : c'est ça que tu veux ? Pour toi, tes gosses ? Pour moi, pour nous ? de quel côté tu t'imagines ? Celui des baiseurs. Pas celui des baisé(e)s ?! Tu m'étonnes...
Parce que dans le pays où est née Chaddortt Djavann – comme dans beaucoup d'autres – ça ne compte pour rien la vie (l'avis) de la moitié de l'humanité, celle dont les organes entre les cuisses sont féminins. C'est rien que des putes ! On s'en fout ! Des moins que rien, des moins qu'un chien !
Comme le dit l'auteure dans une interview, ce n'est qu'un objet de tentation, « un trou », empaqueté dans une burqa, pour protéger les hommes d'une pulsion sexuelle qu'ils ne peuvent maîtriser : « le viol ou le voile » plutôt que « le contrôle de soi et le respect de l'autre ».

« Habiter un corps de femme, dans l'immense majorité des pays musulmans, est en soi une faute. Une culpabilité. Avoir un corps de femme vous coûte très cher, et vous en payer le prix toute votre vie. »
« ce n'est pas un être humain, c'est une pute, et l'islam dit que si après deux avertissements une pute n'arrête pas son activité, on peut la tuer. »
« ce n'est pas un assassinat, c'est du nettoyage »
« ce n'est pas un meurtre, c'est de la désinfection, de la purification. »
« lorsqu'un homme commet l'adultère, il déshonore non pas sa femme, mais un autre musulman, en lui volant, violant son bien : mère, soeur, femme fille ou nièce. »

Et cet empire de la drogue qui ruine toute cette jeunesse : hommes, femmes et même les enfants...
« ça arrange le régime que les jeunes sombres dans la drogue : comme ça, ils ne se révoltent pas contre le système. »
ça arrange… le viol, la drogue, la frustration sexuelle et toute cette violence qu'elle génère, le meurtre, l'asservissement… rien ne semble choquer, pas de contradictions ni d'incohérences relevées. Ce qui est odieux et condamnable : la liberté (des autres) !

« Mettre en mots les crimes, c'est le pire crime aux yeux des mollahs. »

02/09/16 : Sentir toute cette hargne et cette colère et se dire qu'il est trop tôt pour écrire sur ce livre, se dire que cracher tout ce que j'ai sur le coeur, c'est pas ce qui va inciter à le lire, c'est pas ce que j'ai envie d'écrire.

15/09/16 : Alors attendre une semaine pour rédiger ce billet. Puis deux. Et se rendre compte que rien ne retombe. Et puis se dire qu'il y a de saines colères. Et tant pis si certains veulent y voir autre chose, je ne vais pas édulcorer ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre.
Ne me parlez pas d'islamophobie, parce que je vous le dis tout net : cela n'a rien à voir ! Je ne souhaiterais pas vivre non plus chez les mormons ou dans d'autres contrées où le sort des femmes n'est pas plus enviable.
Alors arrêtons avec ce mot brandit plus souvent pour faire taire que pour aider à penser ou comprendre – si cela est possible – tant toute amorce de débat tourne vite en pugilat. Et si vous tenez vraiment aux étiquettes, alors dîtes-moi : Ne pas aimer l'égalité, la liberté, les femmes, la fraternité, la laïcité, les athées, les cerfs volants, la musique, les jupes, les talons aiguilles, les livres, la philosophie, les homosexuel(le)s, le théâtre, le cinéma, l'éducation, la science, le sexe, la recherche, la différence, le plaisir, la vie..., cela s'appelle comment ? Est-ce qu'il existe un mot pour toute cette haine ?

21/09/16 : Je reprends la plume sans rien ôter ni effacer de ce que j'ai écrit plus haut la semaine dernière, mais juste ajouter mon admiration pour ces femmes qui « osent » circuler à vélo aujourd'hui dans les rues iraniennes, pour ces hommes qui « osent » passer le voile et s'afficher avec sur FB, en protestation du sort réservé à leurs femmes, leurs soeurs, leurs filles et leurs mères…
C'est une goutte d'eau me direz-vous ? C'est un poing levé, je répondrais… un espoir.

