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Critique de oran


Pour rédiger le commentaire sur « le testament français » d'Andreï Makine, je me suis intéressée d'un peu plus près à sa vie et à son accession à l'Académie française au fauteuil n° 5, occupé précédemment par Assia Djebar. J'y ai vu un signe, il fallait que j'évoque, aussi, cet écrivain lors de notre prochain club littéraire consacré au thème « ils ont choisi d'écrire en français ».
Relecture de cet ouvrage « le Blanc de l'Algérie » découvert y a une vingtaine d'années.
Décennie noire, engluée de haine, pétrie de violence, ensanglantée par les assassinats, celle des années 90, tristement évoquées par les vocables « de braise », de « plomb », guerre civile funeste au cours de laquelle plus de cent mille personnes furent massacrées par les terroristes islamistes en Algérie, dont bon nombre d' intellectuels.
C'est dans ce contexte poignant qu'Assia Djebar rédige « le blanc de l'Algérie », « une liturgie » consacrée , d'abord, à trois de ses amis intimes tragiquement disparus : Mahfouf Boucebbi (54 ans) psychiatre, assassiné le 15 juin 1993, M'Hamed Boukhoba,(55 ans), sociologue tué sauvagement le 27 juin 1993, Abdelkader -Kader- Alloula, auteur dramatique oranais, (55 ans) lui aussi assassiné.
Elle organise une cérémonie mémorielle où vont être invités à défiler, tour à tour , ses trois amis, d'autres inconnus , hommes femmes, abattus pendant ces années de terreur , mais aussi les écrivains, nés en terre algérienne , ceux offerts en victimes propitiatoires, ceux morts depuis plus longtemps et jamais oubliés et qui font partie intégrante de l'histoire de l'Algérie : Camus, Sénac , Mouloud Feraoun, Anna Greki, Kateb Yacine
Ils apparaissent , un à un, « dans une lumière de blanc diaphane » dans la "lumière délavée, épurée du jour d'autrefois" .
Car le blanc c'est la couleur de l'Algérie , le blanc glorieux qui claque au vent , celui de son drapeau, le blanc des asphodèles si chères à Camus qui illumine les champs au printemps , le blanc virginal des voiles qui habillent les femmes, le blanc moussu qui farde le sommet des vagues sur les plages algériennes, Alger la Blanche , le blanc du linceul, le blanc de « saignée à blanc », le « blanc de l'écriture », le blanc qui se pointe après une nuit envahie par les ténèbres , le blanc de l'aube promesse d' un jour nouveau, mais jamais « le blanc de l'oubli » …
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