Une très juste chronique saisonnière tout en pudeur et en descriptions.
J'ai découvert l'auteur et le livre au lycée et quinze ans plus tard, la relecture m'a encore une fois plongée au coeur de la fournaise de cette ville dont le nom n'est pas précisé mais on est en Afrique du Nord (en Algérie même), c'est la guerre (laquelle ? après celle d'indépendance en tout cas). Ca sent les ordures et le sang. L'air est moite de peur. Et on suit cet agent de la Direction des statistiques qui s'accroche aux chiffres comme une bouée salutaire, une ancrage à la vie dans cette réalité qui fond sous les assauts de la chaleur et ceux des moustiques voraces.
Le style est simple mais efficace et immersif. C'est une tranche de vie sans prétention mais avec une grande sensibilité.
Court récit de vie qui, le temps d'une centaine de pages, vous embarque dans un autre lieu, un autre temps.
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Sid Ahmed Benbrik est tombé en disgrâce à la Direction générale des statistiques , de ce fait il se voit relégué dans un tout petit bureau guère plus grand qu'un placard où il a décidé de vivre après la mort de sa femme.
On découvre à travers son regard la lente montée de la terreur, des fusillades, agressions et meurtres de cet été de cendres qui a envahi l'Algérie.
Il semble nous raconter ceci avec une façon assez détachée de ce qui l'entoure mais on devine à travers ses mots, ses phrases les sentiments douloureux qui l'animent et le bouleversent.
Sa fausse indifférence nous laisse à penser l'incommensurable douleur de voir son pays déchiré.
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Un fonctionnaire algérien est « cagibisé » par sa hiérarchie parce qu'il a fournit des statistiques trop proches de la réalité.
On suit les errances de sa réflexion, enfermé dans son bâtiment administratif sous la touffeur du pays en plein chaos où persistent quelques liens d'humanité.
Les quelques pages, par leur qualité d'écriture renvoient à la contemplation, à la mélancolie, à l'ironie du moment inéluctable. Un récit bref mais marquant.
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Un récit asphyxiant, où la folie d'une ville, d'un pays, se concentre dans celle d'un seul homme. Paranoïa ? Menaces ? Une chape de plomb semble recouvrir progressivement la vie. Les images du passé sont autant d'éclaircies colorées dans cette atmosphère de cendres.
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Ce week-end Melle Rachida Benmihoub est partie à la plage.
Elle n'a pas osé se baigner mais son visage, bruni par le soleil, semble resplendir dans la grisaille du bureau des couloirs.
Son frère, le trabendiste heureux et migrateur, l'a conduite, accompagnée de sa nombreuse et piallante famille, au bord des rivages, dans sa nouvelle et luxueuse voiture immatriculée à l'étranger.
Ils ont ensuite mangé des brochettes de merguez, de coeur, de foie. Après avoir savouré des glaces, ils ont fait une longue promenade sur le littoral envahi par des milliers d'estivants..
Vendredi 8 mai 2009
Abdelkader Djemaï, romancier franco-algérien, vivant en France depuis 1993 après avoir dû fuir la guerre civile en Algérie, évoque l'exil contraint de l'écrivain, à travers la figure d'Albert Camus et sa propre existence. Il est l'auteur de Camus à Oran (1995) ; dernier roman paru : Un moment d'oubli (Seuil, 2009) dans le cadre du banquet de printemps 2009 intitulé " Exils et frontières"
Abdelkader Djemaï : Né à Oran en1948, Abdelkader Djemaï a été enseignant, journaliste et écrivain en Algérie.
Il arrive en France en 1992, devant fuir la guerre civile algérienne, car il est menacé de mort.
Son expérience lui inspire ses nombreux romans et récits.
Son enfance et la guerre civile en Algérie constituent les thématiques de plusieurs de ses romans ; Eté de cendres (1995), Sable rouge (1996), 31, rue de l'Aigle (1998) qui forment une trilogie autour de la tragédie algérienne, ou encore Camping (2002). de même, le roman-photo : Un taxi vers la mer (2007) sur l'enfance en Algérie.
Ensuite le déracinement, l‘exil et l'errance inspirent : Gare du Nord (2003), le Nez sur la vitre (2005) et enfin Un moment d'oubli (paru au Seuil cette année).
La littérature française constitue pour lui un point d'appui essentiel. Et notamment la figure d'Albert Camus qui a lui-même vécu à Oran, est déterminante. Il a écrit Camus à Oran.
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