22/09/16 : Et parce que toutes les colères retombent, je ne dirais plus qu'une chose : ce livre est bouleversant et magnifique, et cette fin... ce voeu de vie et d'espérance laissé par l'auteure, là où il n'y a pas d'issue favorable à espérer (je n'en dis pas plus, pour ne rien dévoiler) : c'est admirable ! Admirable de courage, d'esprit et de respect pour ces femmes si nombreuses, "putes" parfois par le seul fait d'être seules, par le seul fait d'être belles...
Lisez ce livre. Lisez-le ! Il est dur, dérangeant, incisif, extrême.
Et nécessaire...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Que personne ne se voile la face, en Iran, et dans bien d'autres pays, la femme est moins que rien, et bien que les hommes passent leur temps à acter sexuellement leur pouvoir, vis-à-vis des légitimes et des prostituées, ils se targuent ensuite de purifier le pays. Surtout les intégristes islamistes qui détournent les textes selon leur bon vouloir et leur mauvais pouvoir. Il faut éradiquer le mal, et on doit tuer en toute impunité tout ce qui de près ou de loin s'apparente à une prostituée, mais sans oublier de tirer un coup avant, tant qu'à faire. J'en deviens vulgaire de colère. Car ils voient des prostituées partout.

Les vraies en meurent, assassinées dans l'indifférence la plus totale, voire la joie de savoir que l'une d'elles n'est plus. Et les autres, les femmes qui ne monnayent rien, que leur reste-t-il sinon la peur ?

Malédiction de naître fille pour n'être rien au final qu'une fille mariée trop tôt, violée sans que ce soit le dit, puis terrorisée d'enfanter une fille, et ainsi de suite.

C'est sur un grand voile noir de tristesse que j'ai terminé ce livre fiction-documentaire, de révolte et de sentiment d'impuissance contre la toute-puissance.

La femme continuera donc d'être bafouée et violentée encore longtemps ? Existe-t-elle seulement dans certains pays ?

N'est-ce pas juste un fruit que l'on cueille trop tôt, et que l'on fait pourrir au lieu de le laisser mûrir, pour bien l'écraser ensuite ?

J'en ressens un goût amer, et je me dis que ce livre doit être lu, par le plus grand nombre.

Il me rappelle le livre de Marina Carrère d'Encausse, sur le même genre de sujets, « Une femme blessée », et j'en profite pour remettre le lien de la fondation SURGIR ci-dessous.

Entre les femmes tuées pour l'honneur, et celles au nom de la religion, bientôt il ne restera plus que des hommes là-bas.

Lien : http://www.surgir.ch/fr
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Un titre fort pour un ouvrage entre fiction et document dénonçant les aberrations des systèmes islamiques radicaux envers les femmes.

Ce livre est un véritable coup de poing!

Ce livre, au titre fort, est une sorte d'essai politique, mélange de réalité et de fiction, dans lequel l'auteur dénonce le sort réservé aux femmes en Iran, pays où la prostitution est partout.

Chahdortt Djavann, romancière et essayiste franco-iranienne, a fui l'Iran de Khomeini pour trouver refuge en France pour avoir refusé à 13 ans de porter le voile. En juin 1980, elle est arrêtée devant son collège. Insultée, tabassée et emprisonnée, elle en sort défigurée avec deux côtes cassées. deux de ses meilleures amies sont exécutées.

Chahdortt Djavann part d'un fait divers réel : dans plusieurs grandes villes iraniennes, des prostituées sont retrouvées mortes, étranglées avec leur tchador. Dans ce pays où les mollahs rendent la justice, pour la plupart des gens les assassins de prostituées sont de bons musulmans, des éradicateurs de femmes au "sang sans valeur", des purificateurs. Nous sommes dans un pays où, selon l'islam, les femmes mariées qui se prostituent sont condamnées à la lapidation.

