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Critique de dido600


C'est un témoignage émouvant et bouleversant sur la dernière nuit passée par l'émir Abdelkader sur sa terre natale avant de partir en exil. Il n'y reviendra plus jamais.
Après quinze années de combat, il s'est rendu la veille à l'armada française qui a envahi l'Algérie en 1830. Ce jour de départ est fixé pour le 24 décembre 1847. L'Emir Abdelkader est ce jour-là à Ghazaouet, un port pas loin d'Oran. Il est sur le point d'embarquer sur un vaisseau avec 96 personnes composées de sa famille et de ses fidèles lieutenants. le bateau, le Solon, porte le nom d'un sage de la Grèce antique, père de la démocratie. Cet évènement dur et douloureux est l'occasion pour l'auteur, dans un style romanesque, d'évoquer le passé de l'Emir, illuminé par de hauts faits d'arme contre l'envahisseur. C'est une résistance farouche et déterminée où l'Emir Abdelkader a mis le meilleur de ses forces ainsi que les capacités de sa vive intelligence. Il s'est rendu compte que son combat est vain contre une armée de loin plus nombreuse et mieux équipée. Il s'est rendu pour éviter les souffrances à son peuple face à un ennemi qui ne recule devant rien pour l'anéantir, l'affamer et le déposséder de ses terres. ‘'Nous les tuerons tous ‘', a dit un général qui n'a pas hésité à enfumer une grotte où se sont réfugiées des centaines de personnes pour les tuer. Un autre général a attaqué lâchement sa smala, une ville itinérante, tuant sauvagement des centaines d'enfants, de femmes et de vieillards. Même dans la France de l'époque, des voix de personnalités célèbres, comme celle de Théophile Gautier ou De Lamartine, se sont élevées d'une manière véhémente contre ces atrocités et ces actes inhumains.
D'autre part, l'Emir, lui homme de parole, empreint d'une foi pure et noble, n'a plus confiance dans les engagements de ses ennemis qui rompent leur parole donnée. Comme ce fut le cas dans le traité de la Tafna où l'armée d'occupation ne reconnaît plus les clauses signées. Cette parole donnée trahie, l'Emir l'a subie encore amèrement quand le bateau qui devait l'emmener en exil dans un pays musulman a accosté, après quatre jours de navigation, à Toulon. Pourtant sa volonté a été de joindre Alexandrie et cela, promesse ferme lui a été confirmée avant son départ, par les hauts officiers venus le saluer ce 24 décembre 1847 en partance pour l'exil. Cependant, l‘Emir partait avec dans ses pensées l'idée et la ferme conviction d'avoir semé dans l'esprit des Algériens cette soif de reconquérir le pays et de rejeter l'envahisseur. Cette idée sera concrétisée quelques années plus tard avec la révolte d'El Mokrani en 1871 en Kabylie.
Cette résistance a été âprement réprimée, aussi sauvagement qu'au temps de l'Emir Abdelkader avec les terres brûlées, les massacres, le vol des terres. La répression a été si féroce qui fallait attendre le 1er novembre 1954 pour reprendre la lutte armée. A Toulon, l'Emir et ses compagnons resteront pendant cinq mois enfermés dans une forteresse. Leur captivité a été ensuite allégée avec leur départ pour la ville d'Amboise à l'ouest de la France. Dans la traversée qui a duré une semaine, l'Emir a constaté la richesse des champs cultivés et l'abondance de l'eau dans les fleuves et les canaux. Il s'est demandé comment une nation aussi prospère est venue attaquer son pays aride et pauvre. Il s'est dit que l'arme suprême est la science et le savoir qu'il n'a cessé lui-même d'acquérir. Par son intelligence et son sens de l'humain, à Amboise, il a su gagner des sympathies, recevant des artistes, des intellectuels, des savants, des personnalités et parmi eux, Ferdinand de Lesseps, le concepteur du canal de Suez. D'ailleurs, il sera invité personnellement par l'impératrice Eugénie à assister à son inauguration en 1867. Les années 1800 sont les temps modernes où la technique triomphe avec l'arrivée des chemins de fer, l'avènement de l'électricité. Aussi a-t-on surnommé, à juste titre, l'Emir le Jugurtha des temps modernes. Jugurtha comme l'Emir Abdelkader, était téméraire et intrépide. Audacieux, tous les deux eurent le grand courage de combattre à l'époque les plus grandes puissances mondiale, la France pour l'Emir Abdelkader et Rome pour Jugurtha. Tous deux, nationalistes et patriotes, ont accompli leur devoir de défendre leur pays. Jugurtha avait un royaume dont les frontières s'étendaient du nord constantinois au sud du Maroc.Vaincus, mais restés profondément fidèles à leurs racines, ils eurent le même destin : ils ont vu leur combat rompu par la cruauté de la puissance colonialiste
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