Chahdortt Djavann nous parle des "tchadors clignotant" qui s'ouvrent furtivement à chaque coin de rue, "Elles portent le hijab le plus sévère et parviennent à se prostituer sans montrer la plus infime parcelle de leur corps. du grand art !". En effet, dans ce pays, la prostitution est omniprésente, liée au chômage ou au trafic de drogue.

L'auteur choisit le prisme de la fiction avec Soudabeh et Zahra, deux gamines magnifiques, deux amies que la vie sépare, mais qui finiront dans le même enfer : celui de la prostitution.

Elle complète son récit avec des témoignages d'outre-tombe de dizaines de prostituées assassinées, de vrais-faux témoignages inspirés d'un documentaire réalisé suite aux meurtres en série.

L'auteur donne la parole à ces femmes et parle du désir des femmes, c'est puissant, érotique et tragique, chaque témoignage se termine de la même façon
Shahnaz
Naissance : 12 juillet 1981 à Ispahan
Lapidée le 25 septembre 2012 à Ispahan

Avec ce livre Chahdortt Djavann dénonce une immense hypocrisie : au pays des mollahs, de la morale rigoriste sans compromis, la prostitution est une institution nationale.
Le langage est cru, percutant, rempli de rage, on ressent la colère de Chahdortt Djavann à chaque page. La lecture en devient oppressante, dérangeante mais c'est la réalité qui est dérangeante.
Je ne peux que louer son courage, son talent et son roman inoubliable.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Ce livre est une claque cinglante qui laisse meurtri(e), révolté(e). Ce livre est plus qu'un roman. Il est comme un documentaire, le film d'une réalité brutale. Et cette réalité, on la croirait sortie d'un autre âge, mais elle se passe aujourd'hui.

En Iran, lorsque vous naissez fille déjà vous ne vous appartenez plus. Vous n'êtes rien. Juste une déception. Même pour votre mère.
A dix ans vous êtes bonne pour être mariée de force et violée sans ménagement par votre mari qui a trois fois votre âge.
A 12 ans quand vous devenez pubère, vous enfantez une première fois. Déjà.
Votre vie n'est que misère...
Non, survie.

Le rigorisme de l'islam intégriste est proportionnel à l'impunité et au mépris accordé aux femmes. A ces sous-hommes qui ne valent que la moitié d'un homme. Derrière leur tchador certaines sont obligées de se prostituer... et s'il vient un criminel pour les assassiner les unes après les autres, il est glorifié comme un brave qui délivre tous ces bons musulmans de ces souillures qui écartent les cuisses.
Mais quelles impostures que ces hommes "à la morale irréprochable" friands de prostitution, obsédés par le sexe. Leur sexe comme un poignard cruel pour ces femmes, ces jeunes-filles, ces enfants...
Et ces prostituées, ces putes voilées qui n'iront jamais au paradis, finiront fouettées et pendues.

Chahdortt Djavann se fait leur porte-voix avec ce texte aussi dur qu'une lapidation de la morale, du coeur et de l'âme. Un cri de révolte qu'on a envie de pousser en même temps qu'elle !
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Comment ne pas être horripilée par une telle lecture, comment ne pas frémir, comment ne pas réagir, comment ne pas avoir envie de crier, d'exprimer sa colère ?
Quelle hypocrisie ! Quelle honte !
Des lois édictées pour rendre la vie des femmes impossibles, pour les condamner sous prétexte quelles sont des femmes ...
Nausées, horripilations, écoeurements...
Une lecture douloureuse, ô combien douloureuse.
Merci Chahdortt Djavann pour vos mots crus, vrais, touchants.
Hypocrisie de l'islam.
Quel bel hommage vous rendez à ces femmes belles, intelligentes, courageuses, des femmes qui ont connu de terribles destins, parce qu'elles étaient femmes, simplement femmes.
Destins réels, palpables, injustes, effroyables, scandaleusement réels.

« D'outre-tombe. Je vais nommer ces prostituées, assassinées dans l'anonymat, leur donner la parole pour qu'elles nous racontent leur histoire, leur vie, leur passé, leurs sentiments, leurs douleurs, leurs doutes, leurs souffrances, leurs révoltes, leurs joies aussi. Certaines ont été assassinées sans que nul ne déclare leur disparition, sans que nul ne réclame leur corps ou pleure leur mort. [...]Ces femmes parleront avec une Liberté Totale, avec une Liberté Absolue. sans la moindre crainte, puisqu'elles n'ont rien à perdre, puisqu'elles ont déjà tout perdu: leur vie.Assassinées, pendues ou lapidées. Je vais exhumer ces femmes et les faire exister dans votre imaginaire pour le malheur des ayatollahs, et écrire noir sur blanc qu'elles n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que LEUR SANG N'ÉTAIT PAS SANS VALEUR. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas des coupables, mais des victimes assassinées. Des femmes mal nées, malmenées, mal loties, des femmes fortes, des femmes fragiles,vulnérables, sans défense, des femmes meurtries. Des écorchées vives d'une société hypocrite, corrompue, et surtout criminelle jusque dans sa pudibonderie.Une société qui réprime, étouffe, pend, lapide, torture, assassine sous le voile. Je ne chercherai pas à les décrire ni comme des anges, ni comme des putains, ni comme des pures victimes. Mais comme des femmes. des Femmes Étonnantes. Et ce livre sera leur sanctuaire. Leur Mausolée. »

Putain de merde, comment est-ce possible ?
Comment accepter de tels actes, sanctionnant le fait de naître fille, comment peuvent-ils abuser de corps aussi jeunes, comment peuvent-ils prêcher et pêcher dans un même temps ? Aucune gloire. Rien. Les mollahs, les ayatollahs ... comment pouvez-vous prêcher, alors que vous êtes pécheurs vous-mêmes ?
Engagée une nouvelle fois dans mes propos ; je ne peux que me sentir meurtrie par ce que j'ai lu, par ces histoires de femmes qui n'avaient rien à se reprocher, qui aspiraient à vivre, à survivre, à ressentir, à vibrer, à aimer.
Un livre dur, un livre éblouissant, un livre qui mobilise.
Le paradis leur est dû. La moindre des choses...

« Je prends mon pied avec vos pères, vos frères, et vos maris. Ça vous choque ? Eh bien, c'est votre problème, bande d'hypocrites ! je ne vends pas mon corps. Je couche en échange d'argent. C'est un métier honnête et les gens en ont pour le fric. [...]C'est drôle que, dans ce monde de putes où la corruption, le crime et la prostitution de tout genre gangrènent les sociétés, on s'en prenne à nous, ça en dit long sur la régression de notre époque. Ce n'est pas pour rien que , dès que les extrémistes islamistes s'emparent du pouvoir, ils s'en prennent tout de suite au plaisir en général, et au plaisir sexuel en particulier. Comme les mollahs ici ou les Frères Musulmans en Egypte...Ils ne supportent pas l'idée que leur mère ait écarté les jambes pour les fabriquer.Remarquez, elles auraient mieux fait de s'abstenir. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Quand Chahdortt Djavann a quelque chose à dire, elle n'y va pas par quatre chemins.
J'avais déjà apprécié sa prose directe et percutante dans son excellent pamphlet Bas les voiles et je suis heureuse de la retrouver ici.

Ce roman au titre provocant met en lumière des pratiques répandues dans tout l'Iran : "La prostitution est partout, au coin de chaque rue. Gamines de douze, treize ans, étudiantes de l'université, divorcées ou même femmes au foyer... C'est pas ironique ça ? Une république islamique avec tant de gardiens de la morale et tant de putes ! Tout se fait en catimini, sous le tchador, sous le voile, sous le foulard."
Chahdortt Djavann dénonce l'hypocrisie de la société iranienne.
Une hypocrisie profonde, extrême et meurtrière.

Le récit fictif redonne vie à des prostituées qui ont été assassinées.
Le temps d'un livre, elles ont la possibilité de raconter leur histoire, prenant le lecteur à témoin des mauvais traitements qui leur sont infligés et des injustices qui leur sont faites.
Quiconque lit cet ouvrage ne peut rester insensible devant toutes ces vies brisées, et plus généralement devant la façon scandaleuse dont les femmes sont systématiquement brutalisées au pays des mollahs.

La société "religieuse" iranienne est fondée sur un principe simple : la moitié des citoyens a tous les droits sur l'autre... je vous laisse deviner qui sont ces deux moitiés.
Les femmes ne sont là que pour satisfaire les hommes, et n'ont droit à aucune existence propre. Gare à celles qui se rebellent : elles se mettent automatiquement en danger de mort (atroce de préférence).
L'obligation, sous un faux prétexte religieux, du port du tchador sert à cacher celles qui ne sont pas des hommes, à les invisibiliser dans l'espace public, à leur dénier le droit d'avoir une existence.
Une phrase l'exprime parfaitement en très peu de mots : « un tchador noir marche sur le trottoir ». Voilà : la femme n'est plus qu'un objet.

L'écrivaine courageuse dénonce la « morale des tartuffes » de ces hommes qui organisent une société dans laquelle la prostitution est officiellement interdite mais qui sont fous de sexe. Des hommes qui usent et abusent de nombreuses femmes mais qui considèrent qu'une femme qui n'est plus vierge est une « marchandise abîmée » dont il convient de se débarrasser.

"La chance est une denrée rare et il faut apprendre à s'en passer. L'immense majorité de l'humanité n'en a pas une once." : il est vrai que, côté chance, les Iraniennes sont loin d'être les mieux loties.
Mahsa Amini, arrêtée par la police des moeurs et décédée le 16 septembre 2022, n'est hélas qu'un exemple parmi d'autres victimes de la folie des hommes qui entendent régenter la vie des femmes et s'arrogent le droit de vie et de mort sur la moitié des habitants de leur pays.
Le tout dans la plus grande indifférence et le silence le plus assourdissant des soi-disant féministes occidentales trop occupées sans doute à se battre pour l'écriture "inclusive" dont on se demande bien ce qu'elle inclut. Pas le sort des femmes iraniennes en tout cas.

Cette lâcheté criminelle me révulse. Me dégoûte au plus haut point et me donne envie de vomir, bien plus que la crudité des mots de Chahdortt Djavann.
D'ailleurs, si la lecture de cet ouvrage sans filtre vous heurte, demandez-vous ce qui est le plus choquant, entre un texte cru qui est fait pour rendre compte de faits réels atroces et l'atrocité même de la réalité.

Un texte puissant et dérangeant, qui soulève le coeur à de nombreuses reprises.
Une violence nécessaire pour heurter et interpeller le lecteur.
Un livre courageux qui va droit au but et que l'on devrait faire lire à tous les jeunes qui rêvent de jihad, filles et garçons.
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Le coeur en miettes. En colère je suis...

Ce livre nous transporte en Iran, là où les femmes ne sont considérées qu'à moitié, voire pas du tout. La ou le voile est symbole de l'enfermement de la femme privée de la liberté individuelle.

Charlott Djavann, une écrivaine iranienne engagée, arrêtée à l'âge de 13 ans pour avoir manifesté contre les mollahs, puis exilée à Paris écrit ce qui la blesse et la révolte. Un texte a vif.

Ce livre est un cri pour dénoncer la malédiction de naître femme en Iran, de naître dans un corps qui n'a pas un gros paquet entre les deux jambes. Même les enfants ne sont pas épargnés, mariées de force avant même de voir apparaître leurs premières règles…

"Naître fille dans ce pays est un crime en soi. Vous êtes coupable parce que pas mâle. Et vous êtes pute parce que fille. Alors autant l'être pour de bon. Une fille peut être vendue moins cher qu'une vache."

C'est l'hypocrisie d'une société où la femme ne doit pas montrer sa féminité, sa peau, mais les hommes, eux, peuvent les violer, les agresser.

Les prostitués ? Les hommes ont même le droit de les éliminer, les effacer à tout jamais. D'ailleurs, ils sont même considérés comme des héros par le peuple d'avoir « nettoyé les rues de cette souillure. »

À travers ce livre, Chahdortt Djavann, je cite : écrit noir sur blanc que ces femmes n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que leur sang n'était pas sans valeur. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas coupables, mais des victimes assassinées. Des femmes mal nées, malmenées, mal loties, des femmes fortes, des femmes fragiles, vulnérables, sans défense, des femmes meurtries. Des écorché vives d'une société hypocrite, corrompue, et surtout criminelle jusque dans sa pudibonderie. Une société qui réprime, étouffe, pend, lapide, assassine sous le voile. L'auteure ne cherche pas à les décrire ni comme des anges, ni comme des putins, ni comme des pures victimes. Mais comme des femmes. Des Femmes Étonnantes. Et ce livre sera leur sanctuaire.

Pour celles et ceux qui souhaitent ouvrir ce livre, vous serez prévenu… C'est cru, trés cru... et la lecture est éprouvante. le livre refermé, je pense encore très fort à ces femmes, je ne vais jamais les oublier… Ces femmes si entières, et la colère me colle à la peau.

« Les putes voilées n'iront jamais au Paradis ! » est un livre violent qui n'épargne pas les lecteurs et lectrices qui relatent des faits réels dans des pays qui prônent une religion censée appeler le respect. Une ironie difficile à percevoir, car elle ne se limite pas qu'à l'Iran.

Brûlant d'actualité, aujourd'hui, en Iran, elles se lèvent, manifestent et se mobilisent derrière la même revendication : faire tomber le régime. Un régime qui a pour première cible les femmes.

Chahdortt Djavann a réussi avec brio à faire parler ces femmes réduites au silence.
Nous faisons toutes et tous partie de la même Planète, nous sommes donc tous concernés.

Dans toute époque et dans tout pays, toutes les femmes sont courageuses.
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« La prostitution est un des fléaux qui gangrènent le pays à l'instar du chômage et de la drogue, alors qu'officiellement elle est prétendue inexistante. Morale des tartuffes. »

« Femme, vous ne disposez jamais de votre corps ni de votre vie dans ce pays. La loi vous l'interdit. »

Il est peu dire que les femmes n'ont pas la vie facile en Iran. La faute à un régime théocratique basé sur une application stricte et arbitraire d'une loi religieuse dont les mollahs sont souvent incapables de justifier par les textes. Cette société est incapable de venir à bout de ses tabous, et que bridée jusqu'à l'indicible, elle n'a pas trouvé d'autre moyens que de les vivre "sous le manteau", ou plus exactement "sous le tchador".

Dans ce pays puritain s'il en est, la vie d'une femme, tout comme son témoignage n'a pas de valeur, son corps d'une femme appartient d'abord et avant tout à son mari…Alors que la sexualité reste un tabou de premier ordre, la prostitution est une pratique courante, mais…cachée !

Depuis quelque temps, dans une ville du nord de l'Iran, Mashhad, on retrouve régulièrement des corps de prostituées, assassinées, mutilées, défigurées. Tout le monde s'en moque ; ce sont des moins que rien, des renégats.
Chahdortt Djavann, dans son nouveau roman, fait parler ces voix d'outre –tombe, et les met en parallèle avec Zarah et Soudabeh deux amies d'enfance qui se perdent de vue, et dont on découvre la difficile vie de femme dans un pays qui ne les respecte guère.

Âme sensible s'abstenir.
Féministes fuyez ce livre…

Chahdortt Djavann ne s'entoure ni de précautions, ni effets de langage, pour, dans ce roman fait à la fois de fiction et de non fiction, nous parler d'un sujet douloureux, d'une hypocrisie d'état. le propos est cru, l'humour aussi noir que les tchadors. Cela choque, cela remue, cela donne la nausée.
Les paroles de ces femmes emmurées dans leur foulards jusqu'à en devenir leur tombeau resteront longtemps ancrées en moi…

